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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oswiecim, Pologne.
Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Ferdinand Bigaré naît le 1er juillet 1906 à Pont-à-Mousson (Meurthe-et-Moselle – 54).

Au moment de son arrestation, il est domicilié à Pont-à-Mousson ; son adresse reste à préciser.

Sa profession reste à préciser.

Il est probablement arrêté comme otage à la suite du sabotage du transformateur d’Auboué dans la nuit du 4 au 5 février 1942, qui déclenche une vague d’arrestations dans le département (70, dont plusieurs dizaines de futurs “45000”).

À une date restant à préciser, il est transféré au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (suivant un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Tergnier, Laon, Reims… Châlons-sur-Marne : le train se dirige vers l’Allemagne. Ayant passé la nouvelle frontière, il s’arrête à Metz vers 17 heures, y stationne plusieurs heures, puis repart à la nuit tombée : Francfort-sur-le-Main (Frankfurt am Main), Iéna, Halle, Leipzig, Dresde, Gorlitz, Breslau… puis la Pologne occupée. Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Ferdinand Bigaré est enregistré à Auschwitz sous le numéro 45247 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée et identifiée [1]).

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Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ».
« Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »
Carte postale. Collection mémoire Vive.

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit.

Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartisdans les Blocks 19 et 20 du premier secteur créé, B-Ib. Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire, au cours duquel ils déclarent leur profession, ils sont envoyés aux travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet – après les cinq premiers jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – Ferdinand Bigaré est dans la moitié des membres du convoi qui est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir.

Il est affecté au Kommando de la forge avec Eugène Charles et Jules Le Troadec, hommes de métier, et Raymond Boudou, Gabriel Lacassagne et Marceau Lannoy. Ils sont assignés au Block 16A.

En juillet 1943, la plupart des détenus “politiques” français d’Auschwitz (essentiellement des “45000”) reçoivent l’autorisation d’écrire – en allemand et sous la censure – à leur famille et d’annoncer qu’ils peuvent recevoir des colis (à vérifier le concernant…).

À la mi-août 1943, il est parmi les “politiques” français rassemblés (entre 120 et 140) et mis en “quarantaine” au premier étage du Block 11. Exemptés de travail et d’appel extérieur, les “45000” sont témoins des exécutions massives de résistants, d’otages polonais et tchèques et de détenus du camp au fond de la cour fermée séparant les Blocks 10 et 11.

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Auschwitz-I. La cour séparant le Block 10 – où se pratiquaient
les expérimentations “médicales” sur les femmes détenues –
et le Block 11, à droite, la prison du camp, avec le 1er étage
de la “quarantaine”. Au fond, le mur des fusillés.
Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 12 décembre 1943, à la suite de la visite d’inspection du nouveau commandant du camp, le SS-Obersturmbannführer Arthur Liebehenschel, – qui découvre leur présence – et après quatre mois de ce régime qui leur a permis de retrouver quelques forces, ils sont renvoyés pour la plupart dans leurs Blocks et Kommandos d’origine.

Le 17 et le 27 avril 1944, Ferdinand Bigaré est inscrit sur un registre du Block 20 (maladies contagieuses) de l’ “hôpital”.

Le 3 août 1944, il est parmi les trois-quarts des “45000” présents à Auschwitz qui sont de nouveau placés en “quarantaine” en préalable à un transfert.

Le 7 septembre 1944 , il est dans le petit groupe de trente “45000” transférés – dans un wagon de voyageurs ! – au KL [2] Gross-Rosen, dans la région de Wroclaw (n° 40975).

Le 10 février 1945, il est parmi les dix-huit “45000” évacués en wagons découverts à Hersbrück,Kommando du KL Flossenbürg, camp situé le long d’une voie ferrée. Là, ils sont affectés pendant un temps au déblaiement des voies bombardées de la gare de Nuremberg.

Le 8 avril, avec six camarades, il se trouve dans une colonne de détenus évacués du camp à marche forcée. Le petit groupe se maintien en tête de la marche, pour éviter le sort qui attend ceux qui n’arrivent pas à soutenir le rythme imposé par les gardiens. Lors d’une pause dans un camp abandonné, ils retiennent un membre du groupe tellement affamé qu’il est prêt à découper un cadavre pour se nourrir. Ils arrivent au KL Dachau le 24 avril, épuisés et affamés. Leur première préoccupation étant de trouver des camarades français qui puissent leur “organiser” de quoi manger.

Le 29 avril 1945, le camp de Dachau est libéré par l’armée américaine.

Le 1er mai, une délégation français conduite par Fernand Grenier vient visiter le camp et peut ramener de leurs nouvelles aux familles.

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L’hôtel Lutetia, à Paris 6e. Siège de l’Abwehr (service de renseignements de l’état-major allemand) sous l’occupation.
Centre d’accueil des déportés au printemps-été 1945.
Carte postale, années 1940-1950. Collection Mémoire Vive.

Ferdinand Bigaré décède le 7 septembre 1991.

Notes :

[1] Sa photographie d’immatriculation à Auschwitz a été reconnue (son nom orthographié « Bigarret ») par des rescapés lors de la séance d’identification organisée à l’Amicale d’Auschwitz le 10 avril 1948 (bulletin Après Auschwitz, n°21 de mai-juin 1948).

[2] KL  : abréviation de Konzentrationslager (camp de concentration). Certains historiens utilisent l’abréviation “KZ”.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 350 et 351, 358, 368 et 395.
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) ; relevé dans les archives (01-2009).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 25-01-2009)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous dispose (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.