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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Paul, Charles, Chenel (ou Chénel) naît le 2 septembre 1921 à Varangeville (Meurthe-et-Moselle), chez ses parents, Charles Chenel, 31 ans, ouvrier de soudière, et Marie Louise Deprest, 30 ans, son épouse, domiciliés au 27, Grande Rue.

Pendant un temps, il habite chez Madame Veuve Houy (ou Marin Houry), tailleur de pierre-marbrier, domiciliée rue de la Gare, à Corbeilles-du-Gatinais, 7 km au nord-ouest de Montargis (Loiret – 45). Il est peut-être alors commis chez un marchand de bestiaux à Sceaux-du-Gatinais. Dans des documents ultérieurs, il est déclaré comme manœuvre (ouvrier) au chômage, résidant au hameau de Gué-Perreux, sur la commune de Pannes, 7 km au nord-ouest de Montargis : il a été « recueilli » par Julie (ou Pauline ?) Roy, mère de Jean Roy, caoutchoutier à l’usine Hutchinson de Châlette-sur-Loing.

Après les débuts de l’Occupation, un délégué du Parti communiste clandestin, Roger Tellier, 45 ans, venu de la capitale mais ayant une résidence à Nogent-sur-Vernisson, 17 km au sud de Montargis, s’adresse à Eugène Saint-Simon, 58 ans, retraité, ancien secrétaire de la cellule locale, afin de relancer l’activité militante dans le Loiret. Puis Georges Loirat, 34 ans, vient de Paris pour s’installer chez Eugène Saint-Simon.

En septembre 1940, Saint-Simon organise chez lui une rencontre entre des délégués parisiens et Émile Cousin, 47 ans, préparateur en pharmacie à Montargis, Jean Roy, 18 ans, dirigeant des Jeunesses communistes, René Mazoyer, 40 ans, ancien conseiller général communiste ayant précédemment déclaré rompre avec le PC, et René Allaire, 37 ans, représentant de commerce à Montargis, lequel est en désaccord. Ensuite, un rendez-vous réunit Émile Cousin et Pierre Rebière (désigné comme « Rivière ») chez René Allaire. En décembre, une petite réunion présidée par Rebière se tient chez Désiré Marcellot, 44 ans, de Montargis, ancien adhérent du groupe des cheminots. Bientôt aidé par Ernest Jolly, 51 ans, autre cheminot de Montargis, Marcellot s’emploie à reconstituer le groupe des cheminots communistes en distribuant des tracts fournis par Émile Cousin (chez qui se tient au moins une réunion). Le groupe est secondé par Albert Lebœuf, 53 ans, cultivateur au lieu-dit Le Ponti à Villemandeur, 3 km à l’ouest de Montargis, qui accepte de distribuer quelques dizaines de tracts remis par Cousin.

Fin décembre 1940, à l’instigation des délégués parisiens, André Roy organise chez lui, au Gué Perreux, une première réunion de jeunes à laquelle assistent son amie, Josette Thirioux, 16 ans, collégienne de Villemandeur, Pierre Bonnard, 21 ans, mécanicien, « communiste d’avant-guerre », Charles Cousin, 22 ans, fils d’Émile, menuisier, et Paul Chenel, son hôte, alors âgé de 19 ans.

Fin janvier, Pierre Rebière assiste à une autre réunion des JC, tenu chez Robert Marcellot (fils du précédent), à la suite de laquelle sont “recrutés” René Desnous, 16 ans, apprenti maçon, José Durocher, 16 ans, commis boucher, et André Lioret, 22 ans.

Le 5 février, au cours d’une réunion, le groupe de Montargis décide de passer à l’action le lendemain : il se divise en deux secteurs et cinq équipes afin d’apposer des “papillons” portants différents slogans. Pierre Rebière distribue des billets en partie rédigés par Charles Cousin et fabriqués par André Roy, chez lui, en utilisant une imprimerie pour enfant.

Dans la nuit du 7 février, un des colleurs de papillon est-il surpris en flagrant délit par des policiers ou des gendarmes, et désigne-t-il des camarades lors d’un interrogatoire ? Toujours est-il que les policiers français organisent un “coup de filet” entraînant d’abord neuf arrestations, auxquelles échappent les “délégués parisiens” : Gaston Auguet, Bernard Paulmier, Georges Loirat, Pierre Rebière et Roger Tellier ; trois d’entre eux étant cependant identifiés et sous le coup de mandats d’arrêt [1].

Le 9 (ou le 12 ?) février 1941, Paul Chenel est arrêté chez André Roy, à Pannes. Inculpé d’infraction au décret-loi du 26 septembre 1939 définissant comme délit toute « activité ayant directement ou indirectement pour objet de propager les mots d’ordre émanant ou relevant de la 3e Internationale Communiste ou d’organismes contrôlés en fait par cette 3e Internationale », Paul Chenel est détenu à la maison d’arrêt de Montargis pendant l’instruction de l’affaire.

Certaines déclarations recueillies lors des interrogatoires de police entraînent l’interpellation d’Henri Raymond Ferchaud (21 ans) et de son père à Orléans (45), où un autre groupe des JC clandestines était en voie de constitution.

Le matin du 12 avril, onze membres du groupe de Pithiviers, dont Paul Chenel, sont transférés en camion à Orléans sur ordre des autorités d’occupation pour être jugés par le tribunal militaire allemand de la Feldkommandantur, parmi lesquels Paul Chenel, André Lioret, André Roy et son amie Josette Thirioux. Ils sont alors très probablement écroués à la prison militaire du 14, rue Eugène-Vignat, réquisitionnée par l’occupant.

En haut à gauche, à côté de la gendarmerie, la maison d’arrêt. En bas à droite, en face de la caserne d’artillerie, la prison militaire. Ville d'Orléans. Plan général de la commune 1/2000e [en 14 feuilles], 1934, feuille n° 3 (1Fi154-5). Extrait.  © Orléans métropole, site internet, archives municipales et communautaires.

En haut à gauche, à côté de la gendarmerie, la maison d’arrêt. En bas à droite, en face de la caserne d’artillerie, la prison militaire.
Ville d’Orléans. Plan général de la commune 1/2000e [en 14 feuilles], 1934, feuille n° 3 (1Fi154-5). Extrait.
© Orléans métropole, site internet, archives municipales et communautaires.

Le 21 mai 1941, dans son rapport hebdomadaire sur le communisme en France, transmit à l’Office central de sécurité du Reich (Reichssicherheithauptamt – RSHA) à Berlin, le service (Amt)  IV A 1 de la “Gestapo” de Paris rend compte : « Les 11 communistes arrêtés le 22.4.41 dans le département du Loiret (groupe Cousin et consorts) ont été condamnés par le tribunal militaire allemand de la Feldkommandantur 549 pour diffusion de tracts, etc., à des peines de prison de plusieurs mois. » Le 30 avril, le préfet du Loiret écrit au préfet délégué du ministère de l’Intérieur près de la Délégation générale dans les territoires occupés : « En ce qui concerne les inculpés de l’affaire de Montargis que les autorités allemandes ont fait passer devant leur tribunal et ont condamnés, il est entendu qu’à la fin de leur peine, ils doivent être remis à la disposition de la justice française. »
Le 12 juin, 22 prévenus hommes et femmes comparaissent en affaire de police correctionnelle devant le tribunal de première instance de Montargis, pour l’apposition sur les murs de Montargis de papillons de propagande communiste le 7 février 1941. Paul Chenel et André Lioret, ainsi que quatre autres jeunes inculpés, sont  condamnés à 6 mois de prison avec sursis. Il semble cependant qu’ils n’aient pas été libérés, le procureur de la République interjettant appel afin d’obtenir une peine aggravée pour les militants les plus impliqués…
Le 31 juillet suivant, Paul Chenel et d’André Lioret sont parmi 27 prévenus, hommes et femmes, qui comparaissent devant la Cour d’appel d’Orléans, certains d’entre eux pour la mise en circulation de nouveaux tracts le 9 mars à l’usine de caoutchouc Hutchinson de Châlette-sur-Loing (45), malgré l’enquête déjà ouverte et les arrestation effectuées le 12 février. Le sursis de Paul Chenel – trop proche d’André Roy, condamné lui à deux ans – est alors annulé. Il est maintenu en détention, probablement à la Maison d’arrêt d’Orléans.
Le jeune homme – qui aurait pu sans doute être libéré après avoir subit cinq mois de détention – est rapidement remis aux autorités d’occupation, à la demande de celles-ci, pour être interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), où il est enregistré sous le matricule n° 1561 et assigné au bâtiment A6.
Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ; à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8. Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne,
futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ;
à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8.
Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le 31 décembre suivant, le nom de Paul Chenel est inscrit en 13e position sur une liste de 131 « jeunes » communistes déjà internés dans ce camp, classée en chronologie inversée, depuis ceux nés en 1922 (âgés de 19 ans) jusqu’à ceux nés en 1912 (29 ans) [2].
Entre fin avril et fin juin 1942, Paul Chenel est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler). Avant le départ du convoi, il peut envoyer à son père, en Lorraine, un paquet contenant une partie de ses affaires.
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
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Depuis le convoi, Henri Gaget, de Dadonville, jette un message qui parviendra à sa famille, évoquant le wagon : « (40 hommes, chevaux en long 8), ou nous sommes 45. […] Nous sommes 1200 dans ce train avec 4 jours de vivre, et d’autres en réserve en plus dans le train ». Il demande que soient prévenues les familles de quelques camarades : « Clément Roger : sa femme Paulette Clément, Dhuizon du Loir et Cher. Paul Chenel à son père Charles Chenel, 16 route de Blainville, Meurthe et Moselle. André Lioret à ses Parents, Amilly, Loiret. Nourry, à sa femme, Chalette sur Loing, Loiret. » Par la suite, ces familles formeront un réseau d’entraide et de partage d’information.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Paul Chenel est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45365.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I). Il reste à préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Paul Chenel.

Le 9 février 1943, son nom est inscrit sur un registre de l’infirmerie.

On ignore la date exacte de la mort de Paul Chenel à Auschwitz ; probablement avant la mi-mars 1943 [1]. Il a 21 ans.

Le 30 juin 1945, Henri Valentin, domicilié à Mont-sur-Meurthe (Meurthe-et-Moselle), qui se présente comme son frère, écrit à une autorité française afin de demander de ses nouvelles. « Selon les dires d’un déporté qui vient de rentrer », il sait seulement que son frère est parti pour « Auvitch (Allemagne) ». Avant le 25 septembre suivant, Henri Valentin complète – avec beaucoup de lacunes – un formulaire du ministère des prisonniers, déportés et réfugiés de « demande de recherches pour déporté ».

Un an plus tard, le 9 juillet 1946, Henri Félix Roy – sans doute frère d’André – remplit et signe un formulaire du ministère des anciens combattants et victimes de la guerre (ACVG) en vue d’obtenir la régularisation de l’état civil d’un « non-rentré ». À la rubrique permettant de mentionner les parents du disparu, il indique : « Chenel n’avait plus de famille. Il y aurait lieu de demander (illisible) l’acte de naissance. »

Le lendemain, 10 juillet 1946, Charles Chenel, père de Paul, alors domicilié au 13, route de Blainville à Dombasle-sur-Meurthe, remplit et signe de son côté un formulaire identique, complétant ainsi la rubrique relative à l’arrestation : « Mon fils a était arrêtée par la gendarmerie de Corbeilles à la sortie dun cinémas a Seaux Du gatinais en chantant linternational… », ajoutant que son fils est « partie avec 4 jours de vivres pour les camp de comsemtrassions ».

Le 6 novembre 1946, la direction de l’état civil et des recherches déportés du ministère des ACVG répond à Henri Roy que, dans le dossier ouvert au nom de Paul Chenel, figurent des renseignements contradictoires. Le chef de bureau demande à son interlocuteur de lui « communiquer toutes précisions que [celui-ci pourrait] détenir sur la date, le lieu et les circonstances de la déportation de l’intéressé ».

Le 12 novembre, c’est Charles Chenel, « petit retraiter des usines Solvay », qui prend la plume afin d’apporter de nouveaux éléments : « … mon fils a quitter la prison de Compiègne vert le 12 ou 14 juillet 42 avec 4 jours de vivres ils serait au nombre de 15 cents il partent pour la Silesie – jait parler avec des camarade déportée comme lui de Meurthe et Moselle qu’il ont aperçue a Ohsvirhs a Buhkinvals et sa sarrete las. ».

Le 3 juin 1947, le ministère établit un acte de disparition indiquant que Paul Chenel a été déporté à Auschwitz le 6 juillet 1942 et envoie ce document à Henri Roy.

Le 3 octobre 1950, le maire de Dombasle relance le ministère des ACVG, car son administré Charles Chenel a « besoin de l’acte de décès de son fils pour faire sa demande de pension d’ascendant ». Un mois plus tard, le ministère répond qu’il peut transmettre un duplicata de l’acte de disparition envoyé à Henri Roy, ajoutant que M. Chenel père à la possibilité de faire déclarer judiciairement le décès de son fils en application de la loi du 30 avril 1946 : « Il lui suffira pour cela d’adresser par simple lettre sans l’intermédiaire d’un avoué et sans frais, une requête au procureur de la République du dernier domicile du disparu. »

Le 25 janvier 1951, un jugement déclaratif de décès prononce que Paul Chenel est décédé à Auschwitz « le 6 juillet 1942 ».

Le 21 janvier 1953, à Nancy, Charles Chenel demande à un intermédiaire de compléter à sa place le formulaire du ministère des ACVG afin que soit attribué à son fils le titre de Déporté politique à titre posthume. La rubrique n° V, « renseignements relatifs au motif de l’internement ou de la déportation », indique seulement : « victime de ses opinions politiques ». Le 13 octobre suivant, le ministère décide d’attribuer à Paul Chenel le titre de Déporté politique ; la carte n° 1154.0190 est envoyée à son père.

Le 4 février 1955, la direction interdépartementale des ACVG attribue un pécule à Charles Chenel – alors domicilié au 69, rue des Quatre-Églises à Nancy – en qualité d’ascendant d’un déporté politique décédé pendant sa détention.

Le nom de Paul Chenel est inscrit sur le monument aux morts de Pannes, situé à côté de l’église.

Notes :

[1] Les “Délégués parisiens” :
Pierre Rebière naît le 20 février 1909 à Villac (Dordogne). En octobre 1936, il appartient à la délégation française qui négocie avec le ministre espagnol Diego Martínez Barrio la constitution des Brigades internationales, création officiellement approuvée par le gouvernement républicain le 22 octobre 1936. Commissaire du bataillon Commune-de-Paris de la 11e brigade, il participe aux combats de Madrid, puis est blessé en février 1937 durant la bataille du Jarama. Mobilisé en octobre 1939, démobilisé en Dordogne en juin 1940, il regagne Paris et entre en résistance. À la suite de ses missions dans le Loiret, la police française ne parvient pas clairement à l’identifier, ce qui empêchera qu’il soit jugé par défaut (« Rivière ou Rivière Pierre ou René »). Il participe à la formation de l’Organisation spéciale (OS) du Parti communiste – d’abord chargée de protéger les distributeurs de tracts -, entraînant ses premiers groupes. Fin octobre 1941, trois jours après l’exécution des otages de Châteaubriant (Loire-Inférieure / Loire-Atlantique), il abat à Bordeaux (Gironde), avec deux camarades espagnols, un officier allemand et en blesse un autre. Le 15 décembre 1941, il est arrêté par les Brigades spéciales des Renseignements généraux de la préfecture de police, torturé, puis remis aux autorités allemandes le 10 janvier 1942, à nouveau torturé, et incarcéré à la prison de la Santé (Paris, 14e arr.). Condamné à mort par le tribunal militaire allemand le 9 septembre, il est fusillé le 5 octobre suivant au stand de tir de Balard. (Source : https://maitron.fr/spip.php?article128316, notice par Claude Pennetier)
Le 12 juin 1941, le tribunal de première instance de Montargis condamne, par défaut, quatre clandestins à cinq ans de prison, 5000 francs d’amende et vingt ans de privation des droits civils et politiques pour infraction au décret-loi du 26 septembre 1939 interdisant le Parti communiste :
Gaston Auguet, né le 24 novembre 1904 à Châteauroux (Indre), cadre clandestin du Parti communiste à Paris, il effectue diverses missions dans le Loiret. Officier à l’état-major FTP, membre du service de renseignement, il jouera un rôle important dans la Résistance militaire en zone sud. (source : https://maitron.fr/spip.php?article10471, notice par Claude Pennetier)
Georges Loirat né le 17 mars 1906 à Rouans (Loire-Inférieure / Loire-Atlantique), cheminot sur le réseau Paris-Orléans, membre du conseil de la Fédération CGT des cheminots, arrêté dans des circonstances restant à préciser, il sera déporté dans le transport de 1218 hommes parti de Compiègne le 22 mars 1944, et arrivé au KL Mauthausen le 25 mars (dont 534 rentrés de déportation, soit 43,8 %), enregistré sous le matricule n° 60183, affecté au Kommando de Loibl Pass pour la construction d’un tunnel routier entre l’Autriche et la Slovénie, rescapé (source : Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Livre-Mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression…, 1940-1945, éditions Tirésias, 2004, pages 268-269, 298, I.191).
Bernard Paumier, né le 2 décembre 1909 à Selles-sur-Cher (45), domicilié à Chemery (45). Il se voit demander par Pierre Rebière, du comité central, qui lui apporte des tracts, de réorganiser le parti dans le département. De septembre à octobre 1940, Bernard Paumier parcourt le Loir-et-Cher à bicyclette pour contacter un certain nombre de communistes. Il est ensuite chargé d’assurer des contacts à Pithiviers et à Montargis. Avec Rebière, il se rend aussi dans la Nièvre pour y réorganiser le parti. Convoqué à Paris en novembre 1940, il est informé de sa nouvelle mission : le travail paysan en zone Nord. En juin 1941, son épouse le rejoint à Paris pour devenir son agent de liaison. Le 22 juin 1941, les Allemands viennent l’arrêter à Chemery dans le cadre de la vague d’arrestations accompagnant l’invasion de l’Union soviétique. Ne le trouvant pas, ils prennent à sa place son jeune frère Clotaire qui sera sélectionné comme otage dans le convoi du 6 juillet 1942. Bernard Paumier poursuivra son travail clandestin jusqu’à la Libération. (source : https://maitron.fr/spip.php?article125182, notice par Thérèse Burel, Didier Lemaire)
Roger Tellier, né le 17 janvier 1895 à Sainte-Geneviève-des-Bois (45), domicilié au 4, rue Péclet à Paris 15e, il sera arrêté par la gendarmerie le 19 janvier 1942 au lieu dit Chêne Vert, commune d’Ineuil (Cher), où il travaille depuis le début du mois comme bûcheron sur un chantier de la Standard des Pétroles. Il sera déporté dans le transport de 2004 hommes parti le 21 mai 1944 de Compiègne, et arrivé le 24 mai au KL Neuengamme (dont 788 rentrés de déportation, soit 39,4 %), enregistré sous le matricule n° 30409, rescapé (source : Mémorial de la FMD, tome 3, page 736, I.214).

[2] La liste de jeunes communistes du Front-Stalag 122 : Lors des enquêtes suivant les actions armées contre les forces d’occupation, il a été souvent constaté que celles-ci étaient réalisées par de jeunes hommes. Le 5 décembre 1941, Otto von Stülpnagel, commandant en chef des forces d’occupation en France (Militärbefehlshaber in Frankeich – MBF) adresse un télégramme à Berlin dans lequel il propose à titre de représailles l’exécution de 100 otages, une amende de 1 milliard de francs imposée aux Juifs de Paris, l’internement puis la déportation vers l’Est de l’Europe de 1000 Juifs et 500 jeunes communistes. Dans cette perspective, les différentes Feldkommandantur doivent communiquer le nombre de jeunes communistes internés dans les camps français de leur ressort – d’où il y aura des transferts – et dans le camp allemand de Compiègne.

[3] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ.
S’agissant de Paul Chenel, c’est le 15 novembre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Roger Arnould, article paru dans le journal de la FNDIRP, Le Patriote Résistant, n° 511, mai 1982.
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 365 et 399.
- Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein, Paris nov. 2000, page 516.
- La Gestapo contre le Parti communiste, rapport sur l’activité du PCF, décembre 1940-juin 1941, messidor-éditions sociales, collection problèmes-histoire, Paris, novembre 1984, p. 181.
- André Chêne, Ceux du groupe Chanzy, Librairie Nouvelle, Orléans 1964 : liste des « Membres des fédérations du Loiret du Parti Communiste Français et des Jeunesses Communistes tombés pour que vive la France », pages 143 à 145.
- Archives départementales du Loiret, Centre des archives modernes et contemporaines, cité administrative Coligny, Orléans : suspects, listes, rapports de police, correspondance, 1940-1943, chemise “suspects 1940-1941 (138 W-25854) ; Internements administratifs, listes, dossiers individuels et collectifs, correspondance, 1940-1945 (138 W-25856), affaire communiste de Montargis, février 1941.
- Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) : Liste des détenus communistes internés à Compiègne des générations 1912-1922 (IV-198).
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives (DPMA), Caen : dossier individuel (21 P 435-873).
- Site Mémorial GenWeb, 45-Pannes, relevé de Éric Louis (06-2005).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 18-04-2020)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.