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Collection Danielle Cavalli. Droits réservés.

Amadeo Cavalli naît le 23 juin 1899 à Valstagna, en Vénétie (Italie), fils d’Amadéo Cavalli (manœuvre) et d’Antonia Piassano.

En Italie, il est engagé dans le mouvement antifasciste. Après qu’il ait quitté son pays, son jeune frère Tarsizio, de santé fragile, succombe aux mauvais traitements infligés en représailles par les Chemises noires : Amadeo se le reprochera. Il donnera le même prénom à son premier fils.

De 1923 à 1926, il est manœuvre à l’usine De Wendel à Jœuf (Meurthe-et-Moselle – 54).

Le 25 avril 1925 à Homécourt (54), Amadeo Cavalli épouse Maria-Luigia Chiesa, née à Turin le 3 août 1900, sans profession. Ils ont cinq enfants : Tarsizio, né le 24 janvier 1926 ; Jeanne, née le 27 février 1932 ; Inès, née le 25 avril 1934 ; Guy, né en 1935 ; Danielle, née en 1939 ; tous nés à Homécourt.

En 1926, Amadeo Cavalli devient mineur de fer au puits de la Marine ou du Fond de la Noue à Homécourt.

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Carte postale (années 1900). Collection Mémoire Vive.

Le 4 janvier 1935, le préfet de Meurthe-et-Moselle donne un avis favorable à la naturalisation française d’Amadeo Cavalli et de son épouse, le commissaire spécial d’Homécourt ayant indiqué (en juin 1934) que celui-ci « n’est pas connu comme s’occupant de politique et ne fréquente pas les réunions publiques ».

Le formulaire à remplir par le policier contient la rubrique suivante : « Renseignements précis sur l’état physique et les antécédents pathologiques du postulant et de sa famille (suivant les instructions de M. le Garde des Sceaux, du 11 octobre 1930, la naturalisation ne doit être en principe accordée qu’à des éléments sains et valides). » Le document est complété comme suit : « Le postulant et les membres de sa famille paraissent jouir d’une bonne santé (le père a toutefois été opéré d’un ulcère à l’estomac) … ».

En 1935 et jusqu’au moment de son arrestation, la famille est domicilié au 227, rue Léon-Molinos – premier “rayon” de la cité ouvrière de la Petite Fin – à Homécourt (54).

Amadéo Cavalli est en relation avec Arsène Dautréaux, Auguste Dubois, Dino Tamani et Wladyslaw Bigos, d’Homécourt.

Il est adhérent de la CGT et du Parti communiste.

Pendant la guerre d’Espagne, son frère Giovani s’engage dans les Brigades internationales pour défendre la République espagnole contre la rébellion du général Franco soutenue militairement par Hitler et Mussolini. Amadeo quête dans les cités ouvrières de sa ville pour soutenir financièrement les brigadistes.

Il reste actif dans la clandestinité.

Le 7 février 1942, à 5 h du matin, il est arrêté à son domicile, en présence de sa famille, par deux Feldgendarmes. Connu pour ses opinions, il est pris comme otage à la suite du sabotage du transformateur de la centrale électrique d’Auboué alimentant 17 mines de fer du bassin de Briey ; action de résistance dangereuse pour l’effort de guerre allemand et entraînant un échange de courrier entre Adolf Hitler et Otto von Stupnagel sur les conditions de la répression.

Amadéo Cavalli est détenu à Briey jusqu’au 9 février, puis conduit à la prison Charles III de Nancy.

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Nancy. La prison Charles III. Carte postale écrite en août 1915.
Collection Mémoire Vive.

Le 10 mars 1942, avec d’autres otages de Meurthe-et-Moselle, Amadéo Cavalli est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Maria-Luigia, son épouse, doit travailler en usine (laquelle ?) pour nourrir ses enfants.

Entre fin avril et fin juin 1942, Amadéo Cavalli est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30. Sa famille n’a pas reçu de message jeté du convoi. Mais Arsène Dautréaux, qui a réussi à en envoyer un, signale sa présence dans le même wagon que lui, avec Louis Armand, de Jœuf (commune voisine d’Homécourt).

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Amadéo Cavalli est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 46227 (sa photo d’immatriculation n’a pas été retrouvée).

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ».  « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »  Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ». « Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »
Carte postale. Collection mémoire Vive. Photo : Stanislas Mucha.

Après les premières procédures (tonte, désinfection, attribution d’un uniforme rayé et photographie anthropométrique), les 1170 arrivants sont entassés pour la plupart dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau ; alors choisi pour mettre en œuvre la « solution finale » – le génocide des Juifs européens -, ce site en construction présente un contexte plus meurtrier pour tous les concentrationnaires. À leur arrivée, les “45000” sont répartis dans les Blocks 19 et 20 du secteur B-Ib (le premier créé).

Le 10 juillet, après l’appel général, ils subissent un bref interrogatoire d’identité qui parachève leur enregistrement et au cours duquel ils déclarent une profession (celle qu’ils exerçaient en dernier lieu ou une autre, supposée être plus “protectrice” dans le contexte du camp). Puis ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos. L’ensemble des “45000” passent ainsi cinq jours à Birkenau.
Le 13 juillet, après l’appel du soir, Amadeo Cavalli est dans la moitié des déportés du convoi ramenée au camp principal (Auschwitz-I), auprès duquel fonctionnent des ateliers où sont affectés des ouvriers ayant des qualifications utiles au camp : son nom est inscrit sur un registre des détenus affecté au Block 4.

Amadéo Cavalli meurt à Auschwitz à une date inconnue ; probablement avant la mi-mars 1943 (l’état civil français a enregistré la date du 4 juillet 1943).

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Au retour des déportés, sa famille est informée de son décès par Jacques Jung, seul rescapé des treize “45000” d’Homécourt, et Giobbe Pasini, de Jarny (54). Dans une attestation, ils en expliquent les circonstances : Amadeo Cavalli, malade, épuisé, était incapable de grimper dans le camion qui quittait le camp pour emmener leur Kommando sur un lieu de travail. Le soir, ses camarades ne l’ont pas retrouvé dans le camp.

Amadeo Cavalli est déclaré “Mort pour la France” (13-06-1956), et “Mort en déportation” (arrêté du 27 mai 1988). Il est homologué comme “Déporté politique” (7-11-1952).

Son nom est inscrit sur le Monument des Déportés à Jarny (54) et au Monument aux Mort d’Homécourt.

Il a également été donné à une cellule du PCF d’Homécourt.

Son fils Tarsizio, 16 ans, meurt dans un accident de mine en 1942.

Sources :

- Danielle Cavalli, sa fille (questionnaire 12-02-2007, conversation 8-03-2009).
- Attestation de Jacques Jung et Giobbe Pasini, Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen.
- Archives Départementales de Meurthe-et-Moselle, Nancy ; dossier de naturalisation.
- Claudine Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein et FMD, Paris 2000, pages 117 et 515.
- Cl. Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 74, 76, 354, 398 et 367.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 6-09-2023)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.