Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

(à ses vingt ans, un PV de gendarmerie le signalera ainsi : « taille 1 m 64, cheveux blonds, front bas, yeux bleus, nez cave bout rond, lèvres épaisses, taches de rousseur »)

Roger Ménielle naît le 12 juin 1921 à Paris 12e, fils de Maurice Ménielle, 28 ans, et de Lucienne Préau, son épouse, « ouvriers très pauvres », qui se sont mariés quatre mois plus tôt. Roger a une sœur ou un frère.

Son père, né le 14 novembre 1892 à Paris 12e, a été mobilisé au cours de la Première Guerre mondiale. Le 15 septembre 1916, le Conseil de guerre de Rabat (Maroc) l’a condamné à sept ans de travaux publics pour refus d’obéissance et outrage par écrit envers un supérieur.

Pendant un temps, Roger Ménielle habite chez ses parents au 81, Grande Rue à Créteil [1] (Seine / Val-de-Marne – 94).

Au moment de son arrestation, il est domicilié au 20, rue du Sergent-Bobillot dans la même commune. Il est marié, sans enfant (il a 19 ans).

Roger Ménielle est marinier.

Il pratique la boxe en compétition jusqu’au niveau régional, utilisant l’argent des prix obtenus pour aider sa famille.

Son père dirigerait une cellule du Parti communiste (à Créteil ?). Roger lui-même est membre du Parti, militant également avec des jeunes communistes.

En 1939, Maurice Ménielle est victime d’un accident du travail (peut-être dans un emploi de déménageur) qui le laisse mutilé. Il s’inscrit au fonds de chômage de sa commune.

Après l’interdiction du Parti communiste par le décret loi du 26 septembre 1939, père et fils manifesteraient « ouvertement, dans différents cafés de Créteil, leur mécontentement et leur dépit de cette mesure ».

Le 5 décembre, ayant reçu des « renseignements confidentiels », le commissaire de police de la circonscription de Saint-Maur demande à deux de ses inspecteurs de procéder à une vérification domiciliaire chez Maurice Ménielle, susceptible de détenir des tracts. Au cours de cette perquisition, les policiers ne découvrent aucun imprimé clandestin, mais voient des portraits de Lénine, Paul Vaillant-Couturier et Henri Barbusse (co-fondateurs de l’Association républicaine des anciens combattants) confirmant seulement les opinions communistes de leur propriétaire.

En juin 1940, à la suite d’une dénonciation probable, les Renseignements généraux s’intéressent à l’action clandestine de Jean-Baptiste Champval, ex-secrétaire de la région Paris-Est du parti dissous, alors mobilisé et qui aurait essayé de regrouper quelques militants de Créteil à l’occasion de ses permissions. Les policiers, qui sont au courant d’une réunion qui se serait tenue le 24 mars au café Lemoine, au 39 ter, quai du Halage, enquêtent sur six personnes qui auraient été pressenties pour reprendre une activité, dont Maurice Ménielle.

Au cours de l’été 1940, après les retours d’Exode, Paul Hervy (25 ans), ex-secrétaire de la section locale des Jeunesses communistes, tente de regrouper quelques jeunes de Créteil pour reprendre une activité militante, tel René Besse (17 ans, imprimeur taille-doucier). Avec celui-ci, il couvre en propagande l’est de la commune, tandis que Roger Ménielle et Georges Mapataud (18 ans, manœuvre) couvrent son secteur ouest.

En octobre, Roger Ménielle travaille sur un chantier de dragage de la Seine au pont de Sartrouville (Seine-et-Oise / Yvelines) [2]

Le 10 octobre au soir, au retour du travail, il se rend chez Georges Mapataud, au 12, rue des Caillotins (devenue rue d’Estienne-d’Orves), où il retrouve Albert Duclos (19 ans, ajusteur), habitant la même adresse. Mapataud répartit des tracts intitulés « Les masques sont tombés » et un numéro de L’Avant-Garde. Puis les trois garçons partent dans la Grande Rue, voisine, où ils commencent à les glisser sous les portes, Duclos sur un trottoir, Ménielle et Mapataud sur un autre. Mais ils sont surpris par des gendarmes de la brigade de Créteil, qui se saisissent d’abord de Duclos. Mapataud, reconnu, tourne dans une impasse pour aller se réfugier au fond d’une cave abandonnée, où les gendarmes finissent néanmoins par le trouver. Roger Ménielle, qui se trouvait devant ses camarades, parvient à s’enfuir vers l’église, jetant ses tracts dans une bouche d’égout avant de rentrer chez lui. Albert Duclos et Georges Mapataud sont amenés à la brigade de gendarmerie pour y être interrogés.

Créteil, la Grande Rue. Caerte postale non datée (années 1940/1950), coll. Mémoire Vive.

Créteil, la Grande Rue. Carte postale non datée (années 1940/1950), coll. Mémoire Vive.

Le lendemain, 11 octobre, trois gendarmes de Créteil partent arrêter Roger Ménielle sur son lieu de travail, au pont de Sartrouville, puis le ramènent à leur caserne, où ils l’interrogent. Admettant les faits, il leur déclare : « Je ne suis pas payé pour distribuer les tracts. Personne ne m’y pousse. Si je le fais, c’est volontairement. » Mais il refuse de donner toute indication quant à la provenance des tracts et de signer le procès verbal transmis ensuite au procureur de la République à Paris, au préfet de police et à la Kreiskommandantur. Le considérant en infraction au décret-loi du 26 septembre 1939, les gendarmes le conduisent devant le procureur. Le 12 octobre, il est sous mandat de dépôt.

Le lendemain, une fois inculpés, les trois jeunes militants sont écroués à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e).

Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er. Tribunal correctionnel, un des porches du rez-de-chaussée. (montage photographique)

Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er.
Tribunal correctionnel, un des porches du rez-de-chaussée.
(montage photographique)

Le 14 octobre, la 12e chambre du tribunal correctionnel de la Seine condamne chacun d’entre eux à six mois d’emprisonnement. Le 26 octobre, ils sont transférés à l’établissement pénitentiaire de Fresnes (94), puis, trois jours plus tard, à la Maison centrale de Poissy (Seine-et-Oise / Val-d’Oise).

Au deuxième plan, la Maison centrale de Poissy vers 1916.  Carte postale. Collection Mémoire Vive

Au deuxième plan, la Maison centrale de Poissy vers 1916.
Carte postale. Collection Mémoire Vive

Le 4 avril 1941, à l’expiration de sa peine, Roger Ménielle est libéré, comme Georges Mapataud, probablement après avoir dû prendre l’engagement de ne plus avoir d’activité clandestine (liberté “conditionnelle”). Albert Duclos, lui, est interné administrativement et conduit au camp français d’Aincourt (Seine-et-Oise / Val-d’Oise) le 21 avril.

Dans un rapport rédigé le 21 avril, deux inspecteurs de la brigade spéciale des renseignements généraux constatent qu’« aucun fait précis ne permet d’établir si [Maurice Ménielle] se livre actuellement à la diffusion des mots d’ordre de la IIIe Internationale et son internement par mesure administrative ne paraît pas devoir s’imposer, en raison même de son infirmité qui exige des soins médicaux constants ».

Pourtant, le 27 juin, Maurice Ménielle, « signalé » par le commissariat de Saint-Maur, est arrêté à son domicile pour être placé en internement administratif (application du décret du 18 novembre 1939). Le jour même, il est conduit à l’hôtel Matignon et mis « à la disposition des autorités allemandes » [3]. Les militants de Paris et de la “petite couronne” arrêtés dans les mêmes conditions sont ensuite rassemblés au Fort de Romainville (HL 122), sur la commune des Lilas (Seine / Seine-Saint-Denis). Le 1er juillet, ils sont conduits à la gare du Bourget d’où un train les transporte à Compiègne (Oise). À leur descente du train, ils sont menés au camp allemand de Royallieu, administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au premier plan, alignés, les bâtiments du quartier C. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu. Les hangars en bas à droite n’existaient pas.

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, les six grands bâtiments alignés du quartier C.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas).

Le 28 avril 1942, Roger Ménielle est arrêté à son domicile en tant qu’otage (comme Georges Mapataud et René Besse), lors d’une grande vague d’arrestations (397 personnes) organisée par les autorités d’occupation (« la Gestapo ») dans le département de la Seine et visant majoritairement d’anciens militants communistes, dont certains ont précédemment fait l’objet de poursuites policières et/ou judiciaires pour activité clandestine (qu’ils aient ensuite été condamnés ou non). De nombreux militants du secteur Paris-Est sont conduits en camions à la mairie de 12e arrondissement où ils sont mis en attente dans la cour, puis ils sont rassemblés dans un vélodrome – probablement celui du bois de Vincennes – pour le contrôle des listes. Après quoi, des autobus réquisitionnés, portant pour certains l’inscription « travailleurs volontaires en Allemagne », les amènent à la gare du Nord où on les fait monter, par groupe de cinquante, dans des wagons à bestiaux. Arrivés à Compiègne, ils sont escortés jusqu’au camp de Royallieu, où Roger retrouve son père.

Entre fin avril et fin juin 1942, Roger Ménielle est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler) ; son père n’est pas désigné pour ce transport.

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Roger Méniel est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45868, selon les listes reconstituées (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20.

Portail du secteur B-Ib du sous-camp de Birkenau par lequel sont passés tous les “45000”. © Mémoire Vive.

Portail du secteur B-Ib du sous-camp de Birkenau par lequel sont passés tous les “45000”. © Mémoire Vive.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet – après les cinq premiers jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – Roger Ménielle est dans la moitié des membres du convoi sélectionnés pour rester dans ce sous-camp, les autres étant ramenés à Auschwitz-I.
Selon René Besse, de Créteil, il accepte de participer à des combats de boxe contre des Kapos ou des chefs de Block pour obtenir des suppléments de pain qu’il redistribue en grande partie.

On ignore la date exacte de sa mort à Birkenau ; probablement avant la mi-mars 1943. Pierre Monjault, de Maisons-Alfort, le voit une dernière fois, avec d’autres “45000”, dans un camion découvert qui transporte les “inaptes au travail” vers la chambre à gaz [3]. Il a 21 ans.

Chargement des morts et mourants pour les Krematoriums de Birkenau. Dessin de François Reisz, extrait de Témoignages sur Auschwitz, édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz au 4e trimestre 1946.

Chargement des morts et mourants pour les Krematoriums de Birkenau.
Dessin de François Reisz, extrait de Témoignages sur Auschwitz,
édité par l’Amicale des déportés d’Auschwitz au 4e trimestre 1946.

Son camarade Georges Mapataud, 20 ans, meurt à Auschwitz le 19 septembre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).

Le 24 janvier 1943, son père, Maurice Ménielle, est déporté vers le KL [4] Sachsenhausen (matr. 58973). Selon la mention apposée sur son acte de naissance, il meurt au KL Buchenwald (matr. 80854) le 16 mars 1945.

Le jeune Albert Duclos est successivement interné dans les camps français d’Aincourt, Voves et Pithiviers (18 novembre 1943), puis, le 2 mars 1944, au camp allemand de Laleu à La Rochelle (Charente-Maritime), sous l’autorité de l’organisation Todt.

Début mai 1945, avant le deuxième tour des élections municipales, où se présente une liste d’union des forces de la Résistance, René Besse, seul rescapé cristolien du convoi, tout juste rentré, est amené à participer à un meeting dans la salle des fêtes de la mairie. On le pousse à raconter les épreuves traversées et cela l’amène à témoigner du sort de ses camarades disparus devant des familles dont il avait jusque-là éludé les questions sur le sort de leur proche. C’est probablement ainsi que Mesdames Ménielle ont appris la mort de de leur fils et mari.

En 1953, une des parentes de Roger – veuve ou mère – dépose une demande d’attribution du titre de “déporté politique” auprès du ministère des Anciens combattants et victimes de la guerre.En mars 1954, sa veuve habite au 2, rue de la Procession à Conflans-Sainte-Honorine (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), et sa mère au 78, rue des Écoles à Créteil.

Le nom de Roger Ménielle est inscrit avec celui de son père parmi les déportés sur le Monument aux morts de Créteil, avenue du maréchal de Lattre-de-Tassigny.

Notes :

[1] Créteil : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne” (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Le pont de Sartrouville : s’agit-il du pont de chemin de fer entre Sartrouville et Maisons-Laffitte, détruit le jeudi 13 juin 1940 par le Génie français pour ralentir la progressions allemande ?

[3] L’ “Aktion Theoderich : L’attaque de l’Union soviétique, le 22 juin 1941, se fait au nom de la lutte contre le “judéo-bolchevisme”. Dès mai 1941, une directive du Haut-commandement de la Wehrmacht pour la “conduite des troupes” sur le front de l’Est défini le bolchevisme comme « l’ennemi mortel de la nation national-socialiste allemande. C’est contre cette idéologie destructrice et contre ses adeptes que l’Allemagne engage la guerre. Ce combat exige des mesures énergiques et impitoyables contre les agitateurs bolcheviks, les francs-tireurs, les saboteurs et les Juifs, et l’élimination allemande de toute résistance active ou passive. » Hitler est résolu à écraser par la terreur – à l’Ouest comme à l’Est – toute opposition qui viendrait entraver son effort de guerre. Le jour même de l’attaque contre l’Union soviétique, des mesures préventives sont prises dans les pays occupés contre les militants communistes – perquisitions à leur domicile et arrestations – et des ordres sont donnés pour punir avec la plus extrême sévérité toute manifestation d’hostilité à la puissance occupante. En France, dans la zone occupée, au cours d’une opération désignée sous le nom de code d’Aktion Theoderich, plus de mille communistes sont arrêtés par les forces allemandes et la police française. D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par le régime de Vichy, ils sont envoyés, à partir du 27 juin 1941, au camp allemand de Royallieu à Compiègne, créé à cette occasion pour la détention des « ennemis actifs du Reich » sous l’administration de la Wehrmacht. Au total (bilan au 31 juillet), 1300 hommes environ y seront internés à la suite de cette action. Effectuant un tri a posteriori, les Allemands en libéreront plusieurs dizaines. 131 d’entre eux, arrêtés entre le 21 et le 30 juin, seront déportés dans le convoi du 6 juillet 1942.

[4] Arrestations de la fin juin 1941 dans le département de la Seine, trois témoignages :
Jean Lyraud (déporté à Sachsenhausen le 24 janvier 1943). Le 26 juin, à 5 heures du matin, il est réveillé par des policiers français : « Veuillez nous suivre au poste avec une couverture et deux jours de vivres. » Un autobus le prend bientôt avec trois autres personnes arrêtées. Le véhicule fait le tour des commissariats de Montreuil et du 11e arrondissement. Un crochet à l’hôtel Matignon, qui abrite alors la police de Pétain, puis c’est le transport jusqu’aux portes du Fort de Romainville où les prisonniers sont remis aux autorités allemandes. Avec ses compagnons, Jean Lyraud passe la nuit dans les casemates transformées en cachots. « Le lendemain 27 juin dans l’après-midi, nous embarquons en gare du Bourget dans des wagons spéciaux pour Compiègne. Nos gardes ont le revolver au poing et le fusil chargé, prêts à faire feu. Dans la soirée nous arrivons au camp. Quelques jours après, d’autres contingents de la région parisienne nous rejoignent. »
Henri Pasdeloup (déporté à Sachsenhausen le 24 janvier 1943), cheminot de Saint-Mihiel (Meuse), est arrêté le 23 juin 1941 par la Gestapo qui le conduit à la prison de la ville. Le 27 juin, avec d’autres détenus emmenés à bord de deux cars Citroën, il arrive devant le camp de Royallieu vers 16 h 30 : « À l’arrivée face au camp, nos gardiens nous font descendre. Alignement sur la route, comptages et recomptages. En rangs par trois nous passons les barbelés… À 19 heures, environ 400 prisonniers en provenance de la région parisienne entrent en chantant L’Internationale… Le lendemain 28 juin, réveil à 7 heures : contrôle d’identité, toise, matricule. J’ai le numéro 556. Pour notre groupe de la Meuse, cela va de 542 à 564. Ceux de la région parisienne, bien qu’arrivés après nous, sont immatriculés avant… »
Henri Rollin : « Le 27 juin 1941, vers 6 heures de matin, ma femme et moi nous sommes réveillés par un coup de sonnette. Trois inspecteurs de la police française viennent nous arrêter ; perquisition rapide sans résultat (nous avions la veille au soir distribué les derniers tracts que nous avions). Nous arrivons à l’hôtel Matignon où nous trouvons de nombreux cars et camions, résultat d’une rafle dans toute la région parisienne. Nous sommes remis par la police française aux autorités allemandes. Au moment de ma remise aux Allemands, j’ai aperçu qu’on leur donnait une petite fiche portant mon nom et la mention « communiste », soulignée à l’encre rouge. Nous subissons un court interrogatoire d’identité… Attente… Vers la fin de l’après-midi, départ en car. Arrivée au fort Romainville, fouille, identité. Départ de Romainville le 1er juillet, au matin, par train spécial et bondé au Bourget, arrivée l’après-midi à Compiègne. Le lendemain, même cérémonie, refouille et identité, ensuite la vie de camp… »

[5] Les chambres à gaz du centre de mise à mort situé à Birkenau fonctionnent principalement pour l’extermination des Juifs dans le cadre de la “solution finale”, mais, jusqu’en mai 1943, elles servent également à éliminer des détenus, juifs ou non, considérés comme “inaptes au travail” (opération commencée en avril 1941, dans d’autres camps, sous le nom de code 14 f 13). Les détenus d’Auschwitz-I sélectionnés pour la chambre à gaz sont amenés en camions à Birkenau. Quelquefois, ils attendent la mort au Block 7 de ce camp.

[6] KL  : abréviation de Konzentrationslager (camp de concentration). Certains historiens utilisent l’abréviation “KZ”.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 150 et 153, 387 et 413.
- Lucie Kerjolon, transcription du témoignage de Pierre Montjault, Quatre années de souffrance pour rester français (validée le 23-07-1984), page 28.
- René Besse : entretien filmé par Gilbert Lazaroo (13-06-1998).
- Laurent Lavefve, Mille et neuf jours, René Besse, la force d’un résistant déporté, Les Ardents Éditeurs, Limoges avril 2009 (ISBN : 978-2-917032-13-8), pages 83, 84, 177.
- Archives de Paris, site internet, archives en ligne : registre des naissances du 7e arrondissement, année 1982 (V4E 5997), acte 1515.
- Archives de Paris : rôle correctionnel (D1u6 5850) ; jugements du tribunal correctionnel de la Seine (D1u6 3660).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), site du Pré-Saint-Gervais : renseignements généraux, dossiers individuels de Ménielle Roger (77 W 1451-16473), de Ménielle Maurice (77 W 1511-33508), de Mapataud Georges (77 W 1447-17383) ; cabinet du préfet, dossiers individuels de Ménielle Roger (1 W 1708-98855), de Ménielle Maurice (1 W 36-23349), de Duclos Albert (1 W 733-28366).
- Sachso, Au cœur du système concentrationnaire nazi, Amicale d’Orianenburg-Sachsenhausen, collection Terre Humaine, Minuit/Plon, réédition Pocket, mai 2005, page 36 (sur les arrestations du 26 juin 1941).
- Gérard Bouaziz, La France torturée, collection L’enfer nazi, édité par la FNDIRP, avril 1979, page 262 (sur les arrestations du 27 juin 1941).
- Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Livre-Mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression…, 1940-1945, éditions Tirésias, Paris 2004, I.74, page 632.
- Site Mémorial GenWeb, 94-Créteil, relevé de Dominique Robichon (2000-2002).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 11-06-2018)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes (FNDIRP ) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.