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IDENTIFICATION INCERTAINE…
Auschwitz-I, le 8 juillet 1942. 
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 
Oswiecim, Pologne. 
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Paul, Charles, Hervy naît le 25 mars 1915 à Paris 11e (75), fils de Charles Hervy et de Marie Guilloux.

Au moment de son arrestation, Paul Hervy est domicilié au 72, avenue de Versailles à Créteil [1] (Val-de-Marne – 94).

Célibataire, il se déclare comme manœuvre.

Il est secrétaire de la section locale des Jeunesses communistes.

Le 1er juin 1940, Paul Hervy est arrêté pour distribution de tracts.

Inculpé de propagande communiste par un juge d’instruction du Tribunal de première instance de la Seine, il est écroué en détention préventive à la Maison d’arrêt de Fresnes (94) le 3 juin (n° d’écrou 5785).

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La maison d’arrêt de Fresnes après guerre. 
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Mais, le 26 juin, il est remis en liberté par les “autorités d’occupation” qui évacuent un quartier de la prison pour leur propre usage.

Dans la nuit du 27 au 28 octobre 1940, vers quatre heures du matin, alors que Paul Hervy colle des affiches (tracts communistes), accompagné du jeune René Besse, de Créteil, ils sont surpris par une ronde de gendarmes de la brigade de Créteil (“flagrant délit”). Quand ils veulent s’enfuir, la chaîne du vélo de Paul Hervy casse : il est arrêté et conduit au commissariat de Créteil où il est durement interrogé.

Le 1er novembre, inculpé d’infraction au décret du 26 septembre 1939 et placé sous mandat de dépôt, il est écroué à la Maison d’arrêt de la Santé à Paris 14e.

Le 18 novembre, la 12e Chambre du Tribunal correctionnel de la Seine le condamne à treize mois d’emprisonnement pour la première infraction (celle de juin).

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Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er. 
Tribunal correctionnel, un des porches du rez-de-chaussée. 
(montage photographique)
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Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er. 
Tribunal correctionnel, un des porches du 1er étage. 
(montage photographique)

Le mardi 9 janvier 1941, il comparaît devant la chambre des mineurs (15e) aux côtés de René Besse – accompagné de son père, responsable civil – et de René Lemoine. Paul Hervy est condamné à huit mois pour la deuxième infraction (celle d’octobre) ; peine confirmée en appel le 28 mai suivant. Le 5 avril 1941, il est transféré à la Maison d’arrêt de Fresnes.

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La maison d’arrêt de Fresnes après guerre. 
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Bien que sa peine vienne à expiration le 5 février 1942, Paul Hervy n’est pas libéré : le préfet de police de Paris signe l’arrêté ordonnant son internement administratif, ceci afin de respecter les consignes de l’armée d’occupation stipulant qu’aucun Français de sexe masculin arrêté pour activité anarchiste ou communiste ne pourra être libéré sans son accord.

Le 10 février, Paul Hervy est conduit au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Val-d’Oise – 95), créé dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt.

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Aincourt. Le sanatorium de la Bucaille. Au premier plan, 
le pavillon qui fut transformé en camp d’internement. 
Carte postale oblitérée en 1958. Coll. Mémoire Vive.

Le 27 février, il prend connaissance de l’arrêté préfectoral qui le concerne et le signe.

Le 5 mai, il est transféré avec d’autres détenus au camp français de Voves (Eure-et-Loir – 28), où il ne passe que cinq jours (matricule 396).

Le 10 mai, il fait partie des 81 internés remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise – 60), administré et gardé par la Wehrmacht(Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Les deux wagons à bestiaux 
du Mémorial de Margny-les-Compiègne, 
installés sur une voie de la gare de marchandise 
d’où sont partis les convois de déportation. Cliché M.V.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Paul Hervy est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45662, selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule a été retrouvée, mais n’a pu être identifiée à ce jour).

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied à Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20.

Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire – au cours duquel Paul Hervy se déclare sans religion (Glaubenslos) -, ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

René Besse se rappelle avoir vu Paul Hervy à Birkenau : « ayant perdu ses lunettes, ne trouvant pas sa place au moment de l’appel », il est assommé par « un coup de crosse » donné par un gardien SS et laissé pour mort sur le sol. Au retour des Kommandos, il a disparu.

Pourtant, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp, Paul Hervy meurt à l’intérieur du complexe concentrationnaire d’Auschwitz le 4 novembre 1942 [2].

Le 28 septembre 1947, la municipalité de Créteil donne son nom à un square de la commune (dans lequel a été placé un polissoir datant de 5000 av. JC).

Son nom est également inscrit parmi les déportés sur le Monument aux morts de Créteil, avenue du maréchal de Lattre-de-Tassigny.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 4-01-1994).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 387 et 407. 
- Témoignage de René Besse, Limoges, janvier 2006. 
- Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, sous la direction de Jean Maitron, Les Éditions de l’Atelier/Les Éditions Ouvrières, 1990-1997 CD-Rom (citant : Arch. Com. Créteil, Livre d’or de la commune de Créteil, renseignement fourni par Françoise Wyss, archiviste). 
- Archives de Paris, archives du tribunal correctionnel de la Seine, rôle du greffe du 15 novembre 1940 au 20 janvier 1941, cote D1u6-5851 ; rôle du greffe du 2 décembre 1940 au 25 février 1941, cote D1u6-5852 ; jugement du mardi 9 janvier 1941, cote D1u6-3705. 
- Archives Départementales du Val-de-Marne, dossiers individuels des détenus, cote 2Y5 753 : libérés par l’autorité allemande en juin 1940 (mandat de dépôt). 
- Archives de la préfecture de police de Paris, cartons “occupation allemande” : BA 2374 (camps d’internement…). 
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux, centre de séjour surveillé d’Aincourt ; cotes 1W76, 1W80, 1W123 (dossier individuel) ; recherches parallèles de Claude Delesque. 
- Comité du souvenir du camp de Voves, liste établie à partir des registres du camp conservés aux Archives départementales d’Eure-et-Loir. 
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 446 (38780/1942). 
- Site Mémorial GenWeb, 94-Créteil, relevé de Dominique Robichon (2000-2002).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 17-06-2013)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes (FNDIRP) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Créteil : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. Concernant Paul Hervy, c’est le 15 septembre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.