Droits réservés.

Droits réservés.

Louis, Paul, Carpentier naît le 14 mai 1904 au 7 rue Lecourbe à Paris 15e, fils de Françoise Adrienne Carpentier, 14 ans 1/2, journalière, domiciliée au 62 rue Labrouste, Paris 15e, et de père “non dénommé”. Un mois plus tard, Louis Hippolyte Goudailler, 20 ans, fumiste, domicilié également au 62 rue Labrouste reconnaît l’enfant pour son fils. Un des deux témoins pour cette acte de reconnaissance est son grand-père Frédéric Goudailler, 45 ans, brocanteur, domicilié au 24 rue Leibnitz, Paris 18e.

Le 23 juillet 1910 à Paris 18e, Louis Hippolyte Goudailler, domicilié 11 rue Baudélique, se marie avec Marie Émile Brackmann, née le 9 mars 1883 à Bulguévillers (Vosges).

Après la déclaration de guerre, son père est rappelé à l’activité militaire comme soldat de 1ère classe au 69e régiment d’infanterie. Le 28 septembre 1915, il est « tué à l’ennemi » à Beauséjour (Marne), âgé de 32 ans.Le 7 juillet 1920, Louis Goudailler est adopté par la nation (pupille), ayant pour tuteur Jean Varenne (1877-1927), conseiller municipal du quartier des Grandes-Carrières à Montmartre (Paris 18e).

Pendant un temps, Louis Goudailler habite au 50, rue de Maistre, à Paris 18e. Il commence à travailler comme horticulteur.

Le 18 mai 1924, il est incorporé au 6e régiment de tirailleurs. Le 13 juin suivant, la commission de réforme d’Oran le classe service auxiliaire pour manque d’acuité visuelle. Le 7 novembre 1925, il est renvoyé dans ses foyers, titulaire d’un certificat de bonne conduite.

Le 1er mai 1926, Louis Goudailler épouse Marie Rose Lamaire, née en 1906 ou 1908 à Hombleux (Somme), manouvrière.

Fin 1926, ils habitent au 42 bis, rue Maurepas à Thiais (Seine / Val-de-Marne – 94).

Le 24 janvier 1927, ils ont une fille, Jeannine Marguerite Marcelle, née à Paris 12e.

Cette année-là, Louis subit une crise d’emphysème au poumon gauche dont il gardera des séquelles.

En février 1933, la famille est domiciliée au 5 rue du Calvaire à Thiais.

Fin septembre 1934, ils habitent au 31, rue Sébastopol à Choisy-le-Roi [1] (94). En mai 1936, ils logent au 40, rue Chevreuil, dans cette commune.

Le 1er juin suivant, Louis Goudailler devient jardinier titulaire à la Ville de Paris. Plus tard, il est affecté au cimetière parisien de Thiais, 261 avenue de Fontainebleau (route nationale 7, puis départementale 7 depuis 2009), ouvert le 1er octobre 1929.

“Filleul” de Marcel Cachin (1869-1958), alors sénateur communiste de la Seine, c’est par son intermédiaire que celui-ci vient s’installer à Choisy.

En août 1937 et jusqu’au moment de l’arrestation du chef de famille, celle-ci est domiciliée au 3, rue Paul-Carle à Choisy, proche de l’avenue de la République.

Le 2 septembre 1939 (mobilisation générale), Louis Goudailler est rappelé à l’activité militaire au 22e bataillon d’ouvriers d’artillerie (B.O.A.) à Vincennes (94) ; unité dans laquelle seront aussi affectés Robert Bramet, Léon Duthuin et Samuel Goldstein.

Insigne du 22e BOA. Droits réservés.

Insigne du 22e BOA. Droits réservés.

Mais,  le 21 novembre, la commission de réforme de Versailles le réforme temporairement n° 2 pour des problèmes respiratoires et gastriques. Le 21 mai 1940, il est rappelé avec la même affectation. Le 16 août, il est démobilisé à Lavaur (Tarn).

En septembre 1939, sa fille, malade, entre en traitement à l’hôpital (Armand-)Trousseau, 158 avenue du Général Michel-Bizot (devenue avenue Arnold-Netter en 1962) à Paris 12e.

Sous l’Occupation, la police française considère Louis Goudailler comme un « communiste actif » participant à la propagande clandestine.

Le 5 octobre 1940, à l’aube, il est arrêté à son domicile, en même temps que 16 autres militants de Choisy dont les frères Jean (secrétaire de section avant-guerre), Paul Andrieux, André Beaure (responsable syndical), André Grillot, Camille David et Maurice Loiseau (conseillers municipaux communistes) et Alain Martin, de Thiais, lors de la grande vague d’arrestations organisée dans les départements de la Seine et de la Seine-et-Oise par les préfets du gouvernement de Pétain contre des hommes connus avant guerre pour être des responsables communistes (élus, cadres du PC et de la CGT) ; action menée avec l’accord de l’occupant. Le nom de Louis Goudailler avait préalablement été inscrit sur une liste de fonctionnaires et d’employé des services publics.

Après avoir été regroupés en différents lieux, 182 militants de la Seine sont conduits le jour-même en internement administratif au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), créé à cette occasion dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt.

Le sanatorium de la Bucaille à Aincourt dans les années 1930. Le centre de séjour surveillé a été installé dans la longue bâtisse située au premier plan à gauche. Afin de pouvoir y entasser les détenus, il a fallu y transporter le mobilier des autres bâtiments. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le sanatorium de la Bucaille à Aincourt dans les années 1930.
Le centre de séjour surveillé a été installé dans la longue bâtisse située au premier plan à gauche.
Afin de pouvoir y entasser les détenus, il a fallu y transporter le mobilier des autres bâtiments.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Conçus à l’origine pour 150 malades, les locaux sont rapidement surpeuplés : on compte 524 présents en décembre 1940 et 600 en janvier 1941.

Début décembre 1940, Rose Goudailler écrit au préfet de Seine-et-Oise pour solliciter l’autorisation de rendre visite à son mari à Aincourt. Évoquant la maladie de sa fille, elle ajoute : « … je pense donc que vous voudrez bien m’accorder de voir mon mari, puisque des hommes sans conscience ni scrupule ont cette possibilité. »

Quelques jours plus tard, elle adresse au préfet de police, à Paris, une demande d’intervention afin que son mari soit « légalement libéré » ; « … mon mari, employé des services publics, avait un salaire qui nous permettait de faire face à nos impôts, à notre loyer, au gaz, à l’électricité. Réduite au chômage, je me vois obligée de cesser les paiements : ce n’est pas avantageux pour l’État et les finances de notre ville. Et, de plus, mon mari n’est pas un criminel, et pourtant, là où il est parqué, il n’est guère en sécurité, puisqu’ils furent sauvagement bombardés la semaine dernière. C’est un peu les raisons, Monsieur le Préfet, qui me poussent à vous écrire ces lignes en faisant appel à votre bon sens. »

Le 19 décembre, une note du 1er bureau du cabinet du préfet de police indique : « … par lettre en date du 14 décembre courant, le préfet de Seine-et-Oise a fait connaître que les circonstances ne permettaient pas de donner suit à cette demande, le régiment intérieur du camp s’opposant, en principe, à toute visite aux internés. »

Le 22 décembre, Rose Goudailler adresse cette fois-ci sa demande de visite au préfet de police. « Mon mari a été mobilisé lors de la dernière guerre et a fait son devoir comme tout bon français envers la France. Par conséquent, Monsieur le préfet, mon mari ne peut être considéré comme un voleur ou comme un criminel. Rien ne peut lui être reproché de plus… »

Le 6 janvier suivant (1941), une note des R.G. indique : « Militant actif de l’ex-Parti communiste, Goudailler participait à la propagande révolutionnaire clandestine  en dépit de la dissolution du groupement auquel il appartenait. » Le 16 janvier, le directeur de cabinet du préfet écrit au commissaire de police de Choisy-le-Roi pour lui demander de faire connaître à Madame Goudailler qu’il ne peut être donné suite à sa requête, en raison du règlement du camp. Le 20 janvier – certainement convoquée au commissariat -, celle-ci appose sa signature sous un tampon « Reçu communication » …

Le 16 janvier, de son côté, le préfet du département de la Seine écrit au préfet de police : « Pour me permettre de déterminer la situation administrative de Monsieur Goudailler, je vous serais obligé de vouloir bien me faire connaître les motifs de son internement, en précisant notamment s’il tombe sous le coup des dispositions du décret du 9 avril 1940 relatif aux sanctions administratives encourues par les fonctionnaires se livrant à la propagande communiste ou n’ayant pas manifesté clairement qu’ils ont rompu tout lien de solidarité avec les organisations communistes dissoutes. »

Début 1941, Louis Goudailler est affecté à un travail de bûcheron, probablement par lien avec son métier de jardinier.

Le 9 février, le R.G. rédigent une nouvelle note : « Militant convaincu, il était l’un des militants les plus actifs de la cellule Choisy-Parc… »

Le 11 février, en réponse à une directive du chef de camp concernant la révision du dossier de certains internés de la Seine, Louis Goudailler lui transmet l’exposé de sa situation en concluant qu’il considère son internement : « comme une mesure arbitraire » et demande sa libération immédiate.

Le 12 février, un médecin du service de l’hôpital Trousseau dans lequel Jeannine est soigné rédige un certificat médical selon lequel l’état de la jeune fille est très grave et une issue fatale possible dans un proche avenir.

Le 13 février, le chef du 1er bureau transmet une note à la direction des Renseignements généraux : « En apportant le certificat médical ci-joint constatant que l’enfant Goudailler, actuellement à l’hôpital trousseau, est au plus mal et qu’une issue fatale est possible, Madame Goudailler demande que son mari (…) soit autorisé à venir à Paris voir sa fille. Prière à Monsieur le directeur de vouloir bien indiquer si la requête présentée (…) peut recevoir un accueil favorable. »

Le même jour, le préfet de police délégué (Seine) accorde une permission de sortie de 48 heures, transmise au préfet de Seine-et-Oise.

Le 13 février, le gardien de la paix J. rend compte de sa mission au chef du camp d’Aincourt : « … suite à vos instructions, je me suis rendu le 14 février à Paris, accompagné de l’interné Goudailler, où je suis arrivé à 19 heures. Goudailler a pu ainsi aller voir sa fille, se trouvant en traitement à l’hôpital Trousseau. Reparti de Paris à 13 h 30 le 15 février, je suis arrivé à Mantes à 15 h et suis rentré à Aincourt. L’attitude de Goudailler au cours du voyage a été correcte. »

En février, alors que les autorités françaises envisagent le transfert de 400 détenus d’Aincourt vers « un camp stationné en Afrique du Nord », le docteur du centre dresse trois listes d’internés inaptes. Louis Goudailler figure sur celle des internés « non susceptibles absolus » en raison d’une pleurotomie gauche.

Le 25 février, sur le formulaire de « Révision trimestrielle du dossier » de Louis Goudailler, à la rubrique « Avis sur l’éventualité d’une mesure de libération », le commissaire spécial, directeur du camp, émet un avis défavorable en s’appuyant sur le constat que cet interné « suit les directives du parti communiste », tout en lui reconnaissant une « attitude correcte ».

Le 18 mars, Rose Goudailler écrit de nouveau au préfet de police : « … notre fille unique, âgée de treize ans, est soignée à l’hôpital Trousseau (…) pour une affection extrêmement grave, qui a nécessité plusieurs transfusions de sang. Elle a présenté plusieurs accidents aigus. Au cours de l’un d’eux, alors qu’on croyait mon enfant perdue, comme l’atteste un certificat de son docteur, Monsieur le professeur Pessot, mon mari a été autorisé à passer quelques instants à son chevet. (…} on vient même de me refuser le petit coin de terre prêté à tous les jardiniers par la Ville de Paris où je comptais planter quelques légumes. »

Le 5 avril, les internés d’Aincourt protestent devant l’absence de réponse du commandant du camp à la demande de certains d’entre eux de recevoir leurs premières visites à l’occasion de Pâques, appuyant leur revendication par un refus de travail.

Sur environ 500 détenus ayant participé au mouvement, 54 sont isolés par mesure disciplinaire ; parmi eux, Louis Goudailler. Afin de manifester leur solidarité, leurs camarades refusent de s’alimenter pendant toute une journée, mais rien n’y fait : le lendemain, les 54 sont transférés à la Maison centrale de Poissy (Seine-et-Oise / Yvelines).

Au deuxième plan, la Maison centrale de Poissy vers 1916. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Au deuxième plan, la Maison centrale de Poissy vers 1916.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 29 avril, le directeur de cabinet du sous-préfet de Seine-et-Oise transmet à la direction des Renseignements généraux une requête de Rose Goudailler datant du 18 mars au sujet de son mari « interné administrativement au centre de séjour surveillé d’Aincourt (sic) en vertu d’un arrêté pris par vos soins. Cette requête m’ayant été adressée, je vous serais obligé, quelle que soit la suite que vous croyez devoir y réserver, de bien vouloir aviser de la présente transmission la pétitionnaire qui réside dans votre ressort. »

Le 30 avril (?), Rose Goudailler envoie un télégramme pour demander pour que son mari – « interné administratif prison Poissy » – puisse rendre visite à leur fille. Elle annonce l’envoi par courrier d’un certificat médical rédigé par le chef de service, selon lequel « une issue fatale est à redouter. »

Le 3 mai, le gardien de la paix J. rend compte de sa mission au chef du camp d’Aincourt : « … suite à vos instructions, j’ai accompagné l’interné Goudailler, le 1er mai courant, de la Maison centrale de Poissy à l’hôpital Trousseau à Paris où sa fille est en traitement. L’état de Mademoiselle Goudailler étant désespéré selon l’infirmière chef de service, la permission de l’interné Goudailler fut, sur votre ordre, prolongée au 2 mai courant, où je rentrai à la Maison centrale de Poissy à 18 h 15. L’attitude de cet interné a été correcte pendant l’escorte. »

Le 8 mai, le même groupe de militants communistes est transféré en voitures cellulaires de Poissy à la gare Montparnasse à Paris et, de là, au camp français (CSS) de Choisel à Châteaubriant (Loire-Inférieure / Loire-Atlantique) ; Louis Goudailler y est enregistré sous le matricule 509.

Louis Goudailler, à gauche, au camp de Châteaubriant © Droits Réservés.

Louis Goudailler, à gauche, au camp de Châteaubriant © Droits Réservés.

Il obtient de nouveau l’autorisation de rendre visite à sa fille. Le 14 mai, le chef du camp de Châteaubriant rédige une permission de sortie – prévue du 15 au 19 mai – indiquant les consignes à suivre : « En exécution des prescription de l’article 20 (paragraphe “Permissions”) et de l’article 28 du règlement des centres de séjour surveillé pour indésirables français. Vu le certificat médical dûment légalisé délivré par Monsieur le Docteur Pas, interne à l’hôpital Trousseau à Paris, aux termes duquel Mademoiselle Jeanine Goudailler est dans un état grave donnant à redouter un accident brutal à tout moment.
Le capitaine (Louis) Leclerc, chef du centre de séjour surveillé de Choisel à Châteaubriant, accorde une permission exceptionnelle de trois jours à Monsieur Goudailler, Louis, Paul, interné à la section “P” du centre de séjour surveillé Châteaubriant.
L’intéressé quittera Châteaubriant le 15 mai 1941 par le premier train du matin pour se rendre à Paris et Choisy-le-Roi (Seine). Il devrait dès son arrivée faire connaître l’adresses exacte où il se rend à Monsieur le commissaire de surveillance administrative de la gare de Paris-Montparnasse et accomplir la même démarche près de Monsieur le commissaire de police de l’endroit où il se rend.
Il devra rentrer au camp par le train quittant Paris le lundi 19 mai 1941 dans la matinée pour arriver à Châteaubriant le même jour à midi trente.
Au cas où une prolongation lui serait indispensable, il se présenterait à la préfecture de police de la Seine qui, sur le vu des justifications jugées nécessaires, la lui accorderait si elle le juge utile et possible, et voudrait bien en aviser le camp de Châteaubriant. »

Le 16 mai 1941 à douze heures, Jeanine Goudailler décède à l’hôpital Trousseau. Son inhumation devant avoir lieu le jour du départ de son père, le 19 mai, une autorité policière parisienne a ajouté, en marge du courrier du chef de camp de Choisel : « J’ai donné à Goudailler une prolongation de 24 heures pour assister aux obsèques. »

Louis Goudailler est présent au camp de Châteaubriant lors de la fusillade massive d’otages du 22 octobre 1941.

Le 7 février 1942, il est remis aux autorités d’occupation à leur demande et transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”, désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”. À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Entre la fin avril et la fin juin 1942, Louis Goudailler est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Louis Goudailler est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45618 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée et identifiée [2]).

Auschwitz-I, le 8 juillet 1942. Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne. Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau – Louis Goudailler est dans la moitié des membres du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « ARBEIT MACHT FREI » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « ARBEIT MACHT FREI » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Pendant un temps, il est assigné au Block 16a, avec Marcel Gauthier, Louis Girard et Louis Guidou.

À une date restant à préciser, il est admis au bâtiment des maladies contagieuses (Block 20) de l’hôpital des détenus du camp souche (Auschwitz-I).

Il meurt à Auschwitz le 27 octobre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 10-02-1994).

Notes :

[1] Choisy-le-Roi : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Sa photographie d’immatriculation à Auschwitz a été reconnue par des rescapés lors de la séance d’identification organisée à l’Amicale d’Auschwitz le 10 avril 1948 (bulletin Après Auschwitz, n°21 de mai-juin 1948). Son nom est orthographié « Gorydayr » : il s’agit certainement d’une “coquille”.

Sources :

- Choisy infos n° 77, journal municipal de la Ville de Choisy-le-Roi, avril 2005 (page 14, légende d’une photographie).
- Marinette Hocquart, 8 mai 1945, la fin du cauchemar, édité par la Ville Choisy-le-Roi, en mai 2005, p. 13.
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 387 et 406.
- Cl. Cardon-Hamet, Biographies des déportés du convoi du 6 juillet 1942 de Choisy-le-Roi, fichier informatique, décembre 2006.
- Nadia Ténine-Michel, Le camp d’Aincourt (Seine-et-Oise), 5 octobre 1940 – 15 septembre 1942, article in Les communistes français de Munich à Châteaubriant (1938-1941), sous la direction de Jean-Pierre Rioux, Antoine Prost et Jean-Pierre Azéma, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, novembre 1987.
- Archives de Paris : registres matricules du recrutement militaire, classe 1933, 3e bureau de la Seine (D4R1 2510), n° 2932.
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande”, communistes fonctionnaires internés…, Le préfet de police au préfet de la Seine, courrier et liste du 7 octobre 1940 (BA 2214, BA 2374) ; dossier individuel au cabinet du préfet (1 W 1269-65746).
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux : centre de séjour surveillé d’Aincourt, cotes 1w74 (révision trimestrielle), 1w77, 1w119 (dossier individuel).
- Louis Poulhès, Les camps d’internements de Châteaubriant, Choisel et Moisdon-la-Rivière, 1940-1945, éditions Atlande, Neuilly, septembre 1923, pages 68-70 et 213-215, liste finale, matricule n° 509.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 379 (37777/1942).
- Service d’information sur les anciens détenus (Biuro Informacji o Byłych Więźniach), Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne : registre du Block 16.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 16-03-2024)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP (Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.