Henri, Jean, Varlet naît le 22 juillet 1920 à Paris 20e, fils d’Henri Varlet et de Victorine Vallée. Il est l’aîné d’une famille de cinq enfants, dont son frère cadet Alfred, né le 30 mai 1923 au Pré-Saint-Gervais (Seine / Seine-Saint-Denis).

Au moment de son arrestation, Henri Varlet est domicilié chez ses parents au 51, rue de l’Ourcq à Paris 19e.

En septembre 1934, il est embauché comme mécanicien régleur (« sur machine ») aux établissements Vuillaume, 41, rue Manin (19e).

Le 23 octobre 1940, il est arrêté à son domicile par des policiers français, avec son frère Alfred, pour propagande communiste clandestine. En même temps qu’eux, six autres militants sont arrêtés (sur dénonciation), dont les frères Marcel et Roger Mercier, domiciliés au 26, rue Alphonse-Kar, René Millet, domicilié 3 rue de l’Oise, responsable du PCF clandestin pour l’arrondissement, et Mario Ripa : tous sont inculpés d’infraction aux articles 1 et 2 du décret du 26 septembre 1939.

Le 21 décembre 1940, ils comparaissent devant la chambre des mineurs (15e) du tribunal correctionnel de la Seine, où ont été convoqués les pères Mercier et Varlet, civilement responsables. Henri Varlet est condamné à six mois d’emprisonnement. Il est relaxé à l’expiration de sa peine, le 11 mars 1941.

Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er. Tribunal correctionnel, un des porches du 1er étage. (montage photographique)

Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er.
Tribunal correctionnel, un des porches du 1er étage.
(montage photographique)

Le 28 avril 1942, lui et son frère sont de nouveau arrêtés à leur domicile, comme otages, lors d’une grande vague d’arrestations collectives (397 personnes) organisée par « les autorités d’occupation » dans le département de la Seine, visant majoritairement des militants du Parti communiste clandestin ayant été précédemment poursuivis par la police ou la justice. Les hommes arrêtés sont rapidement conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Henri Varlet y est enregistré sous le matricule n° 4121 (Alfred sous le n° 4122).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C. Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942. Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, alignés transversalement, les six grands bâtiments du quartier C.
Isolés par une clôture de barbelés, ils ont constitué le “camp juif” du 13 décembre 1941 au 6 juillet 1942.
Ensuite, ils ont servi au regroupement des détenus pour le prochain convoi en partance.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas). Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, Henri Varlet et son frère sont sélectionnés avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Henri Varlet est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46176 (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Henri Varlet est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Pendant un temps, il est assigné au Block 4.

À une date restant à préciser, il est admis à l’hôpital des détenus, dans les Blocks 20 et 28/7.

Henri Varlet meurt à Auschwitz le 18 novembre 1942, selon un relevé du registre de la morgue d’Auschwitz-I (Leichenhalle) réalisé clandestinement par le groupe polonais de résistance des détenus (n° 10, venant du Block n° 20) ; un mois après son frère Alfred.

Il est homologué comme “Déporté politique”. La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 8-07-2001).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 374 et 422.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (fichier central – liste établie à partir des registres des morts d’Auschwitz) – Témoignage de Mario Ripa, rescapé du convoi.
- Archives de Paris : archives du tribunal correctionnel de la Seine, rôle du greffe du 15 novembre 1940 au 20 janvier 1941 (D1u6-5851).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), APPo, site du Pré-Saint-Gervais : cartons “occupation allemande”, liste des internés communistes, 1939-1941 (BA 2397) ; carton de la BS 1 (GB 51), affaire F.-Ripa-Varlet-Mercier-Millet-Durand (16) ; dossiers individuels du cabinet du préfet (1w0519), dossier commun d’Henri et Alfred Varlet (15706).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 25-11-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.