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Léon Conord.

Léon, Eugène, Conord naît le 29 juin 1896 à Paris, 5e arrondissement, sous le nom de sa mère, Eugénie Dayez, 35 ans,  veuve depuis décembre 1890, blanchisseuse, domiciliée au 20, rue des Fossés-Saint-Bernard. L’enfant est légitimé par le mariage de celle-ci, le 13 juillet 1901 à Ivry-sur-Seine (Seine / Val-de-Marne – 94), avec Adolphe Conord, 35 ans, divorcé depuis mai 1894, maçon. À cette occasion, les jeunes mariés reconnaissent également Daniel Eugène, frère aîné de Léon, né le 24 mars 1895 à Paris 5e. Eugène Conord, 27 ans, électricien, frère de l’époux, signe le registre parmi les quatre témoins au mariage.

Les parents de Léon Conord décèdent avant que lui-même ait vingt ans. Il a un très faible niveau d’instruction.

Pendant un temps, il habite boulevard de Vaugirard à Paris (Paris 15e) et travaille comme « découpeur sur métaux ».

Dans cette période, il semble avoir connu quelques démêlés avec la Justice : en octobre 1913, âgé de 17 ans, il est condamné à deux mois de prison, effectués à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e). Le 25 août 1914, il est condamné à un mois de prison pour vagabondage.

De la classe 1916, Léon Conord est mobilisé le 12 avril 1915 comme soldat de 2e classe au 1er bataillon d’infanterie légère d’Afrique (Bat’ d’Af’) et envoyé combattre au Maroc. Il a alors cinq points de tatouage à la main gauche (tatouage carcéral généralement placé entre le pouce et l’index, les quatre points à l’extérieur représentant les quatre murs et le point à l’intérieur figurant le prisonnier, qui peut indiquer une mise à l’isolement).

Le 15 septembre 1919, considéré comme ayant participé à la « campagne contre l’Allemagne », il est démobilisé par le 46e régiment d’infanterie et se retire au 46, avenue Daumesnil (Paris 12e), en se voyant refuser le certificat de bonne conduite (il sera néanmoins titulaire de la carte de Combattant n° 528888).

Le 13 juillet 1920, à Fresnes [1] (94), Léon Conord, alors ébéniste, épouse Joséphine Hassinger, née le 12 novembre 1896 à Paris 13e, brocheuse, qui habite avenue de la République à Fresnes. Celle-ci partagera ses convictions (membre du Comité mondial des femmes). Ils auront trois enfants : Madeleine, l’aînée, née le 9 janvier 1921, Roger, né le 15 août 1922, et Marcel, né le 24 novembre 1926.

En janvier 1926, la famille habite au 108, boulevard Richard-Lenoir (Paris 11e).

À partir de septembre 1937, la famille est domicilié au 35, Grand Rue (dénommée Maurice-Ténine à la Libération) à Fresnes. Plombier-couvreur de formation, Léon Conord est  est sapeur pompier à Fresnes. Toutefois, son dernier employeur est l’hôpital psychiatrique de Villejuif (94), où il travaille de son métier.

Entrée de l’asile de Villejuif (aujourd’hui hôpital Paul Guiraud).  Carte postale oblitérée fin août 1930. Coll. Mémoire Vive.

Entrée de l’asile de Villejuif (aujourd’hui hôpital Paul Guiraud).
Carte postale oblitérée fin août 1930. Coll. Mémoire Vive.

Il anime et dirige le club de la Fédération sportive et gymnique du travail (FSGT) de sa commune de domicile ; il y est entraîneur de football.C’est un militant communiste.

Aux élections partielles les 27 juin et 4 juillet 1937, il est élu conseiller municipal de Fresnes, sur la liste dirigée par Maurice Catinat.

Hebdomadaire communiste du “rayon” de Villejuif.

Hebdomadaire communiste du “rayon” de Villejuif, publié entre des deux tours de scrutin.

Après l’annonce du pacte germano-soviétique, les journaux communistes sont suspendus le 27 août 1939.

Dans la soirée du 29 août, Léon Conord participe comme pompier au vidage de caves inondées par un débordement de la Bièvre après la rupture d’un collecteur à Antony lors d’un orage. Se sentant souffrant après avoir été mouillé, il se retire à 4 heures du matin pour aller se coucher ; arrêt de travail validé par ses supérieurs directs. Plus tard, après le 4 octobre, cet « accident » donne lieu à une déclaration par le président de la Délégation spéciale auprès de la compagnie d’assurance couvrant les risques des pompiers de Fresnes.

Dans le même temps, dans le cadre de la mobilisation générale (1er septembre) qui accompagne la déclaration de guerre (4 septembre), Léon Conord est placé en « affectation spéciale » par décision de l’ “autorité militaire”, d’abord pendant 30 jours à compter du 31 août, puis pendant 60 jours «  à dater du 31e jour de la mobilisation » : jusqu’à la fin novembre. Il faut probablement entendre par là qu’il doit rester en poste à Fresnes dans le cadre de la “défense passive” contre les conséquences de bombardements potentiels. Mais il n’est pas certain qu’il ait repris son travail. En effet, début janvier 1940, le président de la Délégation spéciale (« maire » désigné) demande à la société d’assurance : « Le blessé est-il guéri ? (…) Si non, combien de temps encore peut durer l’incapacité de travail ? » Celle-ci interroge à son tour un médecin officiant au 119 avenue Aristide-Briand à Antony, le docteur… Ténine [2] (conseiller municipal communiste déchu de Fresnes !) qui est encore – jusqu’au 26 mars – «  médecin de l’état civil de la commune de Fresnes, ainsi que des services d’assistance ». Celui-ci répond que Léon Conord n’est pas guéri, et que la durée de son incapacité de travail est « indéterminée – 1 mois minimum ». Léon Conord est-il vraiment alité ou met-il à profit cette disponibilité pour un travail militant clandestin ?

Entre-temps, le 4 octobre 1939, le Président de la République – Albert Lebrun -, par décret et « sur la proposition du ministre de l’intérieur, suspend jusqu’à cessation des hostilités les Conseils municipaux » de 27 communes de la banlieue parisienne à majorité communiste, dont celui de Fresnes, et les remplace par des Délégations spéciales composées de notables désignés.

Le 9 février 1940, le conseil de préfecture de la Seine déchoit Léon Conord de son mandat municipal, ainsi que 21 autres élus municipaux de Fresnes – avec effet rétroactif au 21 janvier – pour ne pas avoir « répudié catégoriquement toute adhésion au Parti communiste » (accusé de réception signé le 22 février).

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Le Populaire, quotidien édité par la SFIO,
édition du 17 février 1940.
Archives de la préfecture de police, Paris.

Le 26 février, la Délégation spéciale s’appuie sur cette décision pour faire radier Léon Conord du corps des sapeurs pompiers de la commune. Au moment de son arrestation, il est déclaré comme plombier-couvreur.

Sous l’occupation, la police française le considère comme un « propagandiste actif ».

Le 5 octobre, Léon Conord est arrêté par la police française, comme onze autres anciens élus et trois membres du PC de Fresnes, lors de la grande vague d’arrestations organisée dans les départements de la Seine et de la Seine-et-Oise par les préfets du gouvernement de Philippe Pétain contre des hommes connus avant guerre pour être des responsables communistes (élus, cadres du PC et de la CGT) ; action menée avec l’accord de l’occupant. La perquisition opérée à cette occasion au domicile de Léon Conord par les services du commissariat de police de Choisy-le-Roi se révèle infructueuse. La préfecture de police a pris les arrêtés d’internement administratif permettant ces interpellations en application des décrets des 18 novembre 1939 et 3 septembre 1940. Après avoir été regroupés en différents lieux, 182 militants de la Seine sont conduits le jour-même “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Seine-et-Oise / Val-d’Oise), créé à cette occasion dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt. Pendant un temps, Léon Conord est assigné à la chambre 41. En février 1941, il est chef de la buanderie du camp.

Aincourt. Le sanatorium de la Bucaille. Au premier plan,  le pavillon qui fut transformé en camp d’internement.  Carte postale oblitérée en 1958. Coll. Mémoire Vive.

Aincourt. Le sanatorium de la Bucaille. Au premier plan, le pavillon qui fut transformé en camp d’internement.
Carte postale oblitérée en 1958. Coll. Mémoire Vive.

Conçus à l’origine pour 150 malades, les locaux sont rapidement surpeuplés : en décembre 1940, on compte 524 présents, 600 en janvier 1941, et jusqu’à 667 au début de juin.

En février 1941, alors que les autorités françaises envisagent le transfert de 400 détenus d’Aincourt vers « un camp stationné en Afrique du Nord », le docteur du centre dresse trois listes d’internés inaptes. Léon Conord, 48 ans, figure sur celle des internés « non susceptibles absolus » comme « ancien pleurétique » ayant un abcès au poumon.

Le 29 mars 1941, quinze épouses d’internés Fresnois – dont Joséphine Conord – adressent une lettre commune au préfet de la Seine afin d’être autorisées à leur rendre visite avec leurs enfants ; « attendu que les prisonniers de droit commun (criminels, voleurs) ont droit à des visites, nous ne pouvons comprendre que nos maris et pères, étant des hommes honnêtes, n’y ont pas droit. » Le 11 avril, le chef de cabinet du préfet demande au commissaire de police de la circonscription de Choisy-le-Roi d’ « avertir les pétitionnaires, en la personne de Mme Soupion » (probablement à l’origine de la lettre) que « le règlement intérieur du camp (interdit) les visites aux détenus. »

Début juin, il sollicite auprès du chef de camp une autorisation de sortie exceptionnelle pour assister au prochain mariage de sa fille Madeleine. Après enquête pour vérifier le bien-fondé de sa demande, le préfet de Seine-et-Oise accorde son autorisation. Escorté d’un gardien de la paix, Léon Conord participe à la célébration du mariage de sa fille le 21 juin 1941 à 14 h 30 en la mairie de Fresnes, puis est ramené au camp.

Fresnes. La mairie, à gauche. Carte postale oblitérée en 1939. Collection Mémoire Vive.

Fresnes. La mairie, à gauche. Carte postale oblitérée en 1939. Collection Mémoire Vive.

Le 11 février 1942, Léon Conord fait partie des 21 militants communistes que les “autorités d’occupation” « extraient » d’Aincourt sans en indiquer les motifs ni la destination au chef de centre. Tous sont conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager). Léon Conord y est enregistré sous le matricule n° 3979.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”, désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”. À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

La caserne de Royallieu après-guerre. Les huit premiers bâtiments alignés à gauche sont ceux du quartier “A”,
désigné pendant un temps comme le “camp des communistes”.
À l’arrière plan à gauche, sur l’autre rive de l’Oise, l’usine de Venette qui fut la cible de plusieurs bombardements avec “dégâts collatéraux” sur le camp.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Entre fin avril et fin juin, Léon Conord est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise
d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet, Léon Conord est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45391 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).

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Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, Léon Conord est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ».  « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ». « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Pendant un temps, il est assigné au Block 5a.

Vers le 16 septembre , il est admis au Block 20 (maladies contagieuses) de l’ “hôpital” (Revier, HKB) des détenus d’Auschwitz-I. Le 25 septembre, il est transféré dans le bâtiment des “convalescents” (Block 19). Le 29 septembre, il passe au Block n° 21 (chirurgie) pour y subir l’incision et la purge d’un abcès (acte n° 11.306).

D’après le registre de la morgue, il meurt le 16 novembre 1942 (n° 48) dans le Block 18a, où il a été admis.

Le 30 septembre 1944, lors de l’assemblée plénière du Comité local de libération de Fresnes, Léon Conord est encore considéré comme « conseiller déporté en Allemagne » (supposé vivant).

Son nom est inscrit sur le monument aux morts de Fresnes, à l’intérieur du cimetière, parmi les “déportés politiques et fusillés”, et sur la plaque apposée à l’extérieur de la mairie le 11 novembre 1945 : « Hommage du conseil municipal et de la population de Fresnes à leurs conseillers municipaux victimes de la barbarie Nazie » ; sur ces onze élus, sept furent déportés dans le convoi du 6 juillet 1942.

Le 21 février 1946, Raymond Saint-Lary, de Fresnes, et Auguste Monjauvis, de Paris, complètent chacun un formulaire à en-tête conjointe de la Fédération nationale des déportés et internés patriotes (FNDIRP) et de l’Amicale d’Auschwitz certifiant que Léon Conord est décédé au camp d’Auschwitz du mois de novembre 1942.

Le 6 mars, le bureau de l’état civil et fichiers déportés au ministère des Anciens combattants et victimes de guerre (ACVG), délivre à Joséphine Conord un « bulletin de déportation » modèle « M » attestant du séjour « en Allemagne » de son mari et du fait qu’il n’a pas été rapatrié à cette date.

Le 2 avril suivant, l’officier de l’état civil alors en fonction au ministère des Anciens combattants et victimes de guerre (ACVG) dresse l’acte de décès officiel de Léon Conord « sur la base des éléments d’information figurant au dossier du de cujus, qui nous a été présenté ce même jour » (probablement le témoignage de ses deux camarades) et en fixant la date au mois de novembre 1942.

Le 4 septembre, Joséphine Conord complète une formulaire du ministère des ACVG pour demander l’inscription de la mention « Mort pour la France » soit inscrite sur l’acte de décès de son mari. Le 8 janvier 1947, l’Association républicaine des anciens combattants (ARAC) écrit au ministère des ACVG pour accélérer la réponse à apporter à Madame veuve Conord.

Dans cette période, Joséphine Conord « fait des lessives pour subvenir à ses besoins ».

Le 24 septembre 1946, elle écrit à Marie-Claude Vaillant-Couturier, alors députée du canton de Villejuif, pour lui demander d’intercéder afin de lui faire obtenir un duplicata du « bulletin de déportation » de son mari, qu’elle semble avoir égaré. Le 4 octobre, la députée écrit au ministre des Anciens combattants. Le 5 novembre, Madame Conord dépose une déclaration de perte de ce document au commissariat de la circonscription de Choisy-le-Roi.

Le 4 mai 1949, le directeur interdépartemental des ACVG de Paris émet un avis favorable  à l’attribution de la mention « Mort pour la France ».

Le 18 octobre suivant, le secrétariat d’État aux forces armées-guerre établit un certificat d’appartenance à la Résistance intérieure française (RIF) au nom de Léon Conord, avec le grade fictif de soldat de 2e classe, pour son activité au sein du Front national pour la liberté et l’indépendance de la France.

Le 19 décembre 1953, Joséphine Conord, qui habite alors au 54, avenue Pierre-Brossolette à Malkoff (92), complète et signe un formulaire du ministère des ACVG pour demander l’attribution du titre de Déporté Résistant à son mari. Au paragraphe sur les « renseignements relatifs à l’acte qualifié de résistance à l’ennemi qui a été la cause déterminante de la déportation », une “main” différente a écrit : « distribution de tracts et journaux patriotiques ». Dans sa séance du 24 février 1955, la commission départementale de la Seine émet un avis défavorable en estimant que le lien de cause à effet est insuffisamment établi, suivie en cela deux mois plus tard par la commission nationale, et le ministère rejette la demande le 5 mai, en attribuant d’office à Léon Conord un simple statut de déporté politique. Le 23 mai, le ministère envoie à la carte de DP n° 1101.15837 à Joséphine Conord.

Le 4 octobre 1989, le secrétariat d’État chargé des anciens combattants et des victimes de guerre demande à la mairie de Fresnes que la mention “Mort en déportation” soit apposée en marge de l’acte de décès de Léon Conord sur le registre d’état civil (J.O. du 26-02-1988).

Notes :

[1] Fresnes : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[2] Maurice Ténine fonde en janvier 1941 un journal clandestin, Le médecin français. Il est arrêté le 17 février. Le 22 octobre 1941, il fait partie des cadres communistes fusillés à Châteaubriant (Loire-Atlantique) comme otages en représailles d’attentats contre l’occupant.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 355, 388 et 399.
- Témoignage de Jean-Michel Conord, son petit-fils, fils de Roger (03-2007).
- Dictionnaire biographique du mouvement ouvrier français, sous la direction de Jean Maitron, Élus municipaux de Paris et de la banlieue de 1919 à 1940, Les Éditions de l’Atelier/Les Éditions Ouvrières, 1990-1997, CD-rom, version 3.61 (citant : Arch. Dép. Seine, D M3 et Versement 10451/76/1 – Arch. Com. Fresnes)
- Françoise Wasserman, Juliette Spire et Henri Israël, 1939-1944, Fresnes dans la tourmente, ouvrage édité par l’Écomusée de Fresnes à la suite de l’exposition présentée du 18-10-1994 au 8-05-1995, pages 14, 18 et 19, 50, 120.
- Archives de Paris, site internet, archives en ligne : registre des naissances du 5e arrondissement à la date du 1-07-1896 (V4E 8387), acte n°2002 (vue 22/31).
– Archives de Paris (AD 75) : registres matricules du recrutement militaire de la Seine, classe 1916, 2e bureau, volume 1001-1500 (D4R1 1909), matricule 1102.
- Archives communales de Fresnes (liste de candidats aux élections de 1937, délibérations du Conseil, arrêtés préfectoraux, listes de déportés, dossier d’employé communal…), recherches conduites par Dominique Couderc (3-2007).
- Roger Arnould, article paru dans le journal de la FNDIRP, Le Patriote Résistant, n° 511, mai 1982.
- Nadia Ténine-Michel, Le camp d’Aincourt (Seine-et-Oise), 5 octobre 1940 – 15 septembre 1942, article in Les communistes français de Munich à Châteaubriant (1938-1941), sous la direction de Jean-Pierre Rioux, Antoine Prost et Jean-Pierre Azéma, Presses de la Fondation nationale des sciences politiques, novembre 1987.
- Archives de la préfecture de police (Seine /  Paris) : cartons “Occupation allemande”, liste des internés communistes, 1939-1941 (BA 2397) ; carton « PC » III, chemise 6 ; dossier individuel des Renseignements généraux (77 W 748-16053).
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux : centre de séjour surveillé d’Aincourt, cotes 1w74 (révision trimestrielle), 1w77, 1w80, 1w102 (dossier individuel).
- Site internet Mémorial GenWeb, Fresnes : relevés de Bernard Tisserand (02-2004).
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) : Leichenhalle (registre de la morgue), registres du HKB (message du 3-04-2009).
- Division des archives des victimes des conflits contemporains (DAVCC), ministère de la Défense, DMPA, Caen : dossier de Conord Léon (21 P 438 137), recherches de Ginette Petiot (relevé du 21 juin 2016).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 30-12-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la Fédération Nationale des Déportés et Internés Résistants et Patriotes (FNDIRP) qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.