Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.  Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Les SS ont détruit la plupart des archives du KL Auschwitz.
Le portrait d’immatriculation de ce détenu a disparu.

Roger, Arnoult, Levaché naît le 5 août 1908 à Marcoussis [1] (Seine-et-Oise / Essonne) dans une famille de cultivateurs qui produisent des légumes de plein champ : choux, poireaux, tomates, salades, fraises… À force de labeur, ils sont parvenus à acheter une fermette sans animaux – excepté un cheval pour le travail de la terre (d’où, également, des parcelles consacrées au blé, à l’avoine et à la luzerne) – au 12, rue Émile-Zola.

Mobilisé au cours de la Première Guerre mondiale, le père de Roger Levaché (Alfred ?) meurt dans la nuit du 12 au 13 décembre 1917 à Saint-Michel-de-Maurienne lors du déraillement d’un train qui fait plusieurs centaines de victimes parmi des soldats revenants du front italien [2]. Sa mère continue de faire vivre l’exploitation, en employant des ouvriers agricoles. Elle peut l’étendre en achetant des terrains.

Devenu cultivateur à son tour, Roger Levaché épouse Hélène Petit, née le 19 mars 1908, cultivatrice, le 20 décembre 1930. Ils ont deux enfants : Jean, né le 3 novembre 1934, et (Guy dit) Jim, né le 31 décembre 1938. Par sa famille, Hélène héritera de terres portant la surface de l’exploitation à environ 7 hectares.

Militant dans les organisations agricoles et au Parti communiste, Roger Levaché exerce des responsabilités locales, participant à (ou organisant) des réunions dans les villages des environs (à La-Ville-du-Bois…). Selon un document d’archives daté de 1937, le maire de Marcoussis adresse à la préfecture de Versailles un rapport défavorable le concernant. Sa mère finit par partager ses convictions et adhère également au Parti communiste. Comme elle s’est forgé un bon niveau de connaissances, elle corrige les articles que son fils rédige pour la presse militante.

Ayant réussit a faire l’acquisition d’un tracteur – instrument rare avant la guerre -, Roger Levaché répond avec une ironie provocatrice aux suspicieux qu’il l’a acheté « avec l’argent de Moscou ». Il possède également un camion (Citroën A.U. 23) pour effectuer ses livraisons aux Halles de Paris et une petite automobile qui sera réquisitionnée par l’occupant. Pour empêcher l’utilisation de son tracteur (« S’ils le prennent, ils n’iront pas bien loin. »), il trafique discrètement le moteur de celui-ci ; sabotage qui ne sera découvert qu’après la Libération, lors de la mise en route problématique de la machine.

Roger Levaché reste actif dans la clandestinité ; sa mère et son épouse connaissent ses activités. Il est dénoncé par deux personnalités de la commune dont un ancien adjudant qui écrit de lui : « Très adroit, ne peut être pris en défaut ».

Le 14 janvier 1941, le préfet de Seine-et-Oise signe l’arrêté ordonnant l’internement administratif de Roger Levaché, comme militant. Le 18 janvier – un jour de neige -, des gendarmes à vélo viennent le chercher à son domicile, mais celui-ci est parti assister à des obsèques. Ils questionnent d’abord un ouvrier agricole sciant du bois à l’extérieur des bâtiments et qu’ils prennent pour leur suspect. Finalement, les gendarmes attendent son retour dans la soirée, sur la route de Monthléry à Marcoussis, pour l’interpeller. Ils le ramènent ensuite chez lui pour prendre quelques affaires. Là, sa mère, son épouse et ses enfants assistent à son départ.

Roger Levaché est d’abord conduit au commissariat de Limours, puis interné administrativement au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), créé en octobre 1940 dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt afin d’y enfermer des hommes connus de la police pour avoir été militants communistes avant-guerre. Son épouse et ses enfants lui rendent une visite dans ce camp.

Tel qu’il est photographié, le pavillon Adrien Bonnefoy Sibour ne laisse pas entrevoir la grande forêt qui l’entoure et l’isole de la campagne environnante.

Tel qu’il est photographié, le pavillon Adrien Bonnefoy Sibour ne laisse pas entrevoir la grande forêt qui l’entoure et l’isole de la campagne environnante.

L’administration du centre censure sa correspondance a plusieurs reprises. On relève notamment cette fois où il écrit : « Où faut-il que nous soyons arrivés pour que les nouvelles bastilles se peuplent de plus en plus ?… jusqu’à ce qu’elles tombent, bien entendu ».

Son épouse, de caractère fragile, étant très ébranlée par cette situation, sa mère prend les rênes de l’exploitation.

Le 27 juin 1941, Roger Levaché fait partie d’un groupe de 88 internés communistes de Seine-et-Oise – dont 32 futurs “45000” – remis aux “autorités d’occupation” et conduits à l’Hôtel Matignon, à Paris, – alors siège de la Geheime Feldpolizei – où ils rejoignent des hommes appréhendés le jour même dans les départements de la Seine-et-Oise et de la Seine par la police française en application d’arrêtés d’internement administratifs [3]. Tous sont ensuite menés au Fort de Romainville (sur la commune des Lilas, Seine / Seine-Saint-Denis – 93), alors camp allemand, élément du Frontstalag 122. Considérés comme étant en transit, ils ne sont pas enregistrés sur les registres du camp [4].

Trois jours plus tard, les hommes rassemblés sont conduits à la gare du Bourget (93) et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (60), administré et gardé par la Wehrmacht (Polizeihaftlager). Pendant la traversée de la ville, effectuée à pied entre la gare et le camp, la population les regarde passer « sans dire un mot, sans un geste. Tout à coup nous entonnons La Marseillaise et crions “Des Français vendus par Pétain” » [5]. Ils sont parmi les premiers détenus qui inaugurent ce camp créé pour les « ennemis actifs du Reich » .

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ; à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8. Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Le quartier “A” de la caserne de Royallieu à Compiègne, futur “camp des communistes” du Frontstalag 122 ;
à droite, sont visibles les bâtiments A4, A5, A6, A7 et A8.
Carte postale des années 1930. Collection Mémoire Vive.

Neuf mois plus tard, le 25 mars 1942, le préfet de Seine-et-Oise transmet au Conseiller supérieur d’administration de guerre [sic] de la Feldkommandantur 758 de Saint-Cloud une liste d’anciens internés d’Aincourt à la libération desquels il oppose un avis défavorable – « renseignements et avis formulés tant par [ses] services de police que par le directeur du centre de séjour surveillé » ; liste accompagnée de « notes » individuelles avec copie traduite en allemand, dont celle concernant Roger Levaché.

À Royallieu, il reçoit deux visites de sa famille. Une première fois, toute la communauté s’y rend, y compris les ouvrières agricoles ; mais seuls son épouse et ses enfants peuvent entrer. La deuxième fois, seuls sa mère et son fils Jean peuvent le voir.

Après l’évasion de dix-neuf responsables communistes du camp de Compiègne dans la nuit du 21 au 22 juin 1942, sa mère et son épouse accueillent pendant une nuit deux des évadés : André Tollet et Maurice Léonard. À des ouvrières agricoles qui l’interrogent sur la présence de ces étrangers, Madame Levaché répond que leur indiscrétion risque de les faire tous fusiller.

Plus tard, l’épouse de Bonnamy, de Palaiseau, vient chercher du ravitaillement (légumes et charcuterie) avec René Renard, autre détenu évadé qui a réalisé l’installation électrique du tunnel et qu’elle héberge. Ils y retrouvent André Tollet et Maurice Léonard. Les personnes rassemblées se régalent d’un lapin cuisiné. Madame Bonnamy et René Renard seront tous deux seront arrêtés le soir de leur retour.

Entre fin avril et fin juin 1942, Roger Levaché est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Roger Levaché est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; sous le numéro 45791 selon les listes reconstituées (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Roger Levaché est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le “camp souche” : « Arbeit macht frei » (le travail rend libre).
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Pendant un temps, il est assigné au Block 16 avec d’autres “45000”.

Roger Levaché meurt à Auschwitz le 18 septembre 1942 [6], selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher), alors qu’a lieu une grande sélection des “inaptes au travail” à l’intérieur du camp à la suite de laquelle 146 des “45000” sont inscrits sur le registre des décès en deux jours (probablement tués d’une piqûre intracardiaque de phénol ou gazés [7]).

(il est le seul “45000” de Marcoussis)

À la Libération, sa mère est désignée comme membre du conseil municipal provisoire mis en place en attentant les élections. C’est ainsi qu’elle découvre dans les archives de la mairie les rapports dénonçant son fils aux autorités.

Après la Libération, la cellule du Parti communiste de Marcoussis prend le nom de Roger Levaché.

Mais une certaine opprobe poursuit sa famille : celle-ci n’est pas invitée au premier repas du Noël des prisonniers organisée dans la commune après leur retour. Mais Hélène Levaché décide qu’ils doivent quand même tous s’y rendre. N’étaient pas attendus, les enfants ne reçoivent pas de jouets. La famille est finalement inscrite les années suivantes.

Le nom de Roger Levaché est inscrit, parmi les déportés, sur le monument aux morts de Marcoussis, situé dans le cimetière communal.

Quand son fils Jean – qui ne s’engage pas en politique – fait son service militaire à Montléry, vers 1956-1957, celui-ci se voit avec plaisir dispensé du service de garde à l’armurerie. Mais il apprend un peu plus tard qu’il s’agit en fait d’une mesure de méfiance en relation avec l’activité politique de son père et de sa grand-mère (celle-ci décède dans cette période…).

En 1993, le Conseil municipal de Marcoussis donne son nom (orthographié “Levacher” et associé à Gilbert Cintrat [8]) à une rue de la commune située dans la zone industrielle qui vient d’être créée.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 25-02-1995).

Notes :

[1] Marcoussis : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine-et-Oise (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] 12 décembre 1917. À Saint-Michel-de-Maurienne, déraillement d’un train de soldats revenants de la guerre. Pour des raisons encore mal éclaircies, seuls quelques wagons étaient correctement reliés au système de freinage. La ligne de la Maurienne présentant une forte rampe, la locomotive ne put correctement freiner à l’approche d’une zone de vitesse réduite et dérailla au lieu-dit “La Saussaz”. Le bilan officiel est de 425 morts, mais plusieurs estimations indiquent 675 morts environ, compte tenu des décès des suites de blessures et brûlures dans les quinze jours qui suivirent le déraillement.

[3] Les 88 internés de Seine-et-Oise. Le 26 juin 1941, la Feldkommandantur 758 de Saint-Cloud transmet au préfet du département de Seine-et-Oise – « police d’État » -, cinq listes pour que celui-ci fasse procéder dès le lendemain à l’arrestation de ressortissants soviétiques ou de nationalité russe ancienne ou actuelle, dont 90 juifs, et de républicains espagnols en exil, soit 154 personnes. La sixième catégorie de personnes à arrêter doit être constituée de «  Différents communistes actifs que vous désignerez  » (aucune liste n’étant fournie). Tous doivent être remis à la Geheime Feldpolizei, à l’Hôtel Matignon, à Paris.

Si aucun autre document n’atteste du contraire, c’est donc bien la préfecture de Seine-et-Oise qui établit, de sa propre autorité, une liste de 88 militants communistes du département à extraire du camp d’Aincourt.

Le 27 juin, le commandant du camp écrit au préfet de Seine-Et-Oise pour lui « rendre compte que 70 internés[du département] ont été dirigés aujourd’hui dans la matinée sur le commissariat central de Versailles et que 18 autres internés ont été dirigés dans le courant de l’après-midi à l’Hôtel Matignon à la disposition des Autorités allemandes d’occupation. Le départ de ces internés s’est déroulé sans incident. » Les listes connues à ce jour ne distinguent pas les deux groupes et réunissent les 88 internés.

Le 29 juin, l’inspecteur de police nationale commandant l’escorte conduisant le contingent de 70 détenus à Versailles, rend compte que le commissaire divisionnaire lui a ordonné de poursuivre son convoyage « jusqu’à l’Hôtel Matignon, à Paris, siège de la Geheime Feldpolizei. En passant à Billancourt, quelques internés du premier car ont montré le poing et des ouvriers qui allaient prendre leur travail ont répondu par le même geste. J’ai immédiatement donné des ordres aux gardiens pour que les internés rentrent leurs bras.

À mon arrivée à Paris, je me suis trouvé en présence d’une quinzaine de cars remplis de prisonniers ayant la même destination que les internés d’Aincourt et j’ai dû prendre la suite.

Le formalités d’immatriculation étant assez longues, j’ai dû attendre mon tour ; l’opération a commencé à 18 heures et s’est terminée à 19h15 ; je n’ai pu faire la remise que de 38 internés sur 88 venus d’Aincourt. En raison de l’heure, le chef de bureau de la Feldpolizei m’a fait savoir qu’il recommencerait l’immatriculation le lendemain matin à 8h15, d’avoir à revenir à cette heure-là. J’ai rassemblé les 50 internés restant dans les deux cars et ai libéré les camionnettes et les gardiens disponibles.

Je me suis aussitôt mis en rapport avec la préfecture de Seine-et-Oise afin de savoir où je devais conduire, pour passer la nuit, les 50 internés. Une heure après, je recevais l’ordre de les conduire au Dépôt, 4 quai de l’Horloge, et de continuer ma mission le lendemain matin. Cette formalité étant remplie, j’ai renvoyé les cars et le personnel à Versailles.

Le 28 juin, à 7 heures, j’ai continué ma mission qui a pris fin à 11 heures. Cette escorte s’est déroulée sans autre incident. »

[4] Arrestations de la fin juin 1941 dans le département de la Seine, témoignage d’Henri Rollin : «  Le 27 juin 1941, vers 6 heures de matin, ma femme et moi nous sommes réveillés par un coup de sonnette. Trois inspecteurs de la police française viennent nous arrêter ; perquisition rapide sans résultat (nous avions la veille au soir distribué les derniers tracts que nous avions). Nous arrivons à l’hôtel Matignon où nous trouvons de nombreux cars et camions, résultat d’une rafle dans toute la région parisienne. Nous sommes remis par la police française aux autorités allemandes. Au moment de ma remise aux Allemands, j’ai aperçu qu’on leur donnait une petite fiche portant mon nom et la mention «  communiste  », soulignée à l’encre rouge. Nous subissons un court interrogatoire d’identité… Attente… Vers la fin de l’après-midi, départ en car. Arrivée au fort Romainville, fouille, identité. Départ de Romainville le 1er juillet, au matin, par train spécial et bondé au Bourget, arrivée l’après-midi à Compiègne. Le lendemain, même cérémonie, refouille et identité, ensuite la vie de camp… »

[5] De l’Hôtel Matignon au Frontstalag 122 : témoignage de Marcel Stiquel (déporté au KLSachsenhausen le 24 janvier 1943). Son récit fait état de 87 internés (la liste en comporte 88) et d’un départ d’Aincourt étalé sur deux jours : les 27 et 28 juin 1941 (voir note ci-dessus).

[6] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ.

Concernant Roger Levaché, c’est le 15 novembre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

[7] Les chambres à gaz du centre de mise à mort situé à Birkenau fonctionnent principalement pour l’extermination des Juifs dans le cadre de la “solution finale”, mais, jusqu’en mai 1943, elles servent également à éliminer des détenus, juifs ou non, considérés comme “inaptes au travail”. Les détenus d’Auschwitz-I sélectionnés sont amenés en camions à Birkenau. Quelquefois, ils attendent la mort au Block 7 de ce camp

[8] Gilbert Cintrat : né le 1er juin 1907 à Marcoussis, arrêté fin 1940 sur dénonciation par la police française, qui trouve des tracts au cours de la perquisition, il passe par la prison de Rambouillet et le camp de Voves. Le 21 mai 1944, il est déporté dans un transport de 2004 hommes parti de Compiègne et arrivé trois jours plus tard au KL Neuengamme. Enregistré au camp sous le matricule 31135, il est dirigé ensuite sur le Kommando de Schandelah, situé près de Brunswick, dont les détenus travaillent, entre septembre 1944 et avril 1945, pour une raffinerie de pétrole. Gilbert Cintrat y meurt le 14 mars 1945 (source : Livre-Mémorial de la FMD, tome 3, pages 658-659 et 676, convoi I.214, par Thomas Fontaine, Gérard Fournier, Guillaume Quesnée).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 101 (citant Georges Cogniot, Parti pris, Éditions Sociales, Paris 1976, page 489), 127 et 128, 380 et 411.
- Jean Levaché, son fils, message et réponse à un questionnaire (09-2007).
- André Tollet, Le souterrain, éditions sociales, collection Souvenir, Paris 1974, pages 154 à 157.
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux, centre de séjour surveillé d’Aincourt ; cotes 1W80 (relations avec les autorités allemandes), 1W277.
- Liste des 88 internés d’Aincourt (domiciliés dans l’ancien département de Seine-et-Oise) remis les 27 juin 1941 à la disposition des autorités d’occupation, et liste Internés de Seine-et-Oise à la suite d’une mesure prise par le préfet de ce département, ayant quitté le centre d’Aincourt, copies de documents des AD 78 communiquées par Fernand Devaux (03 et 11-2007).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 715 (31469/1942).
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Service d’information sur les anciens détenus (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) ; registre du Block 16.
- Site Mémorial GenWeb, 91-Marcoussis, relevé de Jean-Pierre Auclair (2003).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 24-09-2012)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.