Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

André, Albert, Marteau naît le 18 mars 1922 à Saint-Pierre-des-Corps (Indre-et-Loire – 37), commune limitrophe à l’ouest de Tours, entre le Cher et la Loire, fils d’Albert Marteau, 32 ans, employé de la Compagnie de chemin de fer de Paris à Orléans (P.O.), et de Juliette Coulounier, 29 ans, son épouse, domiciliés au 100 rue de Jéricho. En 1931, son père est devenu surveillant à la Compagnie du P.O.

Avant-guerre, son père est conseiller municipal communiste de Saint-Pierre-des-Corps, adjoint au maire.

André Marteau, qui a suivi un apprentissage en menuiserie, doit quitter son emploi « par suite des évènements » et travaille successivement dans une entreprise pour le compte de la SNCF et aux Établissement Liotard.

En 1940, son père est muté à Lourdes (Hautes-Pyrénées) par son employeur, la SNCF, en raison de ses opinions politiques.

André Marteau rejoint l’organisation clandestine du Parti communiste, peut-être sous les ordres indirects de Paul Desormeaux, ajusteur à la CIMT, interrégional du PC clandestin. Il participe à la diffusion de tracts dans les milieux ouvriers qu’il côtoie, à la SNCF puis aux établissements Liotard. Dans cette usine, il participerait « à la détérioration de machines-outils, ou pièces, ou appareils » en cours de fabrication.

Au moment de son arrestation, André Marteau est domicilié 10 rue Aristide Briand à Saint-Pierre-des-Corps.

Le 24 juin 1941, il est arrêté par la police allemande et condamné par un tribunal militaire à un an d’emprisonnement. Le 14 janvier 1942, il est mis en liberté surveillée.

Début février 1942, une sentinelle allemande en faction rue du Sanitas à Tours est “exécutée” par un résistant armé (Marcel Jeulin, 21 ans). Les autorités d’occupation font insérer dans le journal local, La Dépêche du Centre, un avis selon lequel des arrestations auront lieu, suivies d’exécutions et de déportations vers l’Est, si les coupables ne sont pas découverts.

Le 9 février, André Marteau est arrêté comme otage de représailles par des « agents de la Gestapo » et conduit au centre d’internement installé dans la caserne de l’ex-501e régiment de chars de combat. Quelques jours après, il est transféré à la Maison d’arrêt de Tours. Ils sont dix soupçonnés d’activité communiste clandestine à subir le même sort, dont le jeune Jacques Mazein et Stanislaw Tamowski…

Début avril, André Marteau est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, les six grands bâtiments alignés du quartier C, qui semblent avoir souvent servi au regroupement des internés sélectionnés pour la prochaine déportation. L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas).

La caserne de Royallieu en 1957 ; au deuxième plan, les six grands bâtiments alignés du quartier C,
qui semblent avoir souvent servi au regroupement des internés sélectionnés pour la prochaine déportation.
L’enceinte et les miradors du camp ont disparu (les deux hangars en bas à gauche n’existaient pas).

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, André Marteau est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45838 selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté André Marteau.

Il meurt à Auschwitz le 11 novembre 1942, d’après une source à vérifier. Il a 20 ans.

Son nom est inscrit sur le Monument aux morts de Saint-Pierre-des-Corps. Un certain Pierre Marteau y est également inscrit, mort en captivité à 23 ans : s’agit-il d’un parent ?

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 364 et 413.
- Archives départementales d’Indre-et-Loire-et-Loire, Tours : commission départementale des déportés et internés (ministère des anciens combattants et victimes de guerre), demandes de pension, dossiers de Magineau à Quidu (50 W 34).
- Site Mémorial GenWeb, relevé de Stéphane Le Barh et Catherine Rouquet (08-2003).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 13-12-2021)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.