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Auschwitz, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Henri, Lucien, Duplat naît le 11 décembre 1912 à Paris 12e, fils d’Henri Duplat et d’Anne Marie Latinier.

Le 18 juin 1933 (ou 1934) à Paris 16e, Henri Duplat se marie avec Aline, Louise, Carnet. Ils auront deux enfants, âgés de 9 et 11 ans au début de 1941.

Au moment de son arrestation, il est domicilié au 187, boulevard Murat à Paris 16e ; voie débouchant sur le quai Louis-Blériot.

Henri Duplat est métallurgiste (dans quelle entreprise ? à vérifier).

La police française le désigne comme communiste.

Durant une période restant à préciser, il est mobilisé comme soldat de 2e classe à la 149e compagnie du Train (des équipages), de la 3e Division légère de cavalerie. Sa division est citée deux fois à l’ordre de l’armée. Lui-même est cité à l’ordre de son régiment et titulaire de la Croix de guerre.

Le 6 décembre 1940, Henri Duplat est appréhendé par des agents du commissariat d’Auteuil lors d’une vague d’arrestation collective visant 69 hommes dans tout le département de la Seine. Le jour même, il est placé en internement administratif au “centre de séjour surveillé” d’Aincourt (Val-d’Oise – 95), créé en octobre dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt.

Le 3 janvier 1941, Henri Duplat écrit au préfet de la Seine (voulait-il s’adresser au préfet de police ?) afin de « solliciter l’inscription au chômage ou l’attribution de secours » à sa femme et à ses enfants. Il ajoute : « Je n’ai – au moment de mon internement – été ni interrogé, ni entendu sur les motifs de cet acte auquel j’étais loin de m’attendre après un an de mobilisation… ». Il conclue : « …j’espère en une mesure de clémence justifiée qui mettra ailleurs que derrière les barbelés ceux qui ont fait leur devoir ».

Le 5 mars, son père écrit au préfet de Seine-et-Oise afin de solliciter un « laisser-passer » pour aller le voir, liant son internement à sa participation à la « grève de 1938 ». La suite donnée à cette requête est inconnue…

Le 26 avril 1942, Henri Duplat fait partie d’un groupe de détenus transférés au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Voves (Eure-et-Loir – 28), où il est enregistré sous le matricule n° 218.

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Entrée du camp de Voves.
Date inconnue, probablement après mars 1943.
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Musée de la Résistance Nationale, Champigny.
Fonds de l’Amicale Voves-Rouillé-Châteaubriant.
Droits réservés.

Le 10 mai 1942, il fait partie des 81 internés remis aux “autorités d’occupation” à la demande de celles-ci et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise – 60), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, Henri Duplat est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Henri Duplat est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45508 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée). Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied à Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20. Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire, ils sont envoyés aux travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – il est dans la moitié des membres du convoi qui est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir.

Le 5 novembre 1942, son nom est inscrit sur un registre de l’infirmerie (Revier [1]).

On ignore la date exacte de sa mort à Auschwitz ; probablement avant la mi-mars 1943 [2].

Déclaré “Mort pour la France”, il est homologué comme “Déporté politique”. La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 28-05-1989). Il est homologué comme soldat de 2e classe dans la Résistance intérieure française (RIF) au titre du Front national (22-06-1949).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 381 et 419.
- Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein, Paris nov. 2000, page 518.
- Claudine Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Paris (2002), citant : Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen (liste des déportés présents au Revier d’Auschwitz) – Certificat d’appartenance à la Résistance intérieure française (RIF).
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux : centre de séjour surveillé d’Aincourt, cotes 1w73, 1w80, 1w111 (notice individuelle).
- Comité du souvenir du camp de Voves, liste établie à partir des registres du camp conservés aux Archives départementales d’Eure-et-Loir.
- Archives de la préfecture de police (Seine / Paris), Service de la mémoire et des affaires culturelles, Le Pré-Saint-Gervais (Seine-Saint-Denis) : cartons “Occupation allemande”, liste des internés communistes (BA 2397).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 22-02-2013)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Revier , selon Charlotte Delbo : « abréviation de Krakenrevier, quartier des malades dans une enceinte militaire. Nous ne traduisons pas ce mot que les Français prononçaient révir, car ce n’est ni hôpital, ni ambulance, ni infirmerie. C’est un lieu infect où les malades pourrissaient sur trois étages. ». In Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1967, p. 24. Le terme officiel est pourtant “hôpital” ; en allemandHäftlingskrakenbau (HKB), hôpital des détenus ou Krakenbau (KB). Dans Si c’est un Homme, Primo Lévi utilise l’abréviation “KB”.

[2] Différence de date de décès avec celle inscrite sur les actes d’état civil… Dans les années qui ont suivi la guerre, devant l’impossibilité d’obtenir des dates précises de décès des déportés, mais soucieux d’établir les documents administratifs nécessaires pour le versement des pensions aux familles, les services français d’état civil – dont un représentant officiait au ministère des Anciens combattants en se fondant sur diverses sources, parmi lesquelles le témoignage approximatif des rescapés – ont très souvent fixé des dates fictives : le 1er, le 15, le 30, le 31 du mois, voire le jour (et le lieu !) du départ.

S’agissant de Henri Duplat, c’est le 15 décembre 1942 qui a été retenu pour certifier son décès. Leur publication au J.O. rendant ces dates officielles, certaines ont quelquefois été gravées sur les monuments aux morts.