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Mario, Luigi, Raphaele, Ripa naît le 26 janvier 1916 à Pontecorvo (Italie), dans une famille de huit enfants. Le 30 mars 1927, il acquiert la nationalité française par la naturalisation de ses parents sur décret.

Le 1er juin 1929, la famille emménage au 51, rue de l’Ourcq à Paris 19e (département de la Seine).

Le 19 juin 1931, Mario Ripa, âgé de 15 ans, est embauché comme imprimeur à la société Impression des documents multiples (I.D.M.) au 73, rue de l’Ourcq. Il y travaillera jusqu’à son arrestation, avec des interruptions dues au manque d’ouvrage.

Il est célibataire.

En 1938, il adhère au Parti communiste. La police le connaît comme étant militant. Il est chargé du contact avec les Jeunesses communistes et de la propagande en direction des personnes âgées dans le 19e arrondissement. Il est membre de CGT.

Sportif, il est inscrit à la FSGT (Fédération sportive et gymnique du Travail).

Mobilisé ou engagé après la déclaration de guerre, il est blessé au genou en 1940 et hospitalisé à Bordeaux. Apprenant l’envoi des prisonniers en Allemagne, il s’enfuit de l’hôpital et rejoint Paris. Une lettre ultérieure de sa mère indique des soins à l’hôpital du Val-de-Grâce (à vérifier…).

Quand le PCF est interdit et sous l’occupation, Mario Ripa reste actif au sein du parti clandestin (et de la CGT) : responsable de la propagande pour le quartier de la Villette et participant à la récupération d’armes. La police française le considère d’ailleurs comme un « meneur très actif ».

Lui et son groupe sont dénoncés par leur chef, Maurice F., né le 2 septembre 1922, échantillonneur.

Le 23 octobre 1940, à 7 h du matin, Mario Ripa est arrêté à son domicile par des policiers français, en présence de sa famille. En même temps que lui, sont arrêtés pour propagande communiste les frères Mercier, domiciliés au 26, rue Alphonse-Kar, et René Millet, domicilié 3 rue de l’Oise, responsable du PCF clandestin pour l’arrondissement, et les frères Alfred et Henri Varlet.

Mario Ripa est conduit au dépôt de la préfecture de police. Inculpé d’ « infraction au décret du 26 septembre 1939 », il est écroué le jour même à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e).

Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er. Tribunal correctionnel, un des porches du 1er étage. (montage photographique)

Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er.
Tribunal correctionnel, un des porches du 1er étage.
(montage photographique)

Après son arrestation, sa domiciliation change pour le 41, rue L(?) à Courbevoie (Hauts-de-Seine – 92) ; à vérifier…

Le 21 décembre 1940, tous les inculpés comparaissent devant la chambre des mineurs (15e) du tribunal correctionnel de la Seine, où ont été convoqués les pères Mercier et Varlet, civilement responsables. Mario Ripa est condamné à six mois d’emprisonnement avec sursis. Mais il n’est pas libéré : le 22 décembre, le préfet de police de Paris signe l’arrêté ordonnant son internement administratif en application du décret du 18 novembre 1939. Mario Ripa est renvoyé au dépôt.

Le 26 décembre, il est conduit au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Val-d’Oise – 95), créé en octobre 1940 dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt.

Mario Ripa a fait appel de sa condamnation : son dossier repasse au Palais de Justice le 8 janvier 1941. Il serait condamné à huit mois d’emprisonnement le 23 avril suivant (à vérifier…).

Le 6 septembre 1941, il fait partie des 150 détenus d’Aincourt (dont 106 de la Seine) transférés au camp français (CSS) de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne – 86), pour l’ouverture de celui-ci.Le 27 octobre 1941, Mario Ripa est conduit à la Maison d’arrêt de Loudun ou à Poitiers (motif ? suites : est-il ramené à Rouillé ?).
À une date et dans des conditions à préciser, il est remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduit au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise – 60), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).Entre fin avril et fin juin 1942, Mario Ripa est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).
Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Les deux wagons à bestiaux
du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise
d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures, puis repart à la nuit tombée : Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Mario Ripa est enregistré à Auschwitz sous le numéro 46060 (ce matricule sera tatoué sur son avant-bras gauche quelques mois plus tard).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied à Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20. Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire, au cours duquel ils déclarent leur profession, ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – Mario Ripa est dans la moitié des membres du convoi qui est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ».
« Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »
Carte postale. Collection mémoire Vive.

Là, Mario Ripa est affecté au Kommando de la menuiserie, puis au déchargement des trains.

En juillet 1943, les détenus politiques français d’Auschwitz (essentiellement les quelques 135 à 140 survivants des “45000”), reçoivent l’autorisation d’écrire (en allemand et sous la censure) à leurs familles et d’annoncer qu’ils peuvent recevoir des colis. Mario Ripa n’écrit pas (cette autorisation ne lui est-elle pas parvenue ?).

À la mi-août 1943, il est parmi les “politiques” français rassemblés (entre 120 et 140) et mis en “quarantaine” au premier étage du Block 11, la prison du camp, pour une “quarantaine”.

Auschwitz-I. Le premier étage du Block 11, avec ses fenêtres partiellement obstruées. Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

Exemptés de travail et d’appel extérieur, les “45000” sont témoins des exécutions massives de résistants, d’otages polonais et tchèques et de détenus du camp au fond de la cour fermée séparant les Blocks 10 et 11.

Le 12 décembre 1943, à la suite de la visite d’inspection du nouveau commandant du camp, le SS-Obersturmbannführer Arthur Liebehenschel – qui découvre leur présence -, et après quatre mois de ce régime qui leur a permis de retrouver quelques forces, ils sont renvoyés dans leurs Blocks et Kommandos d’origine.

Au début de 1944, Mario Ripa est affecté à la boulangerie du camp. Là, il “organise” du pain pour assurer la solidarité dans le cadre du groupe français de résistance auquel il appartient.

Le 3 août 1944, il est parmi les trois-quarts des “45000” présents à Auschwitz qui sont de nouveau placés en “quarantaine” en préalable à un transfert.

Le 28 août 1944, il est dans le petit groupe de trente-et-un détenus dont vingt-neuf “45000” transférés – avec d’autres détenus – au KL [1] Flossenburg (Haut-Palatinat bavarois, proche de la frontière tchèque) et enregistrés dans ce camp le 31 août (matricule 19 884).

Le 12 septembre, Mario Ripa est transféré à Dresden (Dresde) avec Albert Morel.

Le 4 mai 1945, il est libéré par l’Armée Rouge.

Le 28 mai, il rentre à Paris en train (dans un wagon à bestiaux), via Nancy. Il passe par l’hôtel Lutétia.

L’hôtel Lutetia, à Paris 6e. Siège de l’Abwehr (service de renseignements de l’état-major allemand) sous l’occupation. Centre d’accueil des déportés au printemps-été 1945. Carte postale, années 1940-1950. Collection Mémoire Vive.

L’hôtel Lutetia, à Paris 6e. Siège de l’Abwehr (service de renseignements de l’état-major allemand) sous l’occupation.
Centre d’accueil des déportés au printemps-été 1945.
Carte postale, années 1940-1950. Collection Mémoire Vive.

Rentré de déportation avec la colonne vertébrale fragilisée, il doit se reclasser comme électricien.

À une date restant à préciser, il s’installe à Cagnes-sur-Mer (alpes-Maritimes).

Il est homologué comme Déporté Résistant (24-10-2003).

Par décret du 14 avril 2005, il reçoit la médaille militaire (croix de guerre 1939-1940) avec palme.

Par décret du 21 avril 2006, il est fait chevalier de la légion d’honneur.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 211, 214, 274, 374 et 419 (questionnaire, 19-06-1992).
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Questionnaire rempli par Mario Ripa – Direction des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, Caen.
- Archives de Paris, archives du tribunal correctionnel de la Seine, rôle du greffe du 15 novembre 1940 au 20 janvier 1941, cote D1u6-5851.
- Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; liste XLI-42, n° 159.
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), site du Pré-Saint-Gervais ; cartons “Occupation allemande”, liste des internés communistes, 1939-1941 (BA 2397) ; dossiers individuels du cabinet du préfet (1w0556), n° 14767.
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux, centre de séjour surveillé d’Aincourt ; cote 1W76.
- 1940-1945, La Résistance dans le 19e arrondissement de Paris, ANACR, éditions Le temps des cerises, Pantin septembre 2005, pages 102 et 103 (témoignage de Camille Bouvinet).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 17-12-2015)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] KL  : abréviation de Konzentrationslager (camp de concentration). Certains historiens utilisent l’abréviation “KZ”.