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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942. 
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 
Oświęcim, Pologne. 
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Louis, Auguste, Joseph, Richard naît le 12 décembre 1900 à Cherbourg (Manche – 50), chez ses parents, Louis Richard, 25 ans, charpentier, et Joséphine Hamel, son épouse, 25 ans, domiciliés au 61, rue des Carrières.

Le 12 avril 1926 à Brest (Finistère – 29), Louis Richard épouse Marie Le Gueriq (ou Le Guerin).

Au moment de son arrestation, il est domicilié au 76, boulevard Sadi-Carnot, à Graville-Sainte-Honorine [1] (Seine-Maritime [2] – 76), dans la cité des Tréfileries ? (ou a-t-il été arrêté sur son lieu de travail ?).

Louis Richard est métallurgiste, monteur à l’usine des Tréfileries et Laminoirs du Havre (TLH ; les “Tréfils”, située boulevard S.-Carnot)). Il fait partie de la Commission exécutive du Syndicat des Métaux du Havre. Il est communiste.

Pendant l’occupation, il tente de reconstituer le syndicat en se servant de sa couverture “légale” et fait partie des francs-tireurs.

Le 9 (ou le 12) juillet 1941, la Gestapo l’arrête en même temps que plusieurs responsables du Syndicat des Métaux (dont Louis Eudier et Eugène Thépot) et le conduit à la prison Bonne-Nouvelle de Rouen.

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Rouen, la prison Bonne-Nouvelle. 
Carte postale des années 1900.

Il est transféré le même mois au camp allemand de Royallieu à Compiègne [3] (Oise – 60), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Là, Georges Cogniot, dirigeant du parti communiste clandestin, mais également premier interlocuteur de la direction allemande du camp, le fait désigner aux cuisines pour contribuer à distribuer des portions équitables.

Dès le 8 décembre 1941, Louis Richard figure sur une liste de 28 communistes à « transférer vers l’Est », établie par la Feldkommandantur de Rouen.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande, en application d’un ordre de Hitler.

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Les deux wagons à bestiaux 
du Mémorial de Margny-les-Compiègne, 
installés sur une voie de la gare de marchandise 
d’où sont partis les convois de déportation. Cliché M.V.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Louis Richard est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46053. Sa photo d’immatriculation a été retrouvée et identifiée [4]. Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartisdans les Blocks 19 et 20. Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire – au cours duquel Louis Richard se déclare sans religion (Glaubenslos) -, ils sont envoyés au travail dans différentsKommandos.

Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – Louis Richard est dans la moitié des membres du convoi qui est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir.

Plus tard, il est admis au Block 21a de l’hôpital d’Auschwitz [5].

Louis Richard meurt à Auschwitz le 8 août 1942, d’après les registres du camp ; un mois après l’arrivée de son convoi.

Le 9 juillet 1956, le Conseil municipal du Havre donne son nom à l’ancienne rue Claude-Bernard, dans le quartier de Graville-Sainte-Honorine.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (14-12-1997).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 376 et 418. 
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Haute-Normandie, réalisée à Rouen en 2000, citant : Archives municipales du Havre (Madame S. Barot, conservateur) : listes électorales. 
- Louis Eudier (45523), Notre combat de classe et de patriotes (1939-1945), imprimerie Duboc, Le Havre, sans date (1977 ?), rappelle qu’en août 1940 ils furent reçus ensemble par le Préfet du Havre, et il décrit leur incarcération à Rouen, pages 70 et 82 ; listes à la fin du livre. 
- Archives départementales de la Manche, archives en ligne, état civil de Cherbourg, registre des naissances de l’année 1900, acte n°870 (5 Mi 2142, vue 239/265). 
- Mémorial de la Shoah, Paris, site internet, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; doc. XLIII-56. 
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1005 (18757/1942). 
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Service d’information sur les anciens détenus (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) ; registre de la morgue (microfilm n° 741/195).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 9-06-2011)

Cette notice biographique doit- être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Graville-Sainte-Honorine : cette commune est rattachée au Havre en 1953.

[2] Seine-Maritime : département dénommé “Seine-Inférieure” jusqu’en janvier 1955.

[3] Sous contrôle militaire allemand, le camp de Royallieu a d’abord été un camp de prisonniers de guerre (Frontstalag 122), puis, après l’invasion de l’URSS, un « camp de concentration permanent pour éléments ennemis actifs ». À partir de septembre 1941, on y prélève – comme dans les autres camps et prisons de zone occupée – des otages à fusiller.

À partir du 12 décembre 1941, un secteur du sous-camp “C” est réservé aux Juifs destinés à être déportés à titre de représailles. Le camp des Juifs est supprimé le 6 juillet 1942, après le départ de la plupart de ses internés dans le convoi transportant les otages communistes vers Auschwitz. Les derniers détenus juifs sont transférés au camp de Drancy (Seine-Saint-Denis – 93).

[4] Sa photographie d’immatriculation à Auschwitz a été reconnue par des rescapés lors de la séance d’identification organisée à l’Amicale d’Auschwitz le 10 avril 1948 (bulletin Après Auschwitz, n° 21 de mai-juin 1948).

[5] En Allemand, Krakenbau (KB) ou Häftlingskrakenbau (HKB), hôpital des détenus. Dans Si c’est un Homme, Primo Lévi utilise l’abréviation “KB”. Mais les « 31000 » et Charlotte Delbo ont connu et utilisé le terme « Revier » : « abréviation de Krakenrevier, quartier des malades dans une enceinte militaire. Nous ne traduisons pas ce mot que les Français prononçaient révir, car ce n’est ni hôpital, ni ambulance, ni infirmerie. C’est un lieu infect où les malades pourrissaient sur trois étages. », Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1967, p. 24.