Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

René Paillole naît le 3 septembre 1897 à Aiguillon (Lot-et-Garonne), au domicile de ses parents, Baptiste Paillole, 30 ans, charpentier, et Jeanne Fallières, son épouse, 25 ans, demeurant rue de la République.

En décembre 1900, le père de famille déclare loger au 209, avenue Daumesnil à Paris 12e. En mars 1904, il habite à Nantes (Loire-Atlantique), mais, début mai 1907, il est revenu à Paris 12e.

En février 1910, la famille est installée au 64, rue de Watttignies, à Paris 12e. À la mi-mai 1915, le père de famille déclare habiter à Orsay [1] (Seine-et-Oise / Essonne – 91).

Lors du conseil de révision, René Paillole habite chez ses parents au 16, chemin du Buisson à Orsay, et a commencé à travailler comme ajusteur-mécanicien.

Le 11 août 1916, il est incorporé comme soldat de 2e classe au 1er groupe d’aviation. Le 31 janvier 1917, il passe au 2e groupe d’aviation. Le 5 juin 1919, il est classé “affecté spécial” à la 3e section de chemins de fer de campagne comme employé permanent de la Compagnie des chemins de fer d’Orléans. Le 24 décembre suivant, il est réaffecté au 2e groupe d’aviation. Il est démobilisé peu après, titulaire d’un certificat de bonne conduite.

Au printemps 1926, René Paillole est marié avec Paule, née en 1900 à Paris. Ils ont un fils, Roger, né en 1924 à Orsay. Tous trois habitent chez les parents de René, au 11, rue de Libernon à Orsay. En cette année 1926, son père est charpentier chez Gorgeon, au 41, rue des Plantes à Paris, et René est mécanicien-ajusteur aux établissements Peugeot, rue de la République à Issy-les-Moulineaux (Seine / Hauts-de-Seine).

Au printemps 1931, René Paillole est ajusteur chez Ballot à Paris. Avec son épouse, ils ont eu un deuxième fils, Jean, né en 1926. Au printemps 1936, René est ouvrier aux usines Citroën, 143 quai de Javel à Paris 15e (le 1er octobre, l’armée le classe “affecté spécial” au titre cet établissement).

Au moment de son arrestation, René Paillole habite toujours avec son père, rue de Libernon.

Le 5 novembre 1940, le tribunal correctionnel de Versailles condamne René Paillole à six mois d‘emprisonnement et cent francs d’amende pour « propagande communiste ».

Le 20 juillet 1941, il est écroué dans la Maison de correction de l’établissement pénitentiaire de Fresnes (Seine/Val-de-Marne), venant de la 3e division (quartier allemand (à vérifier…). Le 1er août, il est transféré à la Maison centrale de Clairvaux (Aube).

Clairvaux. La Maison centrale. Carte postale. Collection M. Vive.

Clairvaux. La Maison centrale. Carte postale. Collection M. Vive.

Le 13 février 1942, le préfet de l’Aube reçoit des autorités d’occupation l’ordre le faire transférer avec cinq autres détenus – tous futurs “45000” – au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Le transfert a probablement lieu le 23 février, comme pour Roger Le Bras.

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, les six grands bâtiments alignés du quartier C, qui semblent avoir souvent servi au regroupement des internés sélectionnés pour la prochaine déportation. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, les six grands bâtiments alignés du quartier C,
qui semblent avoir souvent servi au regroupement des internés sélectionnés pour la prochaine déportation.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas).

Entre fin avril et fin juin 1942, René Paillole est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, René Paillole est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46254 (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, René Paillole est très probablement dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

En effet, à une date restant à préciser, il est admis au Block 28 de l’hôpital des détenus d’Auschwitz-I.

Il meurt à Auschwitz le 16 septembre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).

(il est le seul “45000” d’Orsay)

À une date restant à préciser, le Conseil municipal d’Orsay donne son nom à une voie de circulation de la commune. Celui-ci est également inscrit sur le monuments aux morts d’Orsay, situé dans le cimetière communal, parmi les déportés.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 4-01-1994).

Notes :

[1] Orsay : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine-et-Oise (transfert administratif effectif en janvier 1968).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 380 et 415.
- Musée de la Résistance nationale (MRN) Champigny-sur-Marne (94) : carton “Association nationale de des familles de fusillés et massacrés”, fichier des victimes
- Archives départementales du Lot-et-Garonne (AD 47), Agen, site internet, archive en ligne : registre des naissances d’Aiguillon (4E 4-33), acte n° 39 (vue 75/239).
- Archives départementales de l’Aube, site internet, cote 310W114.
- Archives départementales du Val-de-Marne (AD 94), Créteil : archives de la prison de Fresnes, maison de correction, registre d’écrou 152 (2742w 19), n° 9384.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 898 (30918/1942).
- Site Mémorial GenWeb, 91-Orsay, relevé de Véronique Pagnier (2002).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 8-06-2021)

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