Albert, René, Vallet naît le 24 janvier 1902 à Versailles (Seine-et-Oise / Yvelines) [1], fils de Joséphine Vallet, 23 ans, sans profession, domiciliée au 53, rue de l’Orangerie, et « de père non dénommé » ; il est présenté à l’officier d’état civil par la sage-femme. Sa mère le reconnaît à la mairie de Rouen le 4 mars suivant, mais, confié à l’Assistance Publique, il perd tout lien avec sa famille biologique.

Le 27 mars 1926 à Béthune (Pas-de-Calais), Albert Vallet se marie avec Cécile Hélène Nawrocka, fille d’un couple de polonais arrivés en France avant 1914, le père étant venu travailler comme mineur de charbon. Cécile parle français, mais ne sait pas l’écrire.

Albert et Cécile auront cinq enfants : d’abord Marcelle, née à le 17 mars 1927, Andrée, née le 22 février 1929, et Renée, née le 8 avril 1931, toutes les trois à Béthune ; puis Claude, né le 15 octobre 1933, et Ginette, née le 10 juin 1938, tous deux à Rouen (Seine-Inférieure / Seine-Maritime – 76) [2].

La famille Vallet. Droits réservés.

La famille Vallet. Droits réservés.

Albert Vallet est ouvrier peintre en bâtiment.

Membre du Parti communiste, il est gérant de L’Avenir Normand (ou du Prolétaire Normand ?).

À un moment restant à déterminer (juin 1934 ?), Albert Vallet participe à une action revendicative au sein de l’usine Bozel-Malétra de Petit-Quevilly (76), fabrique de produits chimiques et d’engrais, afin d’obtenir notamment que les ouvrières soient équipées de bottes en caoutchouc.

Après l’interdiction du Parti communiste, Albert Vallet est condamné à un mois de prison ferme pour un article du camarade Canton, publié dans son journal après la grève du 30 novembre 1938 et qui « prenait la défense des ouvriers chassés par le directeur d’une succursale du trust anglo-américain des pétroles ». C’est probablement alors qu’il attrape le croup (et/ou la gale) qu’il transmet à son retour à Ginette, sa nouvelle née. Celle-ci en décèdera le 28 mai 1940 à l’hôpital de la rue de Germont (actuel hôpital Charles Nicolle).

Fumant beaucoup, Albert Vallet a des problèmes de santé (estomac).

Au moment de son arrestation, Albert Vallet est domicilié au hameau des Vatis sur la commune de Saint-Jean-du-Cardonnay, 10 km au nord-ouest de Rouen, dans une petite maison individuelle avec jardin.

Dans la clandestinité – après l’interdiction du Parti communiste, puis sous l’Occupation -, Albert Vallet descend parfois au Houlme (76) avec son jeune fils Claude en passant à travers la forêt de Saint-Jean, par le chemin de l’Étrille : « Il distribuait des tracts discrètement dans les boîtes à lettres, puis il me déposait chez le coiffeur et partait vaquer à ses occupations. Ma mère n’était pas au courant de ce qu’il faisait, il ne lui disait rien. Ma sœur Marcelle [14 ans en 1941], qui était politisée, en savait plus que notre mère : elle savait qu’il participait à la Résistance. Je crois qu’il était copain avec Lecour, le marchand de vélos du Houlme » (probablement Marcel Lecour, secrétaire de la section de Maromme du PCF). Albert Vallet serait également en contact avec Raymond Duflo, secrétaire du syndicat CGT du gaz de Déville-lès-Rouen (qui sera fusillé au Madrillet le 31 janvier 1942).

Selon une attestation ultérieure de Germaine Pican, Albert Vallet a « été désigné pour assurer la liaison avec le groupe du Havre, auquel il [transmet] des renseignements et le matériel de propagande qui lui [sont] confiés par (…) André Pican, dirigeant départemental de l’action clandestine en Seine-Inférieure (…). Avec l’aide de Madame Cance, institutrice à Saint-Jean-de-Chardonnay, Albert Vallet [a] fait de son domicile un point de relais pour le passage des résistants et le dépôt du matériel à diffuser. »
Le 4 août 1941, répondant à une note du préfet de Seine-Inférieure datée du 22 juillet, le commissaire principal de police spéciale de Rouen transmet à celui-ci une liste nominative de 159 militants et militantes communistes de son secteur dont il préconise de prononcer l’internement administratif dans un camp de séjour surveillé, tous anciens dirigeants ou militants convaincus ayant fait une propagande active et soupçonnés de poursuivre leur activité clandestinement et « par tous les moyens ». Parmi eux, Albert Vallet…
Dans la nuit du 20 au 21 octobre 1941, celui-ci est arrêté à son domicile par deux gendarmes de la brigade du Houlme accompagnés de Feldgendarmes dans le cadre d’une vague d’arrestations ordonnée et supervisée par les autorités allemandes, puis conduit de Rouen, soit à la caserne Hatry soit à la prison Bonne Nouvelle, toutes deux réquisitionnées par les forces d’occupation [3].
Fin octobre, il est intégré à un groupe de détenus internés au camp allemand de Royallieu à Compiègne [4] (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), où il est assigné au bâtiment A2, chambre 8.
Le camp militaire de Royallieu en 1956. Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ». En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments
du secteur A : « le camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Cécile Vallet ne trouve pas la possibilité d’aller visiter son mari à Compiègne, ne connaissant personne susceptible de la guider et ne sachant à qui confier leurs enfants.
Elle a alors un emploi à la Compagnie française des Métaux (« Le Plomb ») de Déville-lès-Rouen, conduisant un pont roulant en « faisant les quarts ». De retour chez elle, elle lave le linge de particuliers (faisant « des baquets »). Elle est à la tâche jour et nuit, entretenant le potager de son mari, soignant leurs animaux de basse-cour : lapins, volailles. Elle va travailler à Déville en vélo, ou à pied l’hiver, en entourant ses chaussures de lanières pour ne pas glisser. Un jour, elle est victime d’une fracture du crâne en descendant la côte de la Valette ; pendant son hospitalisation, des voisins de Saint-Jean-du-Cardonnay accueillent les quatre enfants à leur domicile.
Ceux-ci aident leur mère de leur mieux, allant effectuer des travaux à leur portée dans les fermes voisines. Claude Vallet (dix ans en octobre 1943) se souvient en particulier d’avoir travaillé à la récolte des betteraves et à celle du lin dans la grosse ferme Cabot de Saint-Jean-du-Cardonnay en échange d’« une pièce ».
En juin 1942, la direction du groupe de résistance du camp de Compiègne-Royallieu intègre Albert Vallet à l’équipe chargée du creusement du tunnel d’évasion, mais celui-ci ne fait pas partie du groupe des évadés [5].Le 17 juin, il adresse une dernière lettre à son épouse.
Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande, en application d’un ordre de Hitler.
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.
TransportAquarelle
Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.
Le 8 juillet 1942, Albert Vallet est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46168, selon les listes reconstituée (la photo du détenu portant ce matricule n’a pas été retrouvée).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Albert Vallet.

Il meurt à Auschwitz le 18 septembre 1942, alors qu’a lieu une grande sélection des “inaptes au travail” à l’intérieur du camp au cours de laquelle 146 des “45000” sont inscrits sur le registre des décès (Sterbebücher) en deux jours, probablement tués d’une piqûre intracardiaque de phénol ou gazés [6].

Le 10 janvier 1946, Robert Gaillard, de Petit-Quevilly (76), rescapé du convoi, rédige et signe sur papier libre une attestation certifiant qu’Albert Vallet « est décédé au camp d’Auschwitz vers le mois de novembre 1942 », sans autre précision. Le 15 novembre suivant, Louis Eudier, du Havre (76), autre rescapé du convoi, rédige et signe une attestation certifiant qu’Albert Vallet « est décédé au camp d’Auschwitz au mois de novembre 1942 ».

Le 6 novembre 1946, Cécile Vallet remplit un formulaire du ministère des anciens combattants et victimes de guerre (ACVG) pour demander l’inscription de la mention “Mort pour la France” sur l’acte de décès d’un déporté politique. Elle-même complète la rubrique “motif et circonstances de l’arrestation” par « otage », et répond aux questions “appartenait-il à un réseau ?” par « parti communiste », et “lequel ?” par « PCF ». La direction départementale de Seine-inférieure des ACVG rend un avis favorable le 24 janvier 1947.

Le 16 décembre 1946, Cécile Vallet complète et signe un formulaire du ministère des anciens combattants et victimes de la guerre (ACVG) pour demander la régularisation de l’état civil d’un “non-rentré”.

Le 18 mars 1947, l’officier de l’état civil alors en fonction au ministère des ACVG dresse l’acte de décès officiel d’Albert Vallet « sur la base des éléments d’information figurant au dossier du de cujus, qui nous a été présenté ce même jour » (les témoignages de Gaillard et Eudier) et en fixant la date « en novembre 1942 ». Le 31 mars, l’acte de décès est transcrit sur les registres d”état civil de Saint-Jean-du-Cardonnay. Le 16 avril, la mention du décès est inscrite en marge de l’acte de naissance sur les registres d”état civil de Versailles.

Le 26 février 1948, Cécile Vallet complète un formulaire du ministère de la Défense nationale pour demander l’homologation de son mari dans la Résistance intérieure française (RIF) pour son appartenance au mouvement Front National [7] où il a exercé la fonction de « diffuseur de tracts ».

Le 29 décembre 1950, Cécile Vallet – en qualité de veuve – complète et signe un formulaire du ministère des Anciens combattants et Victimes de guerre (ACVG) pour demander l’attribution du titre de Déporté Résistant à son mari à titre posthume. À la rubrique V, “Renseignements relatifs à l’arrestation et l’exécution, l’internement ou la déportation”, elle inscrit « otage, suite affaire Barentin ». Elle joint à sa demande l’attestation rédigée et signée par Lucien Ducastel, de Petit-Quevilly, rescapé du convoi, qui certifie qu’Albert Vallet « malgré les privations et les tortures, (…) est resté un grand patriote, qu’il a bien mérité de la Patrie, [et qu’il] est mort pour la France », ainsi que le témoignage de Germaine Pican, de Maromme, rédigé cette occasion (cité plus haut).

Le 7 novembre 1951, un inspecteur de sûreté nationale des Renseignements généraux de Rouen transmet au directeur départemental des services de police un rapport réfutant l’activité clandestine d’Albert Vallet, « militant communiste notoirement connu » : « Son épouse (…) est incapable de citer un acte de résistance quelconque de la part de son mari. Les autorités locales de Saint-Jean-du-Cardonnay, qui ont parfaitement connu Vallet, ignorent également si ce dernier à pu faire un jour le moindre geste en faveur de la Résistance, sui, au moment de l’arrestation de Vallet, n’était pas encore rationnellement organisée. Vallet Albert fut donc arrêté uniquement pour ses opinions politiques, et non pour avoir appartenu à un groupement de résistants. D’autre part, il y a lieu de noter que l’arrestation de Vallet Albert a été opérée en même temps que celles des militants communistes qui a été faite par les allemands (sic !) dans la région rouennaise au cours de la nuit du 20 au 21 octobre 1944 (re-sic !). » Le 26 mars 1952, la commission nationale d’homologation de la Résistance intérieure française rend un avis défavorable, et, cinq jours plus tard, le secrétaire d’État à la guerre écrit à Madame Veuve Vallet pour l’informer que son mari n’a pas été homologué comme membre de la RIF.

Le 25 mai 1952, deux gendarmes du Houlme conduisent une enquête au cours de laquelle ils relèvent : « Monsieur Vallet n’habitait la commune que depuis peu de temps avant son arrestation. Il était peu connu et ne fréquentait que peu de personne dans la commune. » ; ce qui contredit l’affirmation de l’inspecteur des RG, huit mois plus tôt, même si le maire de Saint-Jean déclare (une nouvelle fois) : « Je ne l’ai jamais connu comme faisant partie d’un groupement de résistance. »

Le 15 janvier 1953, la commission départementale de Seine-Inférieure des internés et déportés de la résistance (DIR), estimant la “matérialité des actes de résistance invoqués” « insuffisamment établie » émet un avis défavorable à la demande du titre de déporté résistant. Le 8 janvier 1954, la commission nationale DIR reprend cet avis, suivie par le ministère qui prononce le rejet. De manière alors automatique, le dossier est soumis à l’avis de la Commission départementale de contrôle des déportés politiques qui rend un avis favorable le 19 janvier suivant. Le lendemain, le ministère établi l’acte portant la décision de refus du titre de DR (« Il résulte du dossier que l’intéressé ne remplit pas les conditions exigées par les dispositions combinées des articles R.286 & R.287 du Code des pensions »). Le 9 février, l’administration envoie la carte de déporté politique n° 1103.09130 à Cécile Vallet. Le 5 juillet 1955, la délégation interdépartementale lui verse le pécule dû aux ayants-cause.

Cécile Vallet décède le 17 juin 1986.La mention “Mort en déportation” est apposée sur  l’acte de décès d’Albert Vallée (J.O. du 23-06-2001).

En 2015, le conseil municipal de Saint-Jean-du-Cardonnay décide de donner le nom d’Albert Vallet à une résidence (lotissement pavillonnaire) nouvellement créé. Le samedi 5 septembre de la même année, la plaque est solennellement découverte par l’historien Alain Alexandre (voir sources) en présence de Claude Vallet et de sa famille, ainsi que du maire, Jacques Niel, et des conseillers départementaux Alice Largillet et Guillaume Coutey. À la suite du maire et d’Alain Alexandre, interviennent Jimmy Staelen, neveu de Léopold Duparc, et Pierre Jouvin, fils de Louis Jouvin, représentants Mémoire Vive.

© Catherine Voranger, petite-fille de Pierre Jouvin.

© Catherine Voranger, petite-fille de Pierre Jouvin.

Notes :

[1] Versailles : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine-et-Oise (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Seine-Maritime : département dénommé “Seine-Inférieure” jusqu’en janvier 1955.

[3] Le “brûlot de Rouen” et la rafle d’octobre 1941 : L’arrestation massive de plusieurs dizaines (*) de militants politiques et syndicaux – ou soupçonnés tels – a suivi de peu le déraillement d’un train de matériel militaire allemand sur la ligne Rouen-Le Havre, dans le tunnel de Pavilly, à 1500 m de la gare de Malaunay, le 19 octobre 1941 ; ce sabotage étant l’un des objectifs visés par le “brûlot” de Rouen (groupe mobile de la résistance communiste). Néanmoins, les fiches d’otages des “45000” appréhendés dans cette période mentionnent que ces arrestations mettaient en application un ordre du Commandant de la région militaire “A”, daté du 14 octobre 1941. Ainsi, entre le 17 et le 25 octobre, il y eut le même type de rafles de “communistes” dans sept autres départements de la zone occupée. Il est probable que ces arrestations aient été ordonnées pour assurer la saisie de communistes destinés à être placés sur les listes d’otages de cette région militaire. En effet, tous les hommes appréhendés furent remis aux allemands qui les transférèrent à Compiègne entre le 19 et le 30 octobre 1941. 44 des otages arrêtés ces jours-là dans le secteur de Rouen furent déportés dans le convoi du 6 juillet 1942. Beaucoup furent fusillés au titre de représailles dans les semaines qui suivirent.

(*) 150 selon “30 ans de luttes“, brochure éditée en 1964 par la fédération du Parti Communiste de Seine-Maritime.

[4] Le camp de Royallieu, sous contrôle militaire allemand, a d’abord été un camp de prisonniers de guerre (Frontstalag 122), puis, après l’invasion de l’URSS, un « camp de concentration permanent pour éléments ennemis actifs ». À partir de septembre 1941, on y prélève – comme dans les autres camps et prisons de zone occupée – des otages à fusiller. À partir du 12 décembre 1941, un secteur du sous-camp “C” est réservé aux Juifs destinés à être déportés à titre de représailles. Le camp des Juifs est supprimé le 6 juillet 1942, après le départ de la plupart de ses internés dans le convoi transportant les otages communistes vers Auschwitz. Les derniers détenus juifs sont transférés au camp de Drancy (Seine / Seine-Saint-Denis ).

[5] Ce tunnel a permis l’évasion de 19 militants syndicalistes (dont Georges Cogniot et André Tollet) dans la nuit du 21 au 22 juin 1942, peu avant la déportation des mille otages, le 6 juillet.

[6] Les chambres à gaz du centre de mise à mort situé à Birkenau fonctionnent principalement pour l’extermination des Juifs dans le cadre de la “Solution finale”, mais, jusqu’en mai 1943, elles servent également à éliminer des détenus, juifs ou non, considérés comme “inaptes au travail” (opération commencée en avril 1941, dans d’autres camps, sous le nom de code 14 f 13). Les détenus d’Auschwitz-I sélectionnés pour la chambre à gaz sont amenés en camions à Birkenau. Quelquefois, ils attendent la mort au Block 7 de ce camp.

[7] Front national de lutte pour la liberté et l’indépendance de la France : mouvement de Résistance constitué en mai 1941 à l’initiative du PCF clandestin (sans aucun lien avec l’organisation politique créée en 1972, dite “FN”, jusqu’à son changement d’appellation le 1er juin 2018).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 73, 101, 150 et 153, 377 et 422.
- Claude Vallet, fils d’Albert, témoignage recueilli par Catherine Voranger (petite-fille de Louis Jouvin), le 9 septembre 2015.
- Alain Alexandre et Stéphane Cauchois, Résistance(s), Rouen, sa région, la vallée du Cailly entre histoire et mémoire, 1940-1944, éditions L’écho des vagues, avril 2015, pages 23 et de 26 à 29.
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives (DPMA), Caen : dossier individuel (21 P 546 213), recherches de Ginette Petiot (09-2015).
- Archives départementales des Yvelines, site internet, archives en ligne : registre des naissances de Versailles pour l’année 1902 (2MIEC338), acte n° 68 (vue 14/198).
- Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen, site de l’Hôtel du Département : cabinet du préfet 1940-1946 (cote à vérifier, 51w…), recherches conduites avec Catherine Voranger.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1272 (31378/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 8-05-2021)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.