- Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.
Henri Chlevitski (ou Chlevitzky) naît le 22 septembre 1915 à Paris 12e (75), fils de Samuel Chlevitski et de Fanny Goldberg.
Au moment de son arrestation, il est domicilié au 95, avenue de Montreuil, à Paris 11e.
Henri Chlevitski est électricien.
Il est responsable des Jeunesses communistes du quartier Montreuil.
Fin août 1940, il accueille Gilbert Brustlein dans son groupe clandestin (voir la notice de Suzanne Momon, mère de celui-ci).
Son frère, Maurice Chlevitski [1], est arrêté lors de la manifestation du 14 juillet 1941 et interné au fort de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne).
Henri Chlevitski est vraisemblablement arrêté début novembre 1941, dans le cadre de l’« affaire Brulstein et autres… », comme la famille Hanlet et Suzanne Momon.
Le 13 mars 1942, comme Yvan Hanlet et son père, il est transféré du “quartier allemand” au “quartier français” de la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e) et mis à la disposition des renseignements généraux sous le statut d’interné administratif (l’administration militaire allemande le désigne comme Juif). Au début du mois de mai, Henri Chlevitsky et Yvan Hanlet sont internés au dépôt de la préfecture de police de Paris (Conciergerie, sous-sol du Palais de Justice, île de la Cité).
Le 5 mai 1942, ils font partie d’un groupe de treize « communistes » conduits à la gare du Nord pour y être remis aux “autorités d’occupation” à la demande de celles-ci, avec 24 communistes extraits de la caserne des Tourelles et 14 « internés administratifs de la police judiciaire ». Tous sont transférés aucamp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise – 60), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag122 – Polizeihaftlager).
Entre fin avril et fin juin 1942, Henri Chlevitski est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne – sur la commune de Margny – et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Henri Chlevitski est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45369 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée et identifiée [2]).
Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.
Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartisdans les Blocks 19 et 20.
Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire, ils sont envoyés au travail dans différentsKommandos.
Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – la moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a été affecté Henri Chlevitski.
Il meurt à Auschwitz le 23 septembre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp.
Le 18 juin 1947, le chef du 2e bureau de l’« état civil déportés » au sein du ministère des Anciens combattants et Victimes de guerre demande au maire du 11e arrondissement d’« annoncer avec ménagement » à la famille d’Henri « Chelitzki » [sic], à son adresse de la rue de Montreuil, que celui est mort à Auschwitz. Le concierge de l’immeuble fait savoir que ses père et mère sont décédés et déclare « ne pouvoir connaître l’adresse d’aucun membre de la famille ».
Sources :
Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 371 et 399.
Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002).
Boris Dänzer-Kantof, historien, message (12-04-2005).
Archives de la préfecture de police de Paris, cartons “occupation allemande” : BA ? (…).
Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 173 (32408/1942), orthographié « Chvelitzki ».
Pascal Chevit, fils de Maurice Chevit.
Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen, dossier d’Henri Chlevitski (cote 21 p 435 821), recherches de Ginette Petiot (message 04-2013).
MÉMOIRE VIVE
(dernière mise à jour, le 28 avril 2013)
Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).
En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.
[1] Maurice Chlevitski, échappe à la déportation. Par la suite, il prend le nom de Chevit. Il décède en juillet 2012.
[2] Sa photographie d’immatriculation à Auschwitz a été reconnue (son nom orthographié « Chemiski ») par des rescapés lors de la séance d’identification organisée à l’Amicale d’Auschwitz le 10 avril 1948 (bulletinAprès Auschwitz, n°21 de mai-juin 1948).