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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Marcel, Adrien, Billebaut naît le 27 janvier 1899 à Germiny-l’Exempt (Cher), fils de Joséphine Billebaut, 17 ans, couturière, célibataire, et de père non dénommé. Le nouveau-né est présenté au secrétariat de mairie par une domestique de 34 ans. Le 5 novembre 1904, à Germiny-l’Exempt, il est reconnu et légitimé par le mariage avec sa mère d’Alphonse Renaud, 23 ans, cultivateur demeurant à Bessais(-le-Fromental), qui se déclare pour son père. En 1905, sa sœur Denise naît à Donnemarie-en-Montois (77), où la famille est alors domicilée, rue de Champeaux, dans le quartier de la Porte de Melun. Le père est devenu employé de tramway.

Avant guerre, la famille vient habiter à Mouy-sur-Seine (Seine-et-Marne). Marcel commence à travailler comme ouvrier agricole.

Le 20 avril 1918, il est incorporé comme soldat de 2e classe au 95e régiment d’infanterie. Le 21 janvier 1919, il passe au 501e R.I. Le 20 octobre suivant, il passe au 63e régiment d’artillerie. Le 1er janvier 1920, il passe à l’établissement central de D.C.A. de Chartres. Le 26 mars 1921, il est renvoyé dans ses foyers, titulaire d’un certificat de bonne conduite.

Le 29 avril 1922, à Villefranche-sur-Cher, à 6 km de Romorantin (Loir-et-Cher – 41), Marcel Renaud se marie avec Simone Marie Sineau, née le 5 décembre 1900, fille de vignerons. Ils auront un enfant.

En novembre 1922, il déclare habiter à Jouy-le-Châtel (77).

En septembre 1923, il habite rue du Rioux à Villefranche-sur-Cher (41).

Fin août 1928, il est domicilié au 9 rue d’Arras à Paris 5e.

En septembre 1933, il est revenu à Villefranche-sur-Cher.

Au moment de son arrestation, Marcel Renaud est domicilié à Villefranche ; son adresse reste à préciser. Il est alors agent de ligne des Postes et Télégraphes à Romorantin, avec Roger Morand, fusillé à Orléans, et Joseph Filloux.

Romorantin. La Poste (à droite), au-dessus de la Sauldre. Carte postale non datée. Collection Mémoire Vive.

Romorantin. La Poste (à droite), au-dessus de la Sauldre.
Carte postale non datée. Collection Mémoire Vive.

Le 25 décembre 1941, Marcel Renaud est arrêté à Romorantin pour manifestation anti-allemande (?) et condamné le 15 janvier suivant à huit mois de prison par le tribunal de la Kommandantur. Il est écroué à Orléans.

Le 30 avril 1942, à Romorantin, cinq résistants communistes sont découverts par des soldats allemands alors qu’ils distribuent des tracts. Armés, ils ne se laissent pas arrêter et blessent les soldats, dont l’un succombe à ses blessures. Les mesures de représailles prévoient l’exécution immédiate de dix communistes, Juifs et de proches des auteurs présumés. Vingt autres personnes doivent être exécutées si au bout de huit jours les « malfaiteurs » ne sont pas arrêtés. Des rafles sont opérées dans la ville et dans le département afin de pouvoir « transférer d’autres personnes vers l’Est, dans les camps de travaux forcés. »

Le lendemain 1er mai, Marcel Renaud est désigné comme otage, et bientôt transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C. Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942. Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C.
Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942.
Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, Marcel Renaud est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Marcel Renaud est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46049 selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule a été retrouvée, mais n’a pu être identifiée à ce jour).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Marcel Renaud.

Il  meurt à Auschwitz le 17 septembre 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).

Après la guerre, le Conseil municipal de Villefranche-sur-Cher donne le nom de Marcel Renaud à une ruede la commune.

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Cliché ARMREL (voir sources).

Son nom est inscrit sur le monument « À la mémoire des victimes civiles de la guerre 1939-1945 », sur la route nationale n°76, près de la gare, parmi les cinq « Morts à Auschwitz ».

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Cliché ARMREL (voir Sources).

Le nom de Marcel Renaud est également inscrit sur un plaque commémorative situé dans le hall de la Poste de Romorantin-Lanthenay « À nos camarades des PTT victimes de leur devoir ».

Son épouse et son enfant ont déposé une plaque à son nom sur la tombe familiale.

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Cliché ARMREL (voir sources).

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 14-12-1997).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 365 et 418.
- Archives départementales de Seine-et-Marne, archives en ligne : matricules du registre militaire, bureau de Fontainebleau, classe 1919, matricules n° 1 à 500 (1R1487), n° 188, vue 300.
- Archives départementales du Loir-et-Cher : fiche d’arrestation de Marcel Renaud, dossier 889 (1375 W 64), fichier alphabétique des déportés du CRSGM (56 J 5).
- Mémorial de la Shoah, Paris, site internet, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) : XLIII-89 (télégramme non daté du Militärbefehlshaber in Frankreich (MbF), signé par CarlHeinrich von Stülpnagel).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 : relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1002 (31055/1942).
- Association de Recherche pour la Mémoire de la Résistance en Eure-et-Loir (ARMREL) : photographies.
- Site Mémorial GenWeb, 41-Romorantin, relevé de Christine Fabre-Helynck (11-2004).
- Site Les plaques commémoratives, sources de mémoire (aujourd’hui désactivé – nov. 2013), photographie de Jean-Jacques Guilloteau.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 10-11-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.