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André, René, Montagne naît le 17 septembre 1922, à Boussois (Nord – 59) ; il a une sœur.

Au moment de son arrestation, il habite chez ses parents, au 13, place de l’Ancienne Comédie, au deuxième étage, à Caen (Calvados – 14).

Son père, Marcel Montagne, qui s’est approché du Parti communiste après les accords de Munich en 1938, est dirigeant syndical CGT (trésorier) à la SMN (Société métallurgique de Normandie), à Mondeville. Après la grève du 30 novembre 1938 pour la défense des acquis du Front populaire, il est licencié et la famille – chassée du logement de la cité de Giberville – s’installe à Caen à la fin de l’hiver.

Enfant, André Montagne va à l’école primaire de la SMN, où il a pour institutrice l’épouse du docteur Pecker, puis à l’École primaire supérieure (EPS) Gambetta, 72 rue de Bayeux à Caen, de 1935 à 1939, où il a Emmanuel Desbiot (voir ce nom) comme professeur d’anglais.

Du 13 septembre 1939 au 10 juillet 1940, il est embauché comme auxiliaire des Postes, à Caen-gare, où il rencontre des employés membres des Jeunesses communistes. Puis il travaille comme électricien avec son père, devenu artisan. En accompagnant celui-ci au syndicat des métaux, il rencontre, entre autres, Eugène Cardin, secrétaire du syndicat pour la région de Caen.

Au début de l’occupation, son père, Marcel Montagne, est convoqué et contrôlé par la Gestapo.

André Montagne est alors membre actif des Jeunesses communistes clandestines.

Le 28 janvier 1941, il est arrêté à son domicile, par la police de Caen. Inculpé, avec sept de ses camarades (dont Joseph Besnier, Raymond Guillard et Pierre Rouxel), pour reconstitution de ligue dissoute, propagation des mots d’ordre de la IIIe Internationale, détention de tracts et collage de papillons, André Montagne subit sa détention préventive à la prison de Caen. Le 14 mars, il est condamné à huit mois de prison et envoyé à la Maison d’arrêt de Lisieux (14). Il en est libéré le 31 juillet 1941.

Le 1er mai 1942 vers 23 h, André Montagne est arrêté une seconde fois à son domicile, par un inspecteur accompagné d’agents de ville et un Feldgendarme, à la suite du déraillement du train Maastricht-Cherbourg [1]. Avant de le conduire au commissariat central, ceux-ci passent arrêter le docteur Pecker (voir ce nom), comme otage juif, à son domicile voisin, au 44 rue des Jacobins (la maison de celui-ci deviendra le siège de la Gestapo à Caen).

Au commissariat, rue Auber, André Montagne retrouve des militants qu’il connaît : des camarades des Jeunesses communistes, Joseph Besnier, Raymond Guillard, et des syndicalistes, dont Eugène Cardin, René Blin, secrétaire du syndicat des agents hospitaliers, François Stéphan, des comités de chômeurs. Avant la fin de la nuit, les détenus sont transférés à la Maison centrale de la Maladrerie (le « bagne »), à Beaulieu, quartier de Caen, où ils sont d’abord entassés dans les cellules punitives du “mitard”, au sous-sol. Ils sont inquiets car ils savent que des otages ont déjà été extraits de la prison pour être fusillés au champ de tir du 43e régiment d’artillerie (quinze, le 15 décembre 1941…). André Montagne est conduit, avec un autre détenu, à la Maison d’arrêt de la ville, située à proximité de la Maison centrale.

Le 3 mai en fin d’après-midi, remis aux autorités d’occupation, les hommes arrêtés sont conduits, sous forte surveillance française et allemande, en autocars ou en voitures cellulaires, vers le “petit” lycée, où sont regroupés les otages venant de différentes villes et villages du Calvados. Ils sont interrogés.

Le 4 mai en début d’après-midi, après avoir été informés par un sous-officier allemand qu’ils ne seront pas fusillés mais déportés, certains peuvent rencontrer brièvement familles et amis. Ils sont ensuite transportés en cars et camions à la gare de marchandise de Caen, où leurs proches peuvent encore entrevoir certains d’entre-eux. Depuis le wagon à bestiaux où il est déjà monté, André Montagne aperçoit son père, venu à bicyclette, qui est repoussé par un soldat allemand. Le train démarre vers 22 h 30 pour le camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise – 60) où il arrive le lendemain soir. Dans ce camp, André Montagne est en contact, entre autres, avec Marcel Nonnet, un cheminot qu’il perdra de vue à Birkenau.

Entre début mai et fin juin 1942, André Montagne est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

 

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Le 8 juillet, à la descente du convoi à Auschwitz, les SS sont nombreux, brutaux. André Montagne est violemment frappé sur le nez (il saigne). Il est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45912 (ce matricule sera tatoué sur son avant-bras gauche quelques mois plus tard, au cours de l’année 1943).

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20. Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire, au cours duquel André Montagne se déclare électricien de métier, ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – André Montagne est dans la moitié des membres du convoi qui est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Ayant passé avec succès un test technique, il est affecté au Kommando Elektriker, avec Maurice Le Gal et Jean-Antoine Cortichiatto, dit “Napoléon”. Dans le Block 22 A qui leur est assigné, il partage un châlit avec ce dernier.
Fin août-début septembre, avec M. Le Gal, ils installent à Birkenau une ligne destinée à alimenter en énergie électrique le chantier de construction d’un nouveau bâtiment : ils apprendront plus tard qu’il s’agit du Krematorium III.
Le 22 décembre 1942, atteint d’une double broncho-pneumonie, André Montagne entre au Revier (l’infirmerie) sous la protection de la Résistance intérieure du camp, le “Comité international”, créé par des communistes autrichiens et allemands. Il est caché au Block 28, où se trouve le secrétariat du Krakenbau. Mais les médicaments sont rares et les médecins SS désignent, lors de “sélections” régulières, les plus malades pour être tués par piqûres de phénol dans le cœur ou dans les chambres à gaz de Birkenau [2]. Dans ces périodes de danger, André Montagne est descendu dans la cave du bâtiment, qui sert de morgue. Finalement conduit au Block 20, il guérit de ses problèmes pulmonaires.
Mais, à la mi-janvier, il contracte le typhus avec une très forte fièvre qui dure entre dix et quinze jours.
Une fois guéri, début mars 1943, il devient infirmier grâce à l’influence de Hermann Langbein, secrétaire du médecin chef de la garnison SS, et l’un des dirigeants du Comité international de Résistance. Considéré comme tuberculeux, il est affecté à ce type de malades. Sa mission officieuse est de tenter de soigner plus particulièrement ceux qui parlent français, et de les soustraire aux « sélections » (à l’autre étage du bâtiment, Georges Guichan, de Montreuil, assume la même responsabilité). Mais plusieurs “45000” atteints de tuberculose pulmonaire passent par le Block où est affecté André Montagne sans qu’il puisse rien faire pour eux. Le 15 mars, il assiste à la mort d’Adolphe Vasnier, un ouvrier métallurgiste de Caen, sur un lit voisin : il lui ferme les yeux, le déshabille et inscrit son numéro matricule sur sa poitrine au crayon (cela se passe avant que le tatouage systématique ait pu être appliqué à tous les détenus). Ensuite, il prend en charge plusieurs camarades qui mourront plus tard dans ce Block : Robert Blais (mort le 16 septembre 1943), Marius Vallée (le 26), Raymond Balestreri, revenu épuisé de Birkenau (mort le 26 octobre), Raymond Langlois (mort le 11 novembre).
Lorsque André Montagne peut écrire chez lui, à partir du 4 juillet 1943, sa première lettre (arrivée le 19) soulève une grande émotion à Caen parmi les familles d’otages déportés en relation avec ses parents.
À la mi-septembre 1943, il doit quitter son poste au Revier pour rejoindre les “45000” survivants, regroupés – pour la plupart – en “quarantaine” au Block 11. Il fait équipe avec des camarades de l’Est : Giobbe Pasini, Albert Morel et Antoine Vanin, un ancien mineur parti dans les Brigades internationales.
Auschwitz-I. Le premier étage du Block 11, avec ses fenêtres partiellement obstruées. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Auschwitz-I.
Le premier étage du Block 11, avec ses fenêtres partiellement obstruées.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Au début du printemps, il est le premier Français à être affecté au PacketStelle, un Kommando où il n’y avait jusque-là que des détenus polonais. Ce “service des paquets” réceptionne et distribue les colis destiné aux détenus. Les paquets des morts sont ouverts et leur contenu envoyé soit au Revier, soit aux cuisines. Ce poste, obtenu par le Comité international de résistance, permet de redistribuer clandestinement médicaments et nourriture.

Au moment des transferts de l’été 1944, une piqûre faite par un camarade autrichien, Franz Danimann, déclenche une forte fièvre qui écarte André Montagne des listes de partants. Il est admis au Revier, où il fait la connaissance du poète Benjamin Fondane. Celui-ci est pris dans une grande sélection à la fin septembre pour être gazé : à l’approche du front, il s’agit d’éliminer les détenus qui ne pourraient pas supporter une longue marche.

Après avoir échappé à un nouveau transfert, début octobre 1944, André Montagne est désigné comme Blockschreiber (secrétaire) au premier étage du Block 7 ; il est chargé d’y dresser et de tenir à jour la liste des détenus. Georges Guinchan, un autre déporté de son convoi, partage avec lui cette fonction au rez-de-chaussée du même Block. Remplaçant des cadres Polonais qui ont été transférés vers les camps de l’Ouest à l’approche des armées soviétiques, ils encadrent des détenus allemands (Reichsdeutsch). Leurs nominations ont été favorisées par la Résistance.

Le 30 décembre 1944, à la fin de l’appel du soir, André Montagne assiste – au premier rang des détenus, avec les Allemands de son Block – à l’exécution par pendaison de cinq dirigeants de l’organisation de résistance du camp (trois Autrichiens, deux Polonais) arrêtés à la suite d’une évasion manquée, parmi lesquels certains avec qui il avait été clandestinement en contact : Rudolf Friemel, Ernst Burger.

Le soir du 18 janvier 1945, dans la nuit, avec Georges Guinchan, André Montagne fait partie d’une colonne de 2500 détenus évacués d’Auschwitz-I, d’abord trois jours à pied dans une « marche de la mort », traversant le Sud de la Silésie jusqu’à Wodislaw.

Puis, le 22 janvier, les survivants continuent en train, sous la neige, dans dix wagons découverts. Traversant la Tchécoslovaquie, ils sont dirigés sur le KL Mauthausen, près de Linz en Autriche, où ils arrivent le 25 janvier.

Mauthausen. Carte postale non datée. Collection Mémoire Vive.

Mauthausen. Carte postale non datée. Collection Mémoire Vive.

André Montagne y reçoit le matricule 118108 et est transféré successivement vers plusieurs camps annexes : le 28 ou le 29 janvier à Melk, puis à Gusen 1 (mars) et Gusen 2 (avril), où il travaille dans une usine souterraine fabriquant les éléments de carlingue d’un avion à réaction, le Messerschmidt 262.

L’armée américaine les libère le 5 mai 1945.

Après un trajet de 400 km – un camion de la première armée française à travers la Bavière, un wagon de marchandises, puis, enfin, un train de voyageurs qui passe la frontière vers Longuyon – André Montagne parvient à Paris, Hôtel Lutétia. À son arrivée, il est interpellé par Jean-Antoine Cortichiatto, mais ils se perdent immédiatement de vue.

L’hôtel Lutetia, à Paris 6e. Siège de l’Abwehr (service de renseignements de l’état-major allemand) sous l’occupation. Centre d’accueil des déportés au printemps-été 1945. Carte postale, années 1940-1950. Collection Mémoire Vive.

L’hôtel Lutetia, à Paris 6e. Siège de l’Abwehr (service de renseignements de l’état-major allemand) sous l’occupation.
Centre d’accueil des déportés au printemps-été 1945. Carte postale, années 1940-1950. Collection Mémoire Vive.

André Montagne retrouve ses parents dans l’Orne. Ceux-ci ont été évacués au moment des bombardements alliés sur l’agglomération de Caen accompagnant le débarquement à partir du 6 juin 1944 ; leur appartement est inhabitable.

Faisant partie des huit rescapés du Calvados (sur 80), André Montagne informe spontanément certaines familles du sort de leurs proches (Colin, Pecker, Nonnet…). Le Comité de libération de Bayeux le sollicite également, le 18 juillet 1945, pour connaître le sort d’Assier, Bigot, Cadet, Duchemin, Lacroix, Lecarpentier et Morin.

André Montagne reste dans l’Orne, où il reprend ses activités militantes, séjourne quelques mois à Caen, puis part s’installer à Paris à Paris en octobre 1946.

Il reçoit la carte de “Déporté politique”, puis, ultérieurement, celle de “Déporté Résistant”.

Le 26 avril 1946, Les Lettres Françaises, mensuel culturel publié sous l’égide du PCF, publient son article : La mort de Benjamin Fondane.

Le 20 juin 1975, André Montagne est l’auteur d’un article sur le convoi du 6 juillet 1942 publié dans le quotidien Le Monde.

À partir de 1982, il multiplie ses activités au service de la mémoire de la déportation à Auschwitz. Durant les années 1980, il est secrétaire général-adjoint de l’Amicale d’Auschwitz. Entre 1984 et 1993, il devient également vice-président du Comité International d’Auschwitz.

Il sollicite David Badache, qui vit à Caen, pour l’installation d’une plaque rendant hommage aux otages caennais et calvadosiens arrêtés en mai 1942 avant leur transfert à Compiègne. Celle-ci fut inaugurée le 26 avril 1987, en correspondance avec le 45e anniversaire de cette rafle.

© Mémoire Vive 2019.

© Mémoire Vive 2019.

Avec Fernand Devaux, Lucien Ducastel et Georges Dudal, André Montagne fonde l’association Mémoire Vive des convois des “45000” et “31000” d’Auschwitz-Birkenau, dont les statuts sont déposés en 1996.

En 2004, il est fait chevalier de la Légion d’honneur.

André Montagne décède dans son sommeil au matin du 12 mai 2017, âgé de 94 ans. Son corps a été incinéré au crématorium du cimetière du Père-Lachaise (Paris 20e).

Notes :

[1] Le double déraillement d’Airan et les otages du Calvados : Dans la nuit du 15 au 16 avril 1942, le train quotidien Maastricht-Cherbourg transportant des permissionnaires de la Wehrmacht déraille à 17 kilomètres de Caen, à l’est de la gare de Moult-Argence, à la hauteur du village d’Airan, suite au déboulonnement d’un rail par un groupe de résistance. On compte 28 morts et 19 blessés allemands.

La locomotive du premier train ayant déraillé le 16 avril 1942. Collection R. Commault/Mémorial de Caen. In De Caen à Auschwitz, éditions Cahiers du Temps, juin 2001, page 11.

La locomotive du premier train ayant déraillé le 16 avril 1942.
Collection R. Commault/Mémorial de Caen.
In De Caen à Auschwitz, éditions Cahiers du Temps, juin 2001, page 11.

L’armée d’occupation met en œuvre des mesures de représailles importantes, prévoyant des exécutions massives d’otages et des déportations. Le préfet du Calvados obtient un sursis en attendant les conclusions de l’enquête de police. Mais, faute de résultats, 24 otages choisis comme Juifs et/ou communistes sont fusillés le 30 avril, dont deux à Caen.

Dans la nuit du 30 avril au 1er mai, un deuxième déraillement a lieu, au même endroit et par le même procédé. Un rapport allemand signale 10 morts et 22 blessés parmi les soldats. Ces deux déraillements sont au nombre des actions les plus meurtrières commises en France contre l’armée d’occupation.

Au soir du deuxième attentat – à partir de listes de communistes et de juifs (130 noms sur le département) transmises au préfet par le Feldkommandant – commence une vague d’arrestations, opérées par la police et la gendarmerie françaises avec quelques Feldgendarmes. Dans la nuit du 1er au 2 mai et le jour suivant, 84 hommes au moins sont arrêtés dans le Calvados et conduits en différents lieux de détention. Pour le commandement militaire allemand, ceux qui sont maintenu en détention ont le statut d’otage.

Tous les hommes désignés n’ayant pu être arrêtés, une autre vague d’arrestations, moins importante, a lieu les 7 et 8 mai. Le préfet du Calvados ayant cette fois-ci refusé son concours, ces arrestations d’otages sont essentiellement opérées par la Wehrmacht (Feldgendarmes).

Au total plus de la moitié des détenus de ce début mai sont, ou ont été, adhérents du Parti communiste. Un quart est désigné comme Juif (la qualité de résistant de certains n’est pas connue ou privilégiée par les autorités). Des auteurs d’actes patriotiques, proches du gaullisme, sont également touchés par la deuxième série d’arrestations.

Tous passent par le “petit lycée”, contigu à l’ancien lycée Malherbe (devenu depuis Hôtel de Ville), où ils sont rapidement interrogés.

Caen. Le Petit Lycée. Carte postale éditée dans les années 1900. Collection Mémoire Vive.

Caen. Le Petit Lycée. Carte postale éditée dans les années 1900.
Collection Mémoire Vive.

Le 4 mai, 48 détenus arrêtés dans la première rafle sont transférés en train au camp de police allemande de Compiègne-Royallieu ; puis d’autres, moins nombreux, jusqu’au 9 mai (19 ce jour-là).

Les 8 et 9 mai, 28 otages communistes sont fusillés, au Mont-Valérien (Seine / Hauts-de-Seine) pour la plupart (trois à Caen). Le 14 mai, onze otages communistes sont encore fusillés à Caen.

La plus grande partie des otages du Calvados transférés à Compiègne sera déportée à Auschwitz le 6 juillet 1942 : 57 politiques et 23 Juifs (près de la moitié des otages juifs du convoi).

[2] Les chambres à gaz du centre de mise à mort situé à Birkenau fonctionnent principalement pour l’extermination des Juifs dans le cadre de la “Solution finale”, mais, jusqu’en mai 1943, elles servent également à éliminer des détenus, juifs ou non, considérés comme “inaptes au travail” (opération commencée en avril 1941, dans d’autres camps, sous le nom de code 14 f 13). Les détenus d’Auschwitz-I sélectionnés pour la chambre à gaz sont amenés en camions à Birkenau. Quelquefois, ils attendent la mort au Block 7 de ce camp.

Sources :

- De Caen à Auschwitz, par le collège Paul Verlaine d’Evrecy, le lycée Malherbe de Caen et l’association Mémoire Vive, éditions cahiers du Temps, Cabourg (14390), juin 2001, pages 5-7, 19, 30-31, 38-39, 41, 57, 60, 61, 66, 69, 76, 78-79, 84-85, 91, 97.
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 109, 114, 122, 150 et 153, 174, 182, 202, 210, 239, 242, 243, 262, 290, 295 et 296, 299 et 300, 316 et 317, 320, 359, 361 et 414, citant André Montagne, entretiens, février 1990.
- Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein, Paris nov. 2000, page 475, 476, 478, 484 et 485.
- Cl. Cardon-Hamet, message du 28-06-2017.
- Journal de Lucien Colin, publié en 1995 par les archives départementales et le conseil général du Calvados dans un recueil de témoignages rassemblés par Béatrice Poule dans la collection Cahiers de Mémoire sous le titre Déportés du Calvados (pages 60-80) ; note n° 15 page 77.
- Jean Quellien (1992), sur le site non officiel de Beaucoudray, peut-être extrait de son livre Résistance et sabotages en Normandie, paru pour la première fois en 1992 aux éditions Charles Corlet.

André MONTAGNE et Mémoire Vive

(dernière mise à jour, le 28-06-2017)

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.