Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

 

Henri, Jules, Joseph, Pernot, naît le 15 avril 1902, à Couillet [1], dans l’agglomération de Charleroy (Hainaut – Belgique). Il est français « par option ».

Pendant un temps, Henri Pernot habite à l’Île-Saint-Denis (Seine /Seine-Saint-Denis – 93).

Le 13 novembre 1920 à Saint-Denis (93), il épouse Marie Laz (?), née le 3 septembre 1904 à Laz (Finistère). Ils ont deux enfants : Georges, Henri, né le 21 juillet 1921, et Henri, né le 20 septembre 1924, tous deux à Paris 14e.

En 1926, Henri, Jules, Pernot est embauché comme chauffeur de chaudière à l’usine à gaz de Gennevilliers (Seine / Hauts-de-Seine), appartenant à la Société d’éclairage, chauffage et force motrice (ECFM) [2].

À partir de 1932 et jusqu’à son arrestation, il habite dans une maisonnette de bois dont il est propriétaire au 58, chemin de halage à Épinay-sur-Seine [3] (93), sur le bord du fleuve.

À cette époque, Henri Pernot est adhérent à la Chambre syndicale des employés de la ECFM et membre du rayon de Saint-Ouen de la région Paris-Nord du Parti communiste. Il est membre de la Jeunesse sportive ouvrière d’Épinay, probablement comme animateur ; la police ne lui connaît pas d’autre activité militante.

Fin 1936, il est au chômage. Son épouse est alors infirmière aux « Enfants assistés » (pris en charge par l’Assistance publique).

Début 1937, Henri Jules, Pernot postule pour un emploi à l’Imprimerie Nationale (suite à vérifier…).

Sous l’occupation, il serait « en relation avec des groupes de résistance », selon un rapport ultérieur de la police française… qui n’en sait pas davantage.

Le 3 septembre 1941, Henri, Jules, Pernot est arrêté à son domicile par cinq militaires allemands et conduit à la prison militaire du Cherche-Midi, alors réquisitionnée par l’armée d’occupation, à la hauteur du 54 boulevard Raspail (Paris 6e). Ensuite, il est transféré à la caserne des Tourelles, boulevard Mortier (Paris 20e), puis au fort de Romainville (commune des Lilas).

Enfin, il est interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 - Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne – sur la commune de Margny – et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Henri Pernot est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45964 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ».  « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ». « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’uniforme rayé et photo), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau – Henri Pernot est dans la moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers utilisant certains ouvriers qualifiés.

Henri Pernot meurt à Auschwitz le 1er février 1943, d’après les registres du camp (Block 20-II, Block 28/7, Leichenhalle).

Le 25 septembre 1946, son acte de décès (établi par le ministère des ACVG ?) est transcrit sur les registres de l’état civil de la mairie d’Épinay-sur-Seine avec la date du 1er décembre 1942.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 8-03-1997, indiquant toujours la date erronée du 1er décembre).

Sources :
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 385 et 416.
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), site du Pré-Saint-Gervais : cabinet du préfet sous l’Occupation (1 W 846), dossier individuel de Pernot Henri, Jules (36472).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 11-06-2017)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Couillet (en wallon Couyet) : c’est dans cette ville que le chimiste et industriel belge Ernest Solvay (1838-1922) installa sa première usine de soude en 1863.

[2] La Société d’éclairage, chauffage et force motrice (ECFM) s’installe en 1905 à Gennevilliers, entre l’ancienne gare et la route départementale 9 (boulevard Dequevauvilliers sur la commune de Gennevilliers, qui devient boulevard Charles-de-Gaulle sur la commune de Villeneuve-la-Garenne). Cette usine à gaz est alors l’une des plus puissantes d’Europe. Elle emploie dès le début environ 2000 ouvriers. Rapidement son emprise s’étend jusqu’au bord de Seine, le long de l’avenue Marcel-Paul et jusqu’au pont d’Épinay-sur-Seine (en passant donc “par-dessus” la D 9). Elle occupe au plus fort 58 hectares et possède un réseau ferré de 24 km. En 1929, la dissidence d’un hameau pour former la commune de Villeneuve-la-Garenne coupe le site en deux. Les squelettes métalliques des quatre immenses gazomètres à toit coulissant (dont deux de 225 000 m3), qui marquent pendant plusieurs décennies le paysage industriel de la zone en étant visibles de très loin, se retrouvent alors sur la nouvelle commune. En 1945, la société est nationalisée, puis transférée au Gaz de France en 1946. Mais le gisement de gaz de Lacq, découvert en 1951, arrive dans les années 1960 par gazoducs. GDF décide alors l’arrêt de la production en 1961 et l’usine commence rapidement à être démantelée. Dès la fin des années 1960, la partie nord du site commence à être occupée par de nouvelles entreprises. Mais si, au milieu des années 1970, le site est une friche industrielle où table rase a été faite, en 2015 le site n’est toujours pas entièrement réoccupé. À l’emplacement des quatre gazomètres se trouvent deux entrepôts (celui d’un transporteur international et celui d’un groupe de la grande distribution). Source Wikipedia.

[3] Épinay-sur-Seine : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).