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Henri, Lucien, Marchand, né le 22 mars 1899 aux Lilas [1] (Seine-Saint-Denis – 93), fils de Lucien Marchand, polisseur, et de Berthe Héron. Il a – au moins – une sœur : Léone.

Après la Première Guerre mondiale et jusqu’à son arrestation, il est domicilié au 78, rue de la Folie-Regnault à Paris 11e.

À une date restant à préciser, il épouse Marie Robin, née le 2 septembre 1901 à Roanne (Loire) d’avec qui il se séparera en juin 1940. Il a une fille.

Du 12 février 1935 au 6 novembre 1941, Henri Marchand est ouvrier spécialisé fraiseur aux usines Renault de Boulogne-Billancourt, bien noté par ses employeurs.

En septembre 1941, la police allemande reçoit une lettre présentant Henri Marchand comme se livrant à la propagande communiste clandestine.

Le 22 septembre, vers 11 heures, alors qu’il est à son travail, des policiers allemand  se présentent à son domicile pour y effectuer une perquisition qui reste sans résultat. Revanant en soirée, ils l’emmènent à fin d’enquête. Cinq jours plus tard, le 27 septembre, ils le relâchent en lui disant qu’il ne sera plus inquiété.

Le 6 novembre, Henri Marchand est arrêté par les services de la direction des renseignements généraux au motif qu’il participerait à l’activité communiste clandestine « en se livrant surtout à la propagande verbale ». Le même jour le préfet de police de Paris signe un arrêté ordonnant son internement administratif en application du décret du 18 novembre 1939 ; il est conduit au dépôt de la préfecture de police (sous-sol de la Conciergerie, île de la Cité).

Le 10 novembre 1941, Henri Marchand fait partie d’un groupe de 58 militants communistes transféré au « centre de séjour surveillé » (CSS) de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne – 86).

En février 1942, quelqu’un de ses proches adresse une demande de libération au préfet de la Vienne. Celui-ci renvoie la requête, pour avis, aux renseignements généraux à Paris.

Le 22 mai 1942, Henri Marchand est parmi les 156 internés de Rouillé – dont 125 seront déportés avec lui – remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise – 60), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Henri Marchand y est enregistré sous le matricule 5584 et assigné pendant un temps au bâtiment C5, chambrée 12.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne – sur la commune de Margny – et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Henri Marchand est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45828, selon les listes reconstituées (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Henri Marchand meurt à Auschwitz le 3 octobre 1942, d’après les registres du camp.

Le 8 juillet 1942 – deux jours après le départ du convoi -, sa sœur Léone, qui habitait alors chez lui, a écrit au préfet de police pour solliciter de nouveau sa libération.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 21-10-1994).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 381 et 412.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Extrait de son acte de naissance – Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (dossier individuel).
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), APPo, site du Pré-Saint-Gervais ; dossiers individuels du cabinet du préfet (1w0700), dossier d’Henri Marchand (23545).
- Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; liste XLI-42, n° 118.
- Archives départementales de la Vienne ; camp de Rouillé (109W75).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 776 (34408/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 5-01-2016)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Les Lilas : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).