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Musée de la Résistance 
de Blois. Cliché ARMREL.

Daniel Pesson naît le 25 février 1903 à Gièvres (Loir-et-Cher – 41), fils de Louis Pesson, cultivateur, et de Séraphine Chollet, cultivatrice, son épouse. Un certain Clovis Pesson est tué au cours de la guerre 1914-1918 : est-ce un parent ? (à vérifier…)

À une date restant à préciser, Daniel Pesson épouse Silvine Legilles ; ils ont deux enfants. Au moment de son arrestation, il est domicilié à la Basse Roche, quartier (?) de Romorantin (41).

Daniel Pesson est charretier chez Benoist-Bourgeois, entreprise de vidange à la Haute-Roche.

En avril 1941, il est arrêté avec son patron et tout le personnel de l’entreprise, dont Moïse Bodin ; les conditions de sa libération restent à préciser. C’est peut-être à partir de ce moment-là qu‘il exerce le métier d’agriculteur (journalier), déclaré au moment de son arrestation.

Le 30 avril 1942, à Romorantin, cinq résistants communistes sont découverts par des soldats allemandsalors qu’ils distribuent des tracts. Armés, ils ne se laissent pas arrêter et blessent les soldats dont un sous-officier qui succombe à ses blessures. Les mesures de représailles prévoient l’exécution immédiate de dix communistes, Juifs et de proches des auteurs présumés. Vingt autres personnes doivent être exécutées si au bout de huit jours les « malfaiteurs » ne sont pas arrêtés. Des rafles ont lieu afin de pouvoir « transférer d’autres personnes vers l’Est, dans les camps de travaux forcés. » Un barrage est érigé autour de la ville.

Le lendemain 1er mai, Daniel Pesson est arrêté à son domicile – devant son épouse – par laFeldgendarmerie et la gendarmerie française ; il est pris comme otage avec quatre autres Romorantinais et un habitant de Pruniers qui seront déportés avec lui. Il est interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise – 60), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Daniel Pesson est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45972 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz. 
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20.

Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire, ils sont envoyés aux travail dans différentsKommandos.

Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – Daniel Pesson est dans la moitié des membres du convoi qui est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir.

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Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ». 
« Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre » 
Carte postale. Collection mémoire Vive.

Le 16 juillet, sa famille reçoit l’avis imprimé envoyé par l’administration militaire de Royallieu pourl’informer qu’il a été transféré dans un autre camp et qu’elle sera prévenue ultérieurement de sa nouvelle adresse.

Le 23 juillet, le “Kommandeur” (sic) Westphal, chef de la Sicheirheitspolizei d’Orléans, fait connaître au préfet du Loir-et-Cher, J.F. Bussières, que Moïse Bodin, D. Pesson, G. Crochet. I. Petat et A. Roguet ont été transférés le 6 juillet « en vue de leur emploi comme travailleurs dans un camp en Allemagne », transfert « ordonné par le bureau central de Paris sans qu’un accord ait pu ou ait dû avoir lieu avec lesbureaux de Province. De ce fait, les promesses (…) ont été faites dans l’ignorance de ces événements » en même temps qu’était « énoncée l’ordonnance relative à la libération de tous les détenus emprisonnés à la suite de l’attentat de Romorantin. »

Le 31 juillet, le préfet s’adresse au « chef du gouvernement, ministre secrétaire d’État à l’Intérieur » à Vichy, exprimant qu’il est « d’autant plus regrettable qu’une pareille confusion se soit produite que, pour un certain nombre de personnes envoyée en Allemagne, j’avais reçu l’avis de libération et que je l’avais communiqué à leur famille. Il me semble difficile d’admettre que des otages dont l’arrestation n’a été due qu’au hasard, soient victimes à nouveau par suite du manque de coordination existant entre deux services allemands. Une promesse a été faite. Une ordonnance de libération a été prise. La promesse doit être tenue et l’ordonnance exécutée. C’est pourquoi je vous demande d’intervenir (…) pour que les personnes (…) envoyées dans des camps de travail en Allemagne soient effectivement et définitivement libérées. »

Daniel Pesson meurt à l’ “hôpital” [1] d’Auschwitz (Block 28a) le 16 août 1942, d’après les registres du camp [2] ; cinq semaines après l’arrivée de son convoi.

Le 6 février 1943, le maire de Romorantin s’adresse au ministre de l’Intérieur, Ingrand, pour que soit recherché le camp d’Allemagne où « résident » les six romorantinais déportés en juillet.

Le 20 décembre 1943, le préfet informe le maire de Romorantin de ses démarches « afin que les familles des otages déportés en Allemagne (…) puissent avoir des nouvelles de leurs parents » et de la réponse duSD d’Orléans : « les otages de Romorantin ont été conduits dans un camp Allemand où la correspondance entre détenus et leurs parents est interdite. » Le préfet assure « que cette affaire n’est pas perdue de vue et que, tant sur le plan local que national, toute occasion est mise à profit pour tenter de nouvelles démarches et essayer de mettre fin à cette pénible situation. »

Le 4 octobre 1945, le nom de Daniel Pesson figure sur une « liste des personnes qui ont été déportées en Allemagne et dont on est sans nouvelles actuellement » établie en mairie.

Il est déclaré “Mort pour la France” (4-02-1947). Son nom est inscrit sur les Monuments aux morts de Romorantin-Lantenay, situés quai de l’île Marin et dans le vieux cimetière.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 14-12-1997).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 365 et 416. 
- Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) : XLIII-89 (télégramme non daté du Militärbefehlshaber in Frankreich (MbF), signé par Carl Heinrich von Stülpnagel). 
- Archives communales de Romorantin et Archives du Musée de Sologne (acte de décès). 
- Archives départementales du Loir-et-Cher, fiche d’arrestation de Daniel Pesson, dossier 889 (cote 1375 W 64), fichier alphabétique des déportés du CRSGM (cote 56 J 5). 
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 1, cahier photos pages 92* et 93** (liste des prisonniers morts sur le registre d’appel), 120* (registre de la morgue relevé par la Résistance) ; tome 3, page 920 (21288/1942). 
- Site Mémorial GenWeb, 41-Romorantin, relevés de Sandrine-Fleur Curtil (2002) et Eric Reimond (08-2006).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 16-02-2010)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] L’ « hôpital » d’Auschwitz : en allemand Krakenbau (KB) ou Häftlingskrakenbau (HKB), hôpital des détenus. Dans Si c’est un Homme, Primo Lévi utilise l’abréviation “KB”. Mais les « 31000 » et Charlotte Delbo ont connu et utilisé le terme “Revier” : « abréviation de Krakenrevier, quartier des malades dans une enceinte militaire. Nous ne traduisons pas ce mot que les Français prononçaient «  révir  », car ce n’est ni hôpital, ni ambulance, ni infirmerie. C’est un lieu infect où les malades pourrissaient sur trois étages. », Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1967, p. 24.

[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ.

Concernant Daniel Pesson c’est le 15 septembre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès.

Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.