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IDENTIFICATION INCERTAINE…
Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

François, Antoine, Ossot naît le 21 décembre 1903 à Ebersheim (Bas-Rhin), fils de Xavier Ossot et de Madeleine Mahr (ou Maar).

Au moment de son arrestation, Antoine Ossot est domicilié au 157, avenue Victor-Hugo à Aubervilliers [1] (Seine / Seine-Saint-Denis) ; mais il n’apparaît pas sur les listes électorales de la commune en 1939 (où il est inconnu de l’état civil).

Il est célibataire.

Manœuvre, il est au chômage au moment de son arrestation.

Le 14 juillet 1941, Antoine Ossot est arrêté par les services du commissariat du quartier de Clignancourt après qu’un passant l’ai désigné des gardiens de la paix comme distributeur de tracts communistes. Fouillé, il est trouvé porteur de trois tracts intitulé « L’armée Rouge victorieuse ». Interrogé, il déclare n’avoir jamais appartenu au Parti communiste et avoir distribué aux passants des tracts trouvé sur la voie publique, jetés par paquets d’une rame du métro aérien au-dessus du boulevard Barbès. Pendant un temps, il est détenu au dépôt de la préfecture de police (la Conciergerie, sous le Palais de Justice, île de la Cité)

Deux jours plus tard, le 16 juillet, cinq prévenus, dont également Marcel Chabot, de Nanterre, comparaissent devant la 14e chambre du tribunal correctionnel de la Seine. Antoine Ossot et Marcel Chabot sont condamnés chacun à quatre mois d’emprisonnement.

Le 29 juillet, tous deux sont conduits à la Maison de correction de l’établissement pénitentiaire de Fresnes (Seine / Val-de-Marne). Deux jours plus tard, le 1er août, Antoine Ossot est transféré à la Maison centrale de Poissy (Seine-et-Oise / Yvelines). Il y sera rejoint par son compagnon trois jours après.

Au deuxième plan, la Maison centrale de Poissy vers 1916.  Carte postale. Collection Mémoire Vive

Au deuxième plan, la Maison centrale de Poissy vers 1916.
Carte postale. Collection Mémoire Vive

Le 2 octobre, en « exécution de la note préfectorale » du 14 novembre 1940, le directeur de la prison transmet au bureau politique du cabinet du préfet de Seine-et-Oise sept notices de détenus de la Seine devant être libérés à l’expiration de leur peine au cours du mois suivant, Antoine Ossot étant libérable le 8 novembre. Le 10 octobre, le préfet de Seine-et-Oise transmet le dossier au préfet de police, direction des services des Renseignements généraux. Le 17 octobre, le préfet de police écrit au directeur de la Centrale pour lui demander de maintenir Antoine Ossot en détention à l’expiration de sa peine, ainsi que trois autres hommes dont Marcel Chabot et René Solard.

Le 8 novembre, le préfet de police de Paris signe l’arrêté ordonnant l’internement administratif d’Antoine Ossot, en application du décret du 18 novembre 1939.

Le 3 janvier 1942, Antoine Ossot fait partie d’un groupe de 38 internés politiques (parmi eux, seize futurs “45000”) et douze “indésirables” (droit commun) extraits du du dépôt et transférés au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Rouillé (Vienne). Ils sont conduits en car, sous escorte, jusqu’à la gare d’Austerlitz où les attend un wagon de voyageurs réservé (10 compartiments ; départ 7h55 – arrivée 18h51).

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue. Au fond - de l’autre côté de la voie ferrée -, le village. Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-Châteaubriant. Droits réservés.

Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”, vu du haut d’un mirador. Date inconnue.
Au fond – de l’autre côté de la voie ferrée -, le village.
Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne), Fonds Amicale Voves-Rouillé-Châteaubriant. Droits réservés.

Le 22 mai, Antoine Ossott fait partie d’un groupe de 156 internés de Rouillé – dont 125 seront déportés avec lui – remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 -Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”, désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”. À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

transportaquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Antoine Ossott est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45940, selon les listes reconstituées (la photo d’immatriculation correspondant à ce matricule a été retrouvée, mais n’a pu être identifiée à ce jour).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau -, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I). Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Antoine Ossot.

Il meurt à Auschwitz le 20 octobre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).

Notes :

[1] Aubervilliers : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 384 et 415.
- Archives de Paris : archives du tribunal correctionnel de la Seine, rôle du greffe du 5 juin au 22 septembre 1941 (D1u6-5857).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : carton “occupation allemande” : camps d’internement… (BA 2374) ; dossier individuel des RG (77 W 80-92719) ; registre de main courante du commissariat du quartier de Clignancourt (C B 70 96), n° 3464.
- Archives départementales du Val-de-Marne (AD 94), Créteil : archives de l’établissement pénitentiaire de Fresnes, maison de correction, registre d’écrou 152 (2742w 19), n° 9554.
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux : bureau politique du cabinet du préfet (1W69).
- Archives départementales de la Vienne ; camp de Rouillé (109W75).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 891 (24322/1942), orthographié « Ossott, Antoni ».

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 4-03-2019)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.