Anna Maria Borsch naît le 13 novembre 1900, à Mammolshain (Königstein im Taunus), en Hesse, dans une famille de cinq enfants. En 1903, la famille s’installe à Kronberg, où son père, Wilhelm Borsch, est entrepreneur de maçonnerie.
Elle a vingt ans quand elle rencontre Salomon Ostrowka, né le 7 septembre 1898 à Varsovie (Pologne), fils d’un maroquinier. Leur famille a quitté la Pologne (annexée par la Russie) après la révolution de 1905, pour fuir l’antisémitisme. Anna Maria aime Salomon d’un amour qui durera toute la vie. Ses parents, de bons Allemands, s’opposent au mariage : le jeune homme est juif et “réfugié russe”.
Anna Maria brave tout. La loi allemande ne lui permet pas de l’épouser, parce qu’il doit prouver qu’il n’est pas déjà marié dans son pays ; or, obtenir des papiers de Russie en 1920 est impossible. Bien que Salomon Ostrowka soit en Allemagne depuis son enfance, rien à faire : la loi est la loi. Anna Maria se convertit au judaïsme et ils se marient religieusement : c’est au moins cela. La famille d’Anna Maria envoie sa malédiction.
Anna Maria et Salomon s’installent d’abord à Soden, puis à Francfort-sur-le-Main. Couturière, elle se met à la maroquinerie pour travailler avec son mari.
En 1923, Hitler tente son coup d’État. Les premières cohortes nazies menacent les juifs.
Les Ostrowka décident d’aller vers la liberté : ils partent pour la France en 1924, avec leur premier-né, Alfred (Alfredo à la naissance ?), né le 1er mai 1922 à l’hôpital du Saint-Esprit de Francfort-sur-le-Main et âgé de deux ans. Toujours considéré comme réfugié russe, Salomon Ostrowka obtient un passeport Nansen, sa femme aussi. Elle ne fera plus jamais état de sa nationalité d’origine.
Le 31 mars 1925, ils se marient civilement à la mairie du [...]