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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Louis, Eugène, Henri, Fernex naît le 16 mai 1906 au 16, rue de Reuilly à Paris 12e, chez ses parents, Henri (Claude ?) Fernex, 23 ans, lithographe, et Blanche Dégory, 23 ans, culottière, son épouse. En janvier 1910, ils habitent au 86, avenue des Lilas, au Pré-Saint-Gervais (Seine / Seine-Saint-Denis).

Son père est rappelé à l’activité militaire par le décret de mobilisation générale du 1er août 1914. D’abord affecté différentes sections de commis et ouvriers militaires d’administration (C.O.A.), il passe dans divers régiments à partir du 20 septembre 1915. Le 13 octobre suivant, à Tahure, il est légèrement blessé au cuir chevelu. Le 8 mai 1911, dans le secteur de Douaumont, il est fait prisonnier. Le 27 décembre 1919, il est rapatrié. Le 1er mars 1919, il est mis en congé illimité de démobilisation. La famille se retrouve à Tinchebray (Orne). En août suivant, ils sont au 165, rue de Charenton, à Paris 12e.

Le 4 juillet 1922, la cour d’appel de Paris prononce par jugement le divorce de ses parents.

Le 23 décembre 1922, à Tinchebray, sa mère, 40 ans, se remarie avec Alphonse René Leguidecoq, 30 ans, mécanicien. Louis a 16 ans.

En 1936 et jusqu’au moment de son arrestation, Louis Fernex est domicilié avec sa mère et son beau-père au lieu-dit La Folie à Fresnes/Frênes [1] (Orne), dont le bourg est à 4,5 km au nord-est de Tinchebray, et où il est métallurgiste (polisseur), peut-être à l’usine de quincaillerie Mermier, installée près de la gare.

Secrétaire du Syndicat des Métaux de Tinchebray, Louis Fernex est communiste et reste actif dans la clandestinité.

Selon un document administratif rempli après-guerre – qui le dit « sans famille » – après s’être « évadé à la suite d’une perquisition », il est « repris début 1942 à son domicile lors de son arrivée pour un court séjour passager ».

Le 18 octobre 1941, comme Léon Leriche, de Tinchebray, et Eugène Garnier, de Flers, il est arrêté par les polices française et allemande dans le cadre d’une rafle qui touche le département, et interné dès le jour suivant au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Le camp militaire de Royallieu en 1956. Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ». En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : le « camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Compiègne, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

TransportAquarelle

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Louis Fernex est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45537. Sa photo d’immatriculation a été retrouvée et identifiée.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage actuellement connu ne permet de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Louis Fernex.

Il meurt à Auschwitz le 17 octobre 1942, selon l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher).

Après que certaines photo d’immatriculation aient été retrouvées et reproduites après guerre, celle de Louis Fernex a été diffusée de manière militante.

Notes :

[1] Frênes : le 1er janvier 2016, la commune intègre avec six autres Tinchebray-Bocage, créée sous le régime juridique des communes nouvelles instauré par la loi no 2010-1563 du 16 décembre 2010 de réforme des collectivités territoriales. Les communes de Beauchêne, Frênes, Larchamp, Saint-Cornier-des-Landes, Saint-Jean-des-Bois, Tinchebray et Yvrandes deviennent des communes déléguées et Tinchebray est le chef-lieu de la commune nouvelle (source Wikipedia).

Sources :

- De Caen à Auschwitz, par le collège Paul Verlaine d’Evrecy, le lycée Malherbe de Caen et l’association Mémoire Vive, éditions Cahiers du Temps, Cabourg (14390), juin 2001, notice par Claudine Cardon-Hamet page 132.
- Cl. Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 370 et 404.
- Carte postale ancienne (années 1900) de Tinchebray.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 283 (36295/1942).
- Pôle des archives des victimes des conflits contemporains (PAVCC), ministère de la Défense, Caen : dossier de Fernex Louis (21 P 449 652).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 16-12-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.