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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz. 
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Maurice, Léon, Métais naît le 22 septembre 1892 à Bétigny-Gaulard, commune de Saint-Aignan-sur-Erre (Orne – 61), fils d’Auguste Métais, 46 ans, journalier et d’Andréline Levier, 41 ans, nourrice, son épouse.

Pendant un temps, Maurice Métais travaille comme domestique.

Le 9 octobre 1913, il est incorporé comme soldat de 2e classe à la 24e division des commis et ouvriers militaires d’administration afin d’accomplir son service militaire. La première guerre mondiale commence avant le terme de celui-ci. Le 24 août 1914, la 4e commission de réforme de la Seine le classe pour le service armé. Le 25 décembre, Maurice Métais passe au 103e régiment d’infanterie. Le 1er février 1915, il part au front. Le 29 août suivant, à Saint-Hilaire-le-Grand (Marne), il est « atteint de commotion cérébrale par éclatement d’obus de gros calibre ». Évacué et soigné, il rentre au dépôt le 25 novembre. Le 20 janvier 1916, il retourne dans la zone de combat. Le 8 mars, il est évacué pour bronchite. Il revient au dépôt le 24 mai. Le 5 août, il passe au 247e régiment d’infanterie. Le 25 avril 1917, il est évacué pour fracture du péroné et contusion de la jambe droite par chute d’un rondin en service commandé, soigné à l’hôpital de Vadelaincourt, puis envoyé en convalescence. Il rentre au dépôt le 17 juillet. Le 14 juillet 1915, il est cité à l’ordre de son régiment (libellé inconnu). Le 29 décembre 1917, il passe au 272e R.I. Le 8 mars 1919, il passe au 51e régiment d’infanterie. Le 15 août suivant, il est mis en congé illimité de démobilisation et se retire à Saint-Hilaire-sur-Erre, titulaire d’un certificat de bonne conduite. En 1932, la Commission de réforme de la Seine lui attribuera un taux d’invalidité inférieur à 10% pour « légère sclérose pulmonaire sans réaction bronchique », reconnaissant probablement ainsi une intoxication aux gaz de combat.

Le 27 septembre 1917 à Souancé-au-Perche (Eure-et-Loir), Maurice Métais se marie avec Blanche Louis, née le 18 mars 1893 à Saint-Bomer (Eure-et-Loir), domestique. Ils auront un enfant.

Maurice Métais devient tourneur sur métaux.

En juin 1921, il habite au 4, allée du canal, à Sevran [1] (Seine-Saint-Denis – 93). En septembre 1922, il demeure au 40, avenue Lamoricière, à Aulnay-sous-Bois.

Fin août 1928, et jusqu’à l’arrestation du chef de famille, celle-ci est domiciliée au 50-bis rue des Trèfles à Sevran.

Maurice Métais y est élu conseiller municipal communiste en novembre 1931, lors d’une élection partielle annulée en 1932, puis est réélu en 1935, au second tour.

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Sevran. La mairie en 1948. 
Carte postale. Collection mémoire Vive.

En octobre 1939, la municipalité élue est suspendue et remplacée par une délégation spéciale nommée par le préfet.

Début 1940, Maurice Métais est déchu de son mandat.

Le 24 novembre 1940, le préfet de Seine-et-Oise signe un arrêté ordonnant l’assignation à résidence sur le territoire de leur commune de domicile de 1097 « individus dangereux pour la Défense nationale et la sécurité publique », selon les termes du décret du 18 novembre 1939 ; parmi ceux-ci, Maurice Métais.

Sous l’occupation, celui-ci est actif au sein du parti communiste clandestin.

Cependant, le 21 février 1941, le commissaire de Police de Livry-Gargan écrit au secrétaire général de la Police de Seine-et-Oise, à Versailles, pour lui transmettre un rapport d’enquête approfondie et de surveillance sur 29 individus signalés et domiciliés à Servan, desquelles il résulte que tous sont d’anciens adhérents du parti communiste, certains militants, aucun ne semblant se livrer alors à une « activité subversive en faveur du parti dissous ». Parmi ceux-ci, Maurice Métais et André Mortureux.

Le 27 janvier 1941, un habitant de Freinville-Sevran dénonce Maurice Métais à la police française comme distributeur de tracts, ce qui déclenche une enquête complémentaire ordonnée le 3 février au commissariat central d’Aulnay-sous-Bois.

Dans la nuit du 13 au 14 février, une distribution de tracts – L’Avant-Garde n° 31 du 12 janvier 1941 – est réalisée à Sevran. Le commissaire de police de Livry-Gargan propose au Secrétaire général de la police d’État à Versailles deux noms de militants communistes pour un internement administratif, dont celui de Maurice Métais ; allusion très probable à l’arrêté préfectoral du 19 octobre 1940 [2].

Le 11 mars 1941, le préfet de Seine-et-Oise transmet au secrétaire général pour la police d’État – suite à ses propositions – vingt-et-un arrêtés d’internement administratif ; huit concernant des militants déjà internés, les autres visants ceux « qu’il convient d’interner d’urgence », parmi lesquels  Maurice Métais. Le 13 mars, celui-ci est conduit au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Val-d’Oise – 95), créé au début du mois d’octobre 1940 dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt afin d’y enfermer des hommes connus de la police pour avoir été militants communistes avant-guerre.

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Aincourt. Le sanatorium de la Bucaille. Au premier plan, 
le pavillon qui fut transformé en camp d’internement. 
Carte postale oblitérée en 1958. Coll. Mémoire Vive.

Conçus à l’origine pour 150 malades, les locaux sont rapidement surpeuplés : en décembre 1940, on compte 524 présents, 600 en janvier 1941, et jusqu’à 667 au début de juin.

L’administration du camp censure sa correspondance à plusieurs reprises. Ainsi, le 17 avril 1941, quand il écrit à son épouse : « Nous avons une confiance inébranlable. Nous avons été arrêtés parce que nous avons eu le courage de nous élever contre la guerre […] Cela ne nous empêche pas d’avoir notre idée communiste. Nous sommes alors communistes et nous le resterons ».

Le 27 juin 1941 – avec cinq autres Sevranais, dont Georges Denancé et André Mortureux – Maurice Métais fait partie d’un groupe de 88 internés communistes de Seine-et-Oise – dont 32 futurs “45000” – remis aux “autorités d’occupation” et conduits à l’Hôtel Matignon, à Paris, – alors siège de la Geheime Feldpolizei – où ils rejoignent des hommes appréhendés le jour même dans les départements de la Seine-et-Oise et de la Seine par la police française en application d’arrêtés d’internement administratifs [3]. Tous sont ensuite menés au Fort de Romainville (sur la commune des Lilas – 93), alors camp allemand, élément duFrontstalag 122. Considérés comme étant en transit, ils ne sont pas enregistrés sur les registres du camp [4].

Trois jours plus tard, les hommes rassemblés sont conduits à la gare du Bourget (Seine-Saint-Denis – 93) et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise – 60), administré et gardé par laWehrmacht (Polizeihaftlager). Pendant la traversée de la ville, effectuée à pied entre la gare et le camp, la population les regarde passer « sans dire un mot, sans un geste. Tout à coup nous entonnons La Marseillaise et crions «  Des Français vendus par Pétain » [5]. Ils sont parmi les premiers détenus qui inaugurent ce camp créé pour les « ennemis actifs du Reich ».

Neuf mois plus tard, le 25 mars 1942, le préfet de Seine-et-Oise transmet au Conseiller supérieur d’administration de guerre [sic] de la Feldkommandantur 758 de Saint-Cloud une liste d’anciens internés d’Aincourt à la libération desquels il oppose un avis défavorable – « renseignements et avis formulés tant par [ses] services de police que par le directeur du centre de séjour surveillé » ; liste accompagnée de « notes » individuelles avec copie traduite en allemand, dont celle concernant Maurice Métais.

Entre fin avril et fin juin 1942, Celui-ci est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Maurice Métais est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45872 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20.

Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire, ils sont envoyés au travail dans différentsKommandos.

Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – Maurice Métais est dans la moitié des membres du convoi qui est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir.

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Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ». 
« Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre » 
Carte postale. Collection mémoire Vive.

Plus tard, il est admis au Block 20 de l’hôpital (« Revier ») d’Auschwitz.

Maurice Métais meurt à Auschwitz le 8 août 1942, d’après les registres du camp ; un mois après son arrivée.

Le 20 février 1943, le nouveau préfet de Seine-et-Oise répond à une interrogation des services de Ferdinand de Brinon, ambassadeur du gouvernement français dans les territoires occupés, sur la façon dont Maurice Métais et André Mortureux, de Sevran, se sont retrouvés entre les mains des « autorités allemandes » en indiquant qu’ils ont été préalablement internés à Aincourt – à des dates différentes – « par les soins » de son prédécesseur « pour sanctionner leur activité subversive », étant considérés comme « militants communistes particulièrement dangereux ».

Après la guerre, le conseil municipal de Sevran donne le nom de Maurice Métais à l’ancienne rue des Trèfles, où il était domicilié. Le matin du dimanche 24 août 1947, une cérémonie officielle a lieu pour l’inauguration de la plaque de rue, ainsi que celles d’autres voies de la commune portant les noms de conseillers municipaux morts en déportation, dont Georges Denancé, qui habitait à proximité, rue de Bourgogne.

Le nom de Maurice Métais est inscrit sur le Monument aux morts de Sevran, situé dans le cimetière communal. La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 18-08-1995).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 356, 386 et 413. 
- Archives départementales de l’Orne (AD 61), site internet du conseil général, archives en ligne ; registre d’état-civil de Saint-Aignan-sur-Erre ; registre des matricules militaires, classe 1912, bureau de recrutement d’Alençon (cote R1217), matricule n° 815 (vues 531-532/687). 
- Nadia Ténine-Michel, notice dans le Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, sous la direction de Jean Maitron, Editions de l’Atelier/ Editions Ouvrières, 1990-1997, CD-rom (qui cite : Arch. Dép. Seine-et-Oise, 2 M 30/32, 30/58, 1 W 71. 73, 80, 222- État civil). 
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux ; cotes 1W69 (bureau politique du cabinet du préfet de Seine-et-Oise), 1W76 (centre de séjour surveillé), 1W80 (relations avec les autorités allemandes), 300w48 (police française, manifestations et mises en résidence forcée). 
- Liste des 88 internés d’Aincourt (domiciliés dans l’ancien département de Seine-et-Oise) remis les 27 juin 1941 à la disposition des autorités d’occupation, et liste Internés de Seine-et-Oise à la suite d’une mesure prise par le préfet de ce département, ayant quitté le centre d’Aincourt, copies de documents des AD 78 communiquées par Fernand Devaux (03 et 11-2007). 
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 802 (18691/1942). 
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Service d’information sur les anciens détenus (Biuro Informacji o Byłych Więźniach), archives ; registre de la morgue (microfilm n° 741/195). 
- Musée de la Résistance nationale (MRN) Champigny-sur-Marne (94), carton “Association nationale de des familles de fusillés et massacrés”, fichier des victimes. 
- Site Mémorial GenWeb, 93-Sevran, relevé d’Alain Claudeville (2000-2002). 
- Marie-France Xavier Alves,petite-fille de Georges Denancé, messages (02-2013). 
- Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen, dossier de Maurice Métais, cote 21 P 515.779, recherches de Ginette Petiot (message 03-2013).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 9-10-2014)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Sevran : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine-et-Oise (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] L’arrêté préfectoral du 19 octobre 1940 :


CABINET du PRÉFET de SEINE-et-OISE

Versailles, le 19 octobre 1940

Le PRÉFET de SEINE-et-OISE, OFFICIER de la LÉGION d’HONNEUR,

Vu le décret-loi du 26 septembre 1939 ;

Vu la loi du 3 septembre 1940 ;

Considérant que la diffusion de tracts est interdite par les ordonnances des autorités d’occupation et par les lois françaises et qu’elle est, à ce double titre, illégale ;

Considérant que ces tracts sont d’inspiration communiste et que leur diffusion ne peut avoir lieu qu’avec la complicité de militants du parti, ainsi que l’ont prouvé de nombreuses perquisitions domiciliaires ;

ARRÊTE :

Article 1er. – Toute découverte de tracts à caractère communiste sur le territoire d’une commune du département de Seine-et-Oise entraînera l’internement administratif immédiat d’un ou de plusieurs militants communistes notoirement connus résidant sur le territoire de cette commune, sans préjudice des poursuites judiciaires dûment engagées.

Article 1er. – MM. le Secrétaire Général de la Préfecture pour la Police, les Sous-Préfets, le Directeur de la Police d’État, le Chef d’Escadron, Commandant la Compagnie de Gendarmerie de Seine-et-Oise, sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de l’exécution du présent arrêté.

Fait à Versailles, le 19 octobre 1940.

Le PRÉFET de SEINE-et-OISE, signé : Marc CHEVALIER

Pour ampliation, Le Sous-Préfet, Directeur du Cabinet.


[3] Les 88 internés de Seine-et-Oise. Le 26 juin 1941, la Feldkommandantur 758 de Saint-Cloud transmet au préfet du département de Seine-et-Oise – « police d’État » -, cinq listes pour que celui-ci fasse procéder dès le lendemain à l’arrestation de ressortissants soviétiques ou de nationalité russe ancienne ou actuelle, dont 90 juifs, et de républicains espagnols en exil, soit 154 personnes. La sixième catégorie de personnes à arrêter doit être constituée de «  Différents communistes actifs que vous désignerez  » (aucune liste n’étant fournie). Tous doivent être remis à la Geheime Feldpolizei, à l’Hôtel Matignon, à Paris.

Si aucun autre document n’atteste du contraire, c’est donc bien la préfecture de Seine-et-Oise qui établit, de sa propre autorité, une liste de 88 militants communistes du département à extraire du camp d’Aincourt.

Le 27 juin, le commandant du camp écrit au préfet de Seine-Et-Oise pour lui « rendre compte que 70 internés[du département] ont été dirigés aujourd’hui dans la matinée sur le commissariat central de Versailles et que 18 autres internés ont été dirigés dans le courant de l’après-midi à l’Hôtel Matignon à la disposition des Autorités allemandes d’occupation. Le départ de ces internés s’est déroulé sans incident. » Les listes connues à ce jour ne distinguent pas les deux groupes et réunissent les 88 internés.

Le 29 juin, l’inspecteur de police nationale commandant l’escorte conduisant le contingent de 70 détenus à Versailles, rend compte que le commissaire divisionnaire lui a ordonné de poursuivre son convoyage « jusqu’à l’Hôtel Matignon, à Paris, siège de la Geheime Feldpolizei. En passant à Billancourt, quelques internés du premier car ont montré le poing et des ouvriers qui allaient prendre leur travail ont répondu par le même geste. J’ai immédiatement donné des ordres aux gardiens pour que les internés rentrent leurs bras.

À mon arrivée à Paris, je me suis trouvé en présence d’une quinzaine de cars remplis de prisonniers ayant la même destination que les internés d’Aincourt et j’ai dû prendre la suite.

Le formalités d’immatriculation étant assez longues, j’ai dû attendre mon tour ; l’opération a commencé à 18 heures et s’est terminée à 19h15 ; je n’ai pu faire la remise que de 38 internés sur 88 venus d’Aincourt. En raison de l’heure, le chef de bureau de la Feldpolizei m’a fait savoir qu’il recommencerait l’immatriculation le lendemain matin à 8h15, d’avoir à revenir à cette heure-là. J’ai rassemblé les 50 internés restant dans les deux cars et ai libéré les camionnettes et les gardiens disponibles.

Je me suis aussitôt mis en rapport avec la préfecture de Seine-et-Oise afin de savoir où je devais conduire, pour passer la nuit, les 50 internés. Une heure après, je recevais l’ordre de les conduire au Dépôt, 4 quai de l’Horloge, et de continuer ma mission le lendemain matin. Cette formalité étant remplie, j’ai renvoyé les cars et le personnel à Versailles.

Le 28 juin, à 7 heures, j’ai continué ma mission qui a pris fin à 11 heures. Cette escorte s’est déroulée sans autre incident. »

[4] Arrestations de la fin juin 1941 dans le département de la Seine, témoignage d’Henri Rollin : «  Le 27 juin 1941, vers 6 heures de matin, ma femme et moi nous sommes réveillés par un coup de sonnette. Trois inspecteurs de la police française viennent nous arrêter ; perquisition rapide sans résultat (nous avions la veille au soir distribué les derniers tracts que nous avions). Nous arrivons à l’hôtel Matignon où nous trouvons de nombreux cars et camions, résultat d’une rafle dans toute la région parisienne. Nous sommes remis par la police française aux autorités allemandes. Au moment de ma remise aux Allemands, j’ai aperçu qu’on leur donnait une petite fiche portant mon nom et la mention «  communiste  », soulignée à l’encre rouge. Nous subissons un court interrogatoire d’identité… Attente… Vers la fin de l’après-midi, départ en car. Arrivée au fort Romainville, fouille, identité. Départ de Romainville le 1er juillet, au matin, par train spécial et bondé au Bourget, arrivée l’après-midi à Compiègne. Le lendemain, même cérémonie, refouille et identité, ensuite la vie de camp… »

[5] De l’Hôtel Matignon au Frontstalag 122 : témoignage de Marcel Stiquel (déporté au KLSachsenhausen le 24 janvier 1943). Son récit fait état de 87 internés (la liste en comporte 88) et d’un départ d’Aincourt étalé sur deux jours : les 27 et 28 juin 1941 (voir note ci-dessus).