Répression et exécutions d’otages
Le 21 août, en plein jour, Pierre Georges (le futur colonel Fabien), tire sur un aspirant de la Kriegsmarine dans la station de métro Barbès. Il engage ainsi avec éclat la lutte armée contre l’occupant sur le territoire national.
En représailles de ces attaques qui s’amplifient, Hitler ordonne des exécutions massives d’otages “idéologiquement proches des auteurs de ces attentats”. Le général Otto von Stülpnagel, commandant des troupes d’occupation en France (MBF), met alors en place le “système des otages” et fait fusiller en représailles des communistes, dont une forte proportion de juifs. Cependant, devant l’émotion suscitée en France et à l’étranger en octobre 1941 par les fusillades de 98 otages à Bordeaux, Châteaubriant et Nantes, Stülpnagel préconise de remplacer à terme les exécutions massives par des déportations “vers l’Est”.
Le 14 décembre 1941, avec l’accord d’Hitler, il annonce la déportation prochaine de 500 jeunes communistes et de 1000 Juifs. Ces derniers, arrêtés à Paris le 12 décembre, sont conduits en transit à Royallieu, mais leur déportation imminente est retardée à cause d’un encombrement des voies ferrées ; c’est alors qu’est “institutionnalisé” le camp juif du Frontstalag 122 à Royallieu. Les actions armées contre l’armée allemande se poursuivant, celle-ci organise d’autres fusillades afin de terroriser la population. Les otages sont encore pris au milieu de leurs camarades de lutte et de détention dans les prisons et les camps, comme à Rouillé et à Royallieu.
Dans chaque département, parallèlement aux listes d’otages désignés pour l’exécution, les Feldkommandanten de la Wehrmacht sélectionnent les communistes et les Juifs à déporter. De son côté, Theodor Dannecker, représentant Adolf Eichmann (responsable de la “solution finale”) en France occupée, veut envoyer au plus tôt un maximum de Juifs vers le centre de mise à mort immédiate d’Auschwitz-Birkenau : il concrétise l’avis de déportation de représailles des 1000 otages juifs par la formation d’un premier convoi partant du camp de Royallieu vers Auschwitz le 27 mars 1942.
Le 9 avril, devant la multiplication des actions armées contre la Wehrmacht, Hitler décide de renforcer la politique de représailles en y incluant de manière systématique des déportations d’otages : en plus des exécutions, chaque nouvel attentat sera suivi de la déportation vers l’Est de 500 Juifs et communistes.
Le convoi du 6 juillet 1942 à la croisée de la politique de représailles et de la “solution finale”
Ayant simultanément la responsabilité de la déportation des Juifs et de la destination des convois de représailles, Dannecker utilise ce prétexte de répression pour organiser le départ de cinq convois composés uniquement de Juifs. Ceux-ci quittent la France pour Auschwitz, les 5, 22, 25, 28 juin et le 17 juillet 1942 au départ de Compiègne, Drancy, Pithiviers et Beaune-la-Rolande. Le 6 juillet, c’est au tour des otages communistes et des 50 derniers Juifs “déportables” restés à Royallieu de rejoindre à pied la gare de marchandise située à Margny-les-Compiègne, sur l’autre rive de l’Oise.
Ils y sont entassés dans les wagons à bestiaux, comme les déportés des grands transports précédents et de ceux qui suivront. Et, comme presque tous, les “45000” (plus tard, les “31000”) jetteront sur les voies des messages afin de prévenir leurs proches.