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IDENTIFICATION INCERTAINE…
Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Marius Guérin naît le 24 avril 1905 à Provins (Seine-et-Marne – 77), à l’Hôtel-Dieu, au 5, rue Saint-Thibault, fils d’Ernest Guérin, 39 ans, manouvrier, et de Marie Mouzet, son épouse, 35 ans, manœuvrière, domiciliés au village de Sourdun, 5 km à l’est de Provins.

De la classe 1925, Marius Guérin effectue son service militaire au 46e régiment d’Infanterie à Fontainebleau.

Le 8 mars 1929, à Sancy-les-Provins, il se marie avec Marguerite Noël, née en 1906 à Augers-en-Brie (77), couturière, habitant jusque-là chez ses parents, rue du Calvaire (déclarée « infirme » en 1941 ?). Ils ont un fils, Jacques, né en 1930 à Provins.

Au printemps 1931, la famille est domiciliés au 6 place du Cloître Notre-Dame à Provins. Marius est alors ouvrier agricole chez Garcot.

Au printemps 1936 et jusqu’au moment de l’arrestation du chef de famille, celle-ci est domiciliée à Sourdun, quartier Nord-Est. Marius est alors ouvrier agricole chez Rigollet, entrepreneur de battage.

Ouvrier agricole (tâcheron), il est aussi employé comme bûcheron.

Militant communiste, il est trésorier de la cellule de Sourdun en 1938 et 1939.

Le dimanche 19 octobre, Marius Guérin est appréhendé à son domicile dans la cadre d’une vague d’arrestations décidée par l’occupant contre des communistes de Seine-et-Marne, pris comme otages en représailles de distributions de tracts et de destructions de récolte – incendies de meules et de hangars – ayant eu lieu dans le département.

Il est rapidement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), parmi 86 Seine-et-Marnais arrêtés en octobre (42 d’entre eux seront des “45000”). Il y est enregistré sous le matricule n° 1731.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont à pied conduits sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Marius Guérin est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45632 selon les listes reconstituées (la photo du détenu portant ce matricule a été retrouvée, mais n’a pu être identifiée à ce jour).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Marius Guérin.

Il meurt à Auschwitz le 26 août 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) [1].

Au printemps 1946, sa veuve et son fils habitent toujours à Surdon.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 17-05-1994).

Notes :

[1] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. Concernant Marius Guérin, c’est le 15 octobre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 73, 127 et 128, 378 et 406.
- Archives départementales de Seine-et-Marne, archives en ligne : état civil de Provins, registre des naissances de l’année 1905, acte n°54 (cote 6E398/172 1905, vue 28/270).
- Archives départementales de Seine-et-Marne, Dammarie-les-Lys : cabinet du préfet, arrestations allemandes, secteur de Provins, dossier individuel (SC51231).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 409 (25223/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 9-11-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.