JPEG - 75.9 ko
Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Maurice, Léon, Hayot naît le 14 juillet 1901 à Dissay-sous-Courcillon (Sarthe), fils de Léon Hayot, maréchal-ferrant (lui même fils de maréchal-ferrant), 28 ans, et de Maria Charlotte Cuvier, 20 ans, son épouse, domiciliés au lieu dit Sainte-Catherine. Maurice est l’aîné. Il a bientôt un frère, Marcel, né en 1902, et et une sœur Marthe, née en 1903 (en 1906, un ouvrier maréchal cohabite avec eux). En 1909, à Chalonnes (Maine-et-Loire), naît sa sœur Germaine.

Fin octobre 1911, la famille est installée au 6, rue de la Caserne, dans le quartier de la cathédrale, à Tours (Indre-et-Loire – 37). Sa sœur Jeanne naît le 1er décembre 1913 chez ses parents et sa sœur Odette le 28 février 1917 à la maternité de l’hôpital Bretonneau.
Le 5 avril 1921, Maurice Hayot rejoint le 2e dépôt des équipages de la Flotte afin d’y  accomplir son service militaire. Il passe 13 mois et 12 jours « à la mer ». Le 25 avril 1923, il est renvoyé dans ses foyers, titulaire d’un certificat de bonne conduite.

En janvier 1924, il est domicilié au 11 rue Lavoisier à Tours.

Le 6 février 1932, à Ciron (Indre), Maurice Hayot se marie avec Yvonne Cotinat, née le 10 juin 1906 dans ce village.

Leur fils Claude Maurice naît le 23 décembre 1932 à Sainte-Radegonde-en-Touraine (37).

En 1936, la famille Hayot habite rue Jeanne d’Arc à Sainte-Radegonde. Maurice est alors forgeron aux établissements Biémont, avenue de Grandmont prolongée à Tours. Quelques mois plus tard, en juillet 1936, Maurice Hayot se déclare domicilié au lieu dit la Madeleine, à Chambray-les-Tours (37).

Le 6 avril 1937 naît son fils Guy Léon.

En février 1938, Maurice Hayot habite aux Monts (37), sur les bords de l’Indre, au sud-ouest de Chambray.

En mars 1939, l’armée de Terre le classe dans l’“affectation spéciale” au titre de la poudrerie du Ripault, à Monts, entreprise relevant de la Défense nationale. Il y est maintenu après que la guerre soit déclarée.

Le 14 juin 1940 naît sa fille Jacqueline Henriette.

Une attestation ultérieure du maire de Chambray-les-Tours indique que Maurice Hayot habite de nouveau dans cette commune à partir du 1er mars 1941. Il est retourné travailler à l’usine Biémont de Tours.

Ni son épouse ni le maire du village ne lui connaissent d’activité politique.

Dans la nuit du 5 au 6 février 1942, à Tours, un petit groupe armé de résistance – au sein duquel le jeune cheminot Marcel Jeulin – tente une action de sabotage sur un dépôt de carburant situé entre les rues du Sanitas et du Hallebardier, près du passage à niveau n° 4. Une sentinelle allemande montant la garde est grièvement blessée par un coup de révolver. Conduit à l’hospice général Bretonneau de Tours, hôpital en grande partie réquisitionné par l’occupant, le soldat allemand y succombera.

Dès le lendemain, le commandant de la Feldkommandantur 588 fait apposer un avis ordonnant un couvre-feu et annonçant la possibilité d’autres mesures. De son côté, le préfet promet une prime de 50.000 francs à qui donnera des informations permettant d’arrêter les résistants. Puis les autorités allemandes font insérer dans le journal local La Dépêche un autre avis selon lequel, si les coupables ne sont pas découverts, des arrestations de représailles seront opérées, suivies d’exécutions et de déportations « vers l‘Est ».

Dans la nuit du 9 au 10 février, les autorités d’occupation procèdent à une vague d’arrestations visant trente-deux résidents juifs et onze hommes soupçonnés d’activité communiste du département, dont elle connaît l’identité et le domicile.

Le 9 février, vers 23 h 30, alors qu’il est couché, Maurice Hayot est ainsi arrêté à son domicile par deux Feldgendarmes. Les hommes arrêtés sont d’abord regroupés à Tours, la Maison d’arrêt et/ou (?) au quartier Lassalle, ancienne caserne du 501e régiment de chars de combat (“cavalerie”).

Le 21 février, d’autres otages de représailles sont parallèlement fusillés sur deux sites éloignés. Six “politiques” précédemment condamnés à des peines de prison par des tribunaux militaires allemands sont exécutés la Maison centrale de Fontevrault (Maine-et-Loire). Quatorze autres sont exécutés au fort du Mont-Valérien à Suresnes (Seine / Hauts-de-Seine), dont treize juifs extraits du camp de Drancy, beaucoup ayant été pris lors de la rafle du 21 août 1941 [X].

Le 1er avril, 19 otages juifs sont transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), où ils sont probablement assignés au sous-camp juif (quartier C) ; sept seront déportés à Auschwitz le 5 juin (convoi n°2). Jacques Lévy et le jeune Roger Sommer seront déportés le 6 juillet. D’autres enfin seront déportés le 11 octobre 1943 sur l’île anglo-normande occupée d’Aurigny (convoi 641 ; à préciser).

Le 17 avril, onze otages “communistes” déportables sont à leur tour transférés à Compiègne-Royallieu ; Maurice Hayot y est enregistré sous le matricule n° 3861 (à vérifier…).

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

JPEG - 128.9 ko

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Maurice Hayot est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45655 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; Maurice Hayot se déclare alors comme forgeron. Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Maurice Hayot.

Il meurt à Auschwitz le 20 mai 1943, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher), qui indique « Pleurésie » pour cause mensongère de sa mort.

Son nom ne figure pas sur le Monument aux morts de Chambray-les-Tours, uniquement dédié aux combattants de 1914-1918, dont un nommé Maurice Hayot : un parent ?

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 21-06-1994).

Notes :

[1] Les otages fusillés le 21 février 1942 : Les exécutions d’otages en France au premier semestre 1942, article de Louis Poulhès, in Guerres mondiales et conflits contemporains, 2017/2 (n° 266), Presses Universitaires de France, pages 139 à 152. Serge Klarsfeld, Le livre des otages, Les éditeurs français réunis, Paris 1979, pages 50 à 52. Serge Klarsfeld et Léon Tsevery, Les 1007 fusillés au Mont-Valérien parmi lesquels 174 Juifs, Association des fils et filles des déportés juifs de France, 1995, page 46. Les fusillés (1940-1944), Dictionnaire biographique des fusillés et exécutés par condamnation et comme otage ou guillotinés pendant l’Occupation, sous la direction de Claude Pennetier, Jean-Pierre Besse, Thomas Pouty et Delphine Leneveu, Éditions de l’Atelier, 2015.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 364 et 407.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 431 (20333/1942).
- Site Mémorial GenWeb, 37 – Indre-et-Loire, Chambray-les-Tours, relevé de Catherine Rouquet (08-2003).
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, direction des patrimoines de la mémoire et des archives (DPMA), Caen : dossier individuel (21 P 461-969).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 25-02-2022)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.