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Royallieu, vue aérienne

22 juin 1941, création du Fronstalag 122

Après s’y être longuement préparée, l’Allemagne nazie attaque l’Union soviétique pour conquérir « l’espace vital du peuple germanique ».

Dans les pays dominés par le Reich, Adolph Hitler est résolu à écraser par la terreur toute opposition qui viendrait entraver son effort de guerre.

Le jour même de l’attaque contre l’URSS, des centaines de communistes sont arrêtés par les forces allemandes et la police française dans les départements de zone occupée (opération désignée sous le nom de code d’Aktion Theoderich). D’abord placés dans des lieux de détention contrôlés par la police de Vichy, ils sont transférés, à partir du 27 juin, au camp allemand de Royallieu à Compiègne, créé et administré par la Wehrmacht pour la détention des « ennemis actifs du Reich ».

Le même jour, quatre-vingt-huit internés du camp français d’Aincourt dont trente futurs “45000” sont « remis aux autorités d’occupation ».

L’armée allemande applique son règlement de « détention de police », équivalant plus ou moins à l’internement administratif français.

La police militaire allemande arrête également environ 500 Russes résidant en France – dont une majorité de “Russes blancs” hostiles à la révolution bolchévique, qui auraient dû, par principe, être écartés de ces mesures préventives. Arrêtés en tant que ressortissants d’une nation belligérante, avec un statut d’internés civils, et assignés aux bâtiments du secteur “B” du camp, les Russes bénéficient de conditions moins rudes que les détenus de l’autre sous-camp : ils ont droit à l’aide de la Croix-Rouge internationale et peuvent recevoir des colis sans restriction.

Les communistes arrêtés en province et regroupés successivement en différents lieux, notamment des prisons, arrivent de manière échelonnée en plusieurs transferts. En principe, tous sont assignés au secteur “A” de l’ancienne caserne. Le 31 juillet, 1300 personnes sont internées à Royallieu. Le 14 août, effectuant un tri a posteriori selon leurs propres critères, les Allemands libèrent près de 300 hommes, mesure qui surprend et affole l’administration française.

Les otages juifs arrêtés le 12 décembre (cinq mois plus tard) et conduits dans le secteur “C” du camp, constatant l’homogénéité sociale et politique des détenus du secteur “A”, désignent spontanément celui-ci comme le « camp des communistes » , bien que cela ne corresponde à aucune appellation officielle de la part de l’administration militaire allemande.

Organisation “officielle” et clandestine

La direction du camp demande aux détenus de désigner un doyen. Plus que majoritaires dans le camp “A” qui leur est originellement destiné, les communistes désignent l’avocat Michel Rolnikas, rapidement fusillé comme otage, puis le député Georges Cogniot, démis de ses fonctions en mai 1942, puis Georges Varenne.

Comme ils le faisaient déjà dans les camps français, les militants communistes organisent la solidarité, les loisirs et la formation scolaire.

Ils se structurent aussi clandestinement, en “triangle”, avec un cloisonnement rigoureux qui assurera le succès de l’évasion de dix-neuf d’entre eux par un tunnel le 21 juin 1942. Ayant d’abord en tête les exécutions qui ont frappé leurs camarades du camp, les détenus ignorent tout de la déportation qui se prépare.