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Jean, Charles, Locatelli naît le 9 août 1909 à Paris 11e (75), fils de Charles Locatelli et de Ermenegilda (Gilda) Negri. Il a – au moins – une sœur.
Jean Locatelli est rectifieur-outilleur.Le 20 juin 1931, à Paris 11e, il se marie avec Jeanne Marie L., née le 27 juillet 1906 à Port-Brillet (Mayenne). Ils n’ont pas d’enfant [1]. Vers 1937, ils se séparent (le divorce serait prononcé le 23 octobre 1942).Du 6 juillet au 27 novembre 1939, Jean Locatelli travaille aux établissements Lavalette, 36 avenue Michelet à Saint-Ouen [2] (Seine / Seine-Saint-Denis).

À partir du 30 novembre, il est employé par la maison Nevé, usine de matériel frigorifique, 176 boulevard de Charonne (Paris 20e), d’où il est renvoyé le 20 septembre 1940.

Le 24 septembre – trois mois et demi après le début de l’occupation -, il signe un contrat de travailleur volontaire en Allemagne comme tourneur pour la société Marhischer Mettallbau à Orianenburg. Mais un témoignage ultérieur atteste que cette démarche n’a pas eu de suite (source : DAVCC).

Du 3 octobre suivant au mois d’avril 1941, Jean Locatelli travaille aux établissements Geoffray, entreprise de travaux publics, 185 boulevard Bineau à Neuilly-sur-Seine (Seine / Hauts-de-Seine).Le 28 mai, il est impliqué avec d’autres personnes dans une affaire de vol d’outillage alors qu’il travaille de son métier chez un industriel de Vitry-sur-Seine (Seine / Val-de-Marne). Il est envoyé au Dépôt de la préfecture par le commissaire de police de la circonscription d’Ivry-sur-Seine. Selon la lettre ultérieure d’un avocat chargé de défendre ses intérêts fin mai 1941 (DAVCC), Jean Locatelli est alors détenu à la Maison d’arrêt de la Santé sur mandat d’un juge d’instruction, un premier interrogatoire ayant lieu le 11 juin. Le 12 août, le prévenu est mis en liberté provisoire, étant cité à comparaître le 28 février 1942 devant la 15e chambre du tribunal correctionnel de la Seine.À partir du 10 septembre 1941, Jean Locatelli travaille comme rectifieur à l’usine SATAM (Société anonyme pour tous les appareillages mécaniques), sise 99 rue de la Paix à La Courneuve [2] (Seine / Seine-Saint-Denis).

Pendant un temps, il demeure au 4 cité Dupont, à Paris 11e. À partir du 25 septembre et jusqu’au moment de son arrestation, il habite une chambre à l’hôtel des Méridionaux (ou hôtel Méridional), 36, boulevard Richard-Lenoir (11e). Ultérieurement, son père, gardien concierge des établissements La Tôlerie industrielle, 7 rue Guillaume-Bertrand (11e), déclarera qu’il résiderait alors chez lui.

Un rapport des renseignements généraux indique que Locatelli n’a, jusque là, pas attiré l’attention pour son activité politique..

En octobre, la police française reçoit des « renseignements confidentiels » signalant que des tracts communistes ont circulé au cours des mois précédant dans le quartier Saint-Ambroise. Une enquête aussitôt effectuée les conduit à identifier un distributeur de tracts, Émile P., 59 ans, qui, lors de son interrogatoire, déclare tenir ceux-ci de Jean Locatelli.

Celui-ci est arrêté le 9 ou le 10 octobre 1941, vers 18 h 15, sur son lieu de travail par des inspecteurs de la 3e section des renseignements généraux. Son vestiaire à l’usine et sa chambre d’hôtel sont perquisitionnés sans amener la découverte d’aucun élément compromettant. Interrogé dans les locaux de la préfecture de police, Locatelli met d’abord en cause un ex-militant, André J., de Saint-Ouen, mais, celui-ci niant le connaître, il revient sur ses premières déclarations, ce qui n’empêche pas qu’il reste considéré comme suspect. Le 13 octobre, le préfet de police de Paris signe l’arrêté ordonnant son internement administratif en application du décret-loi du 18 novembre 1939 et il est écroué au Dépôt, 3 quai de l’Horloge, en attendant son transfert dans un centre de séjour surveillé (CSS).

Le 10 novembre 1941, Jean Locatelli fait partie d’un groupe de 58 militants communistes transférés au camp de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne).

Dans la même période, son beau frère écrit au préfet de police pour solliciter sa libération, expliquant que tous deux appartiennent à une famille catholique et que Jean Locatell n’a jamais fait de politique.

Le 27 février 1942, Jean Locatelli écrit lui-même au préfet de la Seine pour solliciter sa libération, opposant « énergiquement un démenti formel aux allégations de [son] accusateur ». Il ajoute : « Depuis la Révolution nationale, j’ai toujours compris la nécessité d’un ordre nouveau et accepté de grand cœur la politique du Maréchal ».

Le 22 mai 1942, Jean Locatelli est parmi les 156 internés de Rouillé – dont 125 seront déportés avec lui – remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, Jean Locatelli est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne – sur la commune de Margny – et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Jean Locatelli est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45799 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz lors de l’évacuation du camp en janvier 1945. Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz
lors de l’évacuation du camp en janvier 1945.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20. Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire, ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – Jean Locatelli est dans la moitié des membres du convoi qui est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir.

Le 10 août, il est admis à l’hôpital d’Auschwitz-I, passant successivement par les Blocks 20 (maladies contagieuses), 21 (chirurgie) et 28 (médecine interne).

Selon le témoignage d’Aimé Obeuf, de Vincennes, Jean Locatelli meurt en février 1943, période correspond à une partie disparue des registres des décès du camp [3]. Le 15 janvier 1946, à la mairie du 12e arrondissement, ce rescapé signera une déclaration en ce sens.

Il renouvelle celle-ci sur un formulaire à en-tête de la FNDIRP le 14 novembre suivant.

À l’automne 1955, Gilda Locatelli, sa mère, dépose à la direction départementale de Paris du Ministère des Anciens combattants et victimes de guerre (ACVG) un formulaire de demande d’attribution du titre de Déporté politique à son fils. Le 11 octobre de cette année, la commission départementale rend un avis défavorable, ayant eut connaissance de l’existence du contrat de travailleur volontaire en Allemagne. Néanmoins, le 22 janvier 1957, le ministère rend un avis favorable et lui accorde ce titre, la carte n° 1101 22577 étant envoyée à sa mère.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. n° 184 du 8-08-2008).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 371 et 411 ; notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002).
-Division des archives des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, Caen ; dossier de Jean Locatelli (21 P 479 405).
-Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), APPo, site du Pré-Saint-Gervais ; cartons “occupation allemande” :  camps d’internement… (BA 2374) ; dossiers du cabinet du préfet (1 W 0337), dossier de Jean Locatelli (24588).
- Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; liste XLI-42, n° 113.
- Archives départementales de la Vienne ; camp de Rouillé (109W75 ).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 1-06-2016)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] La Courneuve : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] La date de décès inscrite sur les actes d’état civil. Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ.

Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.