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IDENTIFICATION INCERTAINE…
Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Paul, Jean, Cavanié naît le 20 janvier 1913 à Aubervilliers (Seine / Seine-Saint-Denis – 93), fils de Jules Cavanié, et de Marie Beloteau. Il a un frère, Bernard, et une sœur, Carmen, née vers 1923.

Mobilisé au cours de la guerre 1914-1918, son père y est blessé et en revient mutilé. Il est pensionné à 100 % pour maladie (?) et touchera également une retraite d’employé de la Compagnie du gaz de Paris.

De la classe 1934, Paul Cavanié accompli son service militaire comme “maître pointeur” au 117e régiment d’artillerie à Toulouse.

En 1935, Paul Cavanié entre dans une compagnie de chemin de fer qui fusionnera avec d’autres au sein de la SNCF début 1938 [1] ; son embauche définitive est datée 1er février 1937.

Au moment de son arrestation, il est domicilié chez ses parents, Grande Rue à Courtry (Seine-et-Marne). Il est célibataire, sans enfant.

Paul Cavanié est alors homme d’équipe à la gare SNCF de Sevran-Livry, située sur la commune de Sevran (93).

Militant actif du PCF au sein de la cellule locale, il est élu conseiller municipal de Courtry sur la liste présentée par son parti (selon la police).

Mobilisé en octobre 1939 à Toulouse, il serait affecté pendant un temps dans le secteur de la ligne Maginot. Il est démobilisé à Châteauroux (Indre) en juillet 1940 et reprend aussitôt son travail à la SNCF.

Le lundi 20 octobre 1941, Paul Cavanié est appréhendé par la Feldgendarmerie lors d’une vague d’arrestations décidée par l’occupant contre des communistes de Seine-et-Marne, pris comme otages en représailles de distributions de tracts et de destructions de récolte – incendies de meules et de hangars – ayant eu lieu dans le département. Avec lui sont arrêtés l’ancien maire, Antony Lefevre, et deux autres anciens conseillers municipaux, Jean Boisseau et Abel Lance.

Paul Cavanié est rapidement interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager), parmi 86 Seine-et-Marnais arrêtés en octobre (42 d’entre eux seront des “45000”). Il y est enregistré sous le matricule n° 1827, assigné au bâtiment A6.

Le camp militaire de Royallieu en 1956. Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ». En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Le camp militaire de Royallieu en 1956.
Au premier plan, en partant de la droite, les huit bâtiments du secteur A : « le camp des communistes ».
En arrière-plan, la ville de Compiègne. Carte postale, coll. Mémoire Vive.

Complètement paralysé à la suite de l’exode, son père décède le 1er avril 1942.

Entre fin avril et fin juin 1942, Paul Cavanié est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler). Les trois autres habitants de Courtry arrêtés avec lui sont libérés le 24 juin.

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise
d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures puis repart à la nuit tombée : Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Paul Cavanié est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) ; peut-être sous le numéro 45342 selon les listes reconstituées (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

© Mémoire Vive 2017.

© Mémoire Vive 2017.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.

Le 13 juillet, après l’appel du soir, une moitié des déportés du convoi est ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp. Aucun document ni témoignage ne permet actuellement de préciser dans lequel des deux sous-camps du complexe concentrationnaire a alors été affecté Paul Cavanié.

Une source restant à préciser indique qu’il meurt à Auschwitz le 20 juin 1943. Cependant, le seul document portant son nom retrouvé et conservé dans les archives du Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau – un récapitulatif des actes de décès par numéro d’inscription – indique plutôt une date entre fin novembre et début décembre 1942.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 15-11-1987).

Notes :

[1] La SNCF : Société nationale des chemins de fer français. À sa création, suite à une convention validée par le décret-loi du 31 août 1937, c’est une société anonyme d’économie mixte, créée pour une durée de 45 ans, dont l’État possède 51 % du capital.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 73, 378 et 398.
- Archives départementales de Seine-et-Marne, Dammarie-les-Lys : cabinet du préfet (3384W7) ; arrestations collectives octobre 1941 (M11409) ; arrestations allemandes, dossier individuel (SC51227).
- Mémorial de la Shoah, Paris, site internet, archives du CDJC ; doc. IV-198.
- Base de données des archives historiques SNCF ; service central du personnel, agents déportés déclarés décédés en Allemagne (en 1947), de A à Q (0110LM0108).
- Cheminots victimes de la répression 1940-1945, mémorial, ouvrage collectif sous la direction de Thomas Fontaine, éd. Perrin/SNCF, Paris, mars 2017, pages 336-337.
- Archives du Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau (Archiwum Państwowego Muzeum Auschwitz-Birkenau – APMAB), Oświęcim, Pologne ; Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach), message 12-2016.
- Message rectificatif de Jean-Claude Cavanié (02-2019) ; lien de parenté à préciser…

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 26-02-2019)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.