Henri, Théodore, André naît le 13 janvier 1916 à Mézières (Ardennes), fils d’Hélène André et de père non dénommé.Il adhère au Parti communiste en 1935, appartenant à la 5e cellule (arrondissement ?).Au moment de son arrestation, il est domicilié au 295, rue Saint-Jacques à Paris 5e, vers l’hôpital du Val-de-Grâce [1] où il habite depuis plusieurs années. Il est célibataire.

Il est ouvrier imprimeur à l’Établissement Desfossés, à Issy-les-Moulineaux [2] (Hauts-de-Seine – 92), où il travaille avec le jeune Louis Faure – 20 ans (de Paris 15e ?).

« Réformé définitif pour tumeur au genou », Henri André n’est pas mobilisé entre septembre 1939 et juin 1940.

Sous l’occupation, il transmet à Louis Faure des tracts du Parti communiste clandestin.

Fin janvier 1941, des policiers du commissariat de la Porte Saint-Martin (?) effectuent une perquisition au domicile de Louis Faure, soupçonné de vol de feuilles d’alimentation (tickets de rationnement) chez leur employeur. Ils y découvrent un vingtaine de tracts : des exemplaires de L’Humanité n° 85 et de La Voix de Paris. Louis Faure déclare les avoir reçu de son camarade d’atelier.

Le 25 janvier, au cours de la perquisition opérée au domicile d’Henri André, les policiers découvrent un trentaine d’exemplaires de mêmes tracts. Interrogé, celui-ci déclare les avoir reçu au métro Vavin d’un nommé « Pierre », dont il ignore où il travaille et où il habite. Les lettres et carnets trouvés ne contiennent pas d’informations permettant aux policiers de remonter la filière.

Inculpés d’infraction au décret du 26 septembre 1939 – en plus du chef de vol de feuilles de tickets -, les deux hommes sont conduits le jour même au Dépôt. Plus tard, Henri André est écroué à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e), puis, le 7 avril, à celle de Fresnes [2] (Val-de-Marne – 94).

Henri André subit sans doute le même parcours judiciaire que Louis Faure, qui comparaît le 17 mars devant la 12e Chambre du tribunal de police correctionnelle de la Seine, puis, le 26 mai, devant la 10e chambre de la Cour d’appel de Paris. À cette date, André Henri est condamné à un an d’emprisonnement.

Le 25 octobre 1941, à l’expiration de sa peine, il n’est pas libéré : le préfet de police signe l’arrêté ordonnant son internement administratif.

Le 10 novembre 1941, Henri André fait partie d’un groupe de 58 internés – dont L. Faure – conduits au “centre de séjour surveillé” (CCS) de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne – 86).

Le 18 mars 1942, il est parmi les treize “jeunes” communistes – dont L. Faure – « extraits (…) par les autorités allemandes et transférés, pour des raisons qui n’ont pas été indiquées » camp allemand de Royallieu à Compiègne [5] (Oise – 60), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager) ;  tous sont de futurs “45000” sauf André Giraudon, de Bourges, fusillé au Mont-Valérien le 9 mai 1942.Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande, en application d’un ordre de Hitler.

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Henri André est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I), peut-être sous le numéro 46215, selon les listes reconstituées (aucune photo de détenu de ce convoi n’a été retrouvée après le matricule 46172).

Il meurt du typhus dans le courant du mois de septembre 1942, selon Louis Faure.

Il a été classé comme interné politique et n’a pas été l’objet d’une demande d’homologation comme déporté : selon Louis Faure, il avait perdu sa mère peu de temps avant sa déportation.
La mention “Mort en déportation” est apposée sur son acte de décès (J.O. du 28-05-1987).

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, Éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 382 et 393.
- Cl. Cardon-Hamet, notice pour l’exposition de Mémoire Vive sur les “45000” et “31000” des Hauts-de-Seine nord (2005), citant : – Archives du monde combattant, Caen (fichier national) – Témoignages de Marcel Guilbert, de Boulogne, et de Louis Faure (46234), qui le décrit grand, blond, avec un genou raide.
- Archives de la préfecture de police (Paris), site du Pré-Saint-Gervais ; cartons “Occupation allemande, ”camps d’internement…” (BA 2374) ; dossier individuel des RG (77w92), n° 105.564).
- Archives départementales de la Vienne, cote 109W75 (camp de Rouillé).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 5-06-2015)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Deux adresses : Au fichier national des archives du Monde combattant, sa fiche indique une adresse à Courbevoie (92) correspondant à celle de la personne ayant signalé sa disparition et à prévenir en cas de nouvelles.

[2] Issy-les-Moulineaux et Fresnes : Jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, ces communes font partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).