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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Lucien, Raymond, Schaefer naît le 12 mars 1913 à Paris 6e, fils de François Schaefer et de Clémence Escaf, son épouse (plus tard, ceux-ci habiteront Saint-Souplet, dans le Nord ou dans la Marne ?). La famille serait de religion protestante.

À une date restant à préciser, Lucien Schaefer se marie avec Émilienne Kuchta, dite Mila (?). Celle-ci travaille comme femme de ménage pendant un certain temps. Ils ont deux enfants : André, né en 1936, et Alain, né en 1940.

Au moment de son arrestation, la famille est domiciliée au 46, rue Bénard, à Paris 14e.

Lucien Schaefer est imprimeur.

Le 17 janvier 1942, il est arrêté à Paris – probablement par la police française – pour un motif restant à préciser.

Le 5 mai 1942, il fait partie des quatorze internés administratifs de la police judiciaire (dont au moins onze futurs “45000”) qui sont conduits avec trente-sept communistes à la gare du Nord, « à la disposition des autorités allemandes et dirigés sur Compiègne par le train de 5h50 » pour être internés au camp de Royallieu (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, Lucien Schaefer est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler). Lucien Schaefer fait probablement partie des quelques hommes du convoi déportés comme “associaux”.

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Lucien Schaefer est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 46114, selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule n’a pas été retrouvée). Interrogé sur sa profession, il se déclare comme ouvrier agricole (« Landarbeiter »).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau -, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I). Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Lucien Schaefer.

Il meurt à Auschwitz le 30 septembre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher), qui indique pour cause probablement mensongère de sa mort une “double pneumonie” (« Beiderseitige Lungenentzündung ».

Il est homologué comme déporté de droit commun.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 372 et 420.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (fichier central).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande”, internés aux camps de Vaujours… – Tourelles (BA 1837).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1071.
- Acte de décès au KL (33717/1942), Bureau d’information sur les anciens prisonniers, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau.
- Loanna, arrière-petite-fille de Lucien Schaefer (message 18-02-2011).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 26-03-2011)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.