pendant la “drôle de guerre”

Après la dissolution et la mise hors la loi du Parti communiste à l’automne 1939, les militants pris en flagrant délit de distribution de tracts ou de journaux interdits, ou simplement trouvés en possession des mêmes imprimés lors fouilles ou de perquisitions, sont condamnés à des peines de prison pour infraction au décret-loi du 29 septembre 1939. En parallèle, la politique d’internement administratif inaugurée par la IIIe République pour l’enfermement des “étrangers indésirables”, vient frapper également les militants connus de la police avant guerre et considérés par elle comme suspects. Se voulant d’exception dans un contexte de guerre, la loi du 18 novembre 1939 permet au ministre de l’Intérieur de faire interner tout individu, étranger ou non, suspect de porter atteinte à la défense nationale ou à la sécurité publique. Mesure administrative, non judiciaire, elle n’implique aucun fait délictueux reconnu et, a fortiori, aucun jugement et aucune condamnation ; aucune limite de durée, non plus, n’est fixée.

Des camps spécifiques sont créés à cette occasion, comme celui de Baillet, installé dans l’ancien centre de loisirs des Métallos CGT, au nord de Paris. Le 19 mars 1940, le ministre de l’intérieur dénombre 499 communistes internés dans un camp.

Lors de la débâcle, les camps et une partie des prisons de la région parisienne sont évacués, offrant l’occasion à quelques détenus de s’évader. Quelques semaines plus tard, quand l’armée allemande victorieuse s’installe en zone nord, elle décide d’affecter certains quartiers des prisons à son propre usage. Pour y faire de la place, elle en extrait quelques-uns des détenus condamnés à de courtes peines qui s’y trouvent encore, dont des militants communistes. Pour ceux-ci, ce sera souvent une simple “parenthèse”.

après juillet 1940 Le gouvernement fasciste de collaboration trouve dans l’internement administratif un instrument pour la mise en œuvre de la logique d’exclusion qui est au cœur de son projet idéologique et politique. Malgré la tutelle de l’armée d’occupation, la souveraineté de l’État français est réaffirmée sur l’ensemble du territoire national, notamment par la prise en charge de la répression et de la persécution.

Le pouvoir de prendre des arrêtés d’internement est transmis aux préfets. Avec l’approbation de l’occupant, un nouveau camp est donc créé le 5 octobre à Aincourt pour l’internement des communistes de la région parisienne. Le flux des arrestations ne tarissant pas, le grand bâtiment du sanatorium arrive rapidement à saturation : prévu pour 250 malades, on y entasse jusqu’à 650 internés.

Les lieux d’internement de communistes se multiplient donc : camps créés en province (Châteaubriant, Gaillon, Rouillé…), lieux de transit (dépôt de la préfecture de police, caserne des Tourelles), Maisons d’arrêt ou centrales dans lesquels on transfère des internés récalcitrants pour les punir (Fontevrault, Clairvaux, Rambouillet…) ou dans lesquelles certains ayant purgé leur peine attendent leur transfert vers un camp (Poissy…).

Car l’internement administratif devient rapidement une double peine qui succède à l’incarcération, la condamnation pénale d’un militant étant considérée comme la preuve qu’il est resté actif, donc suspect.

Fin juin 1941, la police française utilisera même les arrêtés d’internement pour arrêter des suspects remis aussitôt à l’armée d’occupation.

à partir de septembre 1941

Quand la Wehrmacht systématise ses représailles, elle sélectionne les otages communistes à fusiller ou déporter dans les prisons, mais aussi dans l’important “vivier” des camps d’internement français, imposant son contrôle sur les transferts et les libérations.