Marc, Raphaël, Pecker naît le 22 novembre 1891 à Paris 14e – maternité de Port-Royal -, fils de Peretz (Pierre) Pecker, 25 ans, né à Sébastopol, et de Wera Triwous, 25 ans, née à Berdraunk (?), mariés à Bordiansk (Russie) le 23 septembre 1889, étudiants en médecine, domiciliés au 46, rue de la Santé.

Marc, qui est l’aîné, a deux frères, Victor Noël, né le 25 novembre 1893 à Maule (Seine-et-Oise / Yvelines – 78), André Benjamin, né le 23 janvier 1902 à Saint-Germain-en-Laye (78), et une sœur, Anna Nathalie, née le 9 février 1895 à l’hôpital de la Charité, 47 rue Jacob, Paris 6e.

En 1896, la famille – qui a toujours la nationalité russe – est domiciliée rue du Ponceau à Maule, où le père s’est établi comme médecin. Leur foyer héberge alors également un jardinier-domestique de 24 ans.

En 1902, la famille est installée au 23, rue de Mantes à Saint-Germain-en-Laye. En 1906, tous ont acquis la nationalité française ; leur foyer héberge une gouvernante allemande. En 1911, ils hébergent une jeune cuisinière et un domestique danois.

Afin de poursuivre ses propres études de médecine, Marc Pecker bénéficie à trois reprises d’un sursis pour l’accomplissement de son service militaire.

Le 14 août 1914, Marc Pecker est mobilisé au 5e régiment d’infanterie. Le 4 octobre suivant, il est nommé médecin auxiliaire. Le 25 novembre, il passe à la 18e section d’infirmiers. Le 10 novembre 1916, il passe au service auto du 13e régiment d’infanterie. Le 18 décembre suivant, il est nommé médecin aide-major de 2e classe à titre temporaire. Le 6 janvier 1917, il passe à l’état-major du  4e groupe (7e et 8e batteries) du 87e régiment d’artillerie lourde à traction automobile, alors formé au camp de Saint-Maur.

Le 1er février 1917 à Sézanne (Marne – 51), Marc Pecker se marie avec Valérie Lucie Blum, née le 27 avril 1885 à Reims (51), qui a déjà deux enfants d’un premier mariage : Édouard, né en 1906, et Simone, née en 1909, tous deux à Londres.

Le 2 mai suivant, Marc Pecker est cité à l’ordre de son régiment : « [au cours de la bataille de l’Aisne, au Bois Blanc, à 500 mètres au nord de Bouffignereux] Dans les journées des 6-7-8 avril 1917, a assuré, sous un violent bombardement d’obus de gros calibre, l’évacuation des blessés. A montré le plus grand courage le 6 avril en se portant sous le feu au secours des hommes ensevelis par l’effondrement d’un abri et en coopérant aux travaux de sauvetage. » Il reçoit la Croix de guerre. Le 28 septembre 1919, il est mis en congé illimité de démobilisation en se retire au 16, rue de la République à Saint-Germain-en-Laye.

Le 16 octobre 1920, Marc Pecker entre comme médecin de section aux Chemins de fer de l’État (réseau fusionné au sein de la SNCF début 1938 [1]).

Début 1921, le couple Pecker est domicilié au chalet Montalais (chalet B 107 ?), avenue Jean-Jaurès à Colombelles (Calvados – 14), avec les enfants de Valérie. Leur fils Jean y naît le 23 janvier de cette année.

Vers 1930, Marc Pecker s’installe à Caen (14). Après avoir été médecin à la Société métallurgique de Normandie, il y développe un cabinet prospère avec une « réputation établie d’excellent chirurgien ». Après 1936, son cabinet est installé au 44, rue des Jacobins, qui est également l’adresse de son domicile.

Du 18 au 27 janvier 1937, il effectue une période d’exercice comme militaire de réserve à l’atelier des armements de Mondeville.

En 1937, « mordu par l’amour du drapeau et par la haine des rouges », il s’inscrit à l’Action Française. Son, père, homme de gauche, l’éclaire sur l’antisémitisme forcené des hommes de ce mouvement et le convainc de quitter cette organisation. Il adhère alors au mouvement des Croix-de-Feu du colonel de La Roque.

Le 22 janvier 1940 à Varaville (14), Marc Pecker se marie avec Lucienne Héron.

Sous l’occupation, étant l’un des créateurs du réseau de résistance “Arc-en-Ciel”, Marc Pecker donne des soins à des aviateurs anglais abattus. Recevant un portrait du maréchal Pétain avec consigne de l’afficher dans la salle d’attente de son cabinet médical, il le renvoie en indiquant : « retour aux cabinets du Préfet ».

D’abord touché par la loi antisémite du 16 août 1940 lui interdisant d’exercer la médecine, il en est relevé en novembre 1941, figurant encore sur une liste de médecins de la SNCF en 1942.

Dans la nuit du 1er au 2 mai 1942, les polices française et allemande l’arrêtent à son domicile, comme Juif : il figure sur une liste d’arrestations demandées par la Feldkommandantur 723 de Caen à la suite du déraillement de Moult-Argences (Airan) [2]. Il est conduit au commissariat central, rue Auber, avec André Montagne qui a été arrêté juste avant lui.

Le soir, les détenus sont transférés à la Maison centrale de la Maladrerie, à Beaulieu, quartier de Caen, où ils sont d’abord entassés dans les cellules punitives du “mitard”. Le lendemain matin, 3 mai, Marc Pecker monte dans une nouvelle cellule qu’il partage avec Armand Bernheim, Marcel Cimier et Jean Doktor.

Caen, la maison centrale de la Maladrerie dans les années 1900. Carte postale, collection Mémoire Vive.

Caen, la maison centrale de la Maladrerie dans les années 1900.
Carte postale, collection Mémoire Vive.

En fin d’après-midi, ils sont conduits dans deux autocars, sous forte surveillance française et allemande, vers le “petit lycée », où sont regroupés les otages venant de différentes villes et villages du Calvados. Ils y sont interrogés, notamment sur l’attentat d’Airan, et y passent la nuit suivante.

Le 4 mai, après avoir été informés par un sous-officier allemand qu’ils ne seront pas fusillés mais déportés, certains peuvent rencontrer brièvement leur famille.

Les détenus sont ensuite transportés en cars et camions à la gare de marchandises de Caen où ils embarquent dans deux wagons à bestiaux.

Le lendemain, leur train arrive au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Interné dans le « camp juif » (quartier C), comme en témoigne Lucien Colin dans le journal qu’il a tenu du 9 mai au 4 juillet 1942, Marc Pecker est désigné comme un des médecins du camp.

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, les six grands bâtiments alignés du quartier C, qui semblent avoir souvent servi au regroupement des internés sélectionnés pour la prochaine déportation. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, les six grands bâtiments alignés du quartier C,
qui semblent avoir souvent servi au regroupement des internés sélectionnés pour la prochaine déportation.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas).

À Caen, la Gestapo locale établira son siège dans sa clinique-domicile, rue des Jacobins.

Dans son carnet de notes quotidien sur le camp, François Montel mentionne à la date du 15 mai : « Beau temps – Bridge avec Pierre et Roger Masse et avec les médecins Pecker, Balter, Drucker… ». Transféré à Drancy le 23 juin, François Montel ajoute : « Adieux à Pecker, Drucker et Michel qui restent. Bons et déjà vieux amis […] Nous nous promettons tous de nous revoir. »

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Double portrait de Marc Pecker,
peut-être réalisés à Royallieu (?).

Marc Pecker devient alors médecin-chef de l’infirmerie du camp “juif”, dont les partants ont emporté tous les médicaments et tous les ustensiles. Le dentiste Benjamin Schatzman le décrit comme un homme petit et corpulent : « … facilement souriant, aimant la plaisanterie et ayant une bonne culture générale. » C’est probablement Marc Pecker qui fait admettre André Indiktor, de Caen, coiffeur de son métier, comme infirmier faisant également fonction de cuisinier des médecins.

Le 5 juin, à Caen, Lucienne, son épouse donne naissance à leur fille Michèle Raphaël Andrée.

Entre fin avril et fin juin 1942, Marc Pecker est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30. Le docteur Abraham Drucker, resté à Compiègne, signale sa présence dans le convoi (lettre du 15 février 1946). Dans ce train, Marc Pecker jouit d’un bref privilège : afin d’assurer le service sanitaire du convoi, il fait le trajet dans un wagon de voyageurs en compagnie de soldats de l’escorte (les officiers ?).

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Marc Pecker est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46304 ; les cinquante otages déportés comme Juifs ont reçu les matricules de 46267 à 46316 (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le n° 46172).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; Marc Pecker se déclare alors sans religion (Glaubenslos). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.S’exprimant en tant qu’officier des deux guerres, Marc Pecker est un des rares à s’indigner des violences qui leur sont infligées à leur arrivée, ce qui lui vaut d’être roué de coups jusqu’à tomber à terre (témoignage d’A. Montagne). Selon Pierre Lelogeais, il devient « la bête noire des SS ».

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Marc Pecker est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ».  « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ». « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Pendant un temps, il est affecté au déchargement de skis empilés dans des wagons, en compagnie d’Eugène Baudoin (45207), de Mondeville (selon A. Montagne).

Marc Pecker meurt à Auschwitz le 1er août 1942, selon plusieurs registres du camp. Affecté à la construction d’une route, il doit transporter des cailloux dans une brouette à un rythme insoutenable. Continuellement frappé, il est finalement achevé à coups de bâton par des kapos, selon P. Lelogeais qui, lui, cassait des cailloux pour cette même route (lettre à la famille 2/12/1945) [3].

Le fils né de son premier mariage, Jean Pecker, rallie les Forces Françaises Libres après l’arrestation de son père, passe en Espagne où il est emprisonné. Il finira la guerre en combattant dans la Division Leclerc. Neurochirurgien de renommée mondiale, créateur de « l’école rennaise de chirurgie », membre de l’Académie de Médecine, Jean Pecker est décédé le 5 septembre 1989.

Reconnu “Déporté Résistant”, après les démarches menées par le Réseau Arc-en-Ciel, dont Madame Pecker et son frère étaient également membres, Marc Pecker est décoré de la Légion d’Honneur et de la Médaille de la Résistance. La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 27-08-1996).

À une date restant à préciser, le Conseil municipal de Caen donne son nom à une rue de la ville (rue Docteur-Pecker).

Le Mémorial de la Shoah. À gauche, dans son état en 2011, le panneau du Mur des noms pour les déportés de l’année 1942 avec les « noms modifiés et identifiés depuis l’achèvement du mur » (janvier 2005). De nombreux otages juifs du convoi du 6 juillet 1942 y ont été ajoutés ensuite… Photo Mémoire Vive.

Le Mémorial de la Shoah. À gauche, dans son état en 2011, le panneau du Mur des noms pour les déportés
de l’année 1942 avec les « noms modifiés et identifiés depuis l’achèvement du mur » (janvier 2005).
De nombreux otages juifs du convoi du 6 juillet 1942 y ont été ajoutés ensuite… Photo Mémoire Vive.

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Inscrit sur le Mur des noms…

Le 26 août 1987, à Caen, suite aux démarches de David Badache, rescapé caennais du convoi (matr. 46267), est inaugurée une stèle apposée par la municipalité sur la façade de l’ex-Petit Lycée, côté esplanade Jean-Marie Louvel, en hommage aux otages déportés le 6 juillet 1942.

Le nom de Marc Pecker est inscrit sur la plaque commémorative dévoilée le 19 décembre 2008 sur le pignon de l’ex-Petit Lycée de Caen, côté avenue Albert Sorel, afin de rendre hommage à tous les otages calvadosiens déportés suite à la répression de mai 1942.

Notes :

[1] La SNCF : Société nationale des chemins de fer français. À sa création, suite à une convention validée par le décret-loi du 31 août 1937, c’est une société anonyme d’économie mixte, créée pour une durée de 45 ans, dont l’État possède 51 % du capital.

[2] Le double déraillement d’Airan et les otages du Calvados : Dans la nuit du 15 au 16 avril 1942, le train quotidien Maastricht-Cherbourg transportant des permissionnaires de la Wehrmacht déraille à 17 kilomètres de Caen, à l’est de la gare de Moult-Argence, à la hauteur du village d’Airan, suite au déboulonnement d’un rail par un groupe de résistance. On compte 28 morts et 19 blessés allemands.

La locomotive du premier train ayant déraillé le 16 avril 1942. Collection R. Commault/Mémorial de Caen. In De Caen à Auschwitz, éditions Cahiers du Temps, juin 2001, page 11.

La locomotive du premier train ayant déraillé le 16 avril 1942.
Collection R. Commault/Mémorial de Caen.
In De Caen à Auschwitz, éditions Cahiers du Temps, juin 2001, page 11.

L’armée d’occupation met en œuvre des mesures de représailles importantes, prévoyant des exécutions massives d’otages et des déportations. Le préfet du Calvados obtient un sursis en attendant les conclusions de l’enquête de police. Mais, faute de résultats, 24 otages choisis comme Juifs et/ou communistes sont fusillés le 30 avril, dont deux à Caen.

Dans la nuit du 30 avril au 1er mai, un deuxième déraillement a lieu, au même endroit et par le même procédé. Un rapport allemand signale 10 morts et 22 blessés parmi les soldats. Ces deux déraillements sont au nombre des actions les plus meurtrières commises en France contre l’armée d’occupation.

Au soir de l’attentat – à partir de listes de communistes et de juifs (130 noms sur le département) transmises au préfet par le Feldkommandant – commence une vague d’arrestations, opérées par la police et la gendarmerie françaises avec quelques Feldgendarmes. Dans la nuit du 1er au 2 mai et le jour suivant, 84 hommes au moins sont arrêtés dans le Calvados et conduits en différents lieux de détention. Pour le commandement militaire allemand, ceux qui sont maintenu en détention ont le statut d’otage. Tous les hommes désignés n’ayant pu être arrêtés, une autre vague d’arrestations, moins importante, a lieu les 7 et 8 mai. Le préfet ayant cette fois-ci refusé son concours, ces arrestations d’otages sont essentiellement opérées par la Wehrmacht.

Au total plus de la moitié des détenus sont, ou ont été, adhérents du Parti communiste. Un quart est désigné comme Juif (la qualité de résistant de certains n’est pas connue ou privilégiée par les autorités). Des auteurs d’actes patriotiques, proches du gaullisme, sont également touchés par la deuxième série d’arrestations.

Tous passent par le “petit lycée”, contigu à l’ancien lycée Malherbe de Caen, alors siège de la Feldkommandantur 723 (devenu depuis Hôtel de Ville), où ils sont rapidement interrogés.

Caen. Le Petit Lycée. Carte postale éditée dans les années 1900. Collection Mémoire Vive.

Caen. Le Petit Lycée. Carte postale éditée dans les années 1900.
Collection Mémoire Vive.

Le 4 mai, 48 détenus arrêtés dans la première rafle sont transférés en train au camp de police allemande de Compiègne-Royallieu ; puis d’autres, moins nombreux, jusqu’au 9 mai (19 ce jour-là).

Les 8 et 9 mai, 28 otages communistes sont fusillés au fort du Mont-Valérien, sur la commune de Suresnes (Seine / Hauts-de-Seine), pour la plupart (trois à Caen). Le 14 mai, onze otages communistes sont encore fusillés à Caen.

La plus grande partie des otages du Calvados transférés à Compiègne sera déportée à Auschwitz le 6 juillet 1942 : 57 politiques et 23 Juifs (près de la moitié des otages juifs du convoi).
[3] La surmortalité des détenus juifs ayant intégré le complexe d’Auschwitz-Birkenau : Quarante jours après l’arrivée des “45000” – soit le 18 août 1942 au matin – sur les cinquante déportés juifs enregistrés comme tels dans le camp, 34 ont perdu la vie, soit 68 % de leur groupe. À la même date, les 142 déportés décédés appartenant aux autres catégories d’otages du convoi représentent 13 % de leur effectif. Cette disproportion statistique rend compte de la persécution antisémite interne au camp, notamment sous forme de violences ciblées perpétrées par des cadres détenus polonais ou allemands (kapos, sur les chantiers, chefs de Block).

Sources :
- De Caen à Auschwitz, par le collège Paul Verlaine d’Evrecy, le lycée Malherbe de Caen et l’association Mémoire Vive, éditions Cahiers du Temps, Cabourg (14390), juin 2001, pages 19, 35, 57, 60, 70, 71-72, 102.
- Cl. Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 74 et 75, 90, 145 et 146, 361 et 416.
- Archives de Paris, site internet, archives en ligne : registre des naissances du 14e arrondissement à la date du 25-11-1891 (V4E 7023), acte n° 6929 (vue 27/31).
- Archives départementales des Yvelines, site internet, archives en ligne : registres matricules du recrutement militaire, bureau de Versailles, classe 1911 (1R/RM 451), n° 3100 (vues 192-193/840).
- Journal de Lucien Colin, publié en 1995 par les archives départementales et le conseil général du Calvados dans un recueil de témoignages rassemblés par Béatrice Poule dans la collection Cahiers de Mémoire sous le titre Déportés du Calvados (pages 82-115) ; note n° 12 page 66.
- Jean Quellien, Résistance et sabotages en Normandie, Le Maastricht-Chebourg déraille à Airan, éditions Charles Corlet, Condé-sur-Noireau, réédition 2004 ; page 54, liste page 137.
- Yves Lecouturier, Shoah en Normandie, 1940-1944, éditions Cheminements, Le-Coudray-Macouard (Maine-et-Loire), mai 2004, pages 115-118, p. 148, liste p. 246.
- Benjamin Schatzman, Journal d’un interné, Compiègne-Drancy-Pithiviers, préfacé par Serge Klarsfeld, éditions Fayard, avril 2006, pages 269, 273, 281, 287.
- François Montel, Journal de Compiègne, 29 avril 1942 – 23 juin 1942, présenté et annoté par Serge Klarsfeld, édition FFDJF (Fils et filles des déportés juifs de France), 1999, page 53.
- Hervé Barthélémy / association Rail & Mémoire : fichier des déportés de la SNCF non-rentrés (Lm 118 108 p 1307).
- Cheminots victimes de la répression 1940-1945, mémorial, ouvrage collectif sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris, mars 2017, pages 1139-1140.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 914 (17833/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 9-09-2020)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.