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Roland, Gaston ou Jean (?), Vacher naît le 21 août 1912 à Aumale (Seine-Inférieure / Seine-Maritime), chez ses parents, André Louis Vacher, 28 ans,  magasinier, et Louise Lefevre, 25 ans, son épouse, domiciliés rue des Tanneurs.

Pendant la Première Guerre mondiale, la famille habite au 17, boulevard Pasteur à La Courneuve (Seine / Seine-Saint-Denis – 93). Son frère Gérard naît chez leurs parents le 21 septembre 1915. Leur frère Camille naît en 1919.

En 1924, la famille est installée dans un pavillon de Dugny [1] (93). En 1926, elle est enregistrée dans le pavillon n° 24 de la Cité Jardin, de l’Office public d’HBM de la Seine, attenante à l’ancien bourg de Dugny (secteur d’habitation détruit en 1944).

La cité Jardin de Dugny vers 1933. Carte postale, collection Mémoire Vive.

La cité Jardin de Dugny vers 1933. Carte postale, collection Mémoire Vive.

Son frère Serge naît le 10 juillet 1926 à Paris 18e.

En 1931 et jusqu’au moment de l’arrestation de Roland, le pavillon familial des Vacher s’est vu donner pour adresse le 45, allée des Marronniers.

En 1931, Roland Vacher est livreur chez Lévy-Finger, fabriquants de couleurs et de vernis, rue Galande à Dugny. Son père est employé d’industrie chez L. T. Biver, 151 avenue Jean-Jaurès à Aubervilliers. Roland est absent du domicile familial lors du recensement de 1936 (document arrêté au 21 avril).

Célibataire, il reste vivre chez ses parents.

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La police française le considère comme un « agitateur communiste » et indique qu’il figure sur la «  liste des indésirables de Dugny signalés en 1940 ».

Le 28 avril 1942, Roland Vacher est arrêté à son domicile, comme otage, lors d’une grande vague d’arrestations (397 personnes) organisée par « les autorités d’occupation » dans le département de la Seine, visant majoritairement des militants du Parti communiste clandestin. Les hommes arrêtés sont rapidement conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 - Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”, désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”. À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, Roland Vacher est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandises d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandises
d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Roland Vacher est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46164, selon les listes reconstituées (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; Roland Vacher se déclare magasinier (Magazinverwalter). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau -, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I). Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Roland Vacher.

Il meurt à Auschwitz le 20 août 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher), qui indique « insuffisance cardiaque » (Herzmuskelschwäche) pour cause mensongère de sa mort.

(Roland Vacher est le seul “45000” de Dugny)

Notes :

[1] Dugny : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968). Lors de la Seconde Guerre mondiale, pas moins de quinze bombardements aériens visant l’aéroport du Bourget, établi sur la commune de Dugny, rasent l’agglomération à plus de 90 %. https://patrimoine.seinesaintdenis.fr/Ensemble-de-logements-HBM-Cite-jardin-de-Dugny

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 385 et 422.
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles (SMAC), le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande”  (BA ?).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1271.
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives (DPMA), Caen : copies de pages du Sterbebücher provenant du Musée d’Auschwitz et transmises au ministère des ACVG par le Service international de recherches à Arolsen à partir du 14 février 1967, carton de S à Z (26 p 843), acte n° 23170/1942.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 26-05-2020)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.