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Auschwitz, le 8 juillet 1942. 
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, 
Oswiecim, Pologne. 
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Marcel, Fernand, Carville naît le 30 février 1893 à Elbeuf (Seine-Maritime [1] – 76), fils d’Auguste Carville et d’Augustine Ridaux (ou Redoult ?).

De la classe 1913, Marcel Carville est incorporé le 17 décembre de cette année au 10e régiment de chasseurs comme soldat de 2e classe afin d’accomplir son service militaire. Le 10 janvier 1914, il passe au 4e régiment de hussards. La guerre est déclenchée début août 1914. Marcel Carville reste sous les drapeaux. Le 14 septembre, il est porté disparu à Prouvais (Aisne). Fait prisonnier par l’armée allemande, il est interné à Quedlinburg, en Saxe-Hanalt, au pied du massif du Hartz. Le 15 janvier 1919, il est rapatrié en France. Le 7 avril suivant, il passe au 7e régiment de hussards. Le 31 août, il est envoyé en congé illimité de démobilisation et se retire à Elbeuf.

À une date restant à préciser, Marcel Carville se marie avec Émilie Coquoret.

En janvier 1921, il habite au 52, rue Guynemer, à Elbeuf. En mai 1921, il demeure au 3, rue Berthelot, dans cette ville.

En août 1925, il se déclare comme ouvrier débourreur et, en 1937, comme « cardier » ou, plutôt, cardeur (métiers du Textile).

En juin 1931, il a déménagé au 66, rue de la République. En janvier 1934, on le trouve au 10, rue Henry. En août 1938, il est domicilié au 8, rue Victor-Grandin.

En septembre 1938, l’armée le classe affecté spécial aux établissements Gasse Frères et Canthelou, à Elbeuf, tissage et usine d’apprêt des étoffes de laine, fermée en 1967 et réhabilitée en logements, 17, rue Camille-Randoing (http://www.caue76.org/spip.php?article234).

Au moment de son arrestation, Marcel Carville est domicilié au 7, rue Bourdon, à Elbeuf.

Il est alors peintre en bâtiment.

Le 23 janvier 1942, Marcel Carville est arrêté à Elbeuf (L.A. 13228).

À une date restant à préciser, il est interné au camp allemand de Royallieu à Compiègne [2] (Oise – 60), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Les deux wagons à bestiaux 
du Mémorial de Margny-les-Compiègne, 
installés sur une voie de la gare de marchandise 
d’où sont partis les convois de déportation. Cliché M.V.

Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Marcel Carville est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 45333. Sa photo d’immatriculation a été retrouvée et identifiée. Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20.

Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire, ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau -, Marcel Carville est parmi la moitié des membres du convoi qui est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir. D’après l’acte de décès établi par l’administration {SS} du camp, la cause – probablement mensongère – en serait une entérite (diarrhée) avec typhus (Darmakatarrh bei Fleckfieber).

Il meurt le 8 août 1942, au Block 20 du Revier [3] d’Auschwitz, un mois tout juste après l’arrivée de son convoi.

La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 15-11-1987).

Sources :

- Son nom et son matricule figurent sur la Liste officielle n°3 des décédés des camps de concentration d’après les archives de Pologne, éditée le 26 septembre 1946 par le ministère des anciens combattants et victimes de guerre, page 60. 
- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 375 et 398. 
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” de Basse-Normandie (2000), citant : Liste établie par Louis Eudier (45523), du Havre, p. 4 – Archives départementales de Seine-Maritime, Rouen, cabinet du préfet 1940-1946, individus arrêtés par les autorités de Vichy ou par les autorités d’occupation, dossiers individuels, cote 51 W 412 (de Ca à Ch), recherches conduites avec Catherine Voranger, petit-fille de Louis Jouvin (“45697”). 
- Archives départementales de la Seine-Maritime (AD 76), site internet du conseil général, archives en ligne ; registre matricule du recrutement militaire, bureau de Rouen, classe 1913 (cote 1 R 3354), matricule 651 (deux vues).
- Bureau des archives des victimes des conflits contemporains (BAVCC), ministère de la Défense, Caen.
- Death Books from Auschwitz, Remnants, Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, K.G.Saur, 1995 ; relevé des registres (incomplets) d’actes de décès du camp d’Auschwitz dans lesquels a été inscrite, du 27 juillet 1941 au 31 décembre 1943, la mort de 68 864 détenus pour la plupart immatriculés dans le camp (sans indication du numéro attribué), tome 2, page 158. 
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) ; acte de décès du camp (n°18796/1942) ; page 86 d’un registre du Block 20.

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 18-09-2014)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Seine-Maritime : département dénommé “Seine-Inférieure” jusqu’en janvier 1955.

[2] Sous contrôle militaire allemand, le camp de Royallieu a d’abord été un camp de prisonniers de guerre (Frontstalag 122), puis, après l’invasion de l’URSS, un « camp de concentration permanent pour éléments ennemis actifs ». À partir de septembre 1941, on y prélève – comme dans les autres camps et prisons de zone occupée – des otages à fusiller. À partir du 12 décembre 1941, un secteur du sous-camp “C” est réservé aux Juifs destinés à être déportés à titre de représailles. Le camp des Juifs est supprimé le 6 juillet 1942, après le départ de la plupart de ses internés dans le convoi transportant les otages communistes vers Auschwitz. Les derniers détenus juifs sont transféré au camp de Drancy (Seine-Saint-Denis – 93).

[3] Revier , selon Charlotte Delbo : « abréviation de Krakenrevier, quartier des malades dans une enceinte militaire. Nous ne traduisons pas ce mot que les Français prononçaient révir, car ce n’est ni hôpital, ni ambulance, ni infirmerie. C’est un lieu infect où les malades pourrissaient sur trois étages. ». In Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1967, p. 24. Le terme officiel est pourtant “hôpital” ; en allemandHäftlingskrakenbau (HKB), hôpital des détenus ou Krakenbau (KB). Dans Si c’est un Homme, Primo Lévi utilise l’abréviation “KB”.