JPEG - 72.9 ko
Auschwitz, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Valentin, Joseph, Garreau naît le 6 novembre 1915 à Paris 20e, chez ses parents, Paul Garreau, 46 ans, journaliers, et Hélène Marchat, 41 ans, son épouse, domiciliés 31 rue Pilin.

Pendant un temps, il habite au 10, rue des Pyramides à Paris 1er (à moins que ce soit l’adresse d’un membre de sa famille après son arrestation). Au moment de son arrestation, il est domicilié chez sa sœur au 17 ou au 28, rue de Vincennes à Bagnolet [1] (Seine / Seine-Saint-Denis).

Valentin Garreau est soudeur ou manœuvre (dans quelle entreprise ?).

Le 1er mai 1941, il est arrêté à Bagnolet pour « détention de cinq tracts communistes ». Le 4 mai, il est inculpé d’infraction au décret du 26-9-1939 (dissolution et interdiction des organisations communistes) et écroué à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e).

Le 9 mai, Valentin Garreau comparaît – seul – devant la 12e chambre du Tribunal correctionnel de la Seine qui le condamne à six mois d’emprisonnement. Il fait appel auprès du procureur de la République. Le 24 mai, il est transféré à l’établissement pénitentiaire de Fresnes [1] (Seine / Val-de-Marne).

Le 8 juillet, la 10e chambre de la Cour d’appel de Paris confirme la condamnation. Il est probablement relaxé à l’expiration de sa peine, le 19 septembre.

Le 28 avril 1942, Valentin Garreau est arrêté à son domicile, comme otage, lors d’une grande vague d’arrestations (397 personnes) organisée par les « autorités d’occupation » dans le département de la Seine et visant majoritairement des militants du Parti communiste clandestin. Les hommes arrêtés sont rapidement conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C. Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942. Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C.
Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942.
Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

Le 7 mai, une note allemande adressée à la préfecture de police ordonne : « Si les personnes suivantes sont encore en liberté, prière de les interner. Vous me désignerez le camp où elles auront été menées afin que l’on puisse prendre des décisions par la suite. » Parmi les onze hommes désignés figure Valentin Garreau, ainsi qu’André Duret, de Levallois-Perret, de Bagnolet, Roland Pannetrat, Paris 12e, et  Raymond Rivoal, d’Aubervilliers, arrêtés en même temps et qui seront déportés avec lui.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise
d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Valentin Garreau est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45572 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Valentin Garreau est probablement dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

En effet, à une date restant à préciser, il est admis au service de chirurgie (Block 21) de l’hôpital des détenus d’Auschwitz-I.

On ignore la date exacte de sa mort à Auschwitz ; certainement avant la mi-mars 1943.

Notes :

[1] Bagnolet et Fresnes : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, ces communes font partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 370 et 405.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (fichier national des déplacés de la Seconde guerre mondiale).
- Jean-Pierre Gast, Bagnolet 1939-1940, éd. Folies d’encre, août 2004, liste « À travers les mailles du filet… » (?) page 305.
- Archives de Paris, archives du tribunal correctionnel de la Seine, rôle du greffe du 28 mars au 5 juin 1941, cote D1u6-5855.
- Archives Départementales du Val-de-Marne (AD 94), Créteil ; prison de Fresnes, dossier des détenus “libérés” du 1er au 30-09-1941 (511w22).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “Occupation allemande” (BA ?) ; dossiers individuels des RG, dossier d’André Duret (77 w 1575-54890).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 24-09-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.