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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Henri, Arthur, Dugrès naît le 11 octobre 1891 à Sailly-Flibeaucourt (Somme – 80), fils d’Antoine Dugrès, 35 ans, serrurier, et d’Émilienne Wargnier, son épouse, 26 ans, domiciliés à Sailly-le-Sec, sur la Somme, à l’est d’Amiens.

Le 9 octobre 1912, Henri Dugrès est incorporé comme 2e canonnier servant au 17e régiment d’artillerie afin d’accomplir son service militaire. Le 27 octobre 1913, il est nommé 1er canonnier servant. Le 2 août 1914, lorsque est publié le décret de mobilisation générale, il est présent au corps et envoyé « aux armées » (au combat). Le 1er août 1917, il est présent à la 4e batterie. Le 28 septembre 1918, à Tahure [1] (Marne), il est blessé au cou par un éclat d’obus. Évacué, il est admis le lendemain à l’hôpital temporaire du lycée Michelet de Vanves (Seine / Hauts-de-Seine). Le 9 octobre, il est transféré à l’hôpital complémentaire n° 49 de Montpellier (Hérault). Le 25 octobre, il est cité à l’ordre de son régiment : « Excellent canonnier ayant donné de nombreuses preuves de courage […] blessé, a conduit quand même sa voiture jusqu’à la position de batterie ». Il reçoit la Croix de guerre avec étoile de bronze.

La Croix de guerre 1914-1918 avec étoile de bronze. © MV

La Croix de guerre 1914-1918
avec étoile de bronze.
© MV

Bénéficiaire de 17 jours de permission le 6 novembre, il rejoint son unité le 24. Le 7 décembre, il passe au 21e régiment d’artillerie de campagne. Le 1er avril 1919, il est envoyé en congé illimité de démobilisation et se retire à Sailly-Flibeaucourt.

Le 20 janvier 1920 à Lubersac (Corrèze), Henri Dugrès épouse Maria Teil, née le 2 juillet 1892 à Meuzac (Haute-Vienne).

Pendant un temps, il(s) habite(nt) au 23, rue Duhesme à Paris 18e.

Le 10 mai 1920, l’armée classe Henri Dugrès affecté spécial comme employé de la Compagnie des chemins de fer du Nord, nettoyeur à l’atelier du Landy, boulevard Victor-Hugo à Saint-Ouen (Seine / Seine-Saint-Denis).

Le 4 mai 1927, Maria Dugrès donne naissance à leur fille, Renée, né à Paray.

À une date restant à préciser, le couple emménage dans un petit pavillon dont il deviendra propriétaire au 8, avenue des Genêts à Paray-Vieille-Poste [2] (Seine-et-Oise / Essonne – 91). Lui obtient le permis de conduire les motocyclettes.

Le 11 avril 1936, l’armée le classe affecté spécial tableau III au titre de la Société André Citroën, groupe de Javel, au 143, quai de Javel (Paris 15e), en qualité de sellier.

Le 4 juillet 1938, Henri Dugrès entre à la SNCF ; aide-ouvrier, il est sellier à l’atelier du Landy.

Adhérant au Parti communiste en 1936 et trésorier de cellule, selon la police, il est élu maire adjoint de sa commune (date à préciser…).

Le 6 novembre 1940, Henri Dugrès est convoqué au commissariat de police de la circonscription d’Athis-Mons (91) où il lui est notifié par procès-verbal qu’il sera « pris comme responsable en cas de propagande sur le territoire de Paray-Vieille-Poste ».

Dans la nuit du 23 au 24 novembre, a lieu sur la commune une très importante distribution des tracts intitulés « L’Humanité, numéro spécial 6 novembre 1940, et Vive l’union de la nation française, ainsi qu’un collage simultané d’une multitude d’affiches et de papillons ». La décision d’arrestation est alors automatique et vise neufs militants de la commune, parmi lesquels François Malard. Le jour suivant, 24 novembre, Henri Dugrès est appréhendé à son domicile en application du décret préfectoral du 19 octobre 1940. Le commissariat de police d’Athis-Mons rempli un formulaire de notice individuelle à son nom.

Le 25 novembre, le préfet de Seine-et-Oise signe l’arrêté ordonnant l’internement administratif d’Henri Dugrès au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), créé au début du mois d’octobre 1940 dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt afin d’y enfermer des hommes connus de la police pour avoir été militants communistes avant-guerre. L’ex-maire adjoint de Paray-Vieille-Poste est arrêté le jour même.

Centre de séjour surveillé d’Aincourt. Plan de l’enceinte montrant les points d’impact après le bombardement par un avion anglais dans la nuit du 8 au 9 décembre 1940. Arch. dép. des Yvelines, (1W71).

Centre de séjour surveillé d’Aincourt. Plan de l’enceinte
montrant les points d’impact après le bombardement
par un avion anglais dans la nuit du 8 au 9 décembre 1940.
Arch. dép. des Yvelines, (1W71).

Au lendemain du bombardement du camp en décembre, Henri Dugrès adresse au commissaire de police spécial dirigeant le camp une lettre protestant contre son internement, ce qui lui vaut d’être considéré comme « un communiste certain, dont les idées n’ont pas été modifiées par son internement » et qui « suit les directives du parti… ».

Le 12 janvier 1941, Madame Dugrès écrit au préfet de Seine-et-Oise pour solliciter la libération de son mari, alors assigné à la chambre 42 de l’ex-sanatorium d’Aincourt : « Depuis la dissolution du parti communiste, mon mari a cessé toute idée politique » [sic]. Le même jour, dans les mêmes termes, elle adresse également cette demande au secrétaire général de la SNCF.

Le 7 février, le commissaire de police de la circonscription d’Athis-Mons notifie à Madame Dugrès « que sa demande tendant à la libération de son mari […] ne peut être prise en considération et que Monsieur le Préfet de Seine-et-Oise n’autorise pas le retour de l’intéressé dans ses foyers ».

Le 24 février, Madame Dugrès réitère sa demande de libération auprès du préfet de Seine-et-Oise, argumentant : « Je suis sans travail, mon enfant qui va à l’école, et nos deux vieilles mères qu’il nous faut secourir ».

Le 22 mars, le commissaire de police de la circonscription d’Athis-Mons écrit au préfet de Seine-et-Oise pour lui rapporter qu’il a informé Madame Dugrès que sa demande a été classée sans suite, qu’une révision trimestrielle est réalisée pour tous les cas d’internement et qu’il est « inopportun de faire de nouvelles demandes de libération ».

Le 27 juin, avec cinq autres Paraysiens, Henri Dugrès est parmi les 88 internés communistes de Seine-et-Oise – dont 32 futurs “45000” – remis aux “autorités d’occupation” et conduits à l’Hôtel Matignon, à Paris, – désigné comme siège de la Geheime Feldpolizei (?) – où ils rejoignent des hommes appréhendés le jour même dans les départements de la Seine-et-Oise et de la Seine par la police française en application d’arrêtés d’internement administratifs [3]. Tous sont ensuite menés au Fort de Romainville, sur la commune des Lilas (93), alors camp allemand, élément du Frontstalag 122. Considérés comme étant en transit, ils ne sont pas enregistrés sur les registres du camp [4].

Trois jours plus tard, les hommes rassemblés sont conduits à la gare du Bourget (93) et transférés au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Polizeihaftlager). Pendant la traversée de la ville, effectuée à pied entre la gare et le camp, la population les regarde passer « sans dire un mot, sans un geste. Tout à coup nous entonnons La Marseillaise et crions “Des Français vendus par Pétain” » [5]. Ils sont parmi les premiers détenus qui inaugurent ce camp créé pour les « ennemis actifs du Reich ».

Un angle du camp de Royallieu vu depuis le mirador central dont l’ombre se profile sur le sol. Le renfoncement à droite dans la palissade correspond à l’entrée du Frontstalag 122.

Un angle du camp de Royallieu vu depuis le mirador central dont l’ombre se profile sur le sol.
Le renfoncement à droite dans la palissade correspond à l’entrée du Frontstalag 122.

Dix mois plus tard, le 5 mai, le préfet de Seine-et-Oise transmet au Conseiller supérieur d’administration de guerre [sic] de la Feldkommandantur 758 de Saint-Cloud une liste d’anciens internés d’Aincourt à la libération desquels il oppose un avis défavorable – « renseignements et avis formulés tant par [ses]services de police que par le directeur du centre de séjour surveillé » ; liste accompagnée de « notes » individuelles avec copie traduite en allemand, dont celle concernant Henri Dugrès qui indique : « libéré, [il] se livrerait à une active propagande… ».

Entre fin avril et fin juin 1942, Celui-ci est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. Cliché Mémoire Vive 2011.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation.
Cliché Mémoire Vive 2011.

Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures puis repart à la nuit tombée : Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Henri Dugrès est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45501 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib, le premier créé.

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté  Henri Dugrès.

Il meurt à Auschwitz le 7 septembre 1942, d’après l’acte de décès établi par l’administration SS du camp (Sterbebücher) ; deux mois après l’arrivée de son convoi (l’état civil français a enregistré la date du 30 décembre 1942).

(aucun des cinq “45000” paraysiens n’est revenu)

Après leur retour de déportation, André Faudry, de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), et Georges Brumm, de Montreuil-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), rescapés du convoi, attestent de sa disparition à Auschwitz.

Après la guerre, le Conseil municipal de Paray-Vieille-Poste donne le nom de Henri Dugrès à une rue de la commune.

Celui-ci est également inscrit sur le monuments aux morts, situé dans le cimetière communal, comme résistant mort en déportation.

Notes :

[1] Tahure : Les combats terribles qui se sont livrés dans ce secteur où les Allemands se sont retranchés solidement après la Première bataille de la Marne en septembre 1914, ont complètement anéanti le village. Il ne s’est plus jamais relevé, victime de cette guerre. Lors de la création du camp militaire de Suippes en 1950, la commune fut officiellement supprimée, et son territoire rattaché à la commune voisine de Sommepy, qui prit alors le nom de Sommepy-Tahure pour perpétuer la mémoire du village disparu. (source: Wikipedia)

[2] Paray-Vieille-Poste : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine-et-Oise (transfert administratif effectif en janvier 1968). Elle fut créée en 1793 avec le simple nom de Paray, autour d’un village de seulement quatre-vingt-quatre habitants. L’ajout de la mention Vieille-Poste intervint en 1926 en référence à l’ancien relais de poste implanté sur la route de Fontainebleau (N7) entre 1648 et 1710. En 1890, la première mairie-école fut édifiée au lieu-dit Vieille-Poste. En 1917, l’Armée de l’Air américaine s’engagea dans la Première Guerre mondiale et installa sur le plateau de Longboyau une piste d’atterrissage qui devint en 1919 l’aérodrome d’Orly-Villeneuve. En 1946, les États-Unis vendirent à l’État français l’aérodrome en ruine, à partir de cette date, le centre-ville fut déplacé vers le nouvelle place Henri-Barbusse. En 1957, le nouvel hôtel de ville et l’agence postale furent édifiés autour de la place Henri-Barbusse. Aujourd’hui, Les deux tiers du territoire municipal sont occupés par l’emprise de l’aéroport Paris-Orly, avec notamment l’intégralité de l’aérogare Ouest et la moitié de l’aérogare Sud, auxquelles s’ajoute la zone d’activité Orlytech. (source Wikipedia)

[3] Les 88 internés de Seine-et-Oise. Le 26 juin 1941, la Feldkommandantur 758 de Saint-Cloud transmet au préfet du département de Seine-et-Oise – « police d’État » -, cinq listes pour que celui-ci fasse procéder dès le lendemain à l’arrestation de ressortissants soviétiques ou de nationalité russe ancienne ou actuelle, dont 90 juifs, et de républicains espagnols en exil, soit 154 personnes. La sixième catégorie de personnes à arrêter doit être constituée de «  Différents communistes actifs que vous désignerez  » (aucune liste n’étant fournie). Tous doivent être remis à la Geheime Feldpolizei, à l’Hôtel Matignon, à Paris.

Si aucun autre document n’atteste du contraire, c’est donc bien la préfecture de Seine-et-Oise qui établit, de sa propre autorité, une liste de 88 militants communistes du département à extraire du camp d’Aincourt.

Le 27 juin, le commandant du camp écrit au préfet de Seine-Et-Oise pour lui « rendre compte que 70 internés[du département] ont été dirigés aujourd’hui dans la matinée sur le commissariat central de Versailles et que 18 autres internés ont été dirigés dans le courant de l’après-midi à l’Hôtel Matignon à la disposition des Autorités allemandes d’occupation. Le départ de ces internés s’est déroulé sans incident. » Les listes connues à ce jour ne distinguent pas les deux groupes et réunissent les 88 internés.

Le 29 juin, l’inspecteur de police nationale commandant l’escorte conduisant le contingent de 70 détenus à Versailles, rend compte que le commissaire divisionnaire lui a ordonné de poursuivre son convoyage « jusqu’à l’Hôtel Matignon, à Paris, siège de la Geheime Feldpolizei. En passant à Billancourt, quelques internés du premier car ont montré le poing et des ouvriers qui allaient prendre leur travail ont répondu par le même geste. J’ai immédiatement donné des ordres aux gardiens pour que les internés rentrent leurs bras.

À mon arrivée à Paris, je me suis trouvé en présence d’une quinzaine de cars remplis de prisonniers ayant la même destination que les internés d’Aincourt et j’ai dû prendre la suite.

Le formalités d’immatriculation étant assez longues, j’ai dû attendre mon tour ; l’opération a commencé à 18 heures et s’est terminée à 19h15 ; je n’ai pu faire la remise que de 38 internés sur 88 venus d’Aincourt. En raison de l’heure, le chef de bureau de la Feldpolizei m’a fait savoir qu’il recommencerait l’immatriculation le lendemain matin à 8h15, d’avoir à revenir à cette heure-là. J’ai rassemblé les 50 internés restant dans les deux cars et ai libéré les camionnettes et les gardiens disponibles.

Je me suis aussitôt mis en rapport avec la préfecture de Seine-et-Oise afin de savoir où je devais conduire, pour passer la nuit, les 50 internés. Une heure après, je recevais l’ordre de les conduire au Dépôt, 4 quai de l’Horloge, et de continuer ma mission le lendemain matin. Cette formalité étant remplie, j’ai renvoyé les cars et le personnel à Versailles.

Le 28 juin, à 7 heures, j’ai continué ma mission qui a pris fin à 11 heures. Cette escorte s’est déroulée sans autre incident. »

[4] Arrestations de la fin juin 1941 dans le département de la Seine, témoignage d’Henri Rollin : «  Le 27 juin 1941, vers 6 heures de matin, ma femme et moi nous sommes réveillés par un coup de sonnette. Trois inspecteurs de la police française viennent nous arrêter ; perquisition rapide sans résultat (nous avions la veille au soir distribué les derniers tracts que nous avions). Nous arrivons à l’hôtel Matignon où nous trouvons de nombreux cars et camions, résultat d’une rafle dans toute la région parisienne. Nous sommes remis par la police française aux autorités allemandes. Au moment de ma remise aux Allemands, j’ai aperçu qu’on leur donnait une petite fiche portant mon nom et la mention «  communiste  », soulignée à l’encre rouge. Nous subissons un court interrogatoire d’identité… Attente… Vers la fin de l’après-midi, départ en car. Arrivée au fort Romainville, fouille, identité. Départ de Romainville le 1er juillet, au matin, par train spécial et bondé au Bourget, arrivée l’après-midi à Compiègne. Le lendemain, même cérémonie, refouille et identité, ensuite la vie de camp… »

[5] De l’Hôtel Matignon au Frontstalag 122 : témoignage de Marcel Stiquel (déporté au KL Sachsenhausen le 24 janvier 1943). Son récit fait état de 87 internés (la liste en comporte 88) et d’un départ d’Aincourt étalé sur deux jours : les 27 et 28 juin 1941 (voir note ci-dessus).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 356, 380 et 403.
- Archives départementales de la Somme, Amiens, site internet du conseil général, archives en ligne, état civil de Sailly-Flibeaucourt année 1891 (2 E 692/10), acte n° 18 (vue 89/158) ; registre des matricules militaires, bureau de recrutement d’Amiens, classe 1911 (cote 1R1028), n° 666 (trois vues).
- Hervé Barthélémy, association Rail & Mémoire, relevé dans les archives du personnel de la SNCF.
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux, centre de séjour surveillé d’Aincourt, relations avec les autorités allemandes (1w80), dossier individuel (1w111), rapports de la police d’État (300w20).
- Liste des 88 internés d’Aincourt (domiciliés dans l’ancien département de Seine-et-Oise) remis les 27 juin 1941 à la disposition des autorités d’occupation, et liste Internés de Seine-et-Oise à la suite d’une mesure prise par le préfet de ce département, ayant quitté le centre d’Aincourt, copies de documents des AD 78 communiquées par Fernand Devaux (03 et 11-2007).
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 245 (28744/1942).
- Base de données des archives historiques SNCF ; service central du personnel, agents déportés déclarés décédés en Allemagne (en 1947), de A à Q (0110LM0108).
- Cheminots victimes de la répression 1940-1945, mémorial, ouvrage collectif sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris, mars 2017, pages 552-553.
- Site Mémorial GenWeb, 91-Paray-Vieille-Poste, relevé de Bernard Tisserand (2004).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 26-09-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.