André, Georges, Maratrat, né le 15 mars 1888 à Montreuillon (Nièvre), domicilié à Niort (Deux-Sèvres), mort à Birkenau (?) le 26 août 1942.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

André, Georges, Maratrat naît le 15 mars 1888 à Montreuillon (Nièvre), fils de Jean Maratrat, 27 ans, facteur rural, et de Marie Simon, 21 ans, domiciliés à Myennes (Nièvre). Le nouveau-né est présenté à l’état civil par son grand-père maternel, Martin Simon, 47 ans, journalier, chez lequel sa mère a accouché. Les témoins sont deux instituteurs du village.

André Maratrat obtient le Brevet d’étude primaire (permettant un accès éventuel au lycée). Pendant un temps, il habite à Paris 17e et travaille comme commis des Postes, téléphone et télégraphe (PTT). C’est un homme assez grand pour l’époque : 1,77 m.

Dès 1906, il s’engage dans le mouvement syndicaliste et socialiste. Animant la grève des postiers en 1909, est révoqué à deux reprises.

Le 8 octobre 1909, il est incorporé au 8e bataillon d’artillerie comme 2e canonnier. Le 24 septembre 1911, il est envoyé dans la disponibilité, titulaire d’un certificat de bonne conduite.

En décembre 1911, il est commis des Télégraphes de la Seine à Corbeil (Seine).

Le 13 mai 1912, en la mairie de cette commune, André Maratrat se marie avec Marie Lebeau.

Le 2 août 1914, il est rappelé à l’activité par l’ordre de mobilisation générale et maintenu provisoirement à la disposition des télégraphes de la Seine. Le 6 décembre 1915, il est remis à disposition de l’autorité militaire et affecté au 8e régiment du Génie. Le 1er février 1916, il passe au détachement des sapeurs manipulants, groupe B, et part « aux armées », dans la zone du front. Il passe ensuite de groupe en groupe (C, D) jusqu’à l’armistice du 11 novembre 1918. Le 6 février 1919, il est affecté au poste central de Paris. Le 21 mars suivant, il est envoyé en congé illimité de démobilisation et se retire à Montreuillon. Selon un témoignage, « au régiment comme pendant la guerre, sa lutte contre le militarisme lui vaut de nombreuses sanctions » (?).

Démobilisé, Georges Maratrat devient secrétaire de la Section syndicale au central télégraphique de Paris, et adhère au parti communiste dès le Congrès de Tours (1920).

Le 4 août 1919, l’armée l’a classé dans l’affectation spéciale comme commis des PTT à Paris, puis, le 17 septembre 1920, dans l’affectation spéciale à Gien (Loiret).

En février 1922, il est domicilié à La Bussière, 11 km au nord-est de Gien.

Par la suite, il s’installe à Poilly-lez-Gien.

À partir de 1923, il assure le secrétariat de l’Union locale CGTU – puis CGT – de Gien. Il devient membre du Comité régional du Parti communiste en 1926. En 1928, il devient le secrétaire du sous-rayon de Gien, puis, en 1932, du rayon de Gien regroupant sept cellules. Il est le candidat du Parti communiste aux élections législatives de 1928, de 1932, et de 1936, et aux cantonales de 1937.

Le 16 janvier 1933, à Poilly, André Maratrat épouse en seconde noces Cécile Mallet.

André Maratrat devient commis principal, puis Contrôleur des Postes.

En octobre 1939, André Maratrat est mis en demeure par son administration de condamner le pacte germano-soviétique. Suite à son refus, il doit choisir entre une mise à la retraite ou une mutation. Ayant à élever seul (?) sa petite fille après le décès de sa première épouse en 1930, il opte pour cette dernière solution. Il est muté à Niort (Deux-Sèvres) en décembre 1939.

En juillet 1941, André Maratrat est arrêté comme communiste, puis libéré au bout de trois semaines. Son directeur lui conseille de demander à être nommé en zone libre.

Le 5 février 1942, il est de nouveau arrêté à Niort, par la police française, et gardé au commissariat quelques jours. D’abord interné au camp de Mérignac (Gironde – 33) durant un mois, puis au fort du Hâ à Bordeaux, pendant un mois également, il est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise – 60) en mai 1942. Très peu de temps avant son départ pour Auschwitz, son avis de mutation pour Limoges lui est adressé à Compiègne pour signature.

Entre fin avril et fin juin 1942, André Maratrat est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, André Maratrat est enregistré à Auschwitz, peut-être sous le numéro 45827 selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, André Maratrat est dans la moitié des déportés du convoi sélectionnés pour rester dans ce sous-camp, alors que les autres sont ramenés à Auschwitz-I.

Il meurt à Auschwitz-Birkenau le 26 août 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher). Il a 54 ans.La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 21-10-1994).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 84, 379 et 412.
- Témoignage de sa fille, Madame Lépicier, rencontrée par André Montagne (fév. 1985).
- Archives municipales de Niort.
- Archives départementales de la Nièvre (AD 56), site internet du Conseil départemental, archives en ligne ; registre d’état civil de Montreuillon, années 1880-1888 (2 MI EC 332), année 1888, naissances, acte n° 8 (vues 457-458 / 518) ; registres matricules du recrutement militaire, bureau de Nevers, classe 1908, fiches de 689 à 1142 (1 R 364), n° 993 (vue 489-490/753).
-  Dictionnaire biographique du Mouvement ouvrier français, sous la direction de Jean Maitron, tome 35, page 258.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 776 (25438/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 4-01-2024)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.