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IDENTIFICATION INCERTAINE…
Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Eugène, Paul, Louis, Omphalius naît le 6 janvier 1921 à Rosny-sous-Bois [1] (Seine-Saint-Denis – 93), fils d’Auguste Omphalius et de Marie Platrier, son épouse La famille compte sept enfants, dont un frère plus âgé, Henri.

Leur père décède en 1929. Pendant un temps (notamment en 1941), leur mère confectionne des matelas « pour les particuliers ».

Jusqu’à son arrestation, Eugène Omphalius est domicilié chez sa mère au 17, rue des Quinconces à Rosny-sous-Bois. Il est célibataire (il a dix-neuf ans…).

Eugène Omphalius travaille comme manœuvre (plâtrier).

Adhérent du PCF, il milite à la section de Rosny-sous-Bois. Par ailleurs, il est trésorier-adjoint du club Rosny Sportif Ouvrier.

Après la dissolution du PCF, il reste actif dans la clandestinité.

Après la défaite de mai-juin 1940, un de ses frères est prisonnier de guerre en Allemagne.

Le 1er août 1940, Eugène Omphalius  est arrêté par les services de la préfecture de police à la suite d’une distribution de tracts (L’Avant-Garde, journal des JC), avec René Beaulieu, Faustin (dit Gaston) Jouy et probablement Albert Rossé.

Inculpé d’infraction au décret du 26 septembre 1939 (interdiction des organisations communistes et de leur propagande), il est écroué à la Maison d’arrêt de la Santé, à Paris 14e.

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Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er.
Tribunal correctionnel, un des porches du 1er étage.
(montage photographique)

Le 8 février 1941, lors d’une audience au cours de laquelle sont jugés 48 militants et militantes communistes (dit « procès des cinquante »), dont dix-sept futurs “45000”, la chambre des mineurs (15e) du tribunal correctionnel de la Seine condamne Eugène Omphalius à six mois d’emprisonnement. Comme les autres condamnés, il fait appel de la sentence le 26 février. Bien que sa peine soit couverte par la détention préventive effectuée, il n’est pas libéré : dès le lendemain, – sur instruction des Renseignements généraux qui le considèrent comme un « meneur communiste très actif » – le préfet de police de Paris signe l’arrêté ordonnant son internement administratif en application du décret du 18 novembre 1939.

Le 27 février suivant, il fait partie des douze internés administratifs de la Santé, mêlés à d’autres (pris au dépôt de la préfecture ?) pour constituer un groupe de 48 détenus – dont Guy Môquet, Maurice Ténine et seize futurs “45000” – transférés à la Maison centrale de Clairvaux (Aube – 10) où ils en rejoignent d’autres : 187 détenus politiques s’y trouvent alors rassemblés.

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Clairvaux. La Maison centrale. Carte postale. Collection M. Vive.

Le 31 mars, avec Robert Massiquat, Francis Née, Albert Rosse et Thomas Sanchez, Eugène Omphalius est parmi les sept internés de Clairvaux conduits à la Maison d’arrêt de la Santé, à Paris 14e, en préalable à leur passage devant la cour d’Appel. Le 9 avril, celle-ci confirme sa peine. Il est prévu qu’il soit ramené à Clairvaux, mais le quartier de la centrale utilisé comme centre d’internement étant « complet » il reste interné à la Santé, 14e division, cellule 6 ter.

Le 17 mai, Marie Omphalius, sa mère, fait écrire au directeur de la police judiciaire pour solliciter sa libération, indiquant qu’il aura immédiatement du travail à la « société téléphérique » – peut-être une entreprise de travaux publics -, où son frère aîné, Henri, est chef d’équipe.

Le 18 mai, Eugène écrit au préfet de police pour « décrire la situation arbitraire » dans laquelle il se trouve à la Santé, « interné administratif politique subissant le même régime que les détenus de droit commun ».

Le 30 mai, Madame Omphalius fait écrire autre une lettre destinée au préfet de police pour solliciter sa libération, précisant qu’elle a encore trois enfants à charge, dont son fils prisonnier de guerre. Le 18 juin, le chef du 1er bureau de la préfecture écrit au commissaire de police de la circonscription de Noisy-le-Sec pour lui demander de « faire connaître à Mme Vve Omphalius […] que cette mesure ne peut être envisagée dans les circonstances actuelles ». Après qu’allé ait été convoquée au commissariat, mention est portée sur ce courrier qu’elle a « reçu avis le 24-6-1941 – ne sait pas signer ».

En juin, Eugène Omphalius envoie une nouvelle demande de libération qui parvient aux services de François de Brinon, à la Délégation générale du gouvernement français dans les territoires occupés. À cette date, il été réintégré à Clairvaux.

En septembre 1941, Eugène Omphalius fait partie d’un groupe d’internés transférés au “centre d’internement administratif” (CIA) de Gaillon (Eure – 27), un château Renaissance isolé sur un promontoire surplombant la Seine et transformé en centre de détention au 19e siècle. Il est assigné au bâtiment F (aile Est du pavillon Colbert [2]), 1er étage, chambre 1, lit 33.

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Le camp de Gaillon, ancien château de l’évêque de Rouen.
Carte postale d’après-guerre. Collection Mémoire Vive.

Selon une note de la police (RG ?) datée du 18 février 1942, le nom d’Omphalius est inscrit (orthographié « Omphalins ») sur une liste de 43 « militants particulièrement convaincus, susceptibles de jouer un rôle important dans l’éventualité d’un mouvement insurrectionnel et pour lesquels le Parti semble décidé à tout mettre en œuvre afin de faciliter leur évasion », et qui sont pour la plupart internés au camp de Gaillon.

Le 4 mai 1942, Eugène Omphalius fait partie d’un groupe de détenus transférés au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Voves (Eure-et-Loir – 28). Enregistré sous le matricule n° 308, il n’y reste que deux semaines.

Le 20 mai, il est parmi les 28 internés que viennent chercher des gendarmes français. Pensant qu’on les emmène pour être fusillés, les partants chantent La Marseillaise. En fait, remis aux “autorités d’occupation” à la demande de celles-ci, ils sont conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise – 60), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Eugène Omphalius y retrouve ses trois camarades et Édouard Beaulieu, le père de René, arrêté le 5 octobre 1940.

Entre fin avril et fin juin 1942, Eugène Omphalius est sélectionné – avec cinq autres Rosnéens – parmi plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Eugène Omphalius est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45937, selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule a été retrouvée, mais n’a pu être identifiée à ce jour).

Il meurt à Auschwitz le 26 août 1942, selon les registres du camp. Il a 21 ans.

En mai 1954, sa mère reçoit sa carte d’interné politique (n° 11011 0457).

Son nom n’est pas inscrit sur le Monument aux morts de Rosny-sous-Bois.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 386 et 415.
- Cl. Cardon-Hamet, notice in 60e anniversaire du départ du convoi des 45000, brochure répertoriant les “45000” de Seine-Saint-Denis, éditée par la Ville de Montreuil et le Musée d’Histoire vivante, 2002, page 39.
- Archives départementale de Paris, archives judiciaires, registre du greffe du tribunal correctionnel de la Seine, 14 janvier-12 février 1941.
- Archives départementales de l’Eure, Évreux, camp de Gaillon, recherches de Ginette Petiot (message 08-2012).
- Comité du souvenir du camp de Voves, liste établie à partir des registres du camp conservés aux Archives départementales d’Eure-et-Loir.
- Archives de la préfecture de police, Paris/Le-Pré-Saint-Gervais ; cartons “Occupation allemande” : camps d’internement… (BA 2373 et 2374), liste des internés communistes 1939-1941 (BA 2397) ; cabinet du préfet, dossiers individuels (1w0748), n° 27116.
- Archives départementales de l’Eure, Évreux, camp de Gaillon, recherches de Ginette Petiot (messages 08-2012).
- Témoignage de Dominique Ghelfi (daté 1946), Contre l’oubli, brochure éditée par la mairie de Villejuif en février 1996, page 61. D. Ghelfi, n’ayant pas été sélectionné pour le convoi du 6 juillet, a assisté au départ de ses camarades. Lui-même a été déporté à Buchenwald en janvier 1944 (rescapé).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 884 (25327/1942).
- Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen, dossier d’Eugène Omphalius (n° 21 P 521 637), recherches de Ginette Petiot (message 09-2012) ; liste des internés administratifs de Clairvaux établie en janvier 1945 (message 11-2014).
- Site Mémorial GenWeb, Rosny-sous-Bois, relevé de Christiane Level-Debray (02/2004).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 3-11-2015)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Rosny-sous-Bois : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Château de Gaillon. Le pavillon Colbert, sur la terrasse du jardin haut, a été dessiné par Jules-Hardoin Mansard vers 1700 pour l’archevêque Jacques-Nicolas Colbert, second fils du ministre de Louis XIV.