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Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz. 
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Yannick, Félix, Victor, Mahé naît le 3 décembre 1919 à Paris 15e (75).

Au moment de son arrestation, il est domicilié au 59, rue Aristide-Briand à Cachan (Val-de-Marne – 94) ou au 38, rue Mouton-Duvernet à Paris 14e. Il est marié.

Yannick Mahé est mécanicien-outilleur.

c’est un militant du Parti communiste.

Un nommé Louis Mahé, interné administrativement le 19 décembre 1939, avec trois autres élus municipaux de Romainville dont Pierre Kérautret, décède le 19 janvier 1940 : est-ce un parent ?

Le 1er février 1941, Yannick Mahé est arrêté avec son père, Félix, et Ernest Poupon pour « activité communiste » (détention de tracts) et écroué à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e).

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Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er. 
Tribunal correctionnel, un des porches du rez-de-chaussée. 
(montage photographique)

Début février, la 12e chambre du tribunal correctionnel de la Seine condamne Yannick Mahé et Ernest Poupon, respectivement à huit et six mois d’emprisonnement. Yannick Mahé fait appel le 4 mars.

Le 25 mars 1941, il est transféré au dépôt de la Préfecture (la Conciergerie, sous-sol du Palais de Justice, île de la Cité). Le jour-même, il est libéré (à la suite d’une décision de tribunal ?).

Le 28 avril 1942, Yannick Mahé est arrêté à son domicile, comme otage, lors d’une grande vague d’arrestations collectives (397 personnes) organisée par « les autorités d’occupation » dans le département de la Seine, visant majoritairement des militants du Parti communiste clandestin. Les hommes arrêtés sont rapidement conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise – 60), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Yannick Mahé y est enregistré sous le matricule 4075.

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La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers 
bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”, 
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”. 
À l’arrière plan, sur l’autre rive de l’Oise, 
l’usine qui fut la cible de plusieurs bombardements 
avec “dégâts collatéraux” sur le camp. 
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Yannick Mahé est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45811, selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule n’a pas été retrouvée).

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartisdans les Blocks 19 et 20. Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire, ils sont envoyés aux travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – Yannick Mahé est dans la moitié des membres du convoi qui est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir.

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Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ». 
« Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre » 
Carte postale. Collection mémoire Vive.

Là, il est affecté à la boulangerie. Il réussit à manifester sa solidarité envers ses camarades en mettant chaque jour deux pains sous les barbelés près desquels passait la colonne de travail de Gabriel Lejard.

Yannick Mahé meurt à Auschwitz le 21 octobre 1942, d’après les registres du camp [1]. Il a 22 ans.

Il est homologué comme “Déporté politique”. La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 16-07-1994).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 372 et 412. 
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Témoignage de Gabriel Lejard – Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (fichier central). 
- Archives de la préfecture de police de Paris, cartons “Occupation allemande” : BA ? (liste des conseillers municipaux communistes… établie le 27-02-1941). 
- Archives nationales, correspondance de la Chancellerie sur des procès pour propagande et activité communistes, BB18 7042. 
- Archives départementales de Paris ; rôle correctionnel, cote D1u6 5850. 
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 3, page 760 (36903/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 25-01-2012)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ.

S’agissant de Yannick Mahé, c’est « le 11 juillet 1942 à Auschwitz (Pologne) et non le 6 juillet 1942 à Compiègne (Oise) » qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.