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IDENTIFICATION INCERTAINE
Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

René, Georges, Fouquet naît le 13 mai 1893 à Pont-Audemer (Eure), fils d’Arsène Fouquet, 27 ans, domestique, et de Florentine Blaise, son épouse, 26 ans, domiciliés route de Rouen.

Habitant ensuite au 13 boulevard Pereire à Paris 17e, il commence à travailler comme clerc d’huissier.

Le 19 décembre 1910 (âgé de 17 ans), à la mairie du 8e arrondissement de Paris, il s’engage volontairement comme matelot de 3e classe au 5e dépôt des équipages de la Flotte « jusqu’à la date d’expiration légale du service dans l’armée active de la classe à laquelle il appartient par son âge (cl. 1913) ». Parti le même jour, il arrive au dépôt de Toulon le lendemain. Le 1er avril 1913, il est nommé matelot de 1re classe maître d’hôtel.

Le 2 août 1914, lors du déclenchement de la Première Guerre mondiale, il est en poste sur le contre-torpilleur Branle Bas.

Le 29 septembre 1915, il passe à l’escadrille de sous-marins de Cherbourg (Manche – 50). Le 2 mars 1916, il passe à la 1re escadrille de sous-marins. Le 4 mai 1917, il est promu quartier-maître. Du 2 juillet 1917 au 1er janvier 1919, il est affecté à l’escadre de sous-marins de Bretagne.

Sous-marin d’un modèle mis en service au cours de la guerre 1914-1918 (L’Astrée). Carte postale, collection Mémoire Vive.

Sous-marin d’un modèle mis en service au cours de la guerre 1914-1918 (L’Astrée).
Carte postale, collection Mémoire Vive.

Dans cette période, le 22 juin 1918, à Cherbourg, il s’est marié avec Blanche Michel (?).

Il est affecté au 1er centre administratif de Brest jusqu’au 14 mai 1919. Enfin, il rejoint le 1er dépôt de la Flotte (Cherbourg). Le 15 juin 1919, il est envoyé en congé illimité de démobilisation, titulaire d’un certificat de bonne conduite, et se retire au 95 rue de la Buché à Cherbourg.

Fin mars 1928, il vient habiter à Querqueville (50) [1]. En octobre 1928, il y est forgeron (?).

Au moment de son arrestation, il est domicilié route des Casernes à Querqueville. Il est alors père de deux enfants.

Ajusteur, René Fouquet est chef d’équipe aux Travaux Maritimes à l’Arsenal de Cherbourg.

Cherbourg. Le port militaire et les ateliers des forges de l’Arsenal  dans les années 1900. Carte Postale. Coll. Mémoire Vive.

Cherbourg. Le port militaire et les ateliers des forges de l’Arsenal
dans les années 1900. Carte Postale. Coll. Mémoire Vive.

Militant communiste connu de la section communiste de Cherbourg, René Fouquet entre au Comité fédéral dès 1923, lors du Congrès de Lison (Calvados). Secrétaire de la section d’Équeurdreville, animateur de la Commission coopérative du Rayon de Cherbourg, il est militant du syndicat CGTU des Métaux. Il est désigné comme secrétaire de l’Union Locale de Cherbourg en 1925, puis secrétaire-adjoint après la restructuration régionale. Il a été conseiller municipal de Querqueville.

Fin 1938, il est dégagé des obligations du service militaire.

En 1940, René Fouquet est révoqué de l’Arsenal, comme Lucien Levaufre et Charles Mauger, d’Octeville.

Le 23 juin 1941, René Fouquet est arrêté à Querqueville, lors la grande rafle préventive opérée simultanément avec l’attaque allemande contre l’Union Soviétique [1]. D’abord interné à la prison maritime de Cherbourg, il est rapidement transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Le camp militaire de Royallieu en 1956. Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ». En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : le « camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, René Fouquet est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, René Fouquet est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I), peut-être sous le numéro 45554, selon les listes reconstituées (la photo d’immatriculation du détenu portant ce matricule a été retrouvée, mais n’a pu être identifiée ; voir ci-dessus).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp) ; René Fouquet se déclare alors sans religion (Glaubenslos). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté René Fouquet.

Il meurt à Auschwitz le 20 octobre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).

Il est homologué comme “Déporté politique”.

À une date restant à préciser, le Conseil municipal de Querqueville donne son nom à une rue de la ville.

Notes :

[1] Querqueville : en 2016, la commune fusionne avec Cherbourg-Octeville, Tourlaville, la Glacerie et Equeurdreville-Hainneville, pour constituer la nouvelle commune de Cherbourg-en-Cotentin.

[2] L’ “Aktion Theoderich : L’attaque de l’Union soviétique, le 22 juin 1941, se fait au nom de la lutte contre le “judéo-bolchevisme”. Dès mai 1941, une directive du Haut-commandement de la Wehrmacht pour la “conduite des troupes” sur le front de l’Est défini le bolchevisme comme « l’ennemi mortel de la nation national-socialiste allemande. C’est contre cette idéologie destructrice et contre ses adeptes que l’Allemagne engage la guerre. Ce combat exige des mesures énergiques et impitoyables contre les agitateurs bolcheviks, les francs-tireurs, les saboteurs et les Juifs, et l’élimination allemande de toute résistance active ou passive. » Hitler est résolu à écraser par la terreur – à l’Ouest comme à l’Est – toute opposition qui viendrait entraver son effort de guerre. Le jour même de l’attaque contre l’Union soviétique, des mesures préventives sont prises dans les pays occupés contre les militants communistes – perquisitions à leur domicile et arrestations – et des ordres sont donnés pour punir avec la plus extrême sévérité toute manifestation d’hostilité à la puissance occupante. En France, dans la zone occupée, au cours d’une opération désignée sous le nom de code d’Aktion Theoderich, plus de mille communistes sont arrêtés par les forces allemandes et la police française. D’abord placés dans des lieux d’incarcération contrôlés par le régime de Vichy, ils sont envoyés, à partir du 27 juin 1941, au camp allemand de Royallieu à Compiègne, créé à cette occasion pour la détention des « ennemis actifs du Reich » sous l’administration de la Wehrmacht. Au total, 1300 hommes y seront internés à la suite de cette action. Fin août, 200 d’entre eux font déjà partie de ceux qui seront déportés dans le convoi du 6 juillet 1942.

Sources :

- De Caen à Auschwitz, par le collège Paul Verlaine d’Evrecy, le lycée Malherbe de Caen et l’association Mémoire Vive, éditions Cahiers du Temps, Cabourg (14390), juin 2001, notice par Claudine Caron-Hamet page 130.
- Cl. Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 83, 366 et 404.
- Archives départementales d’Eure, archives en ligne : état civil de Pont-Audemer, registre des naissances de l’année 1893, acte n°62 (cote cote 8 Mi 5446, vue 449/755).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 : relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 301 (36887/1942).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 10-01-2024)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.