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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Georges Gallot naît le 28 février 1912 à Paris 11e (75), fils de Georges Gallot et d’Élisa Coconière.

Le 5 novembre 1932, à la mairie de Montreuil-sous-Bois [1] (Seine / Seine-Saint-Denis – 93), il se marie avec Renée Oger, née le 11 mars 1912 à Cormeilles-en-Parisis (Seine-et-Oise). Ils auront deux enfants, Huguette, née le 27 septembre 1934, et Guy, né le 2 janvier 1939, tous deux à Montreuil.

À partir de 1936 et jusqu’au moment de l’arrestation du chef de famille, celle-ci est domiciliée au 41 ter, rue de l’Ermitage à Montreuil.

Il est aide-ouvrier au Métropolitain.

En mars 1937, Georges Gallot entre à la Compagnie du Chemin de fer Métropolitain de Paris. En dernier lieu, il exerce les fonctions d’électricien spécialiste.

La police ne lui connaît aucune activité politique.

Mobilisé au cours de la guerre 1939-1940, il est décoré de la Croix de guerre avec citation pour avoir ramené son chef de section grièvement blessé.

Le 19 octobre 1940, à 6h30, face au n° 123 du boulevard Aristide-Briand à Montreuil, interpellé au cours d’une rafle effectuée par les services du commissariat de police de la circonscription, Georges Gallot est trouvé porteur d’un tract communiste dont il déclare qu’il lui aurait été glissé à son insu par un camarade de travail. Bien que les policiers aient tenté de le mettre en cause « pour distribution et collage de tracts subversifs », il est relaxé le lendemain, les charges relevées contre lui n’ayant pas parues suffisantes pour l’inculper d’infraction au décret de 26 septembre 1939, réprimant l’activité et la propagande communiste.

Le 28 avril 1942, Georges Gallot est arrêté à son domicile lors d’une grande vague d’arrestations (397 personnes) organisée par « les autorités d’occupation » dans le département de la Seine – avec le concours de la police française – et visant majoritairement des militants du Parti communiste dont beaucoup ayant été poursuivis par la justice française. Les hommes arrêtés sont rapidement conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise – 60), administré et gardé par la  Wehrmacht (Frontstalag 122 -Polizeihaftlager).Entre fin avril et fin juin 1942, Georges Gallot est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures, puis repart à la nuit tombée. Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Georges Gallot est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45568 (ce matricule sera tatoué sur son avant-bras gauche quelques mois plus tard).

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20.

Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire, au cours duquel ils déclarent leur profession, ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – Georges Gallot est dans la moitié des membres du convoi qui est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir.

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Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ».
« Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »
Carte postale. Collection mémoire Vive.

Après un certain temps, la faim et l’épuisement le transforment en “musulman”. « À peu près fou, (il veut se) jeter dans les barbelés. » Roger Pélissou, de Bagnolet, l’en empêche. Une autre fois ou le même jour, celui-ci lui donne la moitié de son pain. Gestes de solidarité qu’il n’oubliera jamais.

En juillet 1943, la plupart des détenus “politiques” français d’Auschwitz (essentiellement des “45000”) reçoivent l’autorisation d’écrire – en allemand et sous la censure – à leur famille et d’annoncer qu’ils peuvent recevoir des colis (à vérifier le concernant…).

À la mi-août 1943, Georges Gallot est parmi les “politiques” français rassemblés (entre 120 et 140) au premier étage du Block 11 – la prison du camp – pour une “quarantaine”. Exemptés de travail et d’appel extérieur, les “45000” sont témoins indirects des exécutions massives de résistants, d’otages polonais et tchèques et de détenus du camp au fond de la cour fermée séparant les Blocks 10 et 11.

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Auschwitz-I. Le premier étage du Block 11, avec ses fenêtres
partiellement obstruées. Carte postale. Coll. Mémoire Vive.

Le 12 décembre 1943, à la suite de la visite d’inspection du nouveau commandant du camp, le SS-Obersturmbannführer Arthur Liebehenschel, – qui découvre leur présence – et après quatre mois de ce régime qui leur a permis de retrouver quelques forces, ils sont pour la plupart renvoyés dans leurs Blocks et Kommandos d’origine.

A la fin de l’été 1944, Georges Gallot est parmi les trente-six “45000” qui restent à Auschwitz, alors que les autres survivants sont transférés vers d’autres camps.

En janvier 1945, lors de l’évacuation d’Auschwitz, il est parmi les douze “45000” incorporés dans des colonnes de détenus dirigées vers le KL Gross-Rosen, dans la région de Wroclaw.

En février, il est parmi les quinze “45000” évacués vers le complexe concentrationnaire de Dora-Mittelbau et répartis dans différents Kommandos. Georges Gallot est affecté à Dora-Harzugen avec Robert Daune.

Le 11 avril 1945, Dora est évacué. On ignore les conditions de la libération de Georges Gallot ; cependant Robert Daune, lui, est incorporé à une colonne de détenus dirigée sur Bergen-Belsen, camp où il est libéré le 15 avril.

Georges Gallot est rapatrié le 9 mai 1945.

Au printemps 1943, un membre de sa famille s’est adressé aux autorités françaises afin de connaître son sort, ainsi qu’en atteste une demande de renseignements sur les motifs de son arrestation adressée le 27 avril au préfet de police  par les service de la Délégation générale du gouvernement français dans les territoires occupés (de Brinon) .

Après la guerre, Georges Gallot rencontre « fréquemment » Roger Pélissou et témoigne avec lui du sort des disparus auprès des familles.

En 1973, il témoigne pour Roger Arnould.

Georges Gallot décède le 12 janvier 1981.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 350 et 351, 358, 385 et 405.
- Lettre de Roger Pélissou à Rolande, veuve de Pierre Bertolino (22-03-1964).
- Archives de la préfecture de police, Paris/Le-Pré-Saint-Gervais ; liste des arrestations du 28 avril 1942 ; cabinet du préfet, dossiers individuels (1w0262), n° 63572.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 23-10-2015)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Montreuil-sous-Bois : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).