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Auschwitz-I, le 8 juillet 1942.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau,
Oświęcim, Pologne.
Coll. Mémoire Vive. Droits réservés.

Maurice, Paul, ALEXIS naît le 3 juillet 1910 à Clichy-la-Garenne [1] (Hauts-de-Seine – 92), chez ses parents, Jules Alexis, 46 ans, chaudronnier, et Julienne Delfraysse, son épouse, 38 ans, domiciliés au 48, rue Martre à Clichy.

Le 5 décembre 1934, à la mairie de Saint-Ouen [1] (Seine-saint-Denis – 93), il se marie avec Madeleine Siguret.

Au moment de son arrestation, il est domicilié au 29, rue Massenet à Saint-Ouen.

Il est typographe.

C’est un militant communiste.

Le 26 octobre 1940, il est arrêté pour détention et distribution de tracts, dans la même affaire que Marcel Algret, Julien Massé (à vérifier !) et quatre autres militants clandestins. Ils sont inculpés d’infraction au décret du 26 septembre 1939.

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Palais de Justice de Paris, île de la Cité, Paris 1er.
Tribunal correctionnel, un des porches du rez-de-chaussée.
(montage photographique)

Le 2 novembre 1940, ils comparaissent devant la 12e chambre du tribunal correctionnel de la Seine. Lors de cette audience ou en appel, Maurice Alexis est jugé et condamné à six mois d’emprisonnement.

À l’expiration de sa peine, il n’est probablement pas libéré : le 15 mars 1941, – sur instruction des Renseignements généraux – le préfet de police de Paris signe l’arrêté ordonnant son internement administratif. Ensuite, il est en détention – comme interné – à la Maison d’arrêt de la Santé (Paris 14e).

Le 28 avril, il est parmi les huit militants communistes de la Seine conduits au “centre de séjour surveillé” (CSS) d’Aincourt (Val-d’Oise – 95), créé dans les bâtiments réquisitionnés d’un sanatorium isolé en forêt.

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Centre de séjour surveillé d’Aincourt. Plan de l’enceinte
montrant les points d’impact après le bombardement
par un avion anglais dans la nuit du 8 au 9 décembre 1940.
Arch. dép. des Yvelines, cote 1W71.

Début juin 1941, à la suite d’altercations entre les internés restés fidèles au PC clandestin et les collaborationnistes qui ont rejoint le mouvement officiel de Gitton, le commandant du camp organise une fouille nocturne des chambrées au cours de laquelle sont confisqués plusieurs carnets et cahiers de chants révolutionnaires. La page suivante – première d’un cahier qui a perdu sa couverture, sans mention de nom – aurait pu appartenir à Maurice Alexis (dates et lieux concordent)…

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Archives départementales des Yvelines.
Montigny-le-Bretonneux. Droits réservés.

Le 6 septembre 1941, Maurice Alexis fait partie des 150 détenus d’Aincourt (dont 106 de la Seine) transférés au “centre de séjour surveillé” (CSS) de Rouillé, au sud-ouest de Poitiers (Vienne – 86), pour son ouverture.

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Le camp de Rouillé, “centre de séjour surveillé”,
vu du haut d’un mirador. Date inconnue.
Au fond – de l’autre côté de la voie ferrée -, le village.
Musée de la Résistance nationale (Champigny-sur-Marne),
Fonds Amicale Voves-Rouillé-Châteaubriant. Droits réservés.

Le 22 mai 1942, il fait partie d’un groupe de 148 détenus (pour la plupart déportés avec lui) remis aux autorités d’occupation à la demande de celles-ci et conduits au camp allemand de Royallieu à Compiègne (Oise – 60), administré et gardé par la Wehrmacht (Frontstalag 122 – Polizeihaftlager).

Entre fin avril et fin juin 1942, il est sélectionné avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine d’otages désignés comme juifs dont la déportation a été décidée en représailles des actions armées de la résistance communiste contre l’armée allemande (en application d’un ordre de Hitler).

Le 6 juillet 1942 à l’aube, les détenus sont conduits à pied sous escorte allemande à la gare de Compiègne, sur la commune de Margny, et entassés dans des wagons de marchandises. Le train part une fois les portes verrouillées, à 9 h 30.

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Le voyage dure deux jours et demi. N’étant pas ravitaillés en eau, les déportés souffrent principalement de la soif.

Le 8 juillet 1942, Maurice Alexis est enregistré au camp souche d’Auschwitz (Auschwitz-I) sous le numéro 43944 (sa photo d’immatriculation a été retrouvée).

Après l’enregistrement, les 1170 arrivants sont entassés dans deux pièces nues du Block 13 où ils passent la nuit. Le lendemain, vers 7 heures, tous sont conduits à pied au camp annexe de Birkenau où ils sont répartis dans les Blocks 19 et 20.

Le 10 juillet, après l’appel général et un bref interrogatoire, ils sont envoyés au travail dans différents Kommandos.

Le 13 juillet – après cinq jours passés par l’ensemble des “45000” à Birkenau – Maurice Alexis est dans la moitié des membres du convoi qui est ramenée au camp principal (Auschwitz-I) après l’appel du soir.

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Portail de l’entrée principale d’Auschwitz-I , le « camp souche ».
« Arbeit macht frei » : « Le travail rend libre »
Carte postale. Collection mémoire Vive.

Il est admis au Block 20 (celui des contagieux) de l’ “hôpital” (RevierHKB) d’Auschwitz, où son nom est inscrit les 8, 17 et 25 septembre, le 9 octobre, puis les 11 et 31 novembre. Peut-être, le 8 décembre 1942.

On ignore la date exacte de la mort de Maurice Alexis à Auschwitz ; probablement avant la mi-mars 1943.

À Saint-Ouen, son nom est inscrit sur la stèle érigée en « Hommage aux résistants, femmes, hommes, déportés à Auschwitz-Birkenau ».

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Le monument dédié aux dix-sept “45000” de Saint-Ouen
et à Marie-Jeanne Bauer, “31000”, inauguré le 24 avril 2005
dans le square des 45000 et des 31000.

Sources :

- Claudine Cardon-Hamet, Triangles rouges à Auschwitz, Le convoi politique du 6 juillet 1942, éditions Autrement, collection mémoires, Paris 2005, pages 386 et 393.
- Cl. Cardon-Hamet, Mille otages pour Auschwitz, Le convoi du 6 juillet 1942 dit des “45000”, éditions Graphein, Paris nov. 2000, page 512.
- Archives départementales des Hauts-de-Seine (AD 92), site internet du conseil général, archives en ligne, registre des naissances de Clichy, année 1910 (cote E NUM CLI N910), acte n° 485 (vue 84/163).
- Archives de la préfecture de police de Paris, cartons “occupation allemande” : BA 2374 (camps d’internement…) ; BA 2397 (liste des internés communistes, 1939-1941) ; classeur Inventaire BS1.
- Archives départementales des Yvelines (AD 78), Montigny-le-Bretonneux, centre de séjour surveillé d’Aincourt ; cotes 1W71 (incidents graves).
- Mémorial de la Shoah, Paris, archives du Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) ; liste XLI-42, n° 19.
- Archives départementales de la Vienne, cote 109W75 (camp de Rouillé).
- Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne, Bureau d’information sur les anciens prisonniers (Biuro Informacji o Byłych Więźniach) ; relevé dans les archives (01-2009).

MÉMOIRE VIVE

(dernière mise à jour, le 23-10-2014)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).

En hommage à Roger Arnould (1914-1994), Résistant, rescapé de Buchenwald, documentaliste de la FNDIRP qui a initié les recherches sur le convoi du 6 juillet 1942.

[1] Saint-Ouen et Clichy-la-Garenne : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, ces communes font partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne”, dont la “ceinture rouge” des municipalités dirigées par des maires communistes (transfert administratif effectif en janvier 1968).