Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Georges, Fernand, Brunet naît le 30 juillet 1897 à Paris 14e, chez ses parents, Émile Brunet, 32 ans, lamineur, et Jeanne Lacoste, son épouse, 28 ans, brocheuse, domiciliés au 156, rue de Vanves.

De la classe 1917, il est mobilisé au cours de la Première Guerre mondiale, deux fois blessé, gazé, titulaire de la Croix de guerre.

Georges Brunet est brocheur en imprimerie. Il est membre du Syndicat du Livre et du Papier de la région parisienne.

Le 10 juillet 1920 à Paris 14e, il se marie avec Jeanne, Marie, Conseil, née le 28 mai 1903 à Paris 14e, qui exerce le même métier. Cette même année, ils emménagent au 8, passage de la Tour de Vanves. Le couple aura deux fils : Georges, né le 11 septembre 1921, et Fernand, né le 21 octobre 1922, tous deux à Paris 14e.

Le 12 février 1934, une lettre anonyme de dénonciation arrive au commissariat du quartier de Plaisance : « Monsieur le commissaire, Je viens vous signaler un ménage de révolutionnaires à craindre pour lundi, il y a longtemps qu’ils sont à craindre pour notre Patrie, mais grâce à leur bêtise qui les font se glorifier partout ou ils passent de leurs nobles sentiments vous allez pouvoir connaitre ou se trouve un et peut-être plusieurs guêpiers qu’ils servent entre leur travail, dans les réunions Russe, dont la femme se vente de recevoir des correspondances à son non et adresses, sous cette enveloppe il en est une autre cachetée avec nom et adresse que cette femme va porter à son destinataire. Faites faire une police secrète pour connaître ces lieux. Ces gens habitent 8 ou 9 ou 15 passage de la Tour de Vanves 14e, nom incertain Brunel ou Brunet, ouvrier imprimeur. Je vous demande Monsieur le commissaire la grande discrétion de cette lettre qui leur ferait chercher disensions et querelles à leurs voisins et concierges, et vengeance. Recevez Monsieur le Commissaire mes salutations. P.S. Permettez moi d’émettre mon idée. Ce personnage se laissera certainement prendre au piège si votre agent de secrète le recherche pour entrer en conversations avec lui, et jouer le personnage révolutionnaire, l’autre en quête d’adeptes lui dira ce que ça rapporte et le mettra au courant de tout. Je crois que c’est le meillieur moyen pour connaître ces lieux et tous ces criminels si dangereux pour notre pauvre france et ces pauvres massacrés. » Si le commissaire de Plaisance transmet aussitôt ce courrier au services des étrangers de la préfecture de police « à toutes fins utiles », il semble qu’une enquête véritable ne soit menée qu’en décembre suivant. Le rapport des Renseignements généraux daté du 19 décembre indique que Georges Brunet, alors au chômage, « ne reçoit aucune visite à son domicile et son courrier ne se compose que de quelques lettres de famille et de journaux corporatifs ». Il serait alors adhérent au Parti communiste, membre du rayon du 14e arrondissement de la région Paris-Ville, assistant « régulièrement aux réunions et manifestations, faisant volontiers étalage de ses opinions révolutionnaires ».

À partir de la mi-juillet 1938 et jusqu’au moment de son arrestation, Georges Brunet est domicilié au 43, rue Voltaire à Arcueil [1] (Seine / Val-de-Marne).

À partir de 1936, il est membre des Amis de l’URSS, dont la section locale Arcueil-Jaurès sera dirigée en 1938 par Maurice Tassotte, conducteur typographe à l’imprimerie Larousse à Montrouge.

Pendant « les hostilités de 1939-1940 », Georges Brunet est mobilisé au 213e régiment régional.

Sous l’Occupation, Georges Brunet travaille comme marchand forain, faute, certainement, de pouvoir trouver de l’embauche dans son vrai métier.

Le 28 mai 1941, à 21 heures, deux inspecteurs de la première section (anticommuniste) des Renseignement généraux de la préfecture de police se rendent chez Marius et Juliette Barbieri [2], militants d’Arcueil domiciliés au 35, rue du Moulin-de-la-Roche, et y effectuent une perquisition amenant la découverte de nombreux tracts et brochures dans différentes pièces de leur logement, certains étant soigneusement dissimulés. Aussitôt arrêtés, ils sont amenés dans les locaux des RG, à la préfecture de police, sur l’île de la Cité, pour y être interrogés.

 

Paris. La préfecture de police vue depuis Notre-Dame. Carte postale des années 1900 (le bâtiment est alors la caserne de la Garde républicaine). Coll. Mémoire Vive.

Paris. La préfecture de police vue depuis Notre-Dame.
Carte postale des années 1900 (le bâtiment est alors la caserne de la Garde républicaine). Coll. Mémoire Vive.

Dans le rapport qu’il rédige le lendemain, le commissaire André Cougoule, chef du service, enregistre : « L’activité communiste ayant marqué ces derniers temps une vive recrudescence dans la commune d’Arcueil, de nombreuses enquêtes et surveillances avait permis à ces inspecteurs d’acquérir rapidement la certitude que les époux Barbieri n’y étaient pas étrangers et que, notamment, le mari, connu sous le nom de “Marius”, dirigeait l’action communiste clandestine dans cette localité en tant que responsable à la propagande pour la section d’Arcueil. Le rôle de Barbieri consistait à recruter des militants, à répartir le matériel et à collecter les fonds nécessaires à la propagande. D’autre part, sa femme […] avait pour tâche d’assister et, le cas échéant, de suppléer Barbieri en recrutant parmi les femmes. Interpellés ce jour […], les époux Barbieri n’ont fait aucune difficulté pour reconnaître qu’ils détenaient à leur domicile une quantité importante de documents clandestins destinés à la diffusion. Barbieri était à ce moment porteur de tracts, de carnets de souscriptions et de listes de noms et adresses de militants. » Le fait de désigner Barbieri par son prénom, Marius – que celui-ci devait utiliser lors de certains contacts clandestins -, semble indiquer, soit que l’un des inspecteurs est parvenu à se faire passer pour un militant afin d’obtenir des confidences, soit que les policiers ont bénéficié de l’aide d’un informateur. Interrogé, Marius Barbieri ne livre aucun nom, notamment pas ceux de ses fournisseurs de matériel de propagande. Au sujet des listes trouvées sur lui, il répond : « Les deux feuillets de papier portant au crayon différents noms et adresses constituent la reproduction de deux listes trouvées par moi dans un paquet de tracts et qui, tombés dans l’eau, étaient devenus en partie illisibles. À ce sujet, j’avais reçu la consigne de me rendre auprès de chaque intéressé, afin de le pressentir en vue de reprendre de l’activité dans l’organisation clandestine. » Par cette formulation, il ne désigne pas les personnes y figurant comme ayant une activité effective. « Quant aux autres feuillets portant à l’encre d’autres noms et adresses, je les ai trouvés ensemble dans un autre paquet de tracts, mais je n’avais reçu aucune instruction quant à l’usage que je devais en faire. » Question : « Que signifie la feuille de papier portant collé au verso un timbre représentant le portait de Paul Vaillant-Couturier et, au recto, la mention “centre” ? » Réponse : « Les inscriptions portées sur cette feuille de papier constituent la nomenclature des documents destinés au “centre”, c’est-à-dire à moi-même. » De son côté, Juliette Barbieri affirme s’être opposée à la reprise d’activité clandestine de son mari, ignorer qui pouvait lui fournir le matériel de propagande et à quel usage celui-ci était destiné, enfin elle réfute « de la façon la plus formelle » toute participation à la diffusion des mots d’ordre et du matériel relevant de la IIIe Internationale. Inculpé d’infraction au décret du 26 septembre 1939 interdisant l’activité et la propagande communiste, le couple est conduit au Dépôt de la préfecture de police (la Conciergerie, sous le Palais de Justice, sur l’île de la Cité), à la disposition du procureur de la République. Même si ces premiers militants arrêtés ont réussi à se taire, les policiers ont entre les mains des listes de noms et des adresses où perquisitionner “à la pêche” aux imprimés clandestins…
Ce même 29 mai, à 20 heures, deux inspecteurs des RG se rendent chez Georges Brunet, au 43, rue Voltaire, afin d’y effectuer une “visite domiciliaire”. Dans un placard de la cuisine, ils trouvent six tracts récents intitulés “À la porte les incapables” et deux numéros de L’Humanité clandestine, dans la table de nuit, un autre numéro de L’Humanité et deux autres tracts, un exemplaire des Cahiers du Bolchevisme du 3e trimestre 1940 dans le buffet de la salle à manger, et d’autres brochures anciennes dans l’armoire de la chambre. Georges Brunet est appréhendé et conduit à la préfecture de police. Interrogé, il déclare n’avoir reçu ces documents que pour sa lecture personnelle, sans avoir cherché à étendre leur diffusion. Il a payé son exemplaire des Cahiers du Bolchevisme. Il désigne Maurice Tassotte [3] comme étant son fournisseur depuis un an. Le lendemain, 30 mai, à 12 h 30, celui-ci est arrêté chez lui, au 8, rue de Reims. Interrogé, il met en cause à son tour Barbieri (déjà arrêté) et Félix Letellier [4], d’Arcueil, puis l’épouse de celui-ci, comme étant ses fournisseurs de propagande clandestine. Ce jour-là, le commissaire Cougoule inculpe Georges Brunet et Maurice Tassotte d’infraction au décret du 26 septembre 1939 et les fait conduire au Dépôt, à la disposition du Procureur de la République. Une notice ultérieure (30-10-1941) indiquera que Georges Brunet a également été arrêté « pour s’être livré au transport de papier destiné à l’impression de tracts » (à vérifier…). Le même jour, Félix Letellier – mis en cause par Tassotte -, demeurant au 78, avenue Jean-Jaurès à Arcueil, est appréhendé et conduit dans les locaux des RG pour interrogatoire.
Le 31 mai, Georges Brunet est écroué à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e).
La filière de diffusion de propagande est remontée vers Paris 3e…
Le même jour, lors de son interrogatoire dans les bureaux des RG, Félix Letellier met en cause Roger Durand [5], domicilié au 95, rue Aristide-Briant à Arcueil, comme étant son fournisseur de propagande. Aussitôt appréhendé, amené à la préfecture et interrogé, celui-ci met en cause à son tour Thomas Jawoszek [6], un cordonnier d’origine polonaise tenant une échoppe au 90, rue Quincampoix, dans le quartier Beaubourg, à Paris 3e. Arrêté à 21 heures aux environs de son domicile, puis interrogé, celui-ci désigne comme son fournisseur un nommé Pagès [7], mécanicien vivant dans son quartier, ou l’épouse de celui-ci [8], permettant ainsi aux policiers de les identifier et d’aller perquisitionner à leur adresse.
Dès le lendemain, dimanche 1er juin, les inspecteurs ayant précédemment appréhendé Marius Barbieri se rendent dans un immeuble du 89, rue Beaubourg. En l’absence de Maurice Pagès, ils interpellent son épouse, Juliette, qui reconnait les faits et remet « spontanément » cinq paquets de tracts, papillons et brochures subversives conservés dans un débarras situé sur le palier menant à l’étage supérieur. Elle remet également une liste de souscription en faveur des jeunes emprisonnés politiques du 3e arrondissement et la somme de 82 francs recueillis sur cette liste, trouvés dans l’appartement familial. Elle déclare alors qu’elle et ses enfants aidaient son mari dans son activité de répartition du matériel de propagande clandestin, et indique probablement où trouver celui-ci. Les inspecteurs rejoignent Maurice Pagès dans le jardin qu’il possède au 20, avenue des Roses, lotissement des Marronniers, à Gonesse (Seine-et-Oise). Interpellé sur sa participation à l’activité de propagande, Maurice Pagès reconnait les faits et remet « spontanément » quelques exemplaires de tracts imprimés ou ronéotypés et de brochures conservés dans sa baraque de jardin.
Les inspecteurs conduisent ensuite à la préfecture de police Maurice et Juliette Pagès, ainsi que leurs trois enfants : Émilienne, 20 ans, Léone, 19 ans, et Pierre, 12 ans.
Interrogé, Maurice Pagès admet son activité de propagande clandestine, mais n’en dit pas davantage : « Je me refuse énergiquement à vous faire connaître les noms des personnes qui me fournissaient ce matériel et les noms de celles à qui je le transmettais. » À quatre reprises, il réitère son refus de répondre à toute autre question. Interrogée à son tour, son épouse Juliette reconnaît avoir participé à l’activité de son mari, mais n’est pas aussi résolue. Elle désigne quatre personnes étant en relation avec son mari pour des raisons politiques, indiquant les adresses des trois premières : Gilberte Denis, “Charlot” (?), André Borras (“Bordas”) et un nommé Verges. « En cas de danger, mon mari devait porter ce matériel immédiatement chez une personne sûre, dont j’ignore le nom et qui doit être domiciliée rue des Gravilliers. Mon mari connaît le nom et l’adresse de cette personne. […] Je ne connais qu’un responsable dans l’arrondissement, pour l’avoir vu plusieurs fois à mon domicile : le nommé Darrac, dont j’ignore l’adresse. » Interrogée à son tour, la jeune Émilienne récuse toute participation, mais met en cause sa sœur Léone, ajoutant certaines précisions concernant les « relations politiques actuelles » de son père, notamment leurs adresses : la rue Sainte-Anasthase où habite Darrac, et le nom d’un débitant de boissons de la rue du Grenier Saint-Lazare, dont elle pense que son établissement sert de dépôt au matériel clandestin, le nom de Madame Mialet, dont elle ignore l’adresse. Interrogée à son tour, Léone Pagès admet avoir, à la demande de son père, porté des paquets chez Gilberte Denis, rue du Temple, et chez le nommé Charlot.L’équipe des inspecteurs est élargie afin d’identifier et d’interpeller les personnes désignées.
Marie Biron, née Mialet [9], dont le mari est prisonnier de guerre, est arrêtée par deux inspecteurs chez ses frères et sœur, cité du Petit-Thouars, après avoir habité au 81, rue des Archives. Arrivé entre temps, son frère Pierre, impliqué dans le réseau, parvient à s’échapper en abandonnant aux policiers plusieurs documents clandestins trouvés sur lui (carnet et notes). Marie Biron est escortée à son domicile d’alors, au 9 rue Barbette, qui sert de dépôt central au groupe de propagande. Elle remet alors « spontanément » environ 10 000 cartes imprimées portant l’adresse de Fernand de Brinon, ambassadeur de France, et destinées à réclamer la libération des emprisonnés politiques [10]…
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Archives de la préfecture de police de Paris.

… environ 10 000 papillons destinés à la propagande contre la collaboration et environ 5 000 tracts intitulés “Le scandale du camp d’Aincourt ou comment M. Chevalier [préfet de Seine-et-Oise] s’érige en bourreau des travailleurs”.

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Ce tract dénonce Marc Chevalier, préfet de l’ancien département
de Seine-et-Oise, où se trouvait le camp d’Aincourt.
Archives de la préfecture de police de Paris.

Le 1er juin, à 20 heures, André Borras est arrêté chez lui, au 75 rue Quincampoix. Il remet « spontanément » aux policiers divers supports de propagande (tracts, cartes postales, papillons affichettes et brochures), mais leur déclare s’être éloigné du PC à la signature du pacte germano-soviétique, avoir été approché deux mois auparavant par Marius Pagès pour reprendre de l’activité et s’y être toujours refusé, jusqu’à ce que celui-ci prenne l’initiative d’amener chez lui des paquets de tracts qu’il n’a jamais diffusé. À 23 heures, Gilberte Denis (séparée de son mari qui vit à Auxerre), née Duhaupin, est arrêtée chez sa tante où elle habite, au 71 rue du Temple, dans l’hôtel de Saint-Aignan, appartenant alors à l’OCP (?) : elle remet « spontanément » 600 tracts, 80 papillons imprimés, 82 affichettes de petit et grand format, 8 brochures. Elle admet s’être portée volontaire deux mois auparavant pour distribuer de la propagande communiste clandestine, par conviction, mais déclare ne pas connaître le couple Pagès.

Le lendemain 2 juin, le commissaire André Cougoule inculpe d’infraction au décret du 26 septembre 1939 Maurice Pagès, son épouse Juliette et sa fille Léone, Marie Biron, André Borras et Gilberte Denis, et les envoie au Dépôt à la disposition du procureur de la République. Il laisse libre la jeune Émilienne Pagès, aucune charge n’étant retenue contre elle.

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Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er.
Tribunal correctionnel, un des porches du 1er étage.
(montage photographique)

Le 11 août 1941, treize co-inculpés comparaissent devant la 14e chambre du Tribunal correctionnel de la Seine, qui condamne Georges Brunet à six mois d’emprisonnement ; il reste détenu à la Santé. Juliette Pagès est condamnée à six mois de prison avec sursis. Le lendemain, 12 août, elle appose sa signature sur un formulaire dactylographié selon lequel elle déclare « désapprouver l’action clandestine sous toutes ses formes » et prendre « librement l’engagement d’honneur » de ne « se livrer dans l’avenir, directement ou par personne interposée, à aucune activité communiste ». Bien qu’acquittée, sa fille Léone doit signer le même engagement. Elles sont relaxées le jour même par la direction des renseignements généraux. Mais le Ministère public fera appel de plusieurs condamnations prononcées par le tribunal correctionnel, qu’il estime trop légères (à préciser si tous les condamnés sont concernés…). Juliette et Léone Pagès seront appelées à comparaître le 5 novembre suivant, avec Maurice, devant la section spéciale de la cour d’Appel de Paris. Juliette Pagès [X] sera alors condamnée à cinq ans de prison, 100 francs d‘amende et au maximum de la contrainte par corps, Léone à deux ans et Maurice Pagès à dix ans de travaux forcés.

Le 22 août, Georges Brunet est transféré de la Santé à l’établissement pénitentiaire de Fresnes (Seine / Val-de-Marne), matricule n° 36.36, puis, le 28 août, à la Maison centrale de Poissy (Seine-et-Oise / Yvelines), matricule n° 1918.

Au deuxième plan, la Maison centrale de Poissy vers 1916.  Carte postale. Collection Mémoire Vive

Au deuxième plan, la Maison centrale de Poissy vers 1916.
Carte postale. Collection Mémoire Vive

Il est réintégré à la prison de Fresnes le 9 octobre, cellule n° 390. À l’expiration de sa peine, six jours plus tard, le 15 octobre, il n’est pas libéré : le préfet de police signe l’arrêté ordonnant son internement administratif. Georges Brunet est détenu au Dépôt de la préfecture en attendant son transfert.

Le 10 novembre, Georges Brunet fait partie d’un groupe de 58 militants communistes transférés au « centre de séjour surveillé » (CSS) de Rouillé (Vienne), où il est assigné à la baraque n° 11.

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue. Au fond - de l’autre côté de la voie ferrée -, le village. Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-Châteaubriant. Droits réservés.

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue.
Au fond – de l’autre côté de la voie ferrée -, le village.
Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-Châteaubriant. Droits réservés.

Le 22 mai 1942, il fait partie d’un groupe de 156 internés – dont 125 seront déportés avec lui – remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Georges Brunet y est enregistré sous le matricule 5839 et affecté à la baraque A7.

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ; à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8. Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne,
futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ;
à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8.
Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, Georges Brunet est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise
d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Georges Brunet est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45307 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20. Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire – au cours duquel Georges Brunet se déclare sans religion (Glaubenslos) -, ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – Georges Brunet est dans la moitié des membres du convoi qui est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir. Pendant un temps, il est affecté au Block 16.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ».  « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ».
« Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

À une date inconnue, il est admis au Block 28 (médecine interne) de l’ “hôpital” (Revier, HKB).

Georges Brunet meurt à Auschwitz le 18 septembre 1942, d’après les registres du camp, alors qu’a lieu une grande sélection des “inaptes au travail” à la suite de laquelle 146 des “45000” sont inscrits sur le registre des décès en deux jours (probablement gazés [11]).

Juliette Brunet a probablement reçu la carte-formulaire en allemand envoyée pour l’administration militaire du camp, car elle datera le départ de son convoi du 16 juillet 1942.

Le 15 juillet 1944, elle emménage dans un immeuble au 62, boulevard de Bercy (Paris 12e). Elle travaille toujours comme brocheuse, à l’imprimerie Voltaire, 11 cité Voltaire.

Le 16 janvier 1946, sur un papier à en-tête de la Fédération nationale des déportés et internés patriotes (FNDIRP), Madeleine Dechavassine, secrétaire générale de l’Amicale d’Auschwitz et des camps de Haute-Silésie, certifie que Georges Brunet est décédé à Auschwitz « en janvier 1943 » d’après les témoignages d’André Faudry, de Saint-Maur-des-Fossés (Seine / Val-de-Marne), et de Jean Guilbert, de Boulogne-Billancourt (Seine / Hauts-de-Seine), rescapés du convoi. Le 1er février suivant, sur un formulaire de la FNDIRP/Amicale d’Auschwitz, Faudry confirme ce témoignage. Trois jours plus tard, Jean Guilbert, signe un document identique. Le 25 avril, un officier d’état civil affecté au Ministère des Anciens combattants et victimes de guerre (ACVG) dresse un acte officiel « sur la base des éléments d’information figurant au dossier du de cujus » en fixant du décès de Georges Brunet à la mi-janvier 1943 (le 15) en se fondant sur le seul témoignage des rescapés. Le 16 mai, l’acte est transcrit sur les registres de la mairie d’Arcueil et porte la mention « Mort pour la France ».

Le 31 juillet 1950, le liquidateur national du Front national de lutte pour la libération, l’indépendance et la renaissance de la France signe une attestation délivrée à Juliette selon laquelle Georges Brunet est « entré dans la lutte clandestine fin 40, son activité s’exerça jusqu’à son arrestation le 27/5/41 qui eut lieu à la suite de dénonciation où son activité fut découverte. Cette arrestation permit la découverte d’un dépôt de tracts patriotiques. »

En août suivant , Juliette, sa veuve dépose un dossier de demande d’attribution du titre de déporté résistant auprès du ministère des ACVG. Dans sa séance du 24 mars 1951, la commission départementale des Déportés et internés politiques émet un avis défavorable, suivie par le directeur interdépartemental et la commission nationale en juillet 1953. Le ministère rejette la demande, mais donne un avis favorable au titre de déporté politique en septembre. Début décembre, Juliette Brunet reçoit la carte n° 1101.07532, mais tente un recours gracieux qui est rejeté en mars 1954.

À Arcueil, le nom de Georges Brunet est inscrit sur la stèle des déportés parmi celles dressées en « hommage aux victimes de la seconde guerre mondiale (1939-1945) », place de la République, derrière le Centre Marius Sidobre (ancienne mairie) ; ainsi que ceux de Marius Barbieri et Maurice Tassotte.

Photographies Mémoire Vive.

Photographies Mémoire Vive.

BRUNET Georges est le neuvième nom inscrit sur la stèle.

BRUNET Georges est le neuvième nom inscrit sur la stèle.

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes (FNDIRP) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Arcueil : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Marius Barbieri, né le 22 juillet 1901 à Bône (Algérie), condamné à huit mois d’emprisonnement, écroué à la Maison centrale de Poissy (Seine-et-Oise / Val-d’Oise ), interné administratif au camp de Voves le 16 avril 1942, déporté dans le convoi de 1466 hommes partis le 24 janvier 1943 de Compiègne et arrivés le lendemain au KL Sachsenhausen (matr. 58891), d’abord affecté au Kommando Heinkel, puis transféré à l’été 1943 ou en février 1944 au KL Buchenwald où il meurt à une date inconnue (source : Livre-mémorial de la FMD, tome 3, page 258, convoi I.74).

[3] Maurice Tassotte, né le 13 juillet 1884 à Fontenay-sous-Bois, déporté dans le transport de 1943 hommes parti de Compiègne le 17 janvier 1944 et arrivé au KL Buchenwald deux jours plus tard (matr. n° 39564), où il meurt le 21 mars 1944 (source : Livre-mémorial de la FMD, tome 3, page 258, convoi I.171).

[4] Félix Letellier né le 2 janvier 1900 à Caudry (Nord). entré en 1922 comme mécanicien à la société des camions Bernard, sise 113, route d’Orléans à Arcueil, où il deviendra secrétaire de la cellule communiste d’entreprise. Le 13 juin 1925 à Paris 13e, il épouse Rose, Marie, Simon, née le 29 avril 1903 à Anglards (Cantal). Ils ont trois enfants, tous nés à Paris 13e : Camille, le 25 septembre 1925, Félix, le 12 avril 1927, et Robert, le 4 mai 1930. En janvier 1936, la famille emménage dans un pavillon au 78 avenue Jean-Jaurès à Arcueil. En 1936, Félix Letellier devient président du Club Sportif Ouvrier Arcueil-Gentilly, affilié à la FSGT, qui sera dissous en février 1940 pour ne pas avoir désavoué le pacte germano-soviétique. Au début de 1935, il est licencié par son entreprise pour fait de grève. Il écrit alors au maire de Gentilly pour solliciter un emploi. Début mai, il entre comme mécanicien auxiliaire au garage de cette commune. Rose, son épouse est pendant un temps “fille de salle” dans un établissement hospitalier. Réformé définitif n° 2 à la suite d’un accident de circulation, Félix Letellier n’est pas mobilisé à la déclaration de guerre. Il perd son emploi en mai 1940 (révoqué par la Délégation spéciale remplaçant la municipalité élue de Gentilly ?). Le 10 juin, il trouve du travail à la Compagnie française des produits pétrolifères, sise au 55 avenue des champs-Élysées (Paris 8e). Le 18 novembre suivant, il se fait inscrire au fonds de chômage d’Arcueil. Dans cette période, il est actif comme secrétaire de l’Étoile sportive d’Arcueil-Cachan, club créé en 1926 et qui a échappé à la dissolution pour avoir été inactif à la fin des années 1930. Cependant, l’association est suspectée de servir de couverture à des activités politiques clandestines, et lui-même est sous surveillance : avant l’affaire pour laquelle il sera arrêté, le commissaire de police de la circonscription de Gentilly opère à son domicile plusieurs perquisitions qui restent sans résultat. Pendant un temps, Félix Letellier trouve du travail comme manœuvre aux Magasins d’habillement allemand, sis au 141 avenue du Docteur Durand à Arcueil. Après leur inculpation par le chef des RG, le 1er juin 1941, Félix est conduit au dépôt, tandis que Rose est laissée en liberté provisoire comme mère de trois enfants, devant déférer à toute convocation de justice. Le 11 août, la 14e chambre du tribunal correctionnel de la Seine relaxe Félix et Rose Letellier. Lui est ramené à la préfecture où il signe un formulaire dactylographié par lequel il s’engage à ne plus se livrer dans l’avenir à aucune activité communiste, ce qui lui évite un internement administratif. Mais, le parquet fait appel du premier jugement et, le 5 novembre 1941, la section spéciale de la cour d’appel de Paris les condamne chacun à deux ans de prison et 100 francs d’amende. Ils sont de nouveau arrêtés. Félix est détenu une journée à la Santé, puis transféré à l’établissement pénitentiaire de Fresnes jusqu’au 25 novembre. Il est ensuite écroué à la Maison centrale de Clairvaux, puis transféré le 31 août 1943 à la prison de Châlons-sur-Marne. Le 5 novembre suivant, il est déporté vers un camp allemand situé à Wurzburg, puis transféré à Aschaffenburg. Il s’évade du camp de Lhor, près de Goldbach en Bavière, mais déclare avoir été libéré par l’avance alliée le 3 ou 4 avril 1945. Il est rapatrié en France par chemin de fer le 19 avril suivant. Le nom de Félix Letellier ne figure pas dans les listes des transports répertoriés par le Livre-mémorial de la FMD. Après sa détention en prison française, Rose est remise aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci pour être déportée dans le transport de 959 femmes parti de Compiègne le 31 janvier 1944 et arrivé au KL Ravensbrück le 3 février (74 % de rescapées), où elle est enregistrée sous le matricule n° 27278, affectée au Kommando du champ d’aviation de Rechlin, puis transférée dans un Kommando de Hambourg où elle est libérée en avril 1945 (I.175, p. 163 et 188). Elle est rapatriée le 30 avril 1945. Félix Letellier retrouve son emploi de mécanicien à la ville de Gentilly où il deviendra chef du garage. Il est candidat communiste aux élections des grands électeurs du 24 novembre 1946 pour le canton de Villejuif et élu conseiller municipal d’Arcueil sur la liste du Parti communiste le 19 octobre 1947, puis réélu au scrutin du 26 avril 1953. Début 1948, il participe à la (re-)création de l’Étoile sportive ouvrière d’Arcueil, dont il devient président secrétaire. En novembre de cette année, Rose devient gérante d’un café-restaurant sis au 87, avenue Paul-Vaillant-Couturier à Gentilly.

[5] Roger, Léon, Durand, né le 3 décembre 1909 à Paris 1er, marié, un enfant, domicilié 95, avenue Aristide Briand à Arcueil après avoir habité à Paris 3e, chauffeur, ancien brigadiste, démarcheur à la commission pour le compte du garage Pascal, sis 28, av. A.-Briand. Lors de la perquisition à son domicile, le 1er juin 1941, les inspecteurs des RG aperçoivent sur le marbre de la cheminée de la chambre à coucher un pistolet automatique 6/35 mm avec chargeur garni de cinq cartouches et quatre cartouches en vrac ne s’adaptent pas au pistolet. Interrogé à la préfecture, Durand prétend l’avoir acheté un mois auparavant dans la perspective de le revendre avec bénéfice. Le chef des RG l’inculpe d’infraction à l’article III de l’ordonnance du 20 juin 1949 de l’administration militaire allemande et l‘envoie au dépôt, à la disposition de « Monsieur le chef de l’administration militaire allemande ». La suite de son destin reste à vérifier…

[6] Thomas Jawoszek, né le 21 décembre 1889 à Wolagulowaska ou Wolagloska (Pologne), naturalisé français en 1928, divorcé sans enfant, « sachant à peine lire et écrire », unijambiste, adhérent au PCF de 1936 à 1938, condamné à six mois de prison le 11 août 1941, écroué à la Maison centrale de Poissy (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), interné administrativement le 16 octobre à l’expiration de sa peine et détenu au dépôt, soigné à l’infirmerie de Fresnes du 3 au 16 novembre suivant, transféré au centre de séjour surveillé de Rouillé le 3 janvier 1942, soigné à l’Hôtel-Dieu de Poitiers à partir du 29 janvier 1942 pour une infection sur son moignon, libéré le 23 juin 1944 par un arrêté du préfet délégué de la Vienne et astreint à résider à Monts-sur-Guesnes (Vienne), où il a un travail assuré chez un cordonnier de la localité..

[7] Maurice Pagès, né le 3 décembre 1893 à Paris, emprisonné successivement à Fresnes, Poissy, Fontevrault et Blois, déporté dans le transport de 52 hommes («NN» Gestapo) parti de Paris, gare de l’Est le 13 mars 1944, et arrivé à Sarrebruck (camp de Neue Bremm) le lendemain, transféré à Mauthausen (matricule 61184), affect aux Kommandos de (WNt, Steyr), libéré le 5 mai 1945 à Mauthausen (source : Livre-mémorial de la FMD, tome 3, page 258, convoi I.188) ; rapatrié le 19 septembre suivant après avoir été soigné comme malade contagieux.

[8] Juliette Pagès est arrêtée à l’audience de la section spéciale de la cour d’Appel. Elle est successivement incarcérée dans les prisons de La Roquette, Fresnes et Rennes, puis déportée dans le transport parti de Paris, gare de l’Est, le 13 mai 1944 et arrivé cinq jours plus tard au KL Ravensbrück (matr. 39206), où elle meurt le 4 mars 1945 (source : Livre-mémorial de la FMD, t. 3, page 468, I.212).

[9] Marie Biron, née Mialet le 30 octobre 1907 à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques), et Gilberte Denis, née Duhaupin le 5 avril 1902 à Paris 19e, seront déportées dans le transport parti de Paris, gare de l’Est, le 18 avril 1944 et arrivé quatre jours plus tard au KL Ravensbrück (respectivement matr. 35106 et 35142), affectées au Kommando de Holleischen, libérées le 5 mai 1945 (source : Livre-mémorial de la FMD, t. 3, pages 435 et 439, I.204)

[10] De Brinon : ancien journaliste et “ultra” de la collaboration, Fernand de Brinon était Délégué général du gouvernement de Vichy auprès des autorités militaires allemandes d’occupation. Quand des requêtes étaient formulées par les familles des détenus auprès de l’administration française, la Délégation générale les transmettait à la Commission d’armistice (bipartite), après enquête de la police ou de la gendarmerie pour s’assurer des conditions d’arrestation et de l’honorabilité du détenu. Une lettre était ensuite adressée aux familles sous couvert de l’organisme qui en avait fait la demande : elle leur annonçait que l’intervention avait eu lieu et leur faisait part de la réponse fournie par les autorités allemandes.

Ainsi, un très grand nombre de fiches de la Délégation générale portent le nom de “45000” ; surtout après le départ du convoi, le 6 juillet 1942, et l’absence de nouvelles résultant de leur statut “NN”.

La plupart de ces fiches se trouvent dans les dossiers d’état civil des déportés conservés au BAVCC (anciennement archives du secrétariat d’État aux Anciens Combattants).

[11] Les chambres à gaz du centre de mise à mort situé à Birkenau fonctionnent principalement pour l’extermination des Juifs dans le cadre de la “Solution finale”, mais, jusqu’en mai 1943, elles servent également à éliminer des détenus, juifs ou non, considérés comme “inaptes au travail” (opération commencée en avril 1941, dans d’autres camps, sous le nom de code 14 f 13). Les détenus d’Auschwitz-I sélectionnés pour la chambre à gaz sont amenés en camions à Birkenau. Quelquefois, ils attendent la mort au Block 7 de ce camp.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 150 et 153, 387 et 397.
- Archives de Paris, site internet, archives en ligne ; registre des naissances du 14e arrondissement à la date du 1-08-1897 (V4E 9693), acte n°5169 (vue 6/31).
- Archives municipales d’Arcueil, recherches de Cécile Lizée.
- Archives de Paris, archives du tribunal correctionnel de la Seine, rôle du greffe du 31 mai au 3 septembre 1941 (D1u6-5856).
- Archives départementales du Val-de-Marne (AD 94), Créteil ; archives de la prison de Fresnes, dossier des détenus “libérés” du 1er au 15-10-1941 (511w23) ; maison de correction, registre d’écrou 152 (2742w 19), n° 110.
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), site du Pré-Saint-Gervais ; cartons “occupation allemande”, camps d’internement… (BA 2374), cartons “Parti communiste” (BA 1928), classeur inventaire BS1 ; cabinet du préfet, dossier individuel de Brunet Georges (1 W 1154-59690) ; dossiers de la première brigade spéciale des RG (GB 56), Affaire Barbieri, Affaire Brunet-Tassotte, Affaire Letellier-Durand-Jawoszek, Affaire Pagès-Miallet-Borras (n°274)
- Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; liste XLI-42, n° 40.
- Archives départementales de la Vienne ; camp de Rouillé (109W75).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 139 (31674/1942).
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) ; relevé dans les archives (01-2009).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 16-01-2018)

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