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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Georges Renaud naît le 13 octobre 1904 à Boulogne-sur-Seine [1] (Seine / Hauts-de-Seine – 92), chez ses parents, Eugène Georges, 27 ans, cocher-livreur, et Edwige Ignolin, son épouse, 23 ans et dix mois, domiciliés au 42, rue du Vieux-Pont-de-Sèvres.

Georges Renaud commence à travailler comme chauffeur, alors domicilié au 60 rue Falguière (Paris 15e). Ses parents sont séparés. Sa mère est devenue concierge au 15 rue Cauchy à Arcueil (Seine / Val-de-Marne).

Le 28 mai 1927, à Paris 15e, Georges Renaud se marie avec Simone Fontaine, 18 ans, née le 4 novembre 1908 à Paris 6e, comptable, dont les parents sont séparés ; elle vit alors avec son père au 15 rue Cauchy à Arcueil.

En 1936, Georges Renaud est domicilié au 12, avenue de Verdun à Montrouge [1] (92).

Georges Renaud est ajusteur. Vers 1937, il est embauché par les établissements Messier, sis au 55, rue Fénélon, à Montrouge.

Au moment de son arrestation, il habite au 155, avenue de la République à Montrouge.

Militant du Parti communiste, il est trésorier de la section de Montrouge.

Le 2 juin 1940, le préfet de police (de Paris) signe un arrêté ordonnant son internement administratif, au motif qu’ « il a mené parmi ses camarades de travail une insidieuse propagande en faveur des mots d’ordre clandestins de l’internationale communiste ». Arrêté le jour même, Georges Renaud est conduit quatre jours plus tard au fort de l’île d’Yeu sans être informé du motif de son arrestation.

Le fort de la Pierre Levée, sur l’île d’Yeu. Vue aérienne d’après-guerre. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le fort de la Pierre Levée, sur l’île d’Yeu. Vue aérienne d’après-guerre.
Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Puis il est transféré au camp de Riom-es-Montagne. Le 14 septembre, « calculant pas les effets de [son] geste » (sic), il quitte le camp pour revenir à Boulogne auprès son épouse, laissée dans un état de santé critique – anémie cérébrale, maladies cardiaque et nerveuse – et sans ressource.

Le 6 novembre 1940, il est arrêté une seconde fois et écroué à la Maison d’arrêt de la Santé, à Paris 14e. Un tribunal le condamne à deux mois d’emprisonnement.

Le 6 janvier, à l’expiration de sa peine, il n’est pas libéré : le préfet de police signe un nouvel arrêté ordonnant son internement administratif. Georges Renaud est conduit au dépôt de la préfecture de police (la Conciergerie, sous le Palais de Justice, île de la Cité), où il reste douze jours.

Le 17 janvier, Georges Renaud fait partie d’un groupe de 24 militants communistes conduits au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Val-d’Oise – 95), créé en octobre 1940 dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt. Pendant un temps, il est assigné à la chambre n° 31.

Le sanatorium de la Bucaille à Aincourt dans les années 1930. Le centre de séjour surveillé a été installé dans la longue bâtisse située au premier plan à gauche. Afin de pouvoir y entasser les détenus, il a fallu y transporter le mobilier des autres bâtiments. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le sanatorium de la Bucaille à Aincourt dans les années 1930.
Le centre de séjour surveillé a été installé dans la longue bâtisse située au premier plan à gauche.
Afin de pouvoir y entasser les détenus, il a fallu y transporter le mobilier des autres bâtiments.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 10 février, puis le 17 juin 1941, il écrit au préfet de police (« …de la Seine », sic) afin de solliciter une mesure de libération, justifiant celle-ci par l’assistance qu’il doit apporter à son épouse malade.

Le 6 septembre 1941, Georges Renaud est parmi les 150 détenus d’Aincourt (dont 106 de la Seine) transférés au camp français (CSS) de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne), pour l’ouverture de celui-ci.

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue. Au fond - de l’autre côté de la voie ferrée -, le village. Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue.
Au fond – de l’autre côté de la voie ferrée -, le village.
Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-

Le 22 mai 1942, il fait partie d’un groupe de 156 internés – dont 125 seront déportés avec lui – remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, Georges Renaud est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Georges Renaud est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46048 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Georges Renaud.

Il meurt à Auschwitz le 27 août 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).

Notes :

[1] Boulogne-sur-Seine (Boulogne-Billancourt à partir de 1926) et Montrouge : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, ces communes font partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 383 et 418.
- Archives départementales des Hauts-de-Seine (AD 92), site internet du conseil général, archives en ligne : registre des naissances de Boulogne-Billancourt, année 1904 (E NUM BOU N1904), acte n° 795 (vue 112/148).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles (SMAC), Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande”, camps d’internement… (BA 2374) ; liste des internés communistes, 1939-1941 (BA 2397).
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux : centre de séjour surveillé d’Aincourt ; cotes 1w73, 1w76.
- Mémorial de la Shoah, Paris, Archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; liste XLI-42, n° 154.
- Archives départementales de la Vienne : camp de Rouillé (109W75).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 1002 (25347/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 3-11-2014)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.