Photographiée à Auschwitz-I, le 3 février 1943. Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne. Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Photographiée à Auschwitz-I, le 3 février 1943.
Musée d’État d’Auschwitz-Birkenau, Oświęcim, Pologne. Collection Mémoire Vive. Droits réservés.

Marcelle, Ida, Mourot, naît le 31 juillet 1918 dans le petit village de Dannemarie-sur-Crête, au sud-ouest de Besançon (Doubs – 25), fille de Zélie Mourot, 20 ans, couturière. Le 9 novembre 1925, celle-ci se marie avec Georges Brulport, maçon. Le 9 novembre 1929, Marcelle a une petite sœur, Jeanne. Mais leur mère décède prématurément d’une bronco-pneumonie le 23 avril 1931. Le 8 juin suivant, leur père tombe d’un échafaudage et se tue. Orpheline à treize ans, Marcelle est recueillie avec sa sœur, encore bébé, par une grand-mère.

Après avoir recueilli son témoignage, Charlotte Delbo racontera : « Marcelle quitte l’école sans même avoir son certificat d’études et va travailler dans une biscuiterie, à Besançon. Elle se lève à 5 heures, prend le train, emportant sa gamelle pour midi. Elle rentre le soir tard. Quand elle a quinze ans, la biscuiterie, qui emploie beaucoup d’apprenties mais peu d’ouvrières (question de salaire), la licencie. Elle est placée chez les sœurs de la Charité qui ont une clinique. Logée, nourrie, blanchie et 20 francs par mois – en 1933-1935. Elle y reste trois ans, puis se place chez un médecin où elle gagne un peu plus. Elle doit aider sa grand-mère à élever la petite sœur. Mais elle est lasse d’être domestique. En 1938, à vingt ans, elle est embauchée dans une usine de confection qui fait des uniformes pour l’armée, et prend une chambre à Besançon.

En juin 1940, l’usine ferme. Marcelle retourne chez sa grand-mère, travaille ici ou là, selon les rares possibilités qui s’offrent à cette époque.
Au printemps de 1942, au hasard d’une rue, elle rencontre son ancienne contremaîtresse à l’usine de confection, à qui elle dit qu’elle est sans travail. “Justement, ma nièce cherche une serveuse pour son café”. C’est ainsi que Marcelle entre au service de Georgette Messmer », dont l’établissement est un petit café-restaurant avec quelques chambres meublées au 83 de la rue Battant, délimitant un côté de la place Bacchus, à Besançon.
Besançon. La place Bacchus dans les années 1900. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Besançon. La place Bacchus dans les années 1900. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Besançon. La place Bacchus dans les années 1900. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Besançon. La place Bacchus dans les années 1900. Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Au centre, un peu masquée par le tramway, la façade du café-restaurant de “Jo” Messmer (gros plan de la carte postale précédente).

Au centre, un peu masquée par le tramway, la façade du café-restaurant de “Jo” Messmer (gros plan de la carte postale précédente).

Ch. Delbo : « Georgette Messmer semble avoir de nombreuses occupations au dehors, elle laisse souvent son employée seule pour s’occuper du café.

Le 2 août 1942, [sa patronne] dit à Marcelle : “Il faudrait que j’aille à Villers-le-Lac [1], mais je n’ai pas le temps. Veux-tu y aller à ma place ? C’est pour conduire des prisonniers de guerre qui se sont évadés d’Allemagne. Ils sont six. Pars la première, ils te suivront à distance, l’air de rien. Tu n’as qu’à leur montrer le chemin, jusqu’à la maison de Monsieur X… qui leur fera franchir la frontière.” Marcelle a bien pressenti que sa patronne a des activités secrètes, mais sans se douter de quoi il s’agit. Elle réfléchit un instant. Porter des armes, ou des tracts, elle ne l’accepterait pas ; cela lui fait peur. Mais aller tranquillement à Villers-le-Lac, qui se trouve à deux kilomètres de la frontière suisse, lui paraît sans danger. Elle accepte, trouvant naturel que des prisonniers de guerre s’évadent et considérant que, même si les hommes sont pris, elle, de toute façon, ne risquera guère. »
S’appuyant sur le récit que Marcelle Mourot lui en a fait, Charlotte Delbo semble relater une situation occasionnelle. Pourtant, témoignant pour elle-même, celle-ci lui donnera davantage d’ampleur à son implication : « Toutes les semaines [à partir du mois de mai 1942 ?], je me rendais avec ces prisonniers à Villers-le-Lac ou à Pontarlier pour les remettre au passeur Tourdin René [2]. » Elle désigne ainsi des voyages réguliers et deux points pour le passage de relais…

Villers-le-Lac dans les années 1900. Le pont sur le Doubs (1894). Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Villers-le-Lac dans les années 1900. Le pont sur le Doubs (1894). Carte postale. Collection Mémoire Vive.

Le 4 août, Marcelle Mourot est arrêtée dans des circonstances diversement précisées et pour des motifs “variables” selon les documents et témoignages conservés (et “produits” récemment).

Le seul document d’archives rédigé à l’époque des faits est une liste transmise le 9 septembre 1942 par la préfecture du Doubs à la délégation générale du gouvernement français dans les territoires occupés et rendant compte du transfèrement de vingt-cinq détenus opéré le 28 août par la brigade de gendarmerie de Pontarlier, sur ordre de la Feldgendarmerie locale, à destination de la Maison d’arrêt de la Butte à Besançon, certainement pour une incarcération dans le quartier allemand de la prison.
Dans cette liste, seuls Marcelle Mourot et un certain « Dourdin Jean, né le 4.9.1911 à Fesche l’Église », de nationalité française, ont été arrêtés comme passeurs « le 4.8.1942 à Villers le Lac » ; pour chacun d’eux une fiche est annexée à ce rapport, indiquant comme « Motif de l’arrestation : favorisait le passage des Juifs en Suisse ». “Jean Dourdin”, 31 ans, célibataire, serait garçon de café à Montbéliard. Mais, le registre d’état civil de Fesche-l’Église (dans le Territoire de Belfort, et non pas dans le Doubs !) n’a enregistré la naissance que d’un nommé Tourdin Lucien Charles, un mois plus tard, le 4 octobre. S’agit-il du même homme, d’autant qu’aucune trace de lui n’a été retrouvée ensuite dans les archives ? Marcelle Mourot déclarera son passeur “disparu” (en 1947), donc introuvable.

Ainsi, ce sont les “autorités allemandes”, très probablement la Feldgendarmerie – peut-être aidée de douaniers allemands -, qui ont procédé à leur arrestation conjointe, ainsi qu’à leurs interrogatoires respectifs nécessairement consignés dans des rapports non retrouvés. Et, au moment de confier leurs prisonniers aux gendarmes français – pour ne pas avoir à gérer leur transfert -, les “autorités allemandes” ne se sont pas appesanties sur les circonstances précises de ces arrestations, ni sur ce qu’elles ont pu apprendre de leurs prisonniers au cours de leurs trois semaines de détention à Pontarlier.

Toutes les autres informations rassemblées à ce jour (2022) ne proviennent que de formulaires complétés par Marcelle Mourot, ou d’autres documents se fondant sur ses déclarations :
– « arrêtée avec (Georgette Lyet, divorcée Messmer) pour avoir donné l’hospitalité et favorisé la fuite de prisonniers évadés et Israélites » (attestation en faveur de sa patronne, signée le 10 octobre 1946) ; la formulation « arrêtée avec… » ne sera pas reprise dans ses autres déclarations, pas plus que « pour avoir favorisé la fuite… d’Israélites » ;
– « Le 3 août, lorsque je me rendais à Villers-le-Lac, à la sortie du train, un barrage était placé devant la gare où je fus arrêtée avec mes 3 hommes prisonniers évadés. Quinze jours après, c’était Madame Lyet Messmer et le passeur Tourdin René qui étaient arrêtés. » […] Conditions et lieu de l’arrestation : « passage de prisonniers de guerre arrêtés à Morteau » (dossier d’homologation dans la Résistance intérieure française, rempli par elle-même le 1er mars 1947) ; dans ce document, elle cite comme témoins de son activité, Monsieur Simonet, domicilié 96 rue de Belfort à Besançon, Marie-Rose (Pidancet-)Martin, domiciliée rue des Chaprais à Besançon, et France (Victoire Joffrette) Compagnon, sœur aînée de Jean Compagnon (fusillé en 1943), domiciliée à Chouzelot (Doubs)… mais aucun des trois n’a rédigé d’attestation ;
– « … au moment où elle remettait des prisonniers de guerre évadés au passeur pour la Suisse » (attestation d’appartenance au F.N du 18 février 1953) ;
– « à [son] domicile (7 h du soir) », sous les yeux de Gabriel L., locataire du café-restaurant-meublé ; c’est le premier et seul “témoin” dont Marcelle Mourot peut obtenir une attestation ; mais celui-ci n’ayant pas été du voyage vers la frontière – et probablement afin que son témoignage soit recevable – il faut que Marcelle déclare avoir été arrêtée au café-restaurant (formulaire de demande d’attribution du titre de déportée résistante, rempli par elle-même le 25 octobre 1952 ; page 3, V., A. Arrestation) ;
– « passage de prisonniers de guerre, filière de Belgique à la Suisse » (dans un formulaire rempli par elle-même pour l’homologation de ses blessures de guerre, signé le 20 octobre 1953) ;
– « Marcelle Mourot et les six hommes sont arrêtés à Villers-le-Lac, ainsi que le “passeur”, par les Feldgendarmes. » (Ch. Delbo, 1re édition 1965) ;
– « Arrêtée le 4 août 1942 à un barrage de contrôle à Morteau (Doubs) alors qu’elle accompagnait trois prisonniers évadés. » (Direction du personnel de l’armée de Terre, Bureau “Résistance”, 30 janvier 1978)…

Cette dernière version peut fournir un “canevas” concernant le déroulé des faits…
Marcelle Mourot monte à la gare de Besançon-Viotte en passant par la Porte Battant, ou descend à la gare de la Mouillère par les quais, suivie à distance par ses trois “protégés”. Tous quatre montent dans un train à destination de Morteau (en 1939, existe un départ à 6 h 03, puis à 9 h 20 et à 14 h 19 ; les deux autres départs étant certainement trop tardifs). Existe-t-il alors des trains réguliers franchissant la frontière vers la Suisse ? Toujours est-il que les bâtiments ferroviaires situés sur la commune de Villers-le-Lac – bien éloignés du petit village, situé de l’autre côté du Doubs – correspondent davantage à un poste de douane (peut-être alors désaffecté) qu’à une gare de voyageurs. Retenons l’hypothèse que les quatre voyageurs descendant à la gare de Morteau, avec comme objectif de rejoindre à pied le village de Villers-le-Lac, pour s’approcher ensuite de la frontière.

Où les fugitifs et leur accompagnatrice doivent-ils retrouver le passeur ; à la descente du train, au sortir de la gare, dans le bourg de Morteau, sur la route, arrivés à Villers-le-Lac ? Toujours est-il qu’un barrage de Feldgendarmen placé devant la gare de Morteau pour filtrer les voyageurs – certainement en contrôlant divers documents – intercepte Marcelle Mourot et probablement aussi ses trois “protégés”.

Mais alors, comment a été pris le passeur ? Était-il lui même dans le train ? A-t-il osé franchir le barrage allemand vers l’intérieur de la gare pour se rendre sur le quai ? Était-il à peu de distance derrière le barrage, trop repérable ? S’il était plus loin, dans Morteau, sur la route ou à Villers-le-Lac, l’arrestation face au barrage ne tient plus…

Marcelle déclarera plus tard à Ch. Delbo qu’elle ne sait pas ce que sont devenus les fugitifs qu’elle guidait (et le passeur !).

Concernant des soldats évadés repris en France, existe-t-il des documents, des attestations ou des témoignages détaillant les conditions de leur retour sous escorte vers les Stalag et Oflag ?

Et si c’était des civils juifs qui avaient été pris le 4 août 1942, peut-on vérifier s’il existe des traces de leur transfert vers Drancy ou Pithiviers ?

Le 28 août 1942 – avec vingt-deux fugitifs juifs et un autre passeur, arrêtés plus tard et en différents lieux proches de la frontière -, Marcelle Mourot et “Jean Dourdin” sont transférés en train par des gendarmes de la brigade de Pontarlier à la Maison d’arrêt de la Butte à Besançon, au 5 rue Louis-Pergaud.

À la Maison d’arrêt de Besançon, Marcelle Mourot est rejointe par Georgette Messmer – arrêtée définitivement le 5 septembre -, à qui elle en veut de l’avoir engagée dans cette aventure.  Se retouvent-elles mises en présence, lors de confrontations, en cellule ou dans la cour de promenade ?

Le 2 décembre, après une étape d’une journée à la prison de Dijon, les deux femmes sont transférées au camp allemand du Fort de Romainville, situé sur la commune des Lilas [1] (Seine / Seine-Saint-Denis), premier élément d’infrastructure du Frontstalag 122. Marcelle Mourot y est enregistrée sous le matricule n°1301.

L’unique entrée du Fort de Romainville (Haftlager 122), surplombée par un mirador. © Musée de la résistance nationale (MRN), Champigny-sur-Marne (94).

L’unique entrée du Fort de Romainville (Haftlager 122), surplombée par un mirador.
© Musée de la résistance nationale (MRN), Champigny-sur-Marne (94).

Le 22 janvier 1943, cent premières femmes otages sont transférées en camions au camp de Royallieu à Compiègne (leurs fiches individuelles du Fort de Romainville indiquent « 22.1 Nach Compiègne uberstellt » : « transférée à Compiègne le 22.1 »).

Le lendemain, Marcelle Mourot fait partie du deuxième groupe de cent-vingt-deux détenues du Fort qui les y rejoint, auquel s’ajoutent huit prisonnières extraites d’autres lieux de détention (sept de la maison d’arrêt de Fresnes et une du dépôt de la préfecture de police de Paris). À ce jour, aucun témoignage de rescapée du premier transfert n’a été publié concernant les deux nuits et la journée passées à Royallieu, et le récit éponyme de Charlotte Delbo ne commence qu’au jour de la déportation… Toutes passent la nuit du 23 janvier à Royallieu, probablement dans un bâtiment du secteur “C” du camp.

Le matin suivant, 24 janvier, les deux-cent-trente femmes sont conduites à la gare de marchandises de Compiègne et montent dans les quatre derniers wagons (à bestiaux) d’un convoi dans lequel plus de 1450 détenus hommes ont été entassés la veille. Comme les autres déportés, la plupart d’entre elles jettent sur les voies des messages à destination de leurs proches, rédigés la veille ou à la hâte, dans l’entassement du wagon et les secousses des boggies (ces mots ne sont pas toujours parvenus à leur destinataire).

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne, installés sur une voie de la gare de marchandise d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

Les deux wagons à bestiaux du Mémorial de Margny-les-Compiègne,
installés sur une voie de la gare de marchandise
d’où sont partis les convois de déportation. © Cliché M.V.

En gare de Halle (Allemagne), le train se divise et les wagons des hommes sont dirigés sur le KL Sachsenhausen, tandis que les femmes arrivent en gare d’Auschwitz le 26 janvier au soir. Le train y stationne toute la nuit. Le lendemain matin, après avoir été descendues et alignées sur un quai de débarquement de la gare de marchandises, elles sont conduites à pied au camp de femmes de Birkenau (B-Ia) où elles entrent en chantant La Marseillaise.

Portail du secteur B-Ia du sous-camp de Birkenau (Auschwitz-II) par lequel sont passés les “31000” (accès depuis la rampe de la gare de marchandises et le “camp-souche” d’Auschwitz-I…). © Gilbert Lazaroo, février 2005.

Portail du secteur B-Ia du sous-camp de Birkenau (Auschwitz-II)
par lequel sont passés les “31000” (accès depuis la rampe de la gare de marchandises et le “camp-souche” d’Auschwitz-I…).
© Gilbert Lazaroo, février 2005.

Marcelle Mourot y est enregistrée sous le matricule 31819. Le numéro de chacune est immédiatement tatoué sur son avant-bras gauche.

Marcelle Mourot doit presque tout de suite se faire admettre au Revier [3], dans l’enceinte du camp : les pieds blessés, le typhus et une inflammation de l’oreille. Il est prévu qu’elle soit opérée par un médecin grec détenu et l’opération est fixée au 5 août. Mais elle préfère rejoindre ses compagnes survivantes, mises en quarantaine le 3 août.

Toutefois, son mal empire et elle est renvoyée au Revier. Le médecin grec l’opère en novembre 1943.

Le 2 août 1944, lorsque le groupe des survivantes est transféré au KL Ravensbrück, Marcelle, toujours malade, doit rester à Birkenau pour une seconde opération.

Ravensbrück – Oranienbourg – Mauthausen

Le 29 octobre 1944, Marcelle Mourot est intégrée – seule française – à un petit convoi partant pour Ravensbrück, où elle retrouve ses compagnes de déportation. Dans ce camp, elle est enregistrée sous le matricule  n° 80 246.

Comme elle n’est plus considérée comme NN – contrairement aux autres survivantes de la quarantaine -, elle est envoyée dans un kommando extérieur, à Oranienbourg.

En février 1945, son oreille s’étant infectée de nouveau, on la renvoie à Ravensbrück.

Le 2 mars 1945, Marcelle Mourot est parmi les trente-trois “31000” transférées au KL Mauthausen, en Haute-Autriche (annexée au IIIe Reich) à environ 22 km de Linz, où elles arrivent le 5 mars après un voyage très pénible.

Ensuite, en les transportant de nuit, on conduit la plupart d’entre elles à la gare de triage d’Amstetten pour boucher les trous d’obus et déblayer les voies quotidiennement bombardées par l’aviation américaine (trois “31000” seront tuées sous les bombes).

La libération

Le 22 avril 1945, Marcelle Mourot fait partie des trente “31000” prises en charge par la Croix-Rouge internationale et acheminées en camion à Saint-Gall (Sankt Gallen), au sud du lac de Constance, en Suisse alémanique. De là, elles gagnent Paris par le train où elles arrivent le 30 avril. C’est le groupe le plus important de “31000” libérées ensemble, c’est le “parcours” le plus partagé.

Pendant l’été 1945, dans une maison de repos réservée aux déportés, elle fait la connaissance de Jean Paratte, né le 21 mars 1924 à Besançon, déporté au KL Sachsenhausen (matr. 59265) par le même train. Mariés en 1946, ils auront deux enfants, dont Alain.

Marcelle Mourot subira encore cinq opérations de l’oreille gauche, laquelle finalement n’entendra plus.

Le 25 octobre 1952 – alors domiciliée au 18 rue de l’École à Besançon -, elle complète et signe un formulaire de demande du titre de déportée résistante. Le 25 avril 1953, la commission départementale prononce un avis favorable, suivie par la commission interdépartementale et le ministère. La carte D.R. n° 2016.19433 lui est envoyée le 2 septembre 1953.

En 1965, quand Charlotte Delbo mène des recherches en vue de rédiger Le Convoi du 24 janvier, la famille Paratte est installée en région parisienne. Jean serait employé au commissariat de police de Saint-Denis.

Marcelle Paratte décède le 23 août 1982 (à Avannes ?, près de Besançon).

Notes :

[1] Villers-le-Lac : jusqu’au 5 février 1948, la commune et son village s’appelaient Lac-ou-Villers, mais les deux dénominations étaient précédemment couramment employées.

[2] Les Lilas : jusqu’à la loi du 10 juillet 1964, cette commune fait partie du département de la Seine, qui inclut Paris et de nombreuses villes de la “petite couronne” (transfert administratif effectif en janvier 1968).

[3] Revier, selon Charlotte Delbo : « abréviation de Krakenrevier, quartier des malades dans une enceinte militaire. Nous ne traduisons pas ce mot que les Français prononçaient «  révir  », car ce n’est ni hôpital, ni ambulance, ni infirmerie. C’est un lieu infect où les malades pourrissaient sur trois étages. ». In Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1967, p. 24. Le terme officiel est pourtant “hôpital” ; en allemand Häftlingskrakenbau (HKB), hôpital des détenus ou Krakenbau (KB). Dans Si c’est un Homme, Primo Lévi utilise l’abréviation KB.

Sources :

- Charlotte Delbo, Le convoi du 24 janvier, Les Éditions de Minuit, 1965 (réédition 1998), pages 211-212.
- Marion Quény, Un cas d’exception : (…) le convoi du 24 janvier, mémoire de maîtrise d’Histoire, Université Lille 3-Charles de Gaulle, juin 2004, notamment une liste réalisée à partir du registre de Romainville (copie transmise par Thomas Fontaine), pp. 197-204, et p. 114.
- Archives départementales du Doub (AD25), site internet du Conseil départemental, archives en ligne : tables décennales N-M-D de Dammarie-sur-Crête, 1893-1902 et 1923-1932.
- Fondation pour la Mémoire de la Déportation, Livre-Mémorial des déportés de France arrêtés par mesure de répression…, 1940-1945, éditions Tirésias, Paris 2004, pour Jean Paratte : I.74. pages 636.
- Laurent Gazet, petit-neveu de Georgette Messmer (« Jo «) : nombreux documents rassemblés à la suite de recherches dans plusieurs services d’archives (messages 12-2015 et 08-2022).

MÉMOIRE VIVE

(dernière modification, le 17-09-2022)

Cette notice biographique doit être considérée comme un document provisoire fondé sur les archives et témoignages connus à ce jour. Vous êtes invité à corriger les erreurs qui auraient pu s’y glisser et/ou à la compléter avec les informations dont vous disposez (en indiquant vos sources).