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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

, fils de Pierre Marty et de Charlotte Forestier.

Il est métallurgiste, ajusteur-mécanicien. Pendant un temps, il habite au 20, rue Baudry-Lacantinerie (?).

De la classe 1921, il n’est incorporé que le 11 mars 1923 après avoir été recalé par le Conseil de révision pour faiblesse et insuffisante respiratoire. Après avoir accompli son service militaire au 50e régiment d’infanterie, il est renvoyé dans ses foyers le 7 mai 1924, titulaire d’un certificat de bonne conduite. (1 R 1675-4692 matr.)

Le 19 septembre 1922, il se marie avec Odette Fravier. ils ont deux enfants, âgés de 17 et 18 ans en 1941.

Il commence à travailler à l’usine Motobloc à Bordeaux, puis à l’usine Ford dans cette ville.

Puis il travaille à l’usine Ford d’Asnières, où il a sans doute obtenu une mutation. Pendant onze ans, il travaille comme régleur-rectifieur à l’usine Timken (société anonyme française Timlien, toujours à Asnières. Il est est “affecté spécial” lors de la mobilisation. En dernier lieu, il travaille aux Établissements Waller, M. Mouton, sis au 24, avenue de la Porte de Villiers, à Paris 17e.

En octobre 1927, la famille s’installe au 3, impasse Descours à Asnières [1] (Seine / Hauts-de-Seine – 92). En juillet 1930, ils habitent au 13, rue Novion (?).

En octobre 1932 et jusqu’au moment de son arrestation, Marcel Marty est domicilié au 105, quai d’Asnières, à Asnières.

C’est un militant communiste.

En juin 1941, le commissaire de police de la circonscription d’Asnières propose son arrestation à la préfecture de police pour « participation à la propagande clandestine ».

Le 26 juin, Marcel Marty est arrêté à son domicile par des policiers d’Asnières sur arrêté du préfet de police pris en application du décret du 18 novembre 1939, comme des dizaines de suspects communistes de Seine qui sont aussitôt conduits dans la cour de l’Hôtel (de) Matignon, sis au 57 rue de Varenne à Paris 7e, – alors siège de la Geheime Feldpolizei (GFP) [2] – pour y être « mis à la disposition des autorités d’occupation » [3]. Tous sont ensuite regroupés au Fort de Romainville (sur la commune des Lilas – 93), élément du Frontstalag 122. Considérés comme étant en transit, ils ne sont pas enregistrés sur les registres du camp et transférés le lendemain au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager) [4]. Enregistré sous le matricule 288, Marcel Marty fait partie des premiers internés de Paris et sa banlieue qui inaugurent ce camp de “police”.

Le 4 juillet, Odette Marty écrit au directeur des Renseignements généraux pour lui demander des renseignements concernant l’arrestation de son mari ; une fiche de police n’est établie à son nom qu’à cette date.

Dans ses mémoires, Georges Cogniot mentionne un nommé Marcel Marty, « électricien » qui aurait joué un grand rôle dans l’évasion des 19 communistes dans la nuit du 21 au 22 juin 1942.Entre fin avril et fin juin 1942, Marcel Marty est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Marcel Marty est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I), peut-être sous le numéro 45852, selon les listes reconstituées (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Il meurt à Auschwitz le 4 novembre 1942, d’après  l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).

Déclaré “Mort pour la France” (23-10-1947), il est homologué comme “Déporté politique”.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 29-01-2001) ; « décédé le 18 juillet 1944 à Magdeburg (Allemagne) » (? ?).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 380 et 413.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” des Hauts-de-Seine nord (2005), citant : Etat-civil d’Asnières – Archives du monde combattant, Caen (fichier national).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles (SMAC), Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande”, camps d’internement… (BA 2374) ; dossier individuel du cabinet du préfet (1 W 59-26786) ; dossier individuel des Renseignements généraux (77 W 1690-89786).
- Georges Cogniot, Parti pris, tome 1 : D’une guerre mondiale à l’autre, éditions sociales, 4e trim. 1976, page 487.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 785 (38757/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 28-05-2009)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Asnières : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] L’ “ Aktion Theoderich ” : L’attaque de l’Union soviétique, le 22 juin 1941, se fait au nom de la lutte contre le “judéo-bolchevisme”. Dès mai 1941, une directive du Haut-commandement de la Wehrmacht pour la “conduite des troupes” sur le front de l’Est définit le bolchevisme comme « l’ennemi mortel de la nation national-socialiste allemande. C’est contre cette idéologie destructrice et contre ses adeptes que l’Allemagne engage la guerre. Ce combat exige des mesures énergiques et impitoyables contre les agitateurs bolcheviks, les francs-tireurs, les saboteurs et les Juifs, et l’élimination allemande de toute résistance active ou passive. » Hitler est résolu à écraser par la terreur – à l’Ouest comme à l’Est – toute opposition qui viendrait entraver son effort de guerre. Le jour même de l’attaque contre l’Union soviétique, des mesures préventives sont prises dans les pays occupés contre les militants communistes – perquisitions à leur domicile et arrestations – et des ordres sont donnés pour punir avec la plus extrême sévérité toute manifestation d’hostilité à la puissance occupante.

En France, dans la zone occupée, au cours d’une opération désignée sous le nom de code d’Aktion Theoderich,plus de mille communistes sont arrêtés par les forces allemandes et la police française. D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par le régime de Vichy, ils sont envoyés, à partir du 27 juin 1941, au camp allemand de Royallieu à Compiègne, créé à cette occasion pour la détention des « ennemis actifs du Reich » sous l’administration de la Wehrmacht.

Au total, 1300 hommes y seront internés à la suite de cette action. Fin août, 200 d’entre eux font déjà partie de ceux qui seront déportés dans le convoi du 6 juillet 1942.