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Auschwitz, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Albert, Jean, Marie, Fouquet naît le 16 mars 1902 à Paris 14e, fils de Jean Fouquet, 25 ans, employé, et de Jeanne Day, son épouse, 22 ans, domiciliés au 10, passage Bournisien (dans le prolongement de la rue Croce-Spinelli, entre la rue Vercingétorix et la rue Blottière, disparue, près de la voie de chemin de fer partant de la gare Montparnasse ; secteur aujourd’hui réaménagé pour former le square du cardinal Wyszynski).

En 1922, ses parents habitent au 53, rue Franklin, à Courbevoie (Seine / Hauts-de-Seine – 92) ; Albert Fouquet vit peut-être encore avec eux. Il commence à travailler comme mécanicien.

Le 12 mai 1922, il est incorporé comme soldat de 2e classe au 68e régiment du Génie afin d’accomplir son service militaire. Le 10 avril 1923, il passe au 15e régiment du Génie. Le 6 novembre suivant, il passe dans la disponibilité, titulaire d’un certificat de bonne conduite.

Le 19 septembre 1925 à Courbevoie, Albert Fouquet se marie avec Suzanne Natural, née le 29 décembre 1903 à Marly-le-Roi (Seine-et-Oise). Ils auront un fils : Jean, Albert, né le 2 mai 1926 à Paris 13e.

En décembre, Albert Fouquet déclare habiter au 1, avenue d’Argenteuil, chez M. Natural (beau-père présumé) à Asnières (Seine).

En avril 1928, il semble s’être installé chez ses propres parents, au 53, rue Franklin, à Courbevoie. En janvier 1929, il habite au numéro 17 de cette rue.

Du 26 août au 15 septembre 1929, il effectue une période de réserve au C.M. Génie n° 15.

En novembre 1933, il demeure au 48, rue de l’Avenir à Asnières ; en mai 1935, au 109 boulevard de Saint-Denis à Courbevoie ; en février 1936, au 49, rue Lambrech, toujours dans cette commune. Ensuite, pendant sept ans, il habitera au 125, boulevard de Verdun, bâtiment C, 7e étage, où il aura pour voisin Maurice Guerrier.

Albert Fouquet est ajusteur outilleur. Pendant un temps, il travaille à l’usine Hispano-Suiza.

En 1935, il entre aux établissements Citroën, groupe de Levallois. En 1936, étant secrétaire syndical dans l’entreprise, il participe aux mouvements de grève. En novembre 1936, l’autorité militaire le classe dans l’ “affectation spéciale” au titre de son entreprise. Il est également membre de l’Amicale socialiste de Citroën.

Le 30 novembre 1938, il participe au mouvement national de grève lancé pour protester contre l’abandon des acquis du Front populaire, ce qui entraîne son licenciement. Suite à cet événement, il déclarera plus tard ne plus s’occuper de rien, hormis le bien-être de sa famille.

Il est alors embauché à la fabrique de Matériel électrique aéronautique (MEA), sise au 14, rue Adam-Ledoux à Courbevoie.

De juin 1939 à juin 1940, pendant la “Drôle de guerre” puis la Campagne de France, il est mobilisé dans l’affectation spéciale à l’usine Hispano-Suiza de Bois-Colombes, rue du Capitaine-Guynemer. Puis la famille part sur les routes de l’Exode. Au retour, début de l’Occupation, il est inscrit au fonds de chômage de la mairie de Courbevoie.

En octobre 1940, le bureau de chômage l’incite à partir comme travailleur volontaire en Allemagne. Le 24 octobre, il signe un contrat pour y exercer son métier. Le 30, il part pour Eberswalde, Brandebourg, où il est choisi comme délégué du personnel français par les autorités allemandes.

En février 1941, il rentre en France, notamment afin de revenir auprès de son fils de 15 ans qui a subi une grave opération à l’Hôtel-Dieu de Paris au mois de décembre : « tumeur sur côte au poumon droit » ou « … de la colonne vertébrale », son pécule d’expatrié étant bienvenu pour assurer les soins nécessaires.

C’est peut-être alors que la famille emménage au premier étage du 74, boulevard de la République à La Garenne-Colombes [1] (92).

Pendant quelque temps, il travaillerait comme bûcheron à Chaumes-en-Bry (Seine-et-Oise).

À partir du 7 avril 1941, Albert Fouquet est embauché par la société Glaenzer-Spicer – transmissions à cardan, dépositaire d’un brevet de joint homocinétique en 1934, équipant notamment la Traction avant Citroën dont le siège est au 7, rue Jules-Ferry à Courbevoie (aujourd’hui GKN) – pour aller travailler dans son usine du 10, route d’Achères à Poissy (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), donnant alors toute satisfaction professionnelle à la direction qui ne lui connaît pas d’activité politique.

Le commissaire de police de Courbevoie rédige un rapport préconisant son internement : « Continuerait à exercer une active propagande en faveur de l’ex-parti communiste, notamment au cours de ses conversations. Il tient des propos faisant l’apologie de la doctrine communiste. L’internement de Fouquet paraît donc s’imposer. »

Le 10 juillet 1941 à 6 h 45, ayant quitté son domicile afin de se rendre à son travail, Albert Fouquet est interpellé à la gare de la Garenne-Colombes par deux inspecteurs qui le prient de les suivre au commissariat de Courbevoie pour y fournir des renseignements. Mais arrivé sur place, personne ne l’interroge ni ne lui explique le motif de sa présence. Le jour même, le préfet de police signe l’arrêté ordonnant son internement administratif en application du décret du 18 novembre 1939. Albert Fouquet est conduit à la caserne désaffectée des Tourelles, boulevard Mortier, Paris 20e, “centre surveillé” dépendant de la préfecture de police de Paris, où il est assigné au bâtiment A, chambre 37, sous le n° 52.

Le 16 juillet suivant, Louis Glaenzer, président directeur général de la société Glaenzer-Spicer, écrit au préfet de police afin de solliciter la libération de son employé, indiquant que si celui-ci était relâché pour revenir travailler dans l’usine de Poissy, il y serait mis sous surveillance spéciale, la direction signalant alors à la police la moindre défaillance pouvant se produire.

Deux jours plus tard, le 18 juillet, Albert Fouquet écrit lui-même au préfet de police, disant croire à une erreur, se défendant de n’avoir jamais été communiste et supposant avoir « été l’objet d’une désobligeance » de la part d’un voisin de son ancienne adresse du boulevard de Verdun.

Le 6 août, le PDG de la société Glaenzer-Spicer écrit de nouveau au préfet de police afin d’obtenir une réponse à son premier courrier.

Le 8 août, Suzanne Fouquet écrit au préfet de police, pour solliciter la libération de son mari, ajoutant à propos de son ancien immeuble de Courbevoie, « … j’ai des doutes sur la concierge, car cela fait le cinquième d’arrêté dans cette maison. »

Le 13 août, le chef du 1er bureau du cabinet du préfet de police transmet le courrier de la société Glaenzer-Spicer au commissaire de Courbevoie : « L’intéressé ayant été interné à votre demande, je vous prie de vouloir bien faire connaître […] la suite qu’il convient de réserver à cette requête. »

Le 28 août, Suzanne Fouquet envoie au commissaire de Levallois un courrier dans lequel elle le supplie par trois fois de faire libérer son mari : « … je vous jure qu’il n’est pas communiste du tout, cela est faux ». Elle espère une convocation (pour s’expliquer…).

Le 2 septembre, le commissaire de police de Courbevoie transmet au préfet de police un rapport sur Marcel Fouquet établi par un de ses inspecteurs, selon lequel « À chaque occasion, [celui-ci] manifestait ses idées communistes et syndicalistes en faisant l’apologie des doctrines communistes. Il s’est vanté, chez un artisan, devant plusieurs personnes, d’avoir fait quatre mois de prison pour ses idées, ajoutant que malgré cela, elles ne changeraient pas. Ceci paraît invraisemblable puisque Fouquet est inconnu aux sommiers judiciaires. Sa femme a tenu les propos suivants : “Mon mari exprime trop ses idées et je crains que ça amène son arrestation.” [Dans son dernier emploi] il ne paraît pas s’être fait remarquer par ses idées politiques ». Le commissaire conclut : « Néanmoins, dans l’intérêt national et la tranquillité de la circonscription, la mesure d’internement prise à son égard paraît devoir être maintenue. »

Le 8 septembre, Suzanne Fouquet écrit simultanément et dans des termes à peu près semblables au préfet de police et à « Monsieur son Excellence de Brinon, Délégué général du Gouvernement », au sujet de son mari « mis en état d’arrestation pour des raisons politiques […] dans des conditions qui me paraissent manifestement injustifiées. […] Il résulterait des déclarations du commissariat de police que mon mari aurait été l’objet d’une lettre anonyme le dénonçant pour activité communiste. […] Syndicaliste pur, opposé à toute ingérence des partis quels qu’ils soient, il ne s’est intéressé qu’aux seules revendications professionnelles. »

Le 13 septembre, la Délégation générale du gouvernement français dans les territoires occupés (ambassade de Brinon), transmet au préfet le courrier reçu : « Je vous serais obligé de bien vouloir examiner avec bienveillance le cas de l’intéressé et de lui répondre directement ».

Le 24 septembre, le PDG de Glaenzer Spicer, écrit de nouveau au préfet de police, ajoutant cette fois-ci : « Nous sommes surpris de n’avoir reçu aucune réponse à nos lettres des 16 juillet et 6 août, cette dernière recommandée. Nous appelions votre attention sur le cas [d’un] de nos ouvriers, M. Albert Fouquet […] dont l’absence gêne actuellement notre production, [celui-ci] étant ajusteur professionnel à notre usine de Poissy. Par ailleurs, nous inspirant des doctrines du Maréchal et poursuivant la politique sociale qui a toujours été de règle dans nos usines, nous nous sommes efforcés – avec un certain succès jusqu’à présent – de désintoxiquer certains ouvriers infectés par le virus communiste, en agissant auprès d’eux d’une manière active en vue de les détourner du Parti communiste. […] Madame Fouquet, qui nous a semblé assez méritante, touche une allocation de 210 fr. tous les dix jours. Il lui est difficile de vivre, elle et son fils, sur cette somme. Nous avons pu lui allouer, en utilisant notre caisse d’entraide, 1800 fr. Toutefois, M. Fouquet n’étant chez nous que depuis quelques mois, il nous est impossible de continuer à verser des allocations à Madame Fouquet. Nous craignons que, en refusant de continuer à aider cette famille, nous la rejetions dans le parti des mécontents, ce qui ne nous semble pas à l’heure actuelle une bonne politique. […] il nous semble que cet ouvrier pourrait être relâché, à moins que des faits, inconnus de nous mais dont vous auriez des preuves, motivent la continuation de cet internement. Dans une telle éventualité, il serait, nous semble-t-il, préférable de nous en aviser, au besoin verbalement, pour que nous sachions quelle attitude adopter pour résoudre ce cas difficile. Nous vous signalons que sa solution aura une certaine importance vis-à-vis des nombreux camarades de cet ouvrier dans notre usine. »

Le 1er octobre 1941, le cabinet du préfet de police demande au commissaire de Levallois de bien vouloir faire connaître à Madame Fouquet que sa demande de libération de son mari « ne peut être favorablement accueillie dans les circonstances actuelles » (formulation administrative stéréotypée). Probablement convoquée au commissariat, celle-ci écrit « pris connaissance » et appose sa signature au bas de cette note, retournée le 7 octobre.

Le 9 octobre 1941, Albert Fouquet est parmi les 60 militants communistes (40 détenus venant du dépôt, 20 venant de la caserne des Tourelles) transférés au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne) ; départ gare d’Austerlitz à 8 h 25, arrivée à Rouillé à 18 h 56.

Le 6 février 1942, depuis ce camp, Albert Fouquet écrit au préfet de la Vienne : « … je vous demanderais si vous pouvez me faire libérer d’un camp où je n’ai rien à voir question politique, ou faire une enquête qui démontrera ma bonne foi ».

Le 20 mars suivant, c’est le ministère de l’Intérieur qui intervient auprès du préfet de police. Comme lors des interventions précédentes, le 1er bureau du cabinet du préfet transmet le courrier au directeur des Renseignements généraux, dont le service semble enfin mener une contre-enquête sérieuse…

Le 28 mars suivant, l’inspecteur des RG en charge de celle-ci rapporte à propos des accusations motivant l’internement d’Albert Fouquet : « Ces renseignements n’ont été confirmés […] que par la concierge de son ancien domicile, avec laquelle il vivait en mauvaise intelligence. Toutes les autres personnes consultées ont affirmé ne l’avoir jamais entendu tenir des propos communistes ou faire de la propagande en faveur de cet ex-parti. Elles ont ajouté avoir été très surprises à l’annonce de son arrestation. Il en est de même au lieu de son travail où on déclare que Fouquet n’a jamais manifesté une activité politique quelconque. » Une démarche a été effectuée au commissariat de police de Courbevoie, où (en l’absence du commissaire) l’inspecteur qui avait été, à l’époque, chargé de l’enquête a déclaré qu’en effet il avait appris récemment que Fouquet vivait en « mauvaise intelligence avec la concierge du 125 boulevard de Verdun à Courbevoie et que les renseignements fournis par celle-ci devaient être erronés. Il semble, en conséquence, qu’une mesure de libération puisse être envisagée en faveur de Fouquet. »

Le 10 avril, le chef de cabinet du 1er bureau émet un avis favorable à la libération de l’interné. Mais, sans doute, l’ordre n’est-il pas transmis assez rapidement…

Le 22 mai 1942, Albert Fouquet fait partie d’un groupe de 156 internés – dont 125 seront déportés avec lui – remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Le 19 juin, il semble qu’il puisse envoyer une lettre à son épouse depuis ce camp ; dernières nouvelles qu’elle reçoit de lui.

Entre fin avril et fin juin 1942, Albert Fouquet est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Albert Fouquet est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45553, selon les listes reconstituées et d’après la comparaison de la photo du détenu portant ce matricule avec sa photo de conscrit (1923) ou de réserviste (1929), transmise pour recherche et conservée à la DAVCC de Caen).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet, après l’appel du soir – l’ensemble des “45000” ayant passé cinq jours à Birkenau -, une moitié des membres du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I). Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Albert Fouquet.

Il meurt à Auschwitz le 4 septembre 1942, d’après  l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) [2].

Le 15 juin 1946, sur un papier à en-tête de l’Amicale d’Auschwitz-FNDIRP, Lucien Penner, de Vanves, déporté dans le même convoi, rédige une attestation certifiant le décès d’Albert Fouquet au camp d’Auschwitz « à la fin de l’année 1942 ».

Au cours de ce mois, Suzanne Fouquet écrit au commissaire de police de Courbevoie pour qu’il lui fasse savoir pourquoi son mari a été arrêté, car il lui faudrait « ce papier pour pouvoir toucher la prime de déporté et pour avoir son acte de décès officiel ».

En octobre, le directeur de cabinet du préfet de police relance le directeur des RG pour le prier de lui faire parvenir, d’urgence, les renseignements que son service a pu recueillir sur l’intéressé. La réponse vient le 28 novembre : « Victime d’une dénonciation calomnieuse le signalant comme propagandiste clandestin du parti communiste dissous… ».

Le 28 septembre, l’officier de l’état civil alors en fonction au ministère des Anciens combattants et victimes de guerre dresse l’acte de décès officiel d’Albert Fouquet, « sur la base des éléments d’information figurant au dossier du de cujus, qui nous a été présenté ce même jour » (très probablement le témoignage de L. Penner), et en fixant la date au 31 décembre 1942 (… ultime jour de l’année) [2].

Au printemps 1948, Suzanne Fouquet dépose auprès de la direction départementale de la Seine des Anciens combattants et victimes de la guerre une demande de pension de victime civile en raison de l’arrestation et du décès en déportation de son mari.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 27-08-1996).

Notes :

[1] La Garenne-Colombes : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil en France : Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ. S’agissant d’Albert Fouquet, c’est le 31 décembre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur inscription sur les registres d’état civil rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 127 et 128, 382 et 404.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” des Hauts-de-Seine nord (2005), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (fichier national).
- Archives de Paris, site internet, archives en ligne : registre des naissances du 14e arrondissement à la date du 17-03-1902 (V4E 9812), acte n° 2266 (vue 12/31).
- Archives de Paris, registres matricules du recrutement de la Seine, classe 1922, 2e bureau (D4R1-2327), matr. 5092.
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “occupation allemande” (BA 1837) ; dossier individuel du cabinet du préfet (1 W 56-91217) ; dossier individuel des Renseignements généraux (77 W 56-91217).
- Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; liste XLI-42, n° 82.
- Archives départementales de la Vienne : camp de Rouillé (109W75).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 301 (27836/1942).
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, Caen ; dossier de Fouquet Albert (21 P 451.286), recherches de Ginette Petiot (message 01-2019.

MÉMOIRE VIVE

(Dernière mise à jour, le 12-01-2019)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.